mardi 31 décembre 2013

Dernière chance

Plus que quelques heures pour ajouter un petit billet 2013 à ce pauvre blog abandonné. J'interromps les préparatifs d'un réveillon intime et festif : dresser une jolie table, choisir gravement la couleur de bougies subtilement assorties aux fleurs qui en orneront le centre, petits plats jolis, senteurs douces, scintillements et flammes dansantes à la nuit tombée. Et une robe encore incertaine, des boucles d'oreilles aux reflets or mêlés à mes cheveux, plus tard un trait noir pour souligner mes paupières, un soupçon de parfum, du plaisir pour chacun des sens. Plus l'amitié et la tendresse. Jolie fin de jolie journée, jolie fin d'année.

L'occasion d'un bilan tranquille de cette année que je n'ai pas racontée ici, même si j'en ai eu souvent envie, mais ni le temps ni le besoin sans doute. J'ai eu besoin de ce blog, je vole maintenant d'ailes plus sûres, sans m'épancher, sans me conter. Je le regrette ou m'en félicite, c'est selon.

Deux choses importantes, sûrement, en cette année active et sereine : j'ai changé de nom. Non, je ne me suis pas mariée, j'ai juste ajouté le nom de jeune fille de ma mère à celui de mon père derrière mon prénom. Et c'est moi toute entière qui me semble apparaître maintenant. Cette simple formalité administrative me rend à moi-même, unique, alors que j'avais auparavant un nom extrêmement courant. J'ai trois initiales au lieu de deux, une sonorité nouvelle quand je me présente, plus musicale et harmonieuse, un lien plus fort à une autre partie de ma famille si mal connue, c'est important.

Et puis... la danse est réapparue dans ma vie. J'ai souvent eu envie d'écrire ici sur ce bonheur retrouvé. Je le ferais peut-être. J'ai dansé de 8 à 28 ans et c'était essentiel. Classique et pointes, modern jazz et pantalon pattes d'éph', claquettes... indispensable mouvement de vie, brutalement interrompu après mon accident de voiture et un genou abimé qui refusait désormais de "twister". J'ai compensé avec des sports statiques, et mis la danse au fond d'un tiroir, résignée. En février dernier, j'ai recommencé à danser. Heureuse à en crier. D'ailleurs parfois je crie de bonheur quand je danse. C'est moi toute entière dans ces bonds, ces courses, ces volutes, ces virevoltes, ces déhanchements, ces jambes tendues très haut ou pliées à terre ou bondissantes. C'est moi aussi dans l'immobilité vibrante d'un mouvement à la quiétude apparente, dans un staccato fébrile, dans un semblant d'arabesque, dans un tournoiement joyeux de poignet. Mes bras et mes mains se font papillons ou girouettes, mes pieds épousent le sol de tous les rythmes possibles, mes genoux les suivent partout et se moquent d'un accident ancien, je suis là où je dois être, je ris, je pleure d'émotion, je tourne, je tourne, je tourne à en tomber ou à m'envoler, je suis moi, je danse, je danse, je danse !!!

Dans quelques semaines, j'aurai 50 ans. J'aborde cette rive avec sérénité et pas mal de gaieté. Et je me dis que cette joie-là, je devrais de temps en temps la poser ici. Je le ferai, pas plus tard que dans les jours à venir, sans doute, pour des voeux et des mots d'espoir pour 2014. Peut-être...

jeudi 24 février 2011

Chez moi

Depuis quatre semaines, dans mon nouveau chez moi, il y a :

  • de la lumière qui rentre à flots par de larges baies vitrées
  • la nuit l'ombre des arbres qui danse dans ma chambre, rêve éveillé
  • du carrelage métro rouge parce que c'est gai
  • un drôle de zèbre qui quadrille un bout de mur
  • une cloison de verre qui se joue des couleurs et des ombres
  • un vieux meuble qui a repris vie grâce à un peu de peinture et de verre rouge
  • un matou heureux qui déambule sur le balcon-débarras au gré de ses envies grâce à une chatière de bon aloi
  • des meubles de métal aux flancs patinés et sonores
  • des papillons bleus qui miroitent de soleil ou de lune
  • un petit rocking-chair facétieux
  • des tas (trop) de bidules qui me racontent des souvenirs d'ici ou d'ailleurs

Et il y a une table assez vaste pour accueillir les amis, les petits-déjeuners tranquilles ou bavards, le vrac de papiers où s'écrit depuis peu une histoire en train de naître dans ma tête, dans mon coeur et sous mes doigts. Je suis si heureuse de retrouver ce bonheur-là.

IMG_0171.JPG

photo__14_-1.JPG

IMG_0181.JPG

Edit du 27/02 : à la demande de Pablo, quelques papillons bleus auxquels la photo ne rend pas leur splendeur (j'avais toujours dit que dans ma collection de papillons - commencée il y a 20 ans, ils sont innombrables chez moi - je n'en voulais pas de vrais, piqués par le milieu du corps dans une boite, mais ceux-là, dénichés chez un brocanteur, ont eu raison de cette résolution : ils sont sublimes et jouent de toutes les lumières pour le plus beau...

IMG_8414.JPG

samedi 1 janvier 2011

1/1/11

On ne se refait pas : j'aime les ciels bleus et roses, les couleurs intenses du soir multipliées par le sable-miroir d'une marée basse. Celles-ci sont du jour de Noël, à l'issue de deux journées familiales douces et gaies. Une balade sur les plages de chez moi, la splendeur de l'instant faisant oublier le froid piquant. On est rentrés ensuite se réchauffer d'un feu de cheminée, de mots, de vin, de nourritures savoureuses et de rires. J'étais bien. Jolie fin paisible d'une année pleine de promesses à réaliser dans celle qui commence aujourd'hui.

Nouvelle_image.JPG

Hier soir, réveillon amical et tranquille dans une maison scintillante : des mets choisis, des vins pétillants, et les éclats de rire merveilleux de petites filles surexcitées et câlines, baisers chocolatés de bonne nuit, leurs petits bras autour de mon cou, joli bonheur.

J'ai pris dans ces jours de fêtes tranquilles et heureux mon élan pour les mois à venir qui s'annoncent intenses de nouveautés, de projets, de rencontres : le début de ce stage obtenu à l'issue du concours passé ces derniers mois, développement attendu d'un projet d'écriture personnel et porte vers un avenir professionnel différent, peut-être. Mon nouvel appartement dans lequel je poserai mes cartons avant la fin de ce mois, quelques voyages et challenges professionnels passionnants. J'ai beaucoup de chance.

Je vous souhaite à tous une année pleine de couleurs et de bonheur(s)

jeudi 2 septembre 2010

Effluves

L'impression de respirer la vie par chaque pore, par mes yeux grands ouverts, par mes bras frissonnants, mon coeur à l'affût du beau, d'une vibration tranquille ou passionnée.

Rentrée étrange, peuplée de souvenirs colorés ou déjà sépias, d'effluves de la vie condensée de mon été 2010. La chaleur tranquille d'un recoin de rocher abrité pour moi seule, au détour d'une petite plage déserte un midi d'août ensoleillé, la voile rouge vif d'un bateau ancien au loin, que je fais semblant de rejoindre de mes brasses paresseuses.

Une nuit tiède sur le toit d'une maison de village, allongés vers le ciel à guetter les étoiles filantes, chacun s'exclamant d'avoir attrapé la sienne, content. Pas d'autre voeu à faire que d'être là en cet instant serein.

Une crique de Méditerranée, minuscule, turquoise et transparente. Assise sur un rocher chaud, je laisse l'eau s'égoutter de mes cheveux et rafraichir mon dos nu, ignorante des voix joyeuses des enfants dans l'eau et des éclaboussures de ballon. Mes pieds nus baignés d'une vague intermittente, je lis Murakami, une grande douceur en moi.

Au bout d'un avion argent, Paris la belle, chez-moi retrouvé. Effluves quotidiennes de fin d'été. Bureau calme encore. Je reprends pied dans une réalité toute autre, retrouve nouvelles du monde et journaux oubliés quelques semaines durant : d'autres effluves soudain. Remugles nauséabonds. J'entends incrédule et impuissante les mots de la haine institutionnalisée d'un pays qui est le mien, cristallisée dans le mépris d'étrangers qui le sont si peu, familles identiques à nos familles. J'ai honte, et peur aussi.

D'autres, ici et , et d'autres encore, expriment mieux que moi la réalité de ces effluves-là qui nous étouffent, analystes de talent là où je ne sais que ressentir sans pouvoir expliquer le malaise et la colère qui me saisissent. Je ne sais mettre sur mon coeur serré que des mots-sensations. Mais je saurai marcher au côté d'autres comme moi qui refusent de voir s'imposer cette haine insidieuse, samedi 4 septembre

dimanche 14 février 2010

Fox d'autrefois et des coccinelles qui dansent

De nos jours, les vœux et souhaits prennent des chemins inconnus autrefois. Pour son anniversaire (qui est le 12 de ce mois pour ce qui me concerne, message subliminal à l’attention de F. par exemple), on reçoit des petits glings de sms sur son portable dès minuit le jour J (le 12, donc), des chansons joyeuses en provenance d’Espagne que l’ordinateur vous susurre en y adjoignant des couleurs psychédéliques, des cartes de vœux animées où des coccinelles dansent et clignotent façon feu d’artifice, et parfois même quelques lettres en vrai papier écrites à la main au fond de sa boite à lettres ! Par la grâce de ceux dont le calendrier n’est pas tout à fait à jour, on se l’entend souhaiter un jour avant ou deux jours après (j’ai eu un appel pas plus tard que tout à l’heure), par téléphone ou mail ou commentaire de blog, la technologie moderne nous aime !

Comme je n’étais pas au rendez-vous du facteur le bon jour (le 12, l’avais-je déjà mentionné ?), je me suis rendue hier au bureau de poste du quartier où s’allongeait une file de gens impatients sûrement comme moi de savoir ce qu’étaient leurs cadeaux d’anniversaire parvenus jusque là par la grâce des Colissimos et autres Chronopost (nous sommes de nombreux Verseaux du 12 février dans le 20è, c’est bien connu). J’étais un peu vaseuse du dîner de la veille où mes œufs en meurette n’étaient pas aussi réussis que ceux de ma maman (damned, y arriverais-je un jour ?) mais pas mauvais quand même ; mes invités avaient l’air contents d’être là et moi heureuse de fêter mon 46è printemps (hiver, plutôt) avec ces amis chers.

A quelques mètres devant moi, une silhouette d’homme vaguement familière attendait son tour pour retirer un colis. Je regardais distraitement ce dos, cette nuque, qui bougeaient d’une façon qui me rappelait un peu quelqu’un, mais qui ? L’homme s’est tourné brièvement, et ce profil rond s’est imposé à ma mémoire : Fox, mon « ex », pas revu depuis quelques années (la dernière fois que je l’ai eu au téléphone, il devait me rappeler incessamment pour que nous fixions un déjeuner, et me rendre une écharpe mienne oubliée dans ses affaires, j’attends toujours : Fox n’a jamais su garder de lien avec les femmes dont il est séparé, je ne l’ai pas relancé…). Je me suis souvenu à cette occasion que nous sommes quasi-voisins, suffisamment pour que nous ayons ce bureau de poste en commun, à défaut de quoi que ce soit d’autre. Un vague souvenir de vie commune agréable et sans passion, assez gaie ma foi, Fox est doté d’un humour que j’aimais bien.

Je l’ai regardé parler à la fille du guichet, remercier pour l’énorme colis qui lui était remis. Je me suis dit que c’était peut-être un cadeau de Saint Valentin pour celle qui partage sa vie aujourd’hui, sa vie dont j’ignore tout depuis presque cinq ans. J’ai regardé cet homme désormais inconnu sans émotion particulière, même pas envie de me manifester ou de le saluer. Quand il a remonté la file vers la sortie, marchant vers moi, j’ai perdu mon regard au loin sans envie de croiser le sien. Son gros colis porté à hauteur de son visage lui a masqué ma présence, je préfère.

Dans mon colis à moi m’attendaient des papillons-bougeoirs de métal gris, ravissants, envoyés par ma sœur. Je porte aux oreilles ce jour des boucles d’oreille de verre chatoyant faites pour moi par un ami, j’aime ces témoignages d’amour proche ou plus lointain, les papillons arrivaient de ma Bretagne chérie, bien sûr.

Aujourd’hui, jour de Saint Valmachin, je reste au chaud chez moi avec un matou noir et blanc qui me prodigue des câlins félins, ce qui est déjà beaucoup mieux que pas de câlins du tout ! Il va falloir que je me décide à plonger dans le dossier de 300 pages que je suis censée connaître pour mon séjour à Berlin les deux prochains jours : heureusement qu’il y a les temps d’aéroport et de vol pour mes révisions… je ne sais travailler que comme cela (quand j’étais lycéenne, j’ai toujours commis mes dissertations la veille du jour où j’étais censée les remettre, après le film de la nuit, on ne se refait pas). Pourtant je suis une grande fille, maintenant (pas une « vieille » fille, nuance ! Non, absolument pas !)

Un grand merci à vous pour vos messages et pensées amicales qui me vont droit au cœur, quel que soit le jour de leur envoi ! Je vous embrasse.

dimanche 15 mars 2009

Entre deux

Entre deux rives, je suis. Entre deux eaux. Entre deux.

Le cul entre deux chaises. Le cœur partagé. Ici et là-bas. Entre Paris qui m’éblouit encore et les rivages bretons qui m’appellent. Ils m’attendront sans doute encore un moment, le temps que je trouve le bon chemin jusqu’à eux.

Entracte. Dans l’attente du lever de rideau d’un prochain acte de ma vie, dont j’ignore pour l’instant le décor et la lumière. Plus encore les dialogues et l’action. A écrire. Avant de le jouer, bientôt j’espère.

J’ai quelques idées de mise en scène :

Changement de lieu : J’ai mis mon appartement en vente (un ravissant 45m² à Belleville – faites passer l’info…). Je chercherai un logis provisoire, peut-être du long provisoire selon les évènements, à louer, quelque part autour de Paris, avec un bout de balcon ou de jardin, ce serait bien. Ou alors une colocation sympa ? Mais avec qui ?

Changement de job. Et oui, mon job qui était si super devient chaque jour moins super que la veille, la partie intéressante et glamour d’icelui se réduisant comme peau de chagrin, je me trouve submergée par les chiffres, les lois et l’administration… et Boulet se fait plus boulet que jamais, flanqué dorénavant d'une "Boulette" aussi lourde à traîner que lui : nous avons recruté une secrétaire aussi jolie que stupide, prétentieuse, roucoulante et commère, ils sont copains comme cochons, pauvre de nous... Je guette en Bretagne, bien sûr, mais aussi à Paris, au cas où (j’aimerais éviter les barreaux aux fenêtres comme prochain décor de ma vie pour cause de bouleticide sauvage et collectif, ça me démange souvent),

Changement de vie amoureuse, c'est-à-dire troquer les amants passagers pour un passager au long cours, passer du simple au double, du monologue au dialogue, de la diagonale de mon lit aux corps parallèles, de la solitude lourde certains soirs à une compagnie tendre et gaie. Je suis fort satisfaite de mon compagnon actuel, moustachu et au poil fort doux à caresser, grand chasseur de souris devant l’Eternel et dans ma chambre même, à grands renforts de miaulements guerriers à 3 heures du matin, mais je ne rechignerais pas à l’échanger contre un plus mâle (car non castré, de préférence) qui ronronnera moins peut-être, et évitera de foncer se cacher sous le lit au moindre coup de sonnette. S’il est bon vivant et humoureux, j’accepte même qu’il regarde Téléfoot le dimanche matin (nan, j’déconne).

Voilà donc le chantier en cours. Il m’angoisse parfois, à cause de tout cet inconnu, tout ce flou à l’horizon. Il m’énergise et m’excite d’autres jours. Je le vis bien, je le vis mal, j’ai parfois les larmes au bord des yeux, et parfois le rire au bord du cœur. Je suis triste et déçue ou pleine d’espoir et d’optimisme. Ce n’est pas toujours de tout repos d’avoir cette sensation de s’apprêter à sauter sur un tremplin sans voir à quoi ressemble l’autre côté du mur où l’on risque d’atterrir. J’aimerais parfois qu'on me tienne la main dans cette période où je danse sur un fil maladroit, où j’ai choisi de poser mes pieds pas toujours agiles. Mais au pire, tomber ne me tuera pas. Enfin je crois.

En attendant, je me nourris de la vie autour de moi, émerveillée qu’elle m’émeuve et me fasse rire autant, me désespère aussi parfois, mais ce ne serait pas la vie, sans ça.

Une fille qui pleurait l’autre jour dans ce bar devant un demi de bière. Elle était belle et j’avais envie de lui parler, mais je n’ai pas osé. Et cette petite fille qui riait aux éclats sur un banc près du canal en jouant à « feuille, pierre, ciseaux » avec son papa. Et je jure que c’est vrai, hier dans le métro, j’ai vu une fille trop blonde qui promenait un Yorkshire rose.

La vie m'amuse autant qu'elle me fait peur.

dimanche 15 février 2009

Quelques chiffres

2.1.5 : C'est la version de Dotclear qu'utilise ce blog depuis pas plus tard que tout à l'heure, grâce à l'initiative heureuse des sorciers et fée dotclearien(ne)s qui ont mis leur savoir-faire toute cette journée de dimanche à la disposition des néophytes et migrants des anciennes versions de Dotclear (j'arrive de loin pour ma part : 1.2.6, pensez !) pour nous aider dans ce qui aurait pu être laborieux sans eux. Pour ma part, j'avais déjà commencé le boulot en fin d'année dernière grâce aux billets-tutoriels de la fée et je n'ai eu qu'à finaliser ma migration, avec l'aide précieuse de Lomalarch, que je ne saurais trop remercier pour sa gentillesse, sa patience et son indulgence (je suis une blonde avec deux mains gauches en matière informatique). Il a même adapté mon thème à la nouvelle version, ce qui relevait du chinois sous-titré hébreu en ce qui me concerne. Il reste encore quelques menues finitions et raccords de peinture que j'ai promis de mener à bien toute seule comme une grande. Si je n'y arrive pas ou cède à ma feignasserie habituelle, je pourrais retourner le 14 mars bénéficier des conseils des sages, puisqu'ils font une deuxième journée rencontre-installation dotclear, qu'on se le dise ! Et mille mercis à eux tous !

45 : C'est le nombre de printemps - ou d'automnes, ma saison préférée - que je comptabilise depuis jeudi dernier. J'aime bien. La moitié de ma vie à quelque chose près et en théorie. Même si j'en suis encore souvent à me demander ce que je vais faire quand je serai grande. Cet âge me voit avec des projets, des envies de renouveau, des vieilles amarres larguées, des boulets aux chaînes rompues qui roulent loin de moi désormais allégée, des obsessions mortifères devenues douces et sans fondements désormais - le désir d'enfant, notamment, résolu, révolu, libéré, c'est bien.

47 : C'est le pourcentage de baisse de mes revenus nets annuels si j'acceptais le job pour lequel j'ai passé un entretien en Bretagne cette semaine. C'est beaucoup. C'est trop. Et les perspectives de délocalisation de celui-ci dans un avenir plus ou moins proche et dans la partie nord-est de la Bretagne dans laquelle je n'ai nulle intention de vivre (je vise l'exact opposé, le sud-ouest), font que je refuserais sans doute s'il m'était proposé, ce qui n'est pas encore le cas, de toute façon. J'ai déjà commencé à regarder et postuler ailleurs ces derniers jours. Cela prendra peut-être un peu plus de temps que je ne le souhaitais pour aller vivre près de la mer...

12 : Je n'en suis pas bien fière, mais c'est le nombre de bouteilles de vin que nous avons éclusé à 8 hier soir lors de mon dîner anti-Saint Valentin. Il fallait bien qu'on fête ça et mon nouveau compte d'automnes !

5 : C'est l'heure à laquelle je me suis couchée après cette soirée arrosée. Ce qui explique que je vais abréger ce billet et ne pas demander mon reste pour aller me coucher avec les poules. Avec en plus les efforts de réflexion que j'ai dû fournir cet après-midi, moi la non-geekette absolue dotclear, j'ai besoin de récupérer. Bien le bonsoir à tous !

mercredi 29 octobre 2008

Tourbillon d'automne

Je commence à en avoir l'habitude : depuis quelques années, l'automne m'est une ronde endiablée. Jusque fin novembre au moins, je suis entrainée dans un manège affolé qui me laissera l'impression essoufflée de n'avoir rien fait d'autre que de travailler d'arrache-pied durant trois mois.

Aujourd'hui je fais une pause, laisse de côté mes dossiers multicolores et rebondis, et m'octroie le temps d'un billet de blog, un luxe. (édit en fin de billet : ce n'est pas tout à fait vrai, sa rédaction m'a pris des heures, entrecoupée d'appels, de mails, de questions à résoudre et de sollicitations diverses).

Et encore, j'ai troqué cette année le festival de San Sebastian et celui de Dinard contre un séjour à l'hôpital et une convalescence bellevilloise. Presque trois semaines d'absence du bureau que je paie aujourd'hui d'efforts accrus pour régler les affaires en cours et en retard au mieux et au plus vite. J'ai fait un saut de puce à Rome la semaine dernière, qui m'a permis de constater avec plaisir que ma cheville et mon genou étaient presque tout à fait réparés puisque j'ai pu y trottiner sans trop de gêne. Je devais être à Madrid aujourd'hui et demain mais j'ai annulé ce séjour, à regret car j'aurais aimé y croiser mon blogami Pablo (avec qui nous n'aurions parlé qu'espagnol, si, si), mais avec soulagement car le(s) devoir(s) me retien(nen)t ici.

Pour enjoliver l'affaire, se sont enchainés dans mon appartement depuis début septembre moult travaux : changement total des alimentations d'eau de tout l'immeuble, puis plomberie, carrelage, peinture et rénovations diverses, variées et nécessaires après le remplacement sauvage de tous les tuyaux possibles et imaginables de mon sweet home. Depuis six semaines, je vis dans les gravats et la poussière, soulève des bâches pour accéder à la moindre petite cuillère et me lave dans la cuisine. Pendant ma convalescence, selon le programme du chef de chantier, il m'arrivait de béquiller jusque chez un voisin-copain de l'immeuble d'à côté pour m'y reposer sans bruits de perceuses et de marteau. Pas trop confortable d'être en arrêt maladie avec 5 péquins au turbin dans son appartement et l'eau coupée toute la journée... J'étais plus tranquille à Saint Louis !

Enfin, ça y est, c'est fini depuis lundi. Grand ménage compris. Ma soirée d'hier ressemblait au paradis. On a fêté ça avec Charouk, catmilk pour lui, vin pour moi. Et dodo dans des draps sans poussière d'enduit, la fête !

Quelquefois je me réveille la nuit. Je pense au boulot, griffonne des trucs à ne pas oublier sur le petit bloc au pied de mon lit. J'aurais envie d'écrire aussi, si je n'épuisais mes insomnies qu'à tenter de retrouver le sommeil, la tête traversée de pensées grises et folles. Des billets se sont écrits dans ma tête mais ont zappé le clavier (mon ordinateur prend la poussière aussi, il y a des jours où je ne l'allume même pas) : la mort de Guillaume Depardieu sur laquelle j'aurais aimé mettre des mots tendres, et dire ma colère d'une journaliste imbécile qui a qualifié sa vie de "gâchis". Le Cirque Invisible de Jean-Baptiste Thierrée et Victoria Chaplin, bijou de poésie vu au Théâtre du Rond-Point, qui m'a rappelé pourquoi j'aime tant le cirque quand il réinvente le mot magie et me renvoie à des émerveillements d'enfance.

Je laisse passer les jours comme du sable dans mes doigts ouverts. Ne me préoccupe guère du lendemain. La Bretagne m'échappe, pas le temps de m'occuper d'y rechercher du travail. Au bureau on programme déjà Berlin en février, Cannes en mai, et je me demande si je serai encore là, sans savoir si j'en aurai du regret ou pas. J'ai l'impression de me laisser manger par le temps, le boulot, mes américains en résidence annuelle à Paris qu'il faut materner voire servir, envahissant ma vie soir et week-end inclus. Et, comme d'habitude, je me demande comment elles font, celles qui ont comme moi un boulot prenant, mais aussi une famille, des enfants, des engagements, et qui arrivent à FAIRE des choses, encore et encore. Je me sens assez incapable, parfois.

Maintenant que mon logis a retrouvé un semblant d'ordre, je me dis que peut-être ma vie elle aussi va retrouver un fil perdu, des projets autres que celui de simplement parvenir jusqu'au jour d'après en ayant fait de mon mieux. Depuis quelques jours, je peux reporter mes bottes hautes en cuir doux, retrouve le plaisir féminin des talons hauts, cela suffit à mon bonheur du jour. Chaque sensation prend sa place en désordre et j'ai de chacune la conscience aiguë. Accomplir les tâches quotidiennes, parer au plus pressé, se nourrir rapidement, penser fugitivement, lire admirative des bribes des "Années" lucides d'Annie Ernaux entre deux stations de métro, m'endormir parfois auprès de mon amant préféré du moment, partager le sommeil et l'étreinte, parfois un petit déjeuner comme un havre, plus souvent fuir au petit matin et me dire que j'aimerais qu'il m'apprenne la guitare, un jour.

Le front collé contre la vitre de la rame de métro hurlante, essayer de ne pas trop me dire que ça fait très très longtemps que je n'ai pas été amoureuse. Me demander si mon coeur saurait battre encore.

mercredi 10 septembre 2008

J'ai pas l'goût

J'aime bien cette expression - québécoise, je crois, elle figure en tous cas en bonne place dans pas mal de chansons de mon groupe préféré et inoublié "Beau Dommage".

J'écris aujourd'hui pour dire que j'ai pas l'goût d'écrire. Les mots se bousculent autour de moi sans que je parvienne à en faire quoi que ce soit de cohérent à inscrire ici. Me voilà blogueuse mensuelle, à quelque chose près. Cliquer sur "Nouveau Billet" devient un sport extrême (et pourtant je vais migrer vers Dotclear 2 en suivant les billets pour nuls de la fée, allez comprendre). Je rôde parfois dans les méandres de mon agrégateur, prend des nouvelles fugaces des uns et des autres, ne manifeste pas ma présence. Blogueuse-rôdeuse des fils rss. Fantomette des commentaires, je vais m'acheter un loup noir, je crois.

Ça se bouscule un peu dans ma petite tête. Ma transhumance bretonne commence à prendre des accents de réalité. J'ai envoyé quelques CV, le coeur battant. J'ai parlé à des gens là-bas et il n'est pas impossible qu'un poste ou plusieurs soient à pourvoir au bout de la terre et dans le secteur culturel, tout à fait mon profil, tout à fait ce que j'aurais envie de faire, tout à fait à l'endroit où j'aimerais vivre, et peut-être dans un futur pas si lointain. Alors certains jours, j'ai la trouille, il faut bien l'avouer. Peur que ça ne marche pas, et tout autant peur que ça marche. C'est si simple et si compliqué d'avoir envie de changer de vie.

Comme j'aime bien commencer les choses à l'envers, j'ai déjà dans la tête quelques idées déco pour ma future maison - siège d'un possible Bretagne-Carnet... - et de toute façon j'ai promis à Gilda et Fauvette que mes toilettes seraient décorées exclusivement sur le thème "Paris" et que j'en ferai un billet ici, pendant de celui-là (et au fait, est-ce que je m'appellerai toujours Traou si je vais vivre en Bretagne ? Vais-je me transformer en...Treiffel, quand je serai une parisienne en Cornouaille ? ;-) )

A force de retourner ce projet dans tous les sens dans ma tête, plans sur la comète inclus, cartes et guides, évaluations et soupesages pour-contre, je n'ai plus la place pour grand-chose d'autre derrière mon front, tout occupée de mon excitation à l'idée de. Au boulot, je suis dans la lune. Pas vraiment concernée. Et le travail d'écriture dans lequel je me suis immergée depuis quelques mois, les personnages avec qui j'ai passé mes vacances, préoccupée seulement et jusque dans mes songes de leurs vies et sentiments créés par moi, ce bonheur émerveillé que j'ai rarement eu l'occasion d'expérimenter, j'ai bien du mal à le récupérer. Et je suis en colère après moi-même d'être si dispersée, en colère après eux de me fuir, en colère après les obligations de ma vie qui me contraignent à m'en éloigner. Qu'est-ce que j'aimerais tout arrêter le temps de les retrouver, mes personnages aimés, le temps de vivre avec eux l'aventure commencée dont je ne vois plus le bout possible. Je suis si paresseuse aussi, la plupart du temps.

Mais on en est tous là, non, à courir après le temps ?... Rassurez-moi.

samedi 23 août 2008

Je voudrais que ce ne soit pas tout à fait la rentrée...

La reprise est plus dure que les autres années. Sans doute parce que l’envie de partir se fait plus précise, plus pressante. J’y ai pensé beaucoup pendant ces vacances, en ai parlé, ai envisagé les possibilités. J’ai regardé le prix des maisons dans le Finistère, rêvé d’un jardin comme celui où j’étais. Chaque bain me demandait de rester près de la mer, chez moi, mais plus loin encore vers l’ouest, le bout de la terre. La décision est prise : j’entame les démarches pour trouver du boulot là-bas dès cette rentrée. Ca marchera ou pas, ça prendra du temps peut-être, mais l’envie est là, tellement là. Et retrouver Boulet l’autre jour au bureau a été encore plus dur que prévu…

Vacances bretonnes et familiales pour commencer, douces et studieuses, autant que possible.

Vacances au soleil et amicales dans un deuxième temps. J’ai découvert Majorque.

Majorque

Euh… si vous n’êtes pas, comme je l’étais, accueilli par des Majorquins dans des endroits préservés, je déconseille fichtrement à quiconque d’aller passer ses vacances là-bas. Hors saison, peut-être, et encore…

La côte est envahie d’hôtels-champignons qui défigurent un paysage qui a dû être superbe avant eux. Les plages sont un alignement de parasols et de transats en plastique sous et sur lesquels s’avachit une population majoritairement composée d’allemands, assortis de quelques anglais. Tout ce petit monde est à moitié nu, rose et gras la plupart du temps (je n’ai jamais vu autant d’enfants obèses…), les menus des restaurants sont en allemands et proposent immanquablement de la choucroute, les cartes postales font assaut de vulgarité, et on trouve dans les rues un nombre incalculable de femmes noires qui proposent des coiffures tressées aux adolescentes teutonnes blondes qui circulent donc par dizaines avec ce qu’on croirait des cicatrices fraiches sur le crâne (parce que des tresses africaines sur un cuir chevelu blanc, c’est l’impression que ça me fait). Et à l’entrée des églises, on trouve ça :

Majorque

Heureusement, nous étions nous un peu dans les terres, à l’abri dans une jolie maison de village, blanche et ocre. Un puits dans l’entrée fraiche, une bougainvillée dans la cour, et une terrasse sur le toit, protégée de bambous, où nos serviettes séchaient d’un coup de vent du soir.

Nous avons découvert des paysages somptueux et de délicieuses criques sur nos vélos, avant de remonter durement les côtes au retour, nom de nom, elle était bienvenue la bière sur la place du village à l’arrivée !!!

Majorque

Nous avons ri et mangé tant et plus, alternativement ou en même temps. Je suis tombée raide dingue d’une espèce de petite friandise salée qui s’appelle Quelitas et que je songe à faire venir par containers entiers. C’est particulièrement délicieux tartiné de sobrasada, une charcuterie moelleuse au paprika, qui est d’une forme pour le moins… suggestive. J’en ai rapporté aussi, pour offrir, si, si (mais pas à mon vieil oncle catho… plutôt à quelqu’un que ça va faire rire)

sobrasada

Sinon, je ne marche plus que chaussée de majorquines, ou plutôt minorquines, puisque c’est de Minorque que sont originaires ces sandales, celles des pêcheurs de l'île, je crois, portées aussi bien par les hommes que par les femmes et qui se patinent joliment avec le temps (c’est increvable, ou presque, mon amie Ya qui nous accueillait a dû à regret se séparer des siennes après 10 ans de bons et loyaux services parce que la couture avait fini par s’user). La semelle est en pneu, le cuir épais mais ultra-confortable, on peut tout faire avec, crapahuter ou aller dans l’eau. Je les garderai jusqu’aux premiers froids, je n’arrive plus à m’en défaire…

Majorque

Une femme est morte à quelques mètres de nous sur une plage, l’un de ces quelques jours d’août. Un homme l’a sortie de l’eau, inconsciente, assommée peut-être par les rouleaux puissants qui m’avaient moi-même épuisée quelques instants auparavant malgré mon gabarit et mon habitude de nager. Et elle, elle avait l’air si menue, peut-être trop pour lutter contre eux, ou eut-elle un malaise, je ne sais. C’est le journal du lendemain qui nous apprit qu’elle avait 50 ans, alors que nous avions cru tout d’abord qu’il s’agissait d’un enfant. Je me souviendrai de cette heure étrange, après ce pique-nique sur une plage torride. Le chant lancinant et intense des vagues, et les efforts des hommes assemblés autour de ce corps pour le ranimer. Et quelques badauds de la plage venus assister sans vergogne au massage cardiaque interminable, comme au spectacle. Des filles en strings, un homme nu qui finit par enfiler un caleçon. Et un autre qui ne put s’empêcher de sortir son appareil photo… Triste sire. Et ce visage blême sur le sable, le corps mal recouvert d’une couverture de papier doré quand nous quittâmes la plage, incongrument lestés de notre parasol rouge et de nos serviettes salées, le cœur bien lourd.

Un autre jour, Ya nous appelait un soir dans la maison « Venez voir ! Venez voir ! Une éclipse de lune ! », ce à quoi je répondis distraitement et ingénument « Où ça ?... ». Je risque d’être quelques temps encore la risée de mes amis pour cette réplique (on avait bu « un peu » de vin blanc, je crois).

Les vacances sont derrière moi, cela fait longtemps que je n’avais pas éprouvé ce regret de revenir. D’habitude, rentrer à Paris est un plaisir, cette fois non, pas tellement. Les dealers bruyants du bout de la rue me saoûlent, et les ordures répandues devant l’immeuble qui attirent les rats, et la bousculade et l’agressivité retrouvées dans le métro. Envie d’air, envie de retourner me baigner, envie de…

Majorque

dimanche 22 juin 2008

1er dimanche de l'été

Je meurs de ce soleil dont la chaleur nouvelle ne me procure que peu de plaisir mais l'envie croissante de la morsure de l'eau salée sur ma peau.

Ce jour est étrange, coloré d'espoirs et de projets, enfouis sous ma paresse, mon sourire silencieux, l'envie d'amis chers autour de moi. D'un jardin ombré.

Scolaire je reste. L'année presque finie me rend incapable d'envisager ma vie bizarre sous un autre jour avant la rentrée. J'aviserai en septembre de ce qu'il convient d'en faire. En attendant, je mange, je bois, je ris et je m'étonne des mots que j'écris qui semblent ne rien faire d'autre que me fuir de toutes leurs petites jambes déliées, pressées.

Je me retrouve parfois au coin d'un couloir de métro, adossée au carrelage blanc, entre une affiche et une poubelle argent, à griffonner des lettres vite assemblées dont je perds le fil si elles se bousculent par trop dans ma tête envahie.

Je garde pour moi ces bribes de phrases grotesquement assemblées parfois, musicales les jours de chance. Je m'endors dessus comme Harpagon sur son or. Sauf que j'ignore si mes louis ne sont pas tous faux et mous. On verra.

J'échoue parfois à une terrasse bruyante, dans l'urgence de poser mon petit carnet noir pour le noircir plus encore. Je sursaute, surprise et étonnée que l'on vienne me parler, déranger mon stylo fébrile. Je commande la première chose qui me vient à l'esprit, juste entendu à la table voisine, un panaché, moi qui ne bois jamais ça. C'est bon, sucré et frais.

Je relis parfois ces petits textes urgents avec amusement, curiosité, surprise parfois que ces mots-là aient traversé ma tête, couru le long de mon bras, alimenté ma main et l'encre de mon stylo orange. Mes yeux ne les reconnaissent pas, mon coeur un peu.

Je finis par fuir moi aussi la fumée des cigarettes qui me dérange autant qu'elle me fait envie.

dimanche 11 mai 2008

Télégramme

Connexion intermittente. Excuse pour ne pas bloguer ? Un Paris-Carnet chaleureux l’autre soir me donne pourtant envie de faire encore partie des blogueurs actifs. J’ai des billets dans la tête, au bout des doigts. Il ne me reste plus qu’à.

Résiliation expédiée chez Noos. Bien fait. Je vais me débrouiller.

Envie de mots dans des cafés, écrits dans le bruit des demis à la pression, du bruissement des terrasses, d’éclats de voix ou de rires, à regarder passer les passants, se faire gentiment draguer par un serveur taquin, discuter avec des inconnus de comptoir, qu’on reverra ou pas.

Festival de Connes (copyright Chondre) dans quelques jours. Passage éclair, le temps de voir une mer qui n’est pas la mienne, croiser des milliers de regards, serrer des mains nouvelles, échanger des cartes vite oubliées, embrasser des inconnus qui ont l’air de se souvenir de moi et moi pas (et vice-versa). J’espère voir Indiana.

Arrêter de subir la solitude. Réapprendre à l’apprivoiser comme j’ai su le faire il y a des siècles, m’en servir, profiter de cette liberté en ne la voyant que légère et l’oubliant pesante. Oser aller seule au spectacle (j’ai fait bien rire quelques comparses blogueurs, habitués à prendre des places de théâtre à l’unité, à leur conter cette audace nouvelle pour moi). Ne plus attendre stérilement l’imaginaire « lui » qui la comblerait. Accepter la séduction de passage, après tout des bras éphémères autour de moi c’est mieux que pas de bras du tout. Et je m’octroie le droit de changer d’avis sur ce sujet dans 3 mois, ou 3 semaines, ou 3 jours, ou à peine cette phrase écrite. Mais pour l’instant ils sont drôlement bienvenus et confortables ces bras-là, même s’ils ne se conjuguent qu’au présent de l’indicatif, pas du tout au futur, même pas au conditionnel. C’est bon de rire le dimanche matin en partageant son café. C’est aussi simple que ça. Parfois.

Je suis d’humeur, en ce jour, à n’accepter que ce qu’il veut bien offrir et m’en réjouir. Profitons-en tant que cette humeur dure. J’ai appris à composer avec ma propre versatilité, revendiquée, au gré de mes époques troublées.

L’envie de l’Inde revient déjà. Projets de parcours nouveaux ou connus (Bénarès, bien sûr). J’ai commencé à apprendre l’hindi, un peu. Mais je manque de temps pour toutes choses, futiles ou importantes. Je picore. Un peu de boulot par-ci, un peu d’écriture par-là. Un peu de rêve saupoudré dans la réalité. C’est ma vie qui volette comme les papillons qui la jalonnent, que j’ai choisis comme emblèmes, éphémères, colorés, beaux et pas si inutiles, sûrement.

lundi 31 mars 2008

Liste de courses

A acheter d'urgence, aux Galeries Farfouillette, rayon Charouk :

  • un accessoire qui fait que le fauve il miaule pas à 5 heures du matin
  • une lotion capillaro-féline pour que l’affreux jojo cesse de semer des poils partout et surtout des noirs sur mes pulls blancs et des blancs sur mes pulls noirs
  • des gélules anti-caprice qui l’empêchent de prendre un air dégouté des frites devant la sublime pâtée saumon-crevettes de chez Félix qu’il adorait la veille
  • un gratouilleur à chats automatique pour qu’il arrête de me poursuivre même aux toilettes pour que je le caresse (avec miaulement de protestation quand je fais une pause pasque je suis un peu occupée là maintenant excuse-moi mais je fais pipi, merde à la fin !)
  • une potion magique qui rend le chat invisible quand il a décidé de camper devant l’écran de télé ou d’ordinateur (et qu’il regarde d’un air attentif, mais vaguement méprisant, ce que je suis en train d’écrire)
  • un marqueur de place pour que je défende mon pauvre bout de couette la nuit

A part ça, je l’adore positivement, cette bestiole (juste les jours d'aube bruyante, je le jetterais par la fenêtre... si quelqu'un connait un silencieux à chat...). Et puis il faut que je m’estime heureuse qu’il veuille bien que j’habite (un peu) chez lui…

Charouk

lundi 3 mars 2008

Des poêles plein la tête... Ah bon ?

Il y a en ce moment sur les murs du métro une pub qui me fait rire et me sidère. C’est une pub pour des poêles à bois, ce qui déjà est étrange pour une campagne en 4x3 (hors de prix) dans le métro. D’habitude, on voit plus volontiers les mannequins de Goude pour les Galeries Farfouillettes ou encore quelques affiches de films (de moins en moins, au prix que ça coûte, peu de distributeurs peuvent encore se payer de telles campagnes pour des sorties de films qui s’avèrent toujours aléatoires).

Donc la maison Invicta, dont j’ai appris à cette occasion qu’elle fabriquait des poêles à bois, fait publicité. Que dis-je la maison Invicta, c’est plutôt son PDG en fait, un dénommé Dupire (enchantée, moi c’est Traou) qui affiche dans toutes les stations RATP de la capitale sa gueule de rocker sur le retour, d’une façon tellement omniprésente qu’on ne peut pas la louper !

Jean-Pierre

Alors, Monsieur Jean-Pierre Dupire, je ne vous connais pas personnellement et vous êtes peut-être un homme charmant, mais permettez-moi de m’étonner : pourquoi diable votre photo sur l’affiche est-elle dix fois plus grande que les produits que vous vendez ?... Je m’interroge. N’y aurait-il pas là de votre part – et loin de moi l’idée d’être désagréable, mais bon - un sacré culte de la personnalité ? Hein ? Un peu ?

Sans blague, ces affiches me rappellent furieusement celles de l’ARC (Association pour la Recherche contre le Cancer) il y a quelques années, où un dénommé Crozemarie (qui sera pris plus tard la main dans la caisse de ladite association, tiens donc) affichait toujours sa bobine la plus grande possible sur les appels de fonds pour cette noble cause (ce qui m’avait toujours paru suspect, d’ailleurs, si on m’avait demandé mon avis, tout ça ne serait peut-être pas arrivé).

Non mais qu’est-ce qui peut faire croire à un gars qu’on va avoir envie d’acheter un poêle à bois sur sa mine à lui ?!!! Ça me dépasse…

Bon, personnellement, les poêles à bois, je m’en fous, j’suis pas cliente, mon chez moi est trop petit. Mais si je voulais en acheter un, très franchement je me foutrais éperdument que le gars qui les vend porte des dreadlocks ou des lunettes noires (comme le dénommé Dupire, il est assez inquiétant, en fait). Et sur les affiches, je préférerais nettement qu’on me mette… des poêles à bois, et seulement des poêles à bois. Mais, bon, je suis sans doute d’une logique trop basique…

Et alors, le Jean-Pierre, il se fend d’un texte, en plus, sur l’affiche. Pas piqué des hannetons dans le genre prétentieux-grandiloquent : « La détermination d’un homme explique l’esprit et l’éthique de son entreprise », ça dit. Ah bon ? Il y a une éthique du poêle à bois ? Je savais pas. J’ai cherché sur le site internet, je n’ai trouvé aucune explication de cette fameuse « éthique », c’est un mystère.

Très franchement, Jean-Pierre, il faut qu’on te le dise : ta bobine, on s’en fout, et ta détermination aussi. Pour acheter un poêle à bois, je crains que tes clients se préoccupent principalement :

1 - qu’il leur plaise esthétiquement
2 - qu’il ne leur coûte pas la peau du cul
3 - qu’il marche

Après, ta coiffure rasta, ta photo en 4X3, ta tenue de rocker has-been, très franchement ça vaut pas tripette et tu aurais dû t’abstenir.

Et là, j’ai un doute : il n’y a eu personne pour te le dire, ça, dans ta boite, et dans ton agence de pub ?... Dis donc, tu serais pas un peu tyran, par hasard ? Y’en a pas un qu’a toussoté, un peu gêné, pour dire « Heu, M’sieur Dupire, sauf vot’ respect, vous ne ressemblez pas précisément à George Clooney et nous on vend pas du café (ça ressemble à rien, le café, alors forcément ils sont obligés de trouver des trucs pour nous mettre l’eau à la bouche), alors peut-être que votre photo en grand sur l’affiche, c’est pas une bonne idée… Pardonnez-moi de m’excuser de vous déranger, sauf vot’ respect, M’sieur Dupire. J’vous demande pardon. Tapez pas, M’sieur Dupire… Allez tiens, faites comme si j’avais rien dit. Oui, je vois bien la porte, M’sieur Dupire, j’vous dérange pas plus longtemps. »

Enfin bon, le pauvre gars, là, désolée de te le dire, mon brave Jean-Pierre, mais il avait raison. D’ailleurs, et pour ne rien te cacher, tu serais même un peu limite, façon repoussoir. Tes poêles à bois, ils font pas envie, comme ça… Tu vois, il y en a, ils auraient mis une jolie fille pour les présenter, les mettre en valeur, attirer l’œil (peut-être même en porte-jarretelles, la fille, il y en a qui ne reculent devant rien pour vendre des poêles à bois).

Invicta, non. Invicta ne mange pas de ce pain-là. Invicta, à la place de la jolie fille nous met son moche PDG à la gueule patibulaire-mais-presque (copyright Coluche). Je voudrais bien connaître la courbe des chiffres de vente après ça...
Remarquez, si ça se trouve je me plante complètement et une foultitude d’usagers de la RATP se sont rués sur les poêles de Jean-Pierre, extasiés par sa mâle arrogance. Vi, p’têtre…

Enfin bon, mon Jean-Pierre, au fond, tu fais bien ce que tu veux, je ne suis pas ta cliente. Ce que j’en dis, moi, c’est pour rendre service.

lundi 11 juin 2007

A la maison, ce soir...

"Chansons d'amour" tristes et belles
Clématite en fleurs, velours violet, presque noir
Vapeur parfumée, volutes brûlantes
Sourires familiers sur le mur. La mer et l'Inde, aussi
Petite danseuse de bronze ondule sous la lampe
A côté de la Tour Eiffel aux papillons (si...)
Et Monsieur Hulot sur fond bleu vacances
Tintement de nacre à la fenêtre, au gré d'un souffle discret
Et quelque galop d'un enfant turbulent, quelque part
Paisible soir paresseux
Lire des mots virtuoses, blottie dans le cocon
Avant d'aller rêver

dimanche 6 mai 2007

2è tour

J'ai l'impression que le temps se gâte...

Pluie

dimanche 22 avril 2007

1er tour

Dimanche 22 avril. Parc des Buttes Chaumont. Paris. Taux de participation record.

Buttes Chaumont

Buttes Chaumont

Buttes Chaumont

Buttes Chaumont

Buttes Chaumont

mercredi 28 mars 2007

Tic tac, tic tac

J’aime que passe le temps, et les amours qui m’en souviennent ; j’aime à savoir que la joie vient après la peine. J’aime que le temps trépasse et ne revienne pas, fait d’une matière dans laquelle nous autres humains ne savons nous déplacer que dans un sens. Pourtant, il paraît que ça n’existe pas, le temps. Mais nous, nous le vivons, nous le suivons, nous le sentons jusque dans nos moindres fibres, nos plus ténues sensations. J'aime à me laisser glisser sans peur le long de sa pente douce, infinie.

J’aime le bruit du temps qui s’écoule. J’aime les cliquetis des montres, les tintements grêles des vieilles pendules, le glissement sourd des balanciers d’horloges, les douze coups de minuit et l'unique de la demie. J’aime les cloches graves et sonores au creux de la nuit et le souvenir du quatrième top. J’aime les aiguilles qui tournent et virent, avancent ou retardent toujours un peu. J’aime les montres qui ont oublié les changements d’heure et affichent crânement soixante minutes de trop pendant quelques mois, souvenir d’été.

Quand j’étais enfant, au centre de la maison familiale, il y avait une horloge de bois roux au balancier de métal fleuri. Au milieu des chiffres romains, tout là-haut, il y avait le nom de mon arrière-grand-père qui l’avait façonnée et réglée. Le tic tac lent et tranquille et la voix de basse de ses dongs sonores résonnaient jusqu’à ma chambre et dans chaque recoin de la maison, rythme rassurant de mes années de petite fille. Le jour où elle s’est arrêtée, pour toujours, je me réveillais la nuit, chaque heure, guettant inquiète le trop-plein de silence.

Est-ce elle qui m’a donné ce goût du bruit lancinant des heures qui s’écoulent, du murmure de l’eau ruisselante ou du roulement des vagues, battements de cœur incessants. Et le chant du vent.

J’aime que rien, absolument rien ne dure, même si cette idée peut-être aussi réconfortante que terrifiante. J’aime savoir l’éphémère, les minutes par milliards de milliards, la suivante toujours différente. J’aime que le temps passe inexorablement car il estompe les chagrins et embellit la mémoire. J’aime que les larmes sèchent avec les années et que les souvenirs s’attendrissent. Et que les rires restent, souvent.

Je n’ai pas le choix de vieillir ou pas, mais ça ne me dérange pas, tant que je suis pleinement présente à moi-même. Je ne déteste pas le tic tac de mes cheveux blancs qui s’additionnent peu à peu aux bruns. Et le bruissement de la peau autour de mes yeux, si fine, qui se fait soie et se froisse, insensiblement, chaque jour un peu plus, ne m’attriste pas. Chaque ride me rapporte un souvenir, me raconte une histoire connue de moi seule. Je préfère celles en éventail du coin de mes yeux, témoins de mes rires, à celles plus amères qui furent les ravins de mes larmes. Je me suis un peu perdue parfois dans le lit de ces cruelles petites rivières-là, mais tout autant trouvée. J’aime infiniment ce mot de la grande Anna Magnani à un photographe : « S’il vous plaît, ne retouchez pas mes rides, cela m’a pris si longtemps pour les gagner ».

J’aime savoir que rien n’est figé, que tout mue et change, et vieillit. Oh, bien sûr, la peau est moins fraiche, le teint moins rose et l’ovale moins lisse. Mais j’ai l’impression que de mes yeux plissés je vois un peu plus clair, un peu plus simple. Ils me donnent à voir des choses que je ne voyais pas quand ils étaient pourtant moins myopes. Ils me font ce cadeau, aujourd'hui plus qu'hier, de profiter de la moindre parcelle de beauté.

Le temps m’a appris à nuancer les peurs et les chagrins, puisque je sais qu’il y en a eu, qu’il y en aura, et qu’ils passeront pareillement. Il me donne à penser que cette petite tristesse du jour présent ne sera peut-être plus la même demain, transformée en quoi ? Je suis interminablement curieuse de le savoir.

dimanche 17 septembre 2006

Ou ne pas écrire…

Ne pas bloguer, plus précisément. Ou moins.

Parce que je cours après le temps.

Parce que cette rentrée s’apparente à un tapis de course en mode accélération permanente.

Parce que mon boulot me mobilise et me mobilisera au cours des deux mois à venir (au moins) soirs et week-ends, souvent, pour des choses passionnantes, donc tant mieux.

Parce que je n’ai donc pas une seconde pour bloguer du bureau (comme je le faisais fréquemment, j’avoue !), et que même l’heure du déjeuner pendant laquelle je sandwichais ou saladais volontiers devant mon écran, je la consacre désormais à une envie et un plaisir de longue date : apprendre l’espagnol, enfin ! (pas tout à fait TOUS les midis, mais presque)

Parce que ce temps qui me manque pour écrire me manque également pour lire et commenter les blogs que j’aime, les survolant le plus souvent dans mon agrégateur, vite, vite, en me disant qu’il faut que je revienne, un peu plus tard, quand je disposerai de nouveau de cette denrée rare composée de minutes ou d’heures, pour participer au dialogue et à l’échange, composantes indispensables pour moi de la vie de blogueuse. Et puis le temps passe et passe. Même si j’ai toujours considéré le « blogage » - bouh, c’est pas beau – comme une activité où doit régner la plus entière liberté : pas de réciprocité obligatoire des commentaires et des liens, par exemple (Madeleine, si tu passes par là, j'avais aimé chez toi les "10 non-commandements du blog" ou quelque chose d'approchant, inspirés de Pennac, que je n'ai pas réussi à retrouver, si tu peux en mettre le lien dans les commentaires...). Bref, j’ai l’impression d’être un peu lointaine ces temps-ci par rapport à cette « famille » que je ressens comme mienne depuis un an. Je le regrette, mais ce n’est que temporaire… sans doute.

Parce que j’ai aussi fait du blog, des blogs, pendant des mois, un élément central de ma vie, mon compagnon quotidien, soir et matin, m’enthousiasmant pour cette nouveauté, comme à mon habitude, et que j’appuie désormais sur la pédale de frein pour m’y consacrer un peu moins. Il y a dans mon agrégateur aujourd’hui plus de 150 références… Et il y en a tellement d’autres à découvrir ! Comment diable puis-je prétendre lire tout cela , y répondre, écrire chez moi, etc ?… L’impression de trop picorer de-ci de-là, de me disperser, de ne faire que survoler et de délaisser certains à tort ou à raison. J’ai sans doute moins le « feu sacré » du début. Tant pis, tant mieux…

Parce que (et le titre de ce billet est un clin d’œil et une réponse à ceux de mon ami Valclair ces jours-ci), je suis sans doute dans une période « sans ». Sans envie particulière de dire, d’écrire, de creuser à l’intérieur de moi-même à la recherche de… quoi donc, d’ailleurs ? (moi ? tout bêtement ?). Sans doute parce que je vais plutôt bien et que « un bon blogueur est un blogueur malheureux », dixit ma copine C6L, mi-sérieuse, mi-rieuse, comme elle sait l’être, et elle n’a sûrement pas (tout à fait) tort. Je ressens (comme beaucoup, non ?) l’urgence d’écrire quand il y a souffrance, manque, pleurs, peurs, beaucoup moins quand je me sens sereine (presque) et pleine d’énergie comme en ce moment. Et si je suis capable de pondre des pages sur le bonheur d’une odeur ou la beauté d’un brin d’herbe (cela me rappelle quelque chose, Coumarine...), en dehors du fait que je n’en ai vraiment pas le temps en ce moment, cela serait peut-être répétitif et sans grand intérêt passé un moment.

Parce qu’un blogueur que j’aime à retrouver aux Paris-Carnets et dont j’apprécie toujours les propos d’une grande justesse, m’a dit lors de notre dernière conversation que mon blog était « lisse » depuis quelques temps. Et il a raison. Et c’est comme cela que je me sens, d’ailleurs, lisse, délivrée pour l’instant de certains tourments, pour certains récurrents. La solitude paraît moins amère (j’ai surtout moins le temps de m’en rendre compte et d’y réfléchir par trop). Et j’arrive même à apprendre la nouvelle d’une grossesse ou d’une naissance sans avoir l’envie immédiate de me prendre une fieffée cuite. J’ai laissé ici même des souvenirs douloureux ou des échardes de cœur dont je me suis débarrassée de les avoir écrites et partagées.

Parce que si mon blog fonctionne au ralenti, c’est peut-être parce que précisément j’ai fait le tour de certaines questions, ou que je n’ai pas envie d’en faire un leitmotiv stérile, un « fond de commerce » sans fin… Et parce que je sens aussi qu’il me faudrait passer à autre chose, une vitesse différente, nécessitant une impulsion que je ne suis pas sûre d’avoir envie de donner, pas prête à partager pour l’instant des choses peut-être plus sensibles, plus « polémiques » sûrement, moi qui déteste la polémique… Je ne me sens pas capable en ce moment d’écrire certains sentiments profonds, certaines certitudes subtiles susceptibles de donner lieu à un fil de commentaires qui s’apparenterait à un forum, comme j’en vois ici et là, où moult donneurs de leçons persuadés de détenir LA vérité se font plaisir et devoir de démontrer à certains à quel point ils ont tort de penser ce qu’ils pensent. Je ne suis pas prête à cela. Peut-être ne le serai-je jamais. Alors j’attends. L’urgence.

Parce que je sens aussi au tréfonds de moi un germe d’histoire, né il y a longtemps, que je sens croître et bourgeonner et bouillonner depuis quelques temps. Ce bébé-histoire, je le nourris et le protège, surveillant l’arrivée de ses feuilles délicates qui ne vont pas tarder à se déplier, à faire peut-être, si je m’en occupe bien, des fleurs, puis des fruits. Et quand il seront mûrs, je devrai les cueillir, et décider qu’en faire. Et ce printemps n’est pas si loin, et me turlupine car quand il sera là, il y aura urgence à nouveau. A poser les mots sur le papier, à construire et conter. Où ? Ici ? Ailleurs ? Je dois répondre à cette question. Ou me laisser porter, comme je le fais la plupart du temps.

Ce dont je suis sûre, cependant, c’est de ne pas avoir l’envie d’arrêter (et quand bien même je l’aurais, je ne l’annoncerais pas, je me contenterais de ne plus publier, jour après jour, c’est tout). Je ne me sens non plus aucun "devoir" de justifier d’une éventuelle paresse bloguesque chez moi. Juste envie d’expliquer à certains que j’aime les raisons de mon silence inhabituel chez eux, faute de temps. Mais je suis là, bien là, et j’y reste, je lis tant que je peux, même si je me manifeste moins. Mais elles me sont trop précieuses, ces relations de blog, ces rencontres si diverses. Pas question d’y renoncer. Rien que ce week-end, je dois aux blogs un divin dîner indien confectionné avec amitié, des effluves de jasmin, une bague-papillon qui m’émeut, des paroles et des rires. Pour tout ça, même si je me fais plus intermittente, je ne disparaîtrais pas complètement !

lundi 12 juin 2006

Rêve

Ce rêve toujours pareil et jamais le même…
La nuit dernière encore.
Il y a les rêves "classiques" : être nue ou tout comme au milieu de gens et s’en trouver gênée, ou surprise ou alors pas du tout étonnée… Ça fait longtemps que ça ne m’est pas arrivé (de le rêver, je veux dire).

J’ai une amie qui rêve très souvent de chutes tellement vertigineuses qu’elles la réveillent, soulagée. Moi, jamais. Du moins pas que je me souvienne. Et je crois que l’on s’en souvient.

J’ai longtemps et souvent rêvé que je volais. Sensation merveilleuse (même si parfois j’avais du mal à m’élever aussi haut que je le souhaitais), que j’ai retrouvée avec un bonheur fou lors de mes deux vols en parapente : on court (ou on glisse, j’ai fait l’un à pied, l’autre à ski), et l’on s’envole, on s’élève dans les airs. Ils font partie de mes plus beaux souvenirs, sans conteste. Des années que je veux faire un stage pour pouvoir voler seule et retrouver ce bonheur-là, d’une intensité rare.

Non, mon rêve le plus récurrent, c’est celui où je suis chez moi, ou dans un endroit qui est chez moi dans le rêve mais qui ne ressemble pas forcément à mon appartement. Quelquefois c’est une maison semblable ou presque à celle de mon enfance. Et tout à coup, je découvre une ouverture, une porte, apparente ou cachée, qui ouvre sur des pièces supplémentaires, vastes et vides. Quelquefois, c’est un étage entier qui était inconnu jusqu’alors et qui fait bien partie de cette maison ou cet appartement qui est à moi…
Et je me dis qu’il y a tant d’espace à investir, tant à faire pour "habiter" là : peinture, meubles, couleurs, lumière(s), déco, tout ce que j’aime tant faire quand j’investis un lieu mien. Et je trouve cela formidable et tellement incroyable de ne pas m’être rendue compte avant que ces pièces existaient, que "personne" ne s’en soit rendu compte avant moi…
Il y a une perspective d’espace, formidable et surprenante… Extraordinaire.
Et je me réveille.

Le symbolisme de la chose est un peu pataud, je vous l’accorde. Et comme je ne suis pas absolument cruche, j’y vois bien quelques indices me concernant.
Je suis d’autre part de celles qui pensent que les rêves sont des "messages", qu’on nous envoie.
La nature du "on" m’est très personnelle, et je n’ai pas encore osé en parler ici (note à l’attention de Coumarine : cela a à voir avec les papillons, bien sûr; le jour où j’oserai parler d’eux, je parlerai de cela aussi… peut-être).

Mais même si le message ici me "parle", j’avoue que dans la vraie vie, je cherche encore la porte qui ouvre sur cette vastitude cachée, cet espace qui m’appartient et qui ne demande qu’à être investi, décoré, éclairé, meublé, "habité", à condition que je le trouve…

Si quelqu’un peut m’aider à trouver la clé, je suis preneuse. Mais je crois cependant avoir à la découvrir moi-même. Qui sait, en parler ici me mettra peut-être sur la piste ?

- page 1 de 2