samedi 28 janvier 2017

En rade

J’ai promis. Je me suis promis. Et puis à d’autres aussi. Aux fidèles qui me demandent parfois si je reprendrai le cours de mes billets un jour (salut amical à Sprite). J’aimerais bien.

Je m’étais dit en arrivant ici que je ferais revivre mon blog, pour conter mon aventure bretonne, pour garder le contact avec les amis lointains, en trouver de nouveaux peut-être. Mais je manque de temps. Quand j’ai fini de bosser 12 heures par jour 6 jours sur 7, parfois plus, celui qui me reste est consacré à m’émerveiller devant les paysages qui m’entourent, y compris Brest la blanche que je trouve belle, intense et douce. A explorer les environs, à exercer quelques activités pour créer du lien en dehors du boulot (un atelier d’écriture, des cours d’œnologie, du kayak, un peu de danse parfois, pas assez…), bref je n’ai pas vu passer mes quinze premiers mois sur cette terre chérie.


Chaque jour qui passe je me dis que j’ai fait le bon choix, à tous points de vue : professionnellement un chantier passionnant, une équipe idéale, des responsabilités nouvelles, en lien avec tous les acteurs culturels bretons, (et Dieu sait qu’il y en a, cette région est un vivier d’art, de culture et de traditions), bref, je ne pouvais rêver mieux (et par-dessus le marché, la boite que j’ai quittée à Paris pour venir ici est en passe de fermer aujourd’hui !...). En qualité de vie, cela ne se calcule même pas : je suis rentrée dans le club très fermé de ceux qui voient la mer chaque jour, vont à la plage le week-end en été et se baigner après le boulot. J’ai baissé mon salaire de 25% mais je vis beaucoup mieux néanmoins, tout est tellement moins cher : le loyer de mon appartement de 75m² est à peine celui d’une studette parisienne, un trimestre de cours de danse ou de club de gym équivaut tout juste à un mois d’abonnement dans la capitale, et tout est l’avenant.

Ce qui me manque de ma vie d’avant ? Mes amis bien sûr, on ne remplace pas en un an des amitiés de 10, 20, 30 ans ou plus. Mais je suis tellement mobilisée par mon boulot où je rencontre tellement de monde que je ne ressens pas trop la solitude. Et puis il y a internet, skype, les mails et les textos quotidiens. Et j’ai instauré des apéros-téléphones qui fonctionnent plutôt pas mal (si, si, on se donne rendez-vous à l’heure de l’apéro, on s’installe chacun(e) de son côté avec une bouteille de blanc et des cahuètes, et on piapiate en trinquant à distance. Quelquefois on est chez soi, quelquefois sur une terrasse - parisienne pour l’autre, face au port pour moi - ça peut durer des heures et on est même parvenus à finir très très très pompettes avec quelques-uns, mais ça fait du bien !)

Etrangement, ce qui me manque – un peu – c’est de parler anglais ! C’est vrai, je passais une bonne partie de ma vie professionnelle avec des gens du monde entier et nous baragouinions* la langue de Shakespeare avec tous les accents possibles. Et j’aimais ça. Mais je trouverais bien quelques cousins Grands Bretons par ici pour pallier ce manque.

En revanche, les voyages ne me manquent pas tant que ça, je suis tellement ici là où je dois être… J’ai adoré tous mes voyages professionnels, et j’en ai bien profité, mais j’ai ici l’air que j’ai envie de respirer et les plus beaux paysages du monde à mes yeux, alors… Il est vrai que j’ai connu des endroits féériques que j’ai visités dans des conditions idéales, que j’ai assisté à des réceptions somptueuses et bu du champagne dans des décors de luxe, face à la baie de Rio ou sur la terrasse du Palais Farnese à Rome, entre autres lieux enchanteurs. Mais je n’ai pas connu meilleur breuvage que ce verre de cidre offert l’été dernier, au cœur de la splendide baie de Douarnenez, en pleine mer sur le pont d’un vieux gréement. Une bouffée de bonheur extrême, comme j’en connais souvent ici. Quelle chance j’ai.

Cerise sur le gâteau (ou sur la crêpe), après une trentaine de visites, j’ai trouvé MA maison. Comme une évidence. Une ferme qui porte l’année 1898 gravée dans le granit de son fronton, toute de pierres et de blancheur, un jardin face à la mer, nichée au creux de la rade de Brest, cette merveille méconnue. Entre mer et campagne. J’ai hâte de vivre là, de devenir familière du vieux noyer, du camélia géant, des hortensias bleus et roses, du hangar qui abrite encore quelques vestiges agricoles : une carriole de bois et son attelage, un soc de charrue fier et rouillé, un vieux sabot oublié qu’on a accroché près de la cheminée et que l’on me laisse car il est là chez lui. Comme moi dans quelques semaines. J'essaierai de raconter ce rêve qui devient réalité.


Et au fait, bonne année ! Il est tout juste temps !

  • du breton "bara" (pain) et "gwin" (vin), enfin c'est ce que j'ai toujours entendu dire, mais il y a d'autres hypothèses ici.

dimanche 14 février 2016

Brest, même…

J’ai enfin trouvé le chemin. Huit ans après mes premières tentatives de retour en Bretagne, une porte s’est ouverte dans laquelle je me suis engouffrée. Sans peur. Avec bonheur. Evidence. Chez moi, le bout de la terre, le bout d’un long chemin.

Je vis à Brest depuis novembre. Il y a la mer au bout de ma rue et par la fenêtre de mon bureau. Des goélands à la place des pigeons parisiens. Des arcs-en-ciel greffés dans l’azur et les nuages un jour sur deux car le temps change toutes les 10 minutes et tous les 10 mètres. Du vent sans relâche, musique de mes nuits, lutte des jours vacillants. Il faut tenir bon sur ses jambes, ici.

Un gros challenge professionnel dont je ne pourrai parler ici. Passionnant, un rien effrayant, enthousiasmant et épuisant. J’y consacre beaucoup d’heures de mes journées, sept par semaine, de mes nuits sans compter, avec l’impression de ne suffire à la tâche parfois malgré toute cette énergie. J’aurais été incapable de ce pari il y a 8 ans quand je tentais de venir ici. Mon heure n’était pas venue. Je suis aujourd’hui à ma place, sentiment paisible et exaltant.

J’habite à « Bress-même », comme on dit ici en mangeant le T final de cette cité pleine de majesté. Détruite et reconstruite à la hâte après la guerre, elle a aujourd’hui pris le cachet des endroits de caractère. Des blessures pansées et cicatrisées mais jamais oubliées. Je la trouve infiniment belle, cette ville du bout de la terre qui m’accueille aujourd’hui comme un évident chez-moi. Ai-je déjà vécu à ce point ce sentiment d’être là où je dois être, jour après jour ? Je ne crois pas. Joie sereine.

Je ne connais personne ici, mais les gens sont accueillants. Mes amis de Paris me manquent bien sûr. J’ai fait avant de partir une jolie fête d’au revoir, huitres, galettes et Paris-Brest gaiement arrosés et dansés au menu. C’était bon. Ici, je n’ai pas encore suffisamment de copains pour faire le tour de ma table de bois, mais je ne suis pas inquiète, ils viendront petit à petit, anciens et nouveaux à venir.

D’ici un an ou deux, je chercherai « ma maison », tant rêvée, aujourd’hui possible, pas loin d’ici, proche dans le temps. Le temps d’explorer les alentours, de trouver l’endroit où j’aurai envie de rester, de me poser pour la suite de ma vie.

Depuis hier j’ai un compagnon tigré que j’ai appelé Siam. Comme la rue de Prévert, de Barbara, artère principale de Brest, dont les fontaines de granit vous arrosent d’embruns les jours de vent, où l’on trouve Dialogues, la plus belle librairie que je connaisse, au bout de laquelle les grues du port veillent sur l’eau scintillante au soleil du soir.

Mon Dieu, que je suis heureuse de vivre là.

Brest_decembre_2015.jpg Le bout de ma rue...

lundi 6 janvier 2014

Danser

(Billet spécialement dédié à Emma et Marc, qui furent des guides si précieux sur mon chemin de redécouverte de la danse toute l’année passée)

Mes pieds réapprennent le sol sous leur plante nue, soulagés de toute contrainte de cuir ou de toile. C’est la naissance de la danse, ce contact presque animal avec le bois du parquet, froid ou tiède selon la saison. J’y déroule mes talons, y imprime mes orteils un par un, dissociés et ravis d’être libres enfin. Parfois je leur offre l’herbe d’un jardin, le sable d’une plage solitaire, la pierre d’un rocher plat ; la danse est partout où je suis depuis bientôt un an. Mes pieds en sont les premiers avertis, tout mon corps suit après eux. J’arpente avec eux le lieu où elle va naître : avant toute chose repérer le terrain, l’apprivoiser, m’assurer de l’équilibre, du bien-être de ces pieds nus qui auront à glisser, à bondir, à tournoyer, à me soutenir et me propulser, alliés précieux.

Ma main gauche est partie chercher un bout de ciel. La droite explore l’espace en volutes douces, rejoint la première en caressant ma hanche au passage. Mes bras levés comme en incantation, mes doigts frémissent en chœur de cette quête du plus haut.

Ma taille ploie d’est en ouest, du sud au nord, d’un pôle à l’autre. Je sens mes vertèbres qui se déroulent, mes épaules qui tournoient à l’inverse de mon cou, mes hanches qui dessinent un huit cadencé, ou bien est-ce le symbole de l’infini ?

C’est le début de la danse, cette redécouverte de chaque membre, de chaque articulation, de chaque étage de mon corps. Mettre chacun en mouvement, s’assurer de leur souplesse, s’interdire la raideur, lâcher les tensions du jour, être attentive aux petites douleurs, aux petits empêchements, les respecter, ne pas forcer, étirer avec douceur, avec amour. Mon corps est un vieil ami dont je dois prendre soin, tendrement.

La danse naît souvent du sol, tout mon corps en contact avec la terre avant de s’élever plus haut, de voler peut-être, si le jour s’y prête. Moment de calme avant que le vent se lève, que le rythme se fasse plus soutenu, plus rapide, jusqu’à la tempête parfois. Oui, la danse est de ces vents qui nettoient les nuages, de ces pluies battantes qui épuisent et régénèrent. Un vivant ouragan.

Bien sûr il y a la musique, qui nous guide et nous entraîne. Mais je crois que je préfère entre tous les moments où je danse en silence, mue par ma seule envie, mon seul rythme, le battement de mon cœur et du sang dans mes veines. A l’écoute de mon souffle et du martèlement de mes pieds sur le sol, de l’air qui bruisse aux mouvements de mes bras, en lien intime avec le monde autour de moi.

Le premier rythme est fluide. Je glisse et dessine dans l’air des arabesques toutes en rondeurs, en douceur. J’entre dans la danse sans à-coups, sans forcer, en quête d’apaisement des secousses de la journée, des petites misères, de ma colère parfois. Celle-là aura son espace un peu plus tard pour s’évacuer et sortir de moi où elle ne fait que du mal.

Puis la cadence entre en scène, staccato lent ou syncopé. C’est le moment des formes nettes, des pieds qui tapent, des talons qui sonnent clair. L’énergie se propage, la fatigue se tait, le mouvement est roi, impérieux, nécessaire. C’est un appel au rythme et au courage de bouger comme on le sent au plus profond de soi. Faire taire la timidité ou l’inquiétude, le corps sait ce qu’il a à faire, ce qui est bon. Il n’y a pas de mauvais mouvement hormis celui qui le blesserait. C’est un éveil, un réveil, une expression de soi brute et sincère.

De celle-là, doucement ou vivement, émergera le chaos. Vif et lancinant, rapide et délivré de toute contrainte, il réclame l’abandon, le lâcher-prise, le cri. Je perds la notion de l’espace autour de moi, le sol se confond avec les murs, les autres danseurs sont des traces de couleurs vivantes et tressautantes. Nous communions au même rythme, chacun dans notre intérieur, dans notre chaleur, mais participant à une énergie commune. Nous dansons de tout notre cœur et nous créons un cœur commun, vibrant à l’unisson de nos sens, de nos sensations, de nos émotions, de nos colères, de nos chagrins ici projetés au loin, force centrifuge extraordinaire. Tournés tous vers le centre de la salle dans notre transe, je nous perçois parfois comme une galaxie tournoyante, la danse notre immensité.

Quand le rythme s’apaise, la danse se fait lyrique. Cadeau du chaos. De la fatigue naît un sentiment diffus de vérité. Il n’y a qu’à danser, mon corps sait des mystères que j’ignore. Je lui fais confiance, il va là où il doit aller, je le suis, ce n’est pas moi qui mène, pas ma tête en tous cas. Je flotte, je vogue, je tourne, je tournoie, je vagabonde, c’est léger et facile. Je suis bien.

Quiétude. Le temps s’arrête presque. Ralenti. Mes bras comme des algues à marée descendante, tranquilles jusqu’au bout des doigts. Souvent je retrouve le sol, havre bienvenu, mes jambes à leur tour cherchent le ciel, cherchent le repos, tremblantes parfois. Ce soir, plus tard, je prendrai un bain nocturne à la seule lueur de bougies, au son du silence ou peut-être d’un rien de Glenn Gould. Délassement, sommeil et rêves doux à venir.

La danse m’a accompagnée vingt années. Abandonnée vingt années ensuite. Mon genou blessé fut le précurseur d’autres blessures que j’ai affrontées sans danser. Aujourd’hui que les chagrins sont apaisés, les larmes séchées, je retrouve la danse non comme un exutoire mais comme une célébration, une joie sans faille. Je n’ai rien à évacuer, juste du plaisir à prendre. Juste du bonheur à vivre

Je danse, moi qui ne pensais plus jamais danser - mon genou aujourd’hui mon allié m’y autorise et a même l’air d’aimer cela puisqu’il se porte mieux que jamais. Je virevolte, moi qui ne pensais plus jamais virevolter. Et quand je valse autour de la salle, parfois, j’ai l’impression d’être dans des bras aimants, de rencontrer là, en réalité, les mots de mon amie Etty : je danse « dans les bras nus de la vie et j’y suis en sécurité… ses bras qui m’enlacent sont si doux et si protecteurs… et le battement de son cœur, je ne saurais même pas le décrire : si lent, si régulier, si doux, presque étouffé, mais si fidèle, assez fort pour ne jamais cesser, et en même temps si bon, si miséricordieux. » (Etty Hillesum - "Une vie bouleversée")

mardi 31 décembre 2013

Dernière chance

Plus que quelques heures pour ajouter un petit billet 2013 à ce pauvre blog abandonné. J'interromps les préparatifs d'un réveillon intime et festif : dresser une jolie table, choisir gravement la couleur de bougies subtilement assorties aux fleurs qui en orneront le centre, petits plats jolis, senteurs douces, scintillements et flammes dansantes à la nuit tombée. Et une robe encore incertaine, des boucles d'oreilles aux reflets or mêlés à mes cheveux, plus tard un trait noir pour souligner mes paupières, un soupçon de parfum, du plaisir pour chacun des sens. Plus l'amitié et la tendresse. Jolie fin de jolie journée, jolie fin d'année.

L'occasion d'un bilan tranquille de cette année que je n'ai pas racontée ici, même si j'en ai eu souvent envie, mais ni le temps ni le besoin sans doute. J'ai eu besoin de ce blog, je vole maintenant d'ailes plus sûres, sans m'épancher, sans me conter. Je le regrette ou m'en félicite, c'est selon.

Deux choses importantes, sûrement, en cette année active et sereine : j'ai changé de nom. Non, je ne me suis pas mariée, j'ai juste ajouté le nom de jeune fille de ma mère à celui de mon père derrière mon prénom. Et c'est moi toute entière qui me semble apparaître maintenant. Cette simple formalité administrative me rend à moi-même, unique, alors que j'avais auparavant un nom extrêmement courant. J'ai trois initiales au lieu de deux, une sonorité nouvelle quand je me présente, plus musicale et harmonieuse, un lien plus fort à une autre partie de ma famille si mal connue, c'est important.

Et puis... la danse est réapparue dans ma vie. J'ai souvent eu envie d'écrire ici sur ce bonheur retrouvé. Je le ferais peut-être. J'ai dansé de 8 à 28 ans et c'était essentiel. Classique et pointes, modern jazz et pantalon pattes d'éph', claquettes... indispensable mouvement de vie, brutalement interrompu après mon accident de voiture et un genou abimé qui refusait désormais de "twister". J'ai compensé avec des sports statiques, et mis la danse au fond d'un tiroir, résignée. En février dernier, j'ai recommencé à danser. Heureuse à en crier. D'ailleurs parfois je crie de bonheur quand je danse. C'est moi toute entière dans ces bonds, ces courses, ces volutes, ces virevoltes, ces déhanchements, ces jambes tendues très haut ou pliées à terre ou bondissantes. C'est moi aussi dans l'immobilité vibrante d'un mouvement à la quiétude apparente, dans un staccato fébrile, dans un semblant d'arabesque, dans un tournoiement joyeux de poignet. Mes bras et mes mains se font papillons ou girouettes, mes pieds épousent le sol de tous les rythmes possibles, mes genoux les suivent partout et se moquent d'un accident ancien, je suis là où je dois être, je ris, je pleure d'émotion, je tourne, je tourne, je tourne à en tomber ou à m'envoler, je suis moi, je danse, je danse, je danse !!!

Dans quelques semaines, j'aurai 50 ans. J'aborde cette rive avec sérénité et pas mal de gaieté. Et je me dis que cette joie-là, je devrais de temps en temps la poser ici. Je le ferai, pas plus tard que dans les jours à venir, sans doute, pour des voeux et des mots d'espoir pour 2014. Peut-être...

jeudi 21 février 2013

Khajuraho – Cité érotique

Je quitte à regret Varanasi avec la promesse au cœur d’y revenir encore et encore.

Après la rive animée du Gange, la campagne calme qui entoure le village de Khajuraho est la bienvenue. Et enfin, je sors de la brume froide pour un ciel bleu ensoleillé ! Ma chambre d’hôtel donne sur un ravissant jardin où je déjeune tardivement avant d’attaquer la visite des temples du « groupe ouest » tout proche.

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On vient à Khajuraho pour ses temples élevés par deux religions, le bouddhisme et le jaïnisme, au cours des Xème et XIème siècles sous la dynastie des rois Chandella. 22 d’entre eux (sur les 85 construits à l’origine) furent redécouverts au XIXème siècle au cœur de la jungle et sont aujourd’hui classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.

L’anglais qui les redécouvrit, convaincu d’avoir fait là une découverte majeure, adressa à ses supérieurs un compte-rendu « à l’anglaise », où il qualifiait certains bas-reliefs desdits temples d'« un peu plus osés qu’il n’est absolument nécessaire ». Et effectivement, au milieu des frises finement sculptées représentant des épopées guerrières, des animaux ou des dieux et déesses, c’est le caractère fort érotique de certaines scènes représentées qui a fait la réputation de Khajuraho. A deux ou à plusieurs, quelques statues se donnent de la joie à quelques mètres du sol. Et c’est magnifique !


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Il y a de nombreuses belles, particulièrement girondes, qui se mirent ou s'apprêtent dans des positions suggestives, peut-être dans l'attente elles aussi d'un amant. Quant au soubassement des temples, les petites frises qui courent tout le long sont le lieu ou les artistes sculpteurs semblent s'être "lâchés", illustrant ce qu'on pourrait qualifier de "petite part*uze du XIème siècle". On y croise même quelques épisodes z**philes (je protège mon blog des recherches web un peu trop ciblées, d'où cette "orthographe" particulière de certains mots...). Une célébration de l’amour, du couple, et de la sexualité, dont on ignore la réelle signification : Illustration de la doctrine tantrique ou allégories ?…

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En tous cas, dans le village de Khajuraho, on exploite le filon : les vendeurs de rue vous proposent le Kama-Sutra sous toutes les formes et dans toutes les langues. Et dans les boutiques de souvenirs, on trouve des objets qui feraient rougir des tenanciers d'échoppes de Pigalle. J'aurais pu notamment couvrir la porte de mon frigidaire de magnets très très laids et très très librement inspirés des sculptures des temples ! (qui auraient sûrement fait la joie de mes invités, mais je m'en serais vite lassée, je le crains).

Comme tous les lieux en Inde qui ne vivent que du tourisme (et on trouve à Khajuraho le village ancien et le nouveau qui s'est construit autour de la manne des temples du groupe ouest), on est assez facilement harcelé par les vendeurs de rue, de jeunes hommes désoeuvrés, et des enfants qui peuvent vous suivre sans relâche toute une journée en babillant à vos côtés. C'est un rien fatiguant de ne pouvoir faire un pas hors de son hôtel sans être immédiatement entourée et sollicitée de toutes parts... et pour le moins agaçant, je l'avoue. Mais ils n'ont que nous pour vivre, alors j'ai essayé au maximum de faire bonne figure, même en répondant cent fois aux mêmes questions la journée durant et même aux plus collants d'entre eux...

Deux jours cependant suffisent à faire la visite de ce lieu merveilleux. Je m'envole ensuite vers le soleil et la mer. Le Kerala ! Au revoir Khajuraho, j'ai passé ici un moment empreint de beauté, de sensualité et de délicatesse.

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vendredi 8 février 2013

Inde 4ème - Mumbai-Varanasi

21 décembre – Départ soulagé. Depuis septembre, le boulot s’accumule – agréablement, c’est toujours passionnant et ponctué de voyages : San Sebastian, Londres, Rome et… Rio de Janeiro dans les trois derniers mois - mais je suis en plein cœur d’une guerre sanglante (encore) contre Boulet, qui a cette fois dépassé les bornes de la malhonnêteté (et de l’abus de biens sociaux) mais je n’en parlerai pas ici, pas la peine de me mettre à nouveau les nerfs à vif à cause de ce triste sire (j’ai quand même, quelques jours auparavant, annoncé que j’allais chercher du boulot ailleurs à Boss, qui capitule un peu trop à mon goût devant Boulet, et qui me regarde depuis avec des airs de Calimero et me fait la danse des sept voiles sur l’air de « Ne me quitte pas »…).

Bref, je me dirige vers Roissy à la fois excitée et épuisée. Hâte de retrouver l’Inde bienfaisante qui m’a déjà plusieurs fois apaisée. Vol Royal Jordanian. Arrêt à Amman. Je manque louper la correspondance pour Mumbai (Bombay), car l’Iphone retarde d’une heure par rapport à l’horaire officiel jordanien et, plongée au cœur d’un passionnant bouquin, je ne m’affole et me précipite vers la porte d’embarquement qu’au tout dernier appel, n’ayant prêté qu’une attention distraite aux précédents…

J’arrive à Mumbai à l’aurore, surprise du peu de temps que met le taxi pour me conduire à l’hôtel que j’ai choisi sur Tripadvisor. Je n’avais pas compris qu’il était situé dans le quartier de Bandra, un quartier un peu excentré et plus proche de l’aéroport. Bandra est en fait le « boboland » de Mumbai : maisons cossues (dont celle de Shah Rukh Khan, paraît-il), cafés et restaurants branchés, magasins de fringues et chaussures plutôt chics, promenade de bord de mer où baguenaudent des jeunes filles en jean cramponnées à leur Iphone d’une main, tenant leur boy-friend de l’autre, lui-même arborant nonchalamment un Ipad dernier cri. Et une boutique de cupcakes tous les dix mètres ! Ce doit être le dernier truc trendy, sans doute. On est très loin du « slum » !

Enfin non, pas si loin. A peine tourné l’angle de deux rues après mon hôtel, je retrouve des scènes familières : les baraques de planches, de bâches et de cageots, des familles autour de feux allumés à même le trottoir jonché d’immondices où ils vivent sans doute, la misère quotidienne d’un autre Mumbai.

Je ne reste ici que 24 heures. Je sais d’expérience que les grandes villes de l’Inde me conviennent peu. Je préfère le calme des villages, du bord de mer, ou Varanasi (Bénarès), bien sûr. Je m’envole dès le lendemain pour la ville sacrée chère à mon cœur. A peine le temps d’un dîner indien arrosé d’une bière fraiche devant quelques palmiers qui me confirment que je suis bien partie pour ailleurs. Je me sens déjà beaucoup mieux.

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Varanasi la belle est embrumée. Et froide. Imperceptiblement changée, depuis cinq années. Un peu plus de jeunes filles habillées à l’occidentale, d’enfants chineurs, et de jeunes hommes en quête de femmes seules dans l’espoir d’un mariage et d’un départ vers l’Europe ou l’Amérique. Et les bateaux du Gange semblent désormais tous ou presque sponsorisés par des banques !

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J’arpente les ghâts emmitouflée, passe mes nuits calfeutrée sous autant de choses chaudes que je peux. J’ai beau être bretonne et m’être baignée parfois un jour de Toussaint sur mes rivages, j’admire les indiens qui affrontent l’eau du Gange sans trembler. Moi je me contente de sécher mes cheveux le matin au vent du fleuve, sur la haute terrasse de ma jolie guest-house, les mains en couronne frileuse autour d’un chaï brûlant, bonheur de mes petits-déjeuners.

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24 décembre. Je me fous éperdument de ne pas fêter Noël. Pourtant, à la puja du soir, je fais la connaissance de Loreleï, jeune femme française qui revient d’un séjour de quelques mois au Népal dans des conditions spartiates, s’apprête à passer encore deux ou trois mois en Inde, période de transition entre la fin de ses études et son entrée dans la vie active. C’est quelque chose que je regrette aujourd’hui de ne pas avoir fait, mais à l’époque, l’idée ne m’en avait pas effleurée et je ne sais pas si j’aurais eu ce cran-là à 20 ans et des poussières. Nous passerons joliment le soir de Noël ensemble devant une bière. Au retour à ma guest-house, je suis accueillie par des rythmes techno et un thali sympathique et bienvenu. Mais franchement, ils auraient pu nous épargner Céline Dion ! C’est bien la peine de partir si loin !

Ici, je ne fais guère autre chose qu’arpenter les ghâts d’un bout à l’autre de la ville. Je regarde, je respire, je me pose, je repars. C’est un spectacle permanent. Je m’attarde peu désormais sur les corps qui brûlent sur l’un des deux ghâts de crémation, ils font partie de la vie du fleuve au même titre que les enfants jouent et que les pèlerins s’y baignent ; ils font partie de la vie tout court.

Je déambule, je monte et je descends au gré des marches irrégulières, jamais lassée. Ici on croise des buffles débonnaires qui vont au bain, quelques singes voleurs, un sadhu qui se réchauffe à un feu de branchages, une femme pauvre enveloppée de rose qui vit sur une corniche de pierre abrupte où je la vois chaque jour. Et même un tournage Bollywood avec une cohorte de sadhus-figurants bien plus replets que les vrais. Je retrouve mon copain Atul, patron d’un joli restaurant-terrasse. Il y a cinq ans il m’avait fait visiter les temples alentours toute une journée, et accessoirement demandée en mariage. Nous nous donnons l’accolade aujourd’hui comme de vieux amis.

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Le dernier soir, j’assiste à la puja tranquille d’Assi Ghât, moins spectaculaire et touristique que celle des ghâts centraux. Un seul jeune brahmane pratique les incantations rituelles et l’on sollicite les quelques spectateurs proches pour y participer : un homme vient déposer des pétales de fleurs dans mes mains que je referme sur leurs couleurs fragiles, en un geste de prière, réellement émue. Un peu plus tard, nous suivrons le brahmane jusqu’au fleuve pour y déposer cette offrande éphémère.

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Un peu avant, j’ai profité des premières mesures des cymbales cristallines de la puja pour m’en aller sur un bateau un peu au large du fleuve, flanquée de trois gamins qui m’avaient vendu les petites bougies traditionnelles que l’on offre au Gange, posées sur des corolles de fleurs. Ma cérémonie intime, répétée chaque fois ici. Douze bougies cette fois-ci, une pour chacun des disparus de ma vie dont je veux rappeler la mémoire ici, que je recommande avec amour, tendresse ou amitié à « Mother Ganga », le fleuve sacré qui prend soin des vivants et des morts. Les enfants les allument pour moi, recueillis aussi tout à coup, et me donnent avec précaution chaque flamme fragile que je confie au fil de l’eau. Elle est jolie et vaillante, ma petite guirlande de lumières qui s’enfuit au loin, portée par le courant.

Après la puja, j’ai encore une autre cérémonie qui m’attend, promise à moi-même : j’achète des guirlandes de fleurs, pour des attentions particulières. On les trouve en monceaux colorés à l’entrée du temple où elles sont destinées à être offertes à Shiva. C’est un charmant couple d’indiens qui m’explique cela, étonnés de voir une occidentale en acheter. Je leur explique pourquoi je souhaite les offrir au fleuve, demande si « j’ai le droit » et cela les fait rire. Ils en fixeront le prix au marchand pour moi. Un prix « indien ».

Dans l’obscurité, je vais m’agenouiller sur un petit promontoire au-dessus du fleuve, et je lance mes guirlandes au fleuve avec ferveur pour chacune de mes « intentions ». La première est pour A, jolie jeune femme fragile dont j’ai appris peu avant mon départ qu’elle s’était donné la mort. Il y en a une pour un bébé qui vient de naître, que je ne connais pas encore et dont j’aime tendrement les parents. La dernière… et bien la dernière est pour moi, pour que je laisse ici une vieille Traou fatiguée et qu’une toute nouvelle émerge de ce voyage-là prête à affronter les temps à venir avec espoir, énergie et créativité. Une meilleure Traou, j’espère…

Je remonte les escaliers vertigineux qui mènent jusqu’à ma guest-house, grimpe jusqu’à la terrasse où je vais déguster mon dernier dîner face aux lumières de Bénarès qui dessinent la courbe élégante du Gange. Je me penche et je les vois tout en bas mes guirlandes, bercées par le fleuve, voguant paresseusement ou filant au gré du courant. Celle d’A. est déjà loin et je lui souhaite bon chemin. Quant à la mienne, elle s’est lovée autour de l’amarre d’un bateau, près d’un autre promontoire et ses fleurs blanches forment un cœur dans le noir. Je souris et remercie l’invisible de cette attention pour moi. Je quitterai Varanasi demain plus légère. Et sûre d’y revenir encore. Je suis heureuse ici.

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dimanche 27 janvier 2013

Il y aura au moins un billet en 2013 !!!

Traou vous souhaite une année...

colorée,

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intrépide,

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épicée,

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hilarante,

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majestueuse,

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paisible,

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élégante,

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harmonieuse,

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sexy,

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délicate,

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romantique,

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solidaire,

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enchantée,

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tranquille,

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Et si j'ai un peu de temps et de courage... je mettrai en ligne mon carnet de ce quatrième voyage en Inde.

(Varkala / Odayam Beach – Fort Cochin – Khajuraho - Varanasi – INDE décembre 2012 / janvier 2013)

mardi 26 juin 2012

366/14 - Des nombres concrets

118 : numéro de la compagnie aérienne Royal Jordanian pour le vol Paris-Mumbai du 21 décembre 2012. Retour le 5 janvier 2013 par le 186.

D’autres sonnent comme musique douce à mes oreilles, écoutez comme c’est beau:

Jet Airways, compagnie intérieure indienne, 7037 et 2461 traversent le ciel de Mumbai à Varanasi (ou Bombay-Bénarès, à l’ancienne)

723 emporte vers les temples aux bas-reliefs érotiques somptueux de Khajuraho.

724 et 7076 chantent en choeur le Kerala et ses sonorités exotiques infinies : Thiruvananthapuram. Retour par le 2545 de Cochin.

Les chiffres ne peuvent mentir : le rêve est en marche.

mardi 19 juin 2012

366/13 - Qui, Quoi, Quand, Où, Comment et Pourquoi ?

Qui pourrait bien être celui que j’aimerais et qui m’aimerait ?

Quoi ! Il n’y en aurait plus un seul disponible pour moi sur cette petite planète ?

Quand donc daignera-t-il montrer le bout de son nez ?!!!

se cache-t-il ? Nord, Sud, Est ou Ouest ?

Comment fait-on pour aimer, au fait ? Je crois que je ne me souviens plus très bien...

Et pourquoi diable les hommes semblent passer à côté de moi sans me voir ?

Envie d’un compagnon tendre et humoureux. Si vous avez un tuyau...

Je désespère de cette cruelle et trop longue solitude...

jeudi 14 juin 2012

366/12 - Envie d'être à...

Envie d’être à demain soir, à Marigny, le Récital Emphatique de Michel Fau, prélude à un week end paresseux.

Envie d'être à la gym samedi pour étrenner une tenue multicolore et sentir mes muscles douloureux et heureux tout à la fois, plaisir hebdomadaire.

Envie d’être aux vacances, beaucoup en Bretagne, un peu aux Baléares, je me languis de la mer.

Envie d’être à Bénarès la Magique, l’Inde qui me manque retrouvée en décembre, j’espère.

Envie d’être à mon ordinateur, à mes mots... mais pas au bureau, aujourd’hui petite prison.

Envie d’être à... plus tard, plus loin, ailleurs, mille lieux d’ici...

vendredi 8 juin 2012

Jean-Baptiste et Paco

Du premier, je tiens peut-être mon amour de l’écriture. Est-ce que cela peut être inscrit dans un gène ? Sur le faire-part paru dans Ouest-France samedi dernier, il avait voulu que soit écrit « homme de lettres ». Il en avait écrit des milliers, des lettres d’amour à ses deux régions de coeur, la Bourgogne et la Bretagne, sous forme de poèmes en prose, si beaux. Et des articles, et des recueils sur des auteurs qu’il aimait. Une vie entière d’écriture.

Du deuxième, je reçus un jour d’automne 2005 réponse à un de mes commentaires de blog (était-ce chez Tarquine ou chez Samantdi ? je ne sais plus...) où il suggérait que j’ouvre le mien. D’abord interloquée, l’idée ne mit que quelques jours à faire son chemin et Traou était en ligne. Je ne sais pas si je l’ai assez remercié pour cela.

Le premier ne s’appelait pas Jean-Baptiste, c’était son nom de plume.

Le deuxième ne s’appelait pas Paco, c’était son pseudo de Toile.

Le premier m’intimidait quand j’étais enfant. Il était ombrageux et fort en gueule parfois lors de déjeuners dominicaux. On m’a dit un jour que j’avais la même façon que lui d’incliner la tête de côté quand je parlais.

Le deuxième m’a accueilli d’un sourire qui plissait ses yeux derrière les volutes d’une cigarette à un premier Paris-Carnet. Nous y avons trinqué ensuite quelquefois avec sa compagne, son frère, sa belle-soeur, grande famille de la blogosphère !

C’est en rentrant mardi soir de Bretagne où j’étais allée accompagner Jean-Baptiste pour son dernier voyage que j’ai appris le départ de Paco pour le sien.

Jean-Baptiste laisse derrière lui ma toute menue et fragile petite tante, qui tremblait de chagrin de suivre le cercueil de son compagnon de chaque jour depuis 64 ans.

Paco laisse derrière lui une grande famille, des frères et soeurs, des enfants, et des amis. Une Compagne actrice et poète et une Merveille câline à qui je pense spécialement aujourd’hui.

Jean-Baptiste me laisse en souvenir un dessin naïf fait par lui quand il était jeune homme et qu’il déclinait sur différents documents (et même une petite bague en argent dont j’ai hérité et que je porte avec fierté) : une chouette et un épi de blé qu’il appelait « les armes de la famille » (la chouette, symbole du savoir, et l’épi de blé, symbole de la terre, parce que nos ancêtres étaient pour moitié instituteurs et pour l’autre agriculteurs...).

Paco me laisse en plus du souvenir indélébile de son bon sourire l’image d’un nez rouge de clown, le symbole que Luce et lui avaient choisi comme pied de nez à la maladie, pour proclamer leur amour le jour de leur mariage, et que nous avons été nombreux à arborer avec émotion.

J’ai dit au revoir à l’un il y a quelques jours, je dirai au revoir à l’autre demain. (je ne dis jamais adieu...)

Bon voyage à tous les deux, ma tendresse vous accompagne.

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vendredi 20 avril 2012

366/11 - Rouge

C’est sans nul doute ma couleur préférée, celle que je porte le plus volontiers. Pivoine ou carmin, pourpre ou grenat. Et aussi toutes ses variantes oranges, roses ou violettes. Elle me va au teint et à l’humeur. Pas si primaire, d’ailleurs.

Couleur sang et coeur

Révolte et soleil couchant

Piment fort et fruits d’été

Coccinelle et coquelicot

Cramoisi et vermillon

Nez de clown et Chaperon

Rose amour et vin rubis

Elle est devant mes yeux colère de tant d’in-( ...justice, ...civilité, ...différence, ...compétence...)

Elle fait mes ongles miroir et ma bouche baiser

Cardinale, elle orne mes murs et ma vie.

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mercredi 18 avril 2012

366/10 - Ça n'aurait pas dû se passer ainsi

« Ça n’aurait pas dû se passer ainsi »...

Expression étrange. Etrangère à mes pensées, à mon vocabulaire. Tout se passe comme il le doit. Tout est à sa place. Que cela me plaise ou pas est une autre affaire.

« J’aurais préféré que ça ne se passe pas ainsi »... est plus légitime. Il m’arrive de le penser fugitivement, de le chasser très vite, inutile regret. Complaisance de l’imagination qui envisage les faits passés autrement et toutes leurs conséquences qui auraient sans nul doute été bien plus heureuses ?...

Foutaises. Je préfère me tourner vers l’avenir et ses promesses.

lundi 9 avril 2012

366/9 - Itinéraire

Il aura 90 ans en mai. Ou peut-être pas. J’ai pris dans la mienne sa main ridée, aussi pâle que les murs de l’hôpital. Sa femme à son chevet parle encore de retour à la maison. Illusion. Il sourit faiblement et lui envoie un baiser muet. A d’autres il dit tout bas au moment de l’au revoir qu’il n’en a plus pour très longtemps.

1922 bébé en dentelles aux bras d’une jeune femme grave, 1930 garçonnet sérieux flanqué d’un petit frère qui sera un jour mon père, 1948 jeune marié timide aux cheveux lissés. Les souvenirs s’égrènent, itinéraire en photos sépia.

vendredi 6 avril 2012

366/8 - Temps qu'il fait

Il y a du soleil dans mon demi de bière dont les bulles tournoient au rythme du manège du parvis Montparnasse à quelques mètres de moi.

J’arrive du sud, je pars à l’ouest, et mon baromètre personnel oscille vers le beau, peu importe la météo.

Trois jours, un festival d’auteurs, des histoires contées par centaines, étourdissantes, drôles, étonnantes, poignantes. Et pour la première fois, je me suis autorisée à me dire des leurs. Auteur. Scénariste. J’en frissonne.

Peut-être un jour un écran pour l’histoire que j’ai écrite et contée moi aussi à certains ? Mes mots en images, bientôt ?

mardi 3 avril 2012

366/7 - Ce que l'on porte

Besoin de porter un peu de gaîté et de tendresse aujourd’hui : jupe voltigeante et ballerines trotteuses, voile de satin sombre doux à mes jambes, pull soyeux ponctué de fleurs et papillons, collier nacré cadeau de mes parents pour un anniversaire marquant, pendentif en forme de coeur, souvenir amoureux ancien dont j’aime le réconfort contre ma peau certains jours plus fragiles.

Bague indienne, ongles roses, cheveux ébouriffés et maquillage cache-fatigue. Je porte aussi, fardeau habituel, quelques kilos superflus que je récuse toujours car je ne parviens pas à me faire à l’idée qu’ils font partie de moi, comme ma gourmandise...

lundi 2 avril 2012

366/6 - Signature

Qui signe les rêves ?

Quel auteur fou, joueur, mégalo ou pervers appose sa signature au bas de nos songes ?

Sont-ils une version cinglée de nous-mêmes ? Un signe de l’âme en liberté ? Une récréation ? une re-création du quotidien ? D’un passé lointain ? D’un futur imaginaire ?

Parfois ils éclairent ma journée d’un éclat ludique ; j’ai le rire au bord des lèvres des folies de ma nuit endormie.

Mais aujourd’hui j’aimerais bien tenir le salopard qui m’a envoyé un cauchemar de l’aube, une fiction terrifiante qui me plombe coeur et semelles depuis mon réveil agité...

samedi 31 mars 2012

366/5 - Le monde est petit

Non, le monde n'est pas petit !

Le monde est immense quand on est un Doudou perdu dans la grande ville.

Le monde est gigantesque quand on est un petit garçon en quête de son plus cher ami disparu.

Qu’est-il arrivé à Doudou ? Est-il parti le nez et les oreilles au vent dans la douceur du printemps, à la recherche de congénères sympathiques ? Erre-t-il depuis jeudi, sale, affamé et en manque cruel de câlins dans les rues du Pré-Saint-Gervais / Seine-Saint-Denis, et qui sait bien au-delà ?

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Si vous rencontrez Doudou, prévenez-moi, je transmettrai à qui de droit.

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jeudi 29 mars 2012

366/4 - Ça change tout le temps

Plaisir de printemps. Chaque jour qui passe apporte une feuille neuve, une pousse hardie.

Je l’entends presque croître, le feuillage des peupliers qui fera bientôt un rideau vert impénétrable devant mes fenêtres. Adieu les voisins de l’immeuble d’en face ! On se reverra de loin l’hiver prochain !

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La clématite que je croyais morte s’emploie à me détromper à grand renfort de boutons prometteurs, enthousiastes d’avoir échappé à la poubelle promise.

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Mes rosiers ont rongé leur frein tout l’hiver, taillés impitoyablement à ras. J’attends pour l’été une explosion d’orange marbré de jaune, de pétales écarlates ou délicatement rosés. Bonheur Balcon.

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mercredi 28 mars 2012

366/3 - Action éclair

Des bottes neuves (encore).

Chez moi, jambes nues, vêtue d’un simple T-shirt, qu’importe. Trop envie de les contempler à mes pieds. Je chausse les belles : elles seront parfaites pour les prochains frimas.

J’enlève la gauche. J’enlève la dr... Non, la fermeture Eclair accroche le fin rabat de cuir à l’intérieur, se coince irrémédiablement à mi-hauteur. Un sens, l’autre, doucement, violemment, rien à faire ! Je tente l’arrachage : ma peau nue écorchée proteste.

Seule, en petite tenue, chaussée d’une unique botte greffée à la jambe. Grand moment de solitude.

Je finirai par découper l’intérieur de la merveille, rageuse et épuisée.

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