Ubiquité
Par Traou le lundi 3 avril 2006, 13:55 - C'est la vie - Lien permanent
Je m’interroge parfois : est-ce que Traou, c’est moi ?
Ou bien une autre que moi ?
Un moi rêvé, épuré, débarrassé des oripeaux du paraître.
Des petites mesquineries quotidiennes.
Des sentiments inavouables.
Est-ce l’essence de moi et j’en serais la version « diluée » ?
Est-ce que Traou n’est pas embellie par les mots choisis ?
Magnifiée par des désespoirs élégants, bien dits, regardables, des chagrins esthétiques ? Là où les miens se règlent plutôt à coups de rouleaux de Sopalin qui mouchent mon nez rouge et reniflant, se noient dans une bouteille de vin de trop ou dans une nourriture anarchique. Se vengent parfois sur ceux qui m’entourent.
Est-ce que le virtuel, même sincère, ne ment pas un peu ?
Est-ce que je ne braque pas le projecteur sur ce qui m’arrange ?
Est-ce que je ne triche pas en gommant les aspérités qui me dérangent ?
C’est pour ça que ça me fait peur, parfois.
Quand certains m’écrivent pour me dire qu’ils aiment cette Traou-là.
J’ai peur qu’ils soient déçus.
Parce que derrière elle, il y a moi.
Commentaires
Ta note résume bien les questions que je me pose au sujet de mon personnage virtuel.
A force de jouer les demoiselles rigolotes et - presque - toujours de bon poil, j'en viens à ne plus tellement me reconnaître dans ce double virtuel. Voire même parfois à me censurer pour ne pas casser mon "image" ...
J'avoue, de plus en plus souvent, être un peu fatiguée de jouer ce personnage.
Mais qu'y faire alors ? Surtout lorsqu'on ne souhaite pas vraiment quitter la blogosphère ...
Bien sur que ce que nous paraissons être sur le net n'est pas tout à fait nous, tout en l'étant.
Même en étant sincère, en ne mentant pas, nous ne faisons paraitre que l'aspect "plaisant" de notre personnalité.
Et les lecteurs perçoivent ce qu'ils ont envie de percevoir, ou ce qu'inconsciemment nous avons envie de leur laisser paraitre.
La Traou que j'imagine n'est sûrement pas le reflet exact de la "vraie", mais elle n'en est pas non plus étrangère.
D'ailleurs, dans la vraie vie ... chacun te voit-il de la même façon ? Alors qu'ils voient la même personne .... Tu n'offres pas aux uns et aux autres le même aspect de ta personnalité. Ou ils n'en perçoivent pas les mêmes côtés. Pourquoi voudrais-tu qu'il en soit autrement sur le net ?
il y a simplement des petites choses qu'on préfère dire d'une manière plus jolie, ce n'est pas mentir, ni même se cacher, c'est pour que ce soit plus agréable à lire...
on en dit quand même assez pour se découvrir, se révéler telle qu'on est...
et puis on peut aussi se rêver un tout petit peu, ça fait du bien, non ?
continuez, elle et toi... toi et elle, qui, j'en suis sûre, ne faites qu'une !
bises.
(j'ai envoyé ma photo de Couettes !)
Comment séparer ce qui n'est pas séparable ?
Quand on a regardé suffisamment profond à l'intérieur de soi, on voit qu'il n'y a rien là-dedans dont on ait à rougir, rien là-dedans dont on puisse avoir honte. Nous sommes ce que nous sommes. Et en dehors de cela, il n'y a rien, sinon des chimères.
Si "derrière" il n'y avait pas toi, alors qu'y aurait-il ici ? Quel est le son d'une seule main qui applaudit ?
Mais ça n'est pas une question de virtuel, voyons ! Quand on rencontre des gens, au boulot, dans un bistrot, à une expo, n'importe où, on braque le projecteur sur ce qui nous paraît être le plus "reluisant". Nos compétences, notre culture ou notre plus joli profil.
Quant au reste, chère Traou, sache que personne n'est dupe. Tu as des défauts et des inesthétismes. Forcément. Comme moi, lui, elle (everybody, everybody !).
C'est ta façon de faire sentir leur existence qui me fait t'aimer. Avec l'option, bouge pas, je vais te chercher un rouleau de Sopalin, il m'en reste de mon dernier désespoir pas beau à voir.
Enfin tu vois ce que je veux dire, non ?
La vieille bloggeuse que je suis peut te rassurer : au bout d'un moment, toutes ces questions, on ne se les pose plus (ou alors on se met à s'en poser beaucoup trop et c'est signe qu'on est bon pour arrêter le blog).
D'abord c'est impossible de ne pas mentir, ne serait-ce que parce que chaque lecteur te lit différemment en fonction de lui et que donc on ne dit pas les mêmes choses à chacun.
Et puis depuis quand c'est grave de ne pas dire toute la vérité rien que la vérité ? Tout n'est pas intéressant dans la vérité de toute façon.
Et c'est là aussi qu'est l'excitation, comparer quand on le rencontre le bloggeur avec son blog.
Je n'ai pas rencontré beaucoup de blogueurs dans ma vie mais je n'ai jamais été déçue. Au contraire, souvent (tout le temps ?) j'aime mieux les gens que leur blog.
Chère Traou
). C'est une maladie comme une autre.
Comme je me la suis posée, ou faite poser par des gens qui ne bloguaient pas, cette question...
Je ne vais pas reprendre ce qui a déjà été dit mais ma pensée à ce sujet est que le portrait que l'on dégage à travers notre "écriture de soi" (autobiographique ?) est une facette de qui on est et une facette aussi importante que les autres, sinon plus.
En fait je ne parle pas des mythomanes (et ça il n'y en a pas que sur le Net, crois-moi
Mais dans l'écriture sincère, et je sens que la tienne l'est, il n'y a pas de mensonges, il n'y a que des perspectives et des projections du moment. Dira-t-on qu'un peintre "ment" parce qu'il a peint le côté pur d'une jeune fille en fleur alors que quelques heures plus tard elle était beaucoup moins pure ? Non, on dira simplement qu'il a immortalisé une de ses facettes et fort joliment.
Je pense que c'est ce que nous faisons en s'auto-écrivant, chacun avec notre style et personnalité propre, on immortalise des bouts de soi, des instants, des idées, des perspectives. Quiconque pense faire plus se place devant une tâche impossible (et pas très souhaitable, qui veut tout savoir ?)
Voilà, j'apprécie beaucoup ton écriture et à mon sens, elle te reflète.
Amitiés,
je dirais que la Traou que je lis m'a permis d'apprécier encore plus celle que j'ai rencontree.. avec bonheur.
Personne ne te connait qu'à travers le filtre de ses emotions, de sa receptivité.
Et tu es belle dedans comme dehors: tu es toi.
Mais ne t'inquiète donc pas, si tu n'avais que des qualités, et aucune aspérité, cela serait d'un triste !
Et puis ce n'est pas donné à tout le monde d'avoir une si belle plume !
Je me pose tous les jours la question du rapport entre Rose et moi. Et c'est insoluble! Une sorte de schizophrénie m'apparait alors et m'effraie tellement que je préfère oublier le sujet... Mais je crois que le blog synthétise au contraire notre véritable essence, que l'on mente ou non, car sous le masque, on peut se révéler, parler, dire sans crainte (ou presque!). Certes on révèle notre face cachée, mais n'est-elle pas aussi importante que le personnage social auquel nous réduit souvent la société?
Traou et toi n'êtes que les 2 faces d'une même personne... Il n'y a pas à avoir peur. (Je prêche pour ma paroisse!) Et puis, je dirais même "qu'importe le vrai toi", Traou exprime et écrit des choses... précieuses à son lectorat.
Tiens, j'en rajoute une couche pour te mettre encore plus mal à l'aise!
Comment oses-tu, Traou, dire cela au commun des blogueurs dont je suis? Hein?! "T'as pas honte de dire des bêtises comme ça, devant tout le monde?? Avec le talent -reconnu- que tu as?!!"
:D
Bonjour Traou.
Traou écrit la franchise de sa pensée, la franchise sur sa vie. La liberté du choix des mots ne peut masquer ou interpréter une autre personne. Vous transmettez la vérité d'une pensée par des mots choisis et c'est si beau. Merci Traou, a bientôt. xuan-lay
Tu ouvres les questions... Pauvres âmes errantes sur cette blogosphère... Mais quel trésor à chaque page ! Quel bonheur de trouver tant d'humanité ! Bretonne Légère Ou Grave... Tu t'es si bien définie...sans te cacher. C'est juste toi, j'en suis certaine.
Non non je ne suis pas monomaniaque comme fille, à peine un peu
:
quand j'ai vu s'afficher sur le merveilleux agrégateur dont Kozlika m'a enseigné l'usage, le titre de ton billet,
j'ai cru qu'il parlait du livre de Claire Wolniewicz qui vient de paraître sous ce même titre chez Viviane Hamy et que j'ai adoré.
Je rigole de ma confusion.
C'est un propos que chacun d'entre nous, blogueur pourrait faire sien.
J'ai ressenti les premières atteintes du mal
sous les sarcasmes de mon autre moi – Traou.
Mes oreilles, après des mots comme :
"chagrin esthétique", "désespoirs élégants",
se changèrent en feuilles de chou.
Aux aurores, je fouillais ma mémoire
pour ma provision de billets d'un soir ;
et je demandais au pompiste
derrière le zinc, le plein de kérozène.
Puis, traînant mes baskets,
je m'allais enfermer dans les water closets
Où je rendais mon alcool et mes doutes sur la vraie Traou.
Titubante je m'en revenais
et les petits enfants riaient de mes oreilles en chou-fleurs...
J'avais pris peu à peu la tronche d'une blogueuse.
(avec Gainsbourg)
C'est bête à dire, mais je ne me sens à l'aise qu'avec les blogs que je sens sincère. Bien sur, nous ne sommes pas nous à 100% dans nos blogs, parfois on enjolive, parfois on censure, mais l'essence de nos blogs, c'est nous.
C'est pourquoi je ne me sens pas bien partout, lorsque j'ai parfois la sensation qu'il y a un os. Et ici, c'est tout mixé, je n'ai jamais eu la sensation d'être bernée.
Quant à mon blog, je reconnais ne m'être jamais posée la question. J'ai mis du temps à me l'approprier. Il y a des choses que je tais, mais que je dis parfois en commentaire chez d'autres. J'ai aujourd'hui la sensation qu'il me ressemble, juste avec quelques ombres que je garde pour moi.
Il me semble comme Milky que le temps décante cette question. Une fois qu'on a dit "ce qu"on avait dans les tiroirs", on se met à parler de tout autre chose. D'ailleurs, beaucoup de vies de blogueurs sont assez courtes. A mon avis, ces blogueurs/euses arrêtent, pour s'être donné un cadre trop étroit qui à la fin les emprisonne.
Un jour, flo avait laissé chez moi un commentaire que je trouve très juste et très éclairant, elle disait que "samantdi" ce n'est pas "moi" mais "la narratrice", celle qui raconte et comme toute narratrice, elle opère des choix dans le réel, adopte un point de vue, un ton... Et chacun fait de même, je crois.
Ceci dit, je trouve normal que nous nous interrogions sur cette façon très particulière de communiquer. Et comme bien d'autres, je n'ai jamais été étonnée et encore moins déçue en rencontrant les blogueurs dans la vie, comme quoi, on fait passer l'essentiel de ce que l'on est.
"J’ai peur qu’ils soient déçus.
Parce que derrière elle, il y a moi." C'est bien pour cela que je sais que je ne serai pas déçue !
Mais Traou,
Moi est-il monolithe ?
Moi n'est-il pas Plusieurs ?
Moi est-il fait d'une chair ?
Moi n'est-il pas milliers de sangs mélangés ?
Moi est-il une respiration ?
Moi n'est-il pas éternité d'inspirations et d'exhalations?
Moi est-il autoroute de sentiments?
Moi n'est-il pas sentiers montants aux glaciers et grandes courses débaroulant au bas de la dune ?
Moi est-il cyclope ?
Moi n'est-il pas myriades de facettes de verre poli reflétant autant d'images ?
Moi est moi, complexité vivante car vie tout simplement.
(bon, comprenne qui pourra,je jure que je suis à jeun,lol)
Oui Traou...
qui est-on vraiment?
Je t'ai lue...
J'ai lue les commentaires...
Et je suis perplexe
Parfois c'est fatigant d'être notre pseudo...
Je rentre tard. Soirée douce et gaie après une journée... compliquée. Je suis d'humeur plus simple et vos mots m'y encouragent. J'ai trouvé quelques mots qui me parlent avec vous chez Swâmi Petaramesh :
Promis
) mais je vois bien ce que tu veux dire. Et pour le Sopalin, du coup je vais en avoir beaucoup moins besoin...
Me contredis-je moi-même ?
Très bien, alors je me contredis
Je suis vaste, je contiens des multitudes.
- Walt Whitman, Song of Myself
(toujours pas de barre wiki pour mettre ça en italique...)
J'y adjoins des bribes de vos mots qui me parlent de façon si amicale (de la fin au début...) :
Oui, Coumarine, peut-être est-il parfois fatiguant d'être l'autre, le pseudo...
Non, Bourik, tu as raison, ni monolithe, ni cyclope, mais myriade....
Madeleine à toi je parle "en vrai", alors je ne peux tricher...
Samantdi, j'aime cette idée de narratrice. Et peut-être faut-il que je vide tout à fait les tiroirs, pour passer à autre chose...
Vroumette, jamais tu ne seras bernée ici, je le souhaite absolument. Tu as raison, il faut que j'arrive à ce que cela me ressemble tout à fait....
Anitta, je titube, certes parfois. Comme tu sais trouver les images qui....
Obni, te l'entendre dire (non, te le voir écrire, on s'y perd...), toi, me rassure
Gilda, ta confusion me donne à lire... encore...
Ka, "âmes errantes", non... vagabondes, c'est plus joli. Alors continuons...
Xuan-Lay, tes mots cisèlent une pensée, comme souvent. Précieux.
Rose, le premier titre de ce billet était "schizophrénie". Et puis il semble que ce soit différent d'un "dédoublement"... Et il n'existe pas de "commun des blogueurs", j'espère que c'était pour rire....
Fauvette, je m'en vais donc cultiver mes aspérités
C6L, un baiser, c'est tout... En riant, quand même !
Lou, j'aime beaucoup ton image du peintre, je la garderai en mémoire. L'angle qu'on expose, qu'on met en lumière... bien sûr.
Milky, alors "vieille" blogueuse, je vais tenter de me poser moins de questions...
Anne, le virtuel me fait encore un peu peur (mais je n'en suis pas au 500è, moi !
Swâmi, j'aime beaucoup l'image de la main qui applaudit seule... je vais y songer....
Bailili, se rêver un tout petit peu, oui, juste un peu alors ?.... Oui
LaCuillerEnBois, être sincère, ne pas mentir, je veux m'y efforcer quand même.... Pas toujours facile.
La Miss, si tu es "fatiguée" de "jouer", tu as le droit de changer, tous les droits, de dire celle que tu es si ça te pèse un tant soit peu... Juré !
Quoi qu'il en soit, à tous, je vais me coucher ce soir avec le sourire au coeur... Merci.
tu seras toujours TOI !
rêves en grand...
et oui, dors avec un sourire sur le cœur
Pour reprendre ce qui a été dit, je crois que les blogs, lorsqu'on y est sincère comme tu peux l'être, c'est du concentré de nous-mêmes, cette matière qui est traditionnellement diluée dans les secondes et les minutes qui parsèment le quotidien...
Je me pose un peu, mais pas trop la question à laquelle j'ai parfois la réponse quand je rencontre des blogueurs. Je pense que quand on a ce désir justement (de rencontrer d'autres blogueurs) on ne peut pas se permettre de tricher. Donc je suis un peu sceptique lorsque je sais que certains blogueurs ne veulent jamais en rencontrer d'autres (mais ce peut être pour d'autres raison aussi). Et je suis sûre que je ne serai pas déçue en te rencontrant, tiens j'en suis même intimidée
Echo de ma note sur mes un an de blog... Luce joue parfois de ses masques dans la vie, comme tout le monde, Luciole joue plutôt de ses voiles... Une espèce de transparence colorée...sourire... Quand sommes nous vraiment nous même ? A chaque seconde et à chaque seconde différents... Peut être le fait d'être comédienne me met à l'aise avec ça, je ne me confond jamais avec mes personnages et pourtant il y a tant de moi dans chacun d'eux... Tu sais une sorte de pont commum à l'humain, et puis ensuite l'oeuvre de l'histoire et du temps qui sculte l'identité. Jamais finis cette sculture, c'est ce qui en fait le vivant... Traou, tu es vivante c'est tout... sourire et bises...
J'aime beaucoup ce texte...... Lectrice depuis quelques mois j'ai beaucoup de plaisir à lire des blogs parfois si différents........textes de grande qualité,
témoignages émouvants, photos , musique, tout m'est bonheur.... Mais
jamais je ne souhaiterais que l'auteur du blog se débarrasse de "ses oripeaux", se mette à nu , comme chez le psychanalyste, au plus près de son "etre" ..... (le pourrait il?)
Meme sur un blog il y a une situation de séduction......., tu parles de chagrins esthetiques, de mots choisis...... tant mieux pour nous qui lisons
d'etre séduits par la beauté du texte.... lequel texte te représente et donne une image de toi, surement partielle mais c'est ainsi.....
Merci pour ton blog .......ah moi aussi j'adore India Song
Belle Traou, ne te juge pas trop durement. Ce que tu donnes sur ton blog est une parcelle de toi et heureusement, tu as mille et une parcelles, c'est ce qui fait de toi un être unique comme tout être est d'ailleurs unique.
Chaque mot que tu utilises, porte ton reflet et c'est pour çà que çà nous touche.
Gai ou triste, folle ou sage, mal ou bien , c'est comme çà que les vrais amis t'aiment avec tes douceurs et tes aspérités et c'est aussi pour çà que tu peux les différencier parce qu'ils t'aiment tel que tu es.
Un petit mot pour ces jolis nouveaux témoignages, qui me disent que je partage ces interrogations avec vous.
Mais pas longtemps, hein....
Bailili > Un sourire....
Ursun > Diluons-nous prochainement autour d'un verre, veux-tu ?
Pralinette > Intimidée ? Alors on sera deux à l'être cet été si c'est comme ça !
Luciole > Des voiles, des masques, des transparences colorées, tu as le don de mettre des images qui me parlent tant sur des sensations indéfinies... Merci Luciole
Vic > Un mot de bienvenue pour toi, sur une musique d'India Song...
Crick > Traou et moi-même (;-)) t'embrassons très sincèrement pour ces si jolis mots....