A l’instant où j’écris ces lignes, mes yeux aperçoivent par un hublot oblong une mer de nuages bleu sombre bordée d’un ciel rouge. Nous avons décollé de Fiumicino il y a quelques minutes et je vole dans le beau.
Deux petits jours à Rome : J’ai mangé du jambon fondant et bu des vins divins aux noms chantants dans un petit ristorante ombragé de ma connaissance. Et du café si « ristretto » qu’on hésite à mettre un sucre dans sa tasse de peur qu’il n’en reste plus. J’ai acheté des pâtes de compétition et du parmesan au kilo, un petit portefeuille de cuir doux et turquoise, une jupe en maille tournoyante. On ne pourra pas dire que je ne fais pas honneur aux spécialités locales !
J’ai tenté d’aller voir l’expo Bacon-Caravaggio à la Galerie Borghese, mais ce n’est possible que sur réservation et je n’avais que quelques petites heures à moi. De dépit, je suis repartie dans les petites rues ensoleillées de Rome où des bottes sublimes ont eu la bonté de me rendre le sourire.
Je ne vous ai jamais dit ma passion des bottes, italiennes ou pas. Elle m’est venue tardivement et sans doute parce que j’en ai été frustrée longtemps : ma mère se refusait à nous en acheter quand j’étais enfant puis adolescente car elle prétendait que c’était mauvais pour la circulation. C’est peut-être vrai mais je m’en fous absolument. Mes bottes chéries camoufleront les varices qu’elles m’auront données si c’est le cas, na !
Je me suis grandement rattrapée depuis et j’avoue qu’il m’arrive parfois de trépigner d’impatience quand l’hiver tarde à pointer son nez, en manque de mes amies de cuir après tant de mois d’été et de sandales.
Je suis par ailleurs une fétichiste adepte depuis pas mal d’années de la botte très haute, dite cuissarde, bien que je trouve ce mot aussi laid que ce qu’il désigne est beau. J’ai toujours trouvé que les bottes sous le genou coupaient la jambe inesthétiquement et qu’un genou, ma foi, n’était que rarement joli, sauf peut-être chez Rohmer. Les miens sont par ailleurs assez dissymétriques depuis mon accident de voiture lointain et l’opération qui s’en est suivie, raison de plus pour ne pas les dévoiler.
Je peux vous dire que j’en ai entendu de belles à l’époque ou je portais ces accessoires sexy alors que ce n’était pas la mode. La connotation péripatéticienne de la chose m’a souvent été jetée fort élégamment à la figure. Et je m’amuse aujourd’hui de croiser certaines filles qui me disaient d’un air pincé qu’elles trouvaient que « ça faisait un peu pute, quand même », en arborer aujourd’hui sans vergogne sous prétexte que c’est la mode. Elles les abandonneront et reprendront sans doute leur air dégouté dès que les magazines féminins leur intimeront l’ordre de les mettre au rencard. (Sans blague, je hais la « mode » et les diktats imbéciles des fashionistas des magazines ; non mais vous avez vu la tendance de l’hiver : les boots à bouts OUVERTS !!!??? Le concept est aussi stupide que hideux, non ?). Moi je m’en fous : quand j’aime un truc, je le porte, mode ou pas. Et tant pis si je fais ringarde ou déplacée (la plupart du temps, je pourrais me vanter d’être d’avant-garde, ceci dit, tout revient toujours, par cycle, une horloge arrêtée est bien à l’heure deux fois par jour…). Le gros problème dans ce cas, c’est de s’approvisionner (Ah la moue méprisante d’une vendeuse qui vous informe que « ce n’est pas du tout la mode cette année » quand vous lui demandez si elle n’aurait pas le même en prune. Mais je m’en fous, moi, que ce soit la mode ou pas, j’aime le prune quoi qu’il en soit ! Pourquoi devrais-je être punie, privée de prune un jour, pour en être gavée le jour où ça revient en grâce ?)
En attendant que ça passe, donc, moi je jubile de trouver désormais les objets de ma passion dans tous les magasins de la planète, de toutes les sortes, et à tous les prix. Enfin, conseil d’amie, pour des bottes hautes, il y a intérêt à ne pas prendre trop bas de gamme, sinon ça s’avachit, ça tournicote, c’est inconfortable, ça n’a plus de ligne… (je viens quand même d’en acheter des grises stretch soldées 50€ à la Red*ute, je verrais bien ce qu’il en est, s’ils se décident à me les livrer un jour). Bref, je nage en plein bonheur bottifère : plus besoin d’aller faire mon shopping à Pigalle (quoique je recommande assez les magasins SM pour les pompes, il y en a de très belles – et jusqu’en pointure 48, 50 ou plus pour ceux/celles que ça intéresserait ; bien sûr, il faut aimer les talons… moi j’aime). J’assouvis par les temps qui courent ma passion non coupable avec fort peu de ménagement pour mon compte en banque… On va dire que je fais des réserves pour quand la mode sera passée… On va dire ça, oui.
Et puis, il fallait bien que je me fasse un cadeau pour mes 4 ans de blog, nom de nom ! (et merci à l’ami Pablo de me l’avoir si gentiment souhaité dans le billet précédent). Et oui, farpaitement, tous les prétextes sont bons !!!
Bon, je viens de rentrer et je mets vite vite en ligne ce billet avant d'aller déballer mes nouvelles copines italiennes. Pourvu que le froid se maintienne !!!