Pot de terre

J’ai eu une conversation récemment à propos de la fragilité. Qui ne se manifeste pas de la même façon chez tout le monde. Qui est « innée » ou qu’on acquiert au fur et à mesure que la vie se charge de vous l’apprendre. Il y a des gens qui sont d’acier trempé, d’autres de porcelaine plus ou moins fine et transparente. Il y a des gens qui sont tout cassés et ça ne se voit pas ou presque. Il y a des gens qui ne cessent de proclamer au quotidien qu’ils sont tout cassés, alors qu'il n'y a pas franchement de raison apparente pour, et qui finalement s’avèrent plutôt résistants quand ils sont vraiment confrontés à l’adversité.
On dirait qu’il y a une sorte de « capital » de force/fragilité avec lequel on arrive au départ, et qu’on dépense ou qu’on économise en fonction des circonstances de la vie. Ou alors un « métabolisme » force/fragilité qui n’est pas le même pour tout le monde, de même qu’il y a des gens qui dévorent sans prendre un gramme quand d’autres grossissent à la vue d’un gâteau, qu’il y a des peaux qui supportent mieux le soleil que d’autres, ou que l’âge ne laisse pas les mêmes marques sur tout le monde… Nous ne sommes pas égaux devant la fragilité, certains morflent plus que d’autres, ou alors pas pour les mêmes choses, d’autres se remettent plus vite, savent mieux faire diversion aussi…

Moi j’ai l’impression que j’ai « appris » la fragilité au cours de ma vie. Que je l’avais démarrée pleine d’entrain et de force, convaincue que tout se passerait bien, confiante en un futur que je n’imaginais pas autrement que radieux à condition d’y mettre un peu du mien. Il y avait en moi une certitude d’avenir, et j’avais même un programme bien établi : boulot, famille, enfant à 30 ans, maison, voyages, amis, écriture… etc… On ne doute de rien, à 20 ans, ou bien l'on ne se doute pas qu'un programme... ça a de fortes chances d'être modifié. Et comment !

Quand j’avais 20 ans, j’étais un roc. Toujours en forme, solide, sûre du chemin à suivre (j’avais la chance notamment de savoir ce que je voulais faire professionnellement depuis l’âge de 12 ans, je n’en démordais pas). J’avais traversé une adolescence pas très sympa, je m’épanouissais d’en sortir, et j’étais prête à bouffer du lion quand je suis arrivée dans la capitale à 18 ans tout rond. J’étais celle qui remontais le moral des autres, pas forcément subtilement mais mon énergie était contagieuse : « Ne te laisse pas aller, respire un grand coup, allez ça va tout de suite mieux, maintenant on va sortir, boire un coup, voir du monde, danser, rire, ça va te faire du bien. Allez zou, c’est réglé ! ». J’avoue que je regardais avec étonnement, voire un rien de mépris ceux ou celles qui « n’allaient pas bien » pendant une durée un peu plus longue qu’une semaine, en tous cas ceux qui l’affichaient. Moi mon premier grand chagrin d’amour dans ces années-là, s’il m’avait fait bouffer et pleurer des lames de rasoir, il restait cantonné à la maison (une chambre de bonne, en l’occurrence).
Je crois l’avoir déjà dit, je suis la fille de mon père, élevée au « Garde la tête haute et surtout ne pleurniche pas pour un rien ! »… La grosseur du rien n’ayant pas vraiment de limite… Inutile de vous dire qu’à la maison les mots « déprime » ou pire « dépression », s’apparentaient à des maladies honteuses, des maladies de faibles. On les disait en baissant un peu la voix, comme on l’aurait fait de la syphilis. Et oui.

Quelques années et coups de batte de base-ball infligés par la vie (dans la tête, dans le cœur, derrière les genoux…) plus tard, j’ai un peu révisé mes certitudes et ma belle assurance s’est retrouvée pas mal fendillée, pour ne pas dire fracassée. J’étais imperméable à la déprime, on m’a enlevé ma belle imperméabilité à grands coups de papier de verre gros grain. Maintenant, je sens bien tout : le froid, le chaud, le salé, le sucré, l’acide, l’amer, le brûlant et le glacial, j’ai bien capté toutes les nuances de ma douleur, merci. Je dis ma douleur, parce qu’il y en a bien d’autres que les miennes, et de bien pires !. Et je dis merci aussi parce que c’est tant mieux ! Oui, je suis plus fragile qu’avant, et cela vaut mieux. Parce qu’en apprenant la fragilité, j’ai développé ma force, pas l’ignorante des aléas de la vie, l’autre, celle qui se nourrit des batailles qu’on livre, celle qui n’était pas là naturellement mais celle que j’ai nourrie et musclée toute seule. Celle qui n’était pas facile à forger mais qui n’est qu’à moi aujourd’hui. Celle aussi qui certains jours me fait défaut parce qu'elle n'est ni invincible ni permanente. Je ne suis pas tombée dans la potion magique quand j'étais petite, finalement...

Après examen, je ne suis pas d’acier, mais pas de porcelaine non plus. Je m’apparenterais plus à un bon gros pot de terre. Costaud mais pas incassable, façonné et cuit quand même pour résister aux températures les plus vives. Et aujourd’hui, au mitan de ma vie (expression empruntée au joli billet de Samantdi), enfin au mitan théorique, peut être en suis-je au trois-quarts ou bien au tiers (Dieu me préserve de vivre trop vieille ! J’ai vu mes deux grands-mères « traîner » jusqu’à 99 ans l’une et l’autre, la première ayant totalement perdu la boule, la deuxième quasiment toutes ses facultés physiques, inutile de vous dire que la première l’a mieux vécu que la deuxième, dûrement consciente chaque jour de chaque faculté qui lui était enlevée…). Au peut-être-mitan donc, mon pot de terre à moi me paraît finalement assez sympathique et surtout encore capable de servir. Oh, bien sûr, il est fêlé, fendillé, ébréché par endroits. Il lui manque une anse qu’on a recollée mais qui ne cessait de se détacher, alors j’ai laissé tomber. Il n’a plus l’aspect du neuf, et il se prendra sûrement encore des coups, j’imagine. Mais ce dont je suis à peu près sûre c’est qu’on pourra toujours y verser de l’eau, il restera étanche. Ou que je saurai le colmater. Quant aux divers pots de fer contre lesquels il aura encore à se cogner, ils se cabosseront sûrement autant qu’il a d’éclats, ils le blesseront peut-être un peu plus et il perdra sûrement encore un peu de terre par ci-par là, mais si tout va bien, ils ne devraient pas parvenir à le casser.
Je croise comme mes doigts l’anse qui me reste, mais j’ai confiance !

Commentaires

1. Le mardi 11 avril 2006, 13:41 par Rose

Je me suis posée cette question concernant la fragilité, il y a quelques jours, ici ...

2. Le mardi 11 avril 2006, 13:49 par Rose

... pour ma part, je n'ai pas de réponse. Qu'il doit être "reposant" de la trouver!... :)

3. Le mardi 11 avril 2006, 13:51 par Vroumette

Je me retrouve beaucoup dans ton billet, sauf que mon optimisme forcené a été mis à mal assez tôt et que j'ai mis du temps à imaginer que la vie pouvait être jolie et à décider de profiter de tout ce qu'elle peut m'offrir.

En revanche, malgré un optimiste à toute épreuve, j'ai tellement conscience que certains coups peuvent tout faire basculer que je profite encore plus de ces moments bénis, car je n'ai pas la moindre idée de la résistance de mon pot.

J'ai appris à devenir forte en devenant fragile.

4. Le mardi 11 avril 2006, 13:53 par planeth

Depuis le temps que je t'ai découverte (puis-je te tutoyer ?) ce post me donne l'occasion de me lancer. Plus en tout cas que tes aventures zoologiques hilarantes. J'en ai presqu'eu envie d'avoir un poisson en bocal pour me booster le feng shui ..! A l'inverse exact de toi, j'ai trainé pendant mon enfance, mon adolescence, et au début de ma vie d'adulte une lourde charge de fragilité. Terrible, insatiable. Qui m'a donc ammenée logiquement sur un canapé. Et où j'ai découvert que cette fragilité dissimulait une force non pas herculéenne, mais certainement bien enracinée. Et à te lire, cela confirme mon intuition : notre force se nourrit de notre fragilité, comme l'inverse aussi. Et fait de nous des être certainement plus sensibles, et plus résistants aussi.

5. Le mardi 11 avril 2006, 13:56 par Vic

Quel beau billet encore une fois..... La comparaison avec le pot de terre est bien vue, un joli pot qui a vécu et qui offre encore tant!!! joli ! Quoi de plus glaçant que ces pots métalliques qui nous heurtent parfois, brillants de leurs feux de l'enfer, la dureté, l'intolérance, la haine....... Soyons fiers d'ètre parfois en miettes, ébréchés et réparés..... l'humanité, c'est de par là qu'elle nous vient, de nos expériences plus ou moins douloureuses...... bises, Traou

6. Le mardi 11 avril 2006, 14:09 par Madeleine

Je ne sais pas si c'est très fin, mais j'ai quand même envie de te le dire ;-) "c'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure soupe !"

7. Le mardi 11 avril 2006, 14:21 par Naranne

C'est une très belle métaphore. Je vous suis depuis longtemps; vous exprimez votre ressenti avec des phrases qui font écho en moi et que j'aurais aimé savoir écrire. N'ayant pas de blog, je n'ai jamais cherché à intervenir. Cependant cette interconnection entre la fragilité et la force, l'une ne pouvant se développer sans l'autre, est une réflexion que je me suis déjà faite. La souffrance doit avoir un sens, il faut s'en servir. Merci pour vos textes. Je continuerai à les lire.

8. Le mardi 11 avril 2006, 14:22 par Traou

Rose > Je ne crois pas qu'il y ait de "réponse" (d'ailleurs je ne pose pas de "question"). Juste une conscience plus aiguisée de la vie...

Vroumette > Oui, j'ai l'impression - en ayant le plaisir de te connaître un peu mieux au fil des mois - que ta fragilité à toi te pousse à jouir au maximum de chaque instant heureux. Là où chez d'autres (j'en fais partie quelquefois) elle entraîne à se replier et se morfondre... par peur sans doute. C'est toi qui as "raison"...

Planeth > Bienvenue ici ! Et bien sûr tu peux me tutoyer. Je suis allée faire un tour chez toi, où il y a l'air d'avoir des choses fort jolies... Je retournerai explorer. "Plus sensible et plus résistant"... voilà exactement ce que je voulais exprimer.

Vic > Merci et bienvenue aussi... J'aime assez les métaphores. Elles "parlent" et puis c'est plus facile de se cacher derrière (pour mieux se révéler).

Madeleine > Dis-donc, dis-donc ! Ai-je dit "vieux" pot ???!!! ;-) Bon mais pour la soupe on est d'accord (si tu me prends par les sentiments)

9. Le mardi 11 avril 2006, 14:28 par Traou

Naranne > Nous nous sommes croisées. Cela me fait très plaisir que vous m'envoyiez un petit mot aujourd'hui. Avoir un blog n'est pas une obligation pour s'exprimer ici. Merci et à bientôt, j'espère.

10. Le mardi 11 avril 2006, 15:07 par goon

c'est marrant, je postais justement hier soir un pti billet sur les masques dont on s'affluble... ceux en fer ont l'air d'être intouchable, mais une fois percés, ils laissent le sensible à la merci des vautours; alors qu'avec un masque mou, abîmé, recollé et rapiécé jour après jour, on se constitue des couches et des sur-couches.

de la même manière, les certitudes inébranlables, une fois détruites, laissent des âmes en peine à reconstruire entièrement leur système de valeurs, alors que les doutes acceptés comme tels donnent la flexibilité nécessaire pour passer les coups durs.

.... j'adore ce thème des endosquelettes/exosquelettes! :)

11. Le mardi 11 avril 2006, 15:10 par Lou:)

Chère Traou, encore une fois j'arrive un peu tard, décalage horaire oblige...
J'ai juste envie de dire que je suis très émue de ce billet et qu'il remue en moi plein de choses. Pourrait-on dire qu'un pot de terre, s'il a été fabriqué avec amour et précaution, saura résister à bien des chocs et garder son étanchéité malgré les tempêtes de la vie ?

En fait je n'en sais rien mais je t'embrasse et te remercie de me faire encore une fois réfléchir :)

12. Le mardi 11 avril 2006, 15:15 par Crick

Encore un joli billet. Décidément Traou, tu mets si bien des mots sur les choses qui nous confectionnent. Bravo à toi !! Comme Vroumette, après avoir vécu que chaque seconde était importante. Je préfère les dévorer à fond. On ne sait pas quand le pot peut casser alors profitons... Remplissons-le de tous nos moments, nos sentiments... Du rire à la colère, des doutes aux certitudes parce que j'ai encore l'image de vieilles assiettes, de vieilles soupières... avec des brèches qui nous rappellent tant de souvenirs et qui restent à nos yeux les plus précieuses. Pareil pour un humain... Je ne pense pas que les pots en fer existent réellement... Peut-être que mon boulot me le fait voir ainsi... Mais les brèches font aussi la beauté de la personne.

13. Le mardi 11 avril 2006, 16:08 par luciole

Que d'echo en chacun de nous pour ce rapport fragilité/force ! Ce qui m'interroge moi ce n'est pas tant ce que je suis que ce que je montre, ou ce que les autres voient... Je me sais depuis longtemps à la fois forte et fragile, j'ai eu très, très tôt dans ma vie l'occasion de me battre pour ma survie, ( à commencer par une coqueluche quand j'étais un nourisson). Je sais que je suis extrèmement émotive mais je sais aussi que j'ai survécu à l'horreur. C'est un paradoxe étrange que je ne maitrise pas, je pleure assez facilement et devant témoins, je me raconte assez facilement, je me plains dès que j'ai un bobo, rire, et pourtant depuis toujours on me dit que je suis forte, que je dégage de la force, voir même que j'impressionne. Rire! C'est quelque chose qui m'échappe comlètement. Je me suis beaucoup interrogée sur ces retours et puis j'ai fini par en prendre mon parti. Je sais qu'il me faut rappelé souvent aux autres que je suis aussi fragile, histoire qu'il fasse un peu attention de ne pas me marcher dessus en pensant que rien ne m'atteint... Je suppose bien que le décalage vient de moi, que surement, je montre plus ma force que mes failles, et pourtant j'ai l'impression de ne rien cacher. Mais c'est peut être ça, la fragilité impressionne parfois plus que la force... Sourire ... C'est un sujet vaste et au contours obscurs ...

14. Le mardi 11 avril 2006, 16:36 par Anne

Ton billet me touche particulièrement aujourd'hui, pas à cause de ma fragilité, mais à cause de celle de gens qui me sont proches.

D'un petit bout de chou qui va pointer son nez et à qui il va falloir apprendre la vie, le monde, la protéger sans la désarmer.

D'un quelqu'un qui m'est proche et pour qui je m'inquiète assez fort.

L'une va forcément s'y coller, aux blessures de la vie, l'autre l'a déjà fait un peu plus qu'à son tour, et je n'y peux rien, à part la colle d'amour (au sens large) dont on essaie de badigeonner ceux qui nous sont chers... et qui parfois n'est pas assez.

15. Le mardi 11 avril 2006, 17:02 par Traou

Goon > Dis-moi, ton commentaire entraine encore plein de questions, et l'on pourrait faire un nouveau billet à partir de là...

Lou > Mais tu n'es pas du tout "en retard" !... C'est drôle comme j'ai souvent l'impression que nos interrogations sont en écho, c'est pour cela que nous sommes touchées réciproquement par ce que nous écrivons... Sourire.

Crick > C'est vrai, toi et Vroumette me rappelez qu'on ne sait pas quand le pot va casser, alors qu'il faut profiter des moments doux...

Luciole > Il est vrai qu'on n'a pas souvent l'apparence de ce que l'on est. Ou bien qu'on a l'air fort au moment où l'on est le plus fragile et vice-versa. Question de physique parfois (il est plus facile d'avoir l'air fragile quand on est une petite puce diaphane qu'une belle plante bonne vivante... tu vois de quoi je parle) ou question de ce que l'on choisit de montrer... Vaste sujet, tu l'as dit... :-)

Anne > Je comprends que la venue d'un enfant soit autant source de joie que d'inquiétude face aux difficultés qu'il va affronter à un moment ou à un autre. Mais la "colle d'amour" comme tu dis joliment est là, et c'est celle qui a besoin de temps pour prendre qui est la plus efficace au final, même si au début on se dit qu'elle ne colle rien du tout... Je vous embrasse tous les trois.

16. Le mardi 11 avril 2006, 18:00 par samantdi

Billet fort intéressant... je suppose que nous sommes tous-tes des pots de terre, plus ou moins rapetassés, plus ou moins vernis, avec des décors tantôt naïfs tantôt austères. Puissions-nous ne jamais finir comme la cruche qui, tant va à l'eau qu'à la fin, elle se casse !

(ouh la, c'est jour de vent d'Autan, je sors mon subjonctif ! :-)

17. Le mardi 11 avril 2006, 18:40 par Ka le straykat

Ca me fait penser à la fable de La Fontaine Le pot de terre et le pot de fer. ''si quelque matière dure Vous menace d'aventure, Entre deux je passerai, Et du coup vous sauverai''...dit le pot de fer...

18. Le mardi 11 avril 2006, 18:59 par Fauvette

Ah Traou comme tu t'exprimes élégamment. Ce billet me touche beaucoup, moi aussi. Parfois je me sens un peu trop cabossée, dedans et dehors, mais bon l'aventure continue. Je t'embrasse

19. Le mardi 11 avril 2006, 23:42 par Swâmi Petaramesh

J'arrive bien tard dans ton fil de commentaires, Traou, ma journée a été bien remplie ;-)
Comme souvent, il n'y a rien à rajouter à ce que tu écris, juste à le lire.
Beaucoup de belles choses aussi dans les commentaires qui suivent ton billet...

Comme d'autres l'ont déjà dit, la "fragilité" n'est pas une faiblesse, et ce n'est même le plus souvent pas une fragilité. C'est une sensibilité extrême, une honnêteté vis-à-vis de son propre état intérieur et de son propre ressenti.
Celui qui reconnaît sa "fragilité" et ses failles intérieures est bien souvent plus courageux que celui qui se cache à lui-même sa sensibilité.
Et il sera beaucoup plus résistant, aussi. Le chêne et le roseau...

Parvenir à la pleine acceptation de sa fragilité et de sa sensibilité, c'est acquérir une résistance inouïe, ça peut même rendre pratiquement indestructible.

Après avoir été capable de reconnaître vis-à-vis de soi-même sa propre fragilité, l'étape suivante est de n'avoir pas peur de la montrer à autrui. Simplement. Celui qui sait se montrer fragile est également invulnérable.

20. Le mercredi 12 avril 2006, 00:56 par bourik

Il est toujours aussi agréable de te lire.

Cette fragilité a des origines diverses,de multiples manières d'apparaitre,tes lecteurs en témoignent.

En réalité,je plains ceux qui n'ont pris conscience de son existence. Car elle est nécessaire à l'appréhension aboutie des émotions. Bises et à bientot

21. Le mercredi 12 avril 2006, 09:03 par Cécile

:)

22. Le mercredi 12 avril 2006, 09:06 par Ursun

Il n'y a qu'en réalisant qu'on est fragile qu'on devient conscient de sa force...

Joli billet, Traou, et qui fait réfléchir...

23. Le mercredi 12 avril 2006, 09:49 par Rose

Traou, ne te méprends pas, je sais bien que tu ne poses pas de questions (jamais, je crois), et que tu n'es pas une "donneuse de leçons". N'empêche, ce que tu écris m'interpelle souvent et profondément, et c'est vrai que pour ma part, ma soif d'absolu déraisonnable me pousse toujours à chercher des réponses à tout. :)

24. Le mercredi 12 avril 2006, 09:55 par Anitta

C'est une grande force que se savoir fragile devant la vie. Mais ne le sommes-nous pas tous, peu ou prou ?

25. Le mercredi 12 avril 2006, 17:24 par coumarine

C'est quoi être fragile en définitive?C'est quoi être forte? L'important n'est-il pas de traverser les épreuves en tirant les leçons? Traou, comme toujours tes billets touchent au coeur parce qu'ils sont vrais...et nous rejoignent...merci

26. Le mercredi 12 avril 2006, 21:26 par Alauda

"Oui, je suis plus fragile qu’avant, et cela vaut mieux. Parce qu’en apprenant la fragilité, j’ai développé ma force, pas l’ignorante des aléas de la vie, l’autre, celle qui se nourrit des batailles qu’on livre, celle qui n’était pas là naturellement mais celle que j’ai nourrie et musclée toute seule..." 5/5 Traou... merci pour cette très belle page... et vive les pots de terre, un peu ébréchés., un peu griffés.... "cicatrices" de la vie comme celles que les indiens portaient... parures initiatiques... Belles... parce que vraies.

27. Le mercredi 12 avril 2006, 22:37 par bailili

à force de ne montrer que sa force, on s'use et un jour on craque, mais alors personne ne s'inquiète, nous sachant "si forte" et ça peut devenir un enfer. c'est pourquoi je crois qu'il faut montrer et notre force et notre fragilité. ne prend-on pas plus soin du pot ébréché qu'on aime que du pot tout neuf qui ne craint rien ?...

28. Le mercredi 12 avril 2006, 22:45 par chondre

C'est vraiment très amusant. J'aurais presque pu écrire mot pour mot ton billet. J'ai particulierement adoré le passage sur le programme bien établi. Putain, ça me fait toujour rire ces programmes. Arrrhg...c'est pas malin d'écrire un machin comme ça, j'avais pas le moral, j'ai encore plus les boules maintenant, même si la fin se veut optimiste.

29. Le jeudi 13 avril 2006, 11:55 par Gei

J'ai envie de dire, compte tenu des quelques minutes où on a discuté (qui m'ont semblé d'ailleurs bien trop courtes, en y repensant) que la fragilité n'a pas que du mauvais, dans la mesure où sans elle je suis sûr que tu ne profiterais pas avec autant d'intensité des bonheurs de la vie !

30. Le jeudi 13 avril 2006, 12:02 par Gei

(et merci pour le lien, dans ta blogroll, que je viens de remarquer... vais tâcher d'être à la hauteur, tiens !)

31. Le jeudi 13 avril 2006, 12:44 par Traou

Pardon, pas eu le temps depuis hier de répondre individuellement aux uns et aux autres. Je pense que cette réflexion sur la force issue de la fragilité, nous sommes nombreux à l'expérimenter et à avoir eu des occasions (parfois douloureuses) de réfléchir au sujet. Pour vous lire tous, Samantdi, Swâmi, Rose, Bourik, Alauda, Ursun, Anitta, Coumarine, Cécile, Baïlili, je sais que nous sommes des "semblables" sur ce point. Même cabossés, ou fêlés, l'aventure continue, comme dit si bien Fauvette. Et je ne veux pas que ça te sape le moral Chondre, c'est effectivement optimiste !

Bienvenu à Ka le straycat (mais c'est juste un pseudo un peu plus long, en fait, KA tout court était déjà passé par là ;-)) A bientôt

Gei, je te confisque l'appareil photo et on parle plus longuement la prochaine fois :-) (et you're welcome, c'est parce que j'aime te rendre visite, même si je ne le dis pas toujours)

32. Le jeudi 13 avril 2006, 12:45 par Pivoine Blanche

Chouette ton texte, Traou! C'est tellement ça... Même quand on est peu sûre de soi, à 20 ans, on se dit quand même qu'on va l'attaquer gaiement, cette vie. Et puis, on parie toujours sur le bonheur. Maintenant, je ne poursuis plus le bonheur; je me contente de vivre et quand je me trouve face à de grands moments, j'essaie d'en profiter au maximum. Pour les moments plus durs, le fait de les gérer et de les dépasser, sans sombrer, amène évidemment un renforcement de soi. Mais cette fragilité, comme il est difficile de composer "avec"! Vivre en évitant les écueils ou si pas en les évitant, en les regardant en face, en se demandant s'ils sont franchissables ou non, c'est vraiment tout un apprentissage. Et au fur et à mesure que le temps passe, on se rend compte qu'on travaille sans filet. En tout cas, c'est le sentiment que j'ai... Particulièrement en cette veille de Pâques où j'ai un choix crucial à faire...

33. Le jeudi 13 avril 2006, 12:52 par lunar

dites moi jeunes gens... alors on devient fragile ? c'est agreable n'est ce pas de lacher du lest de ceder a ce qu on est vraiment, d arreter de faire semblant et de donner vraiment de soi... ton pot de terre, de fleur, de quoi vas tu le remplir... de toi a present que tu t es laissée au bord non ? a bientot, ce n 'est qu un debut, la fragilité, il faut l apprivoiser... et surtout surtout, la dompter, ll'ecouter, la comprendre... la force s impose, la fragilité s'apprivoise... la vraie force, a mon sens, c'est etre soi, ni fragile ni forte... un jour cela n existe plus, il ne reste que soi... a bientot (je fais vieille conne donneuse de lecon non ? :) allez j assume :p )

34. Le jeudi 13 avril 2006, 12:54 par Ursun

Quand on a 20 ans, on fonce bille en tête à la poursuite du bonheur, prêt à se battre pour l'obtenir.

Et en grandissant, on s'aperçoit que le bonheur ne se conquiert pas, mais qu'il s'offre à nous en permanence, et qu'il suffit de s'arrêter de lui courir après pour qu'il se montre...

35. Le jeudi 13 avril 2006, 15:53 par Onze

Echos, echos, echos, ici , là ou encore ailleurs. Pour ma part, j'ai un grand sentiment de vulnérabilité. Mes chutes et mes cicatrices m'en parlent encore. Cependant, j'ai la certitude d'une grande force, je suis encore là toujours prête à vivre et pas à l'économie. Inné ou acquis, chêne ou roseau, lundi ou mardi ? La vie change, bouge, nous aussi.

36. Le samedi 15 avril 2006, 16:10 par Charlottine

Merci Traou d'avoir exprimé si justement la fragilité du bonheur et la - toute simple - joie de vive ! Comme dit Swami : accepter ce goût de vivre, cet optimisme sans avoir honte de ses larmes et malgré toutes ses bosses ! Cette force n'est pas innée , on peut y tendre et, je crois que c'est une chance d'y parvenir ! Accepter qu'une minute de joie -sinon efface- au moins rectifie une minute de peine - bon , c'est ficitif on ne peut ainsi comptabiliser - je pense que vous me comprenez: au risque de paraître donneuse de leçons, je dirais: ne pas se morfondre dans ses petits malheurs et aller droit devant soi chercher le bonheur ! Les coups et les bosses ?.... allons bon on ne jette pas les vieux pots - comme dit Madeleine - c'est dans les vieux pots -et vieux ici n'a rien à voir avec l'âge - qu'on fait la bonne soupe !

merci Traou pour tout ce que tu exprimes si bien !

37. Le dimanche 17 janvier 2010, 22:54 par jeff

Oui comme le dit Swami, "le chêne et le roseau"
Mais aussi le dernier livre de Jean-Marie Pelt, "La raison du plus faible"
Partant de l'évolution, c'est pas forcément les plus fort qui survivent à la sélection naturelle, il en vient à l'homme, très intéressant