mardi 2 mai 2006

J'peux pas bloguer, je bosse !

C'est un monde, quand même ! Pas deux minutes à moi pour bloguer !

Période "15 lièvres à la fois" au bureau. J'y ai débarqué à 8 heures ce matin pour essayer d'être tranquille une heure ou deux avant notre "réunion du lundi reportée au mardi because jour férié hier", et bien Boss est arrivé 10 minutes à peine après moi. Et quand Boss est là, il a plein de problèmes existentiels à me soumettre : mon heure tranquille, tu parles... Il a de la veine que je l'aime, tiens ! (oui, j'aime beaucoup Boss, c'est un mec super. Et oui, je suis au courant que je suis une sacrée veinarde de pouvoir dire un truc pareil, c'est la première fois que ça m'arrive d'ailleurs... Le jour où Boss nous quitte, je pleure ! Et non, je ne suis pas amoureuse de Boss !!!). Donc mon ordinateur n'a servi aujourd'hui qu'à bosser, et c'est aussi bien parce qu'il m'arrive parfois de culpabiliser (si !).

Je suis allée pumper un peu à l'heure du déj' quand même, et retour au bureau, un yaourt devant l'écran (jamais faim quand je sors de la gym, double effet régime, ha, ha !), à taper comme une forcenée sur mon clavier, et même pas pour pondre un billet, j'vous jure ! (si, je le jure !). Suis à peine allée jeter un oeil furtif et preste sur un ou deux blogamis, alors ça compte pas...

Retour chez moi, re-ordinateur, une ou deux photos nouvelles à mettre dans l'album "Couettes", un commentaire ici, un mail là, et re-au boulot, pour un petit projet personnel (d'écriture) à moi, dont il faut que je fignole les finitions encore un peu. Là, je m'accorde juste une petite récré de rien du tout - sinon Vroumette va me gronder - et j'y retourne avant dodo tôt parce que demain je vais tenter le challenge : arriver BIEN avant Boss ! C'est qu'il est matinal, le bougre ! Et en plus il habite à deux pas du bureau, c'est pas du jeu !

Bon, c'est pas que je m'ennuie, mais je file !

samedi 29 avril 2006

Mon compagnon

Je ne suis plus seule. Depuis quelques mois, j’ai un compagnon. Nous cohabitons harmonieusement la plupart du temps. Je suis contente de l’avoir rencontré. Il s’appelle Blog.

Il est mon premier compagnon du matin, celui aux côtés de qui je prends mon café. Il est en général le dernier de ma journée, à qui je dis bonsoir avant de me coucher.

Je lui confie mes secrets, mes souvenirs, mes joies et mes peines. J’aime lui faire partager mes rires, et trop souvent mes larmes. Quand une image m’émeut ou m’amuse, c’est à lui que je la montre. Il sait mieux que quiconque les jours où je me sens femme de pierre et de mousse... ils sont nombreux ces temps-ci.

Je lui raconte des histoires, des voyages, des coups de coeur et lui me conte les fantaisies des autres, leurs vies, leurs espoirs, leurs détresses, leurs sentiments parfois si semblables aux miens, parfois si lointains, parfois si terribles et poignants, parfois si gais et joyeux. Et je ressens de la sympathie pour eux, et eux pour moi parfois, de l’empathie réciproque, même, et nous dialoguons, virtuellement d’accord, mais c’est déjà ça.

Blog connaît mes manies, mes habitudes, mes agacements, mon peignoir, mon corps nu, mes coups de fil à ma mère, la tête que j’ai pas maquillée, mes cheveux mouillés, mes amants éphémères, mes désarrois, mes gargouillis, mes insomnies, mes textes inachevés, ceux qui sont trop osés peut-être, les trucs dont je ne suis pas fière, beaucoup de tout ça reste « hors ligne », il n’en dira rien, je lui fais confiance, presque.

Grâce à lui, je rencontre beaucoup de gens nouveaux, je vais – pour de vrai - à l’opéra, au musée, au cinéma, j’écoute des musiques nouvelles, je lis des livres ciselés, je mange des cakes aux herbes ou au pavot, et aussi des confitures, je m’attable dans des cafés, je bois de la bière, le tout en bonne compagnie.

Je fais des projets avec lui pour le week-end : le sujet de mon prochain billet. Et d’ailleurs nous l’écrirons un dimanche après-midi, enfermés chez moi, pour ne pas avoir à se promener dans des espaces réservés à d’autres (voir le texte éloquent de Garfieldd, chez Akynou, il me parle singulièrement, tellement que je n'ai pas su, pas pu, l'illustrer...)

Je fais des projets aussi plus loin, pour les prochaines vacances : ne pas oublier d’emporter un ordinateur portable avec une carte wi-fi, pour bloguer de Bretagne… Un nouveau voyage en Inde, seule, à lui raconter sûrement. Et je pense au futur : ma 1000è note, peut-être un jour…

Bon, j’avoue, notre relation comporte quelques lacunes, voire quelques frustrations. Il est certain qu’au réveil, je préfèrerais caresser une chair chaude qu’un clavier. Et le soir venu, deux bras enlaçants seraient hautement préférables au commentaire le plus sympathique. Certains week-ends, j’aimerais qu’il ne soit pas mon seul interlocuteur avec mon marchand de primeurs, et les vacances à écrire, même si j’adore ça, me font un peu moins envie qu’une croisière amoureuse.

J’aimerais parfois « lui » faire plaisir : un petit plat concocté avec tendresse, un cadeau, un livre, une bricole, une caresse…. Mais il n’est pas très sensible à ces attentions. N’en a pas de ce genre pour moi non plus. Alors, à la place, je mets une recette en ligne, une critique de film, faut bien des palliatifs.

Si je voulais, je pourrais laisser l’ordinateur allumé toute la journée, cela me ferait une lumière sous la porte en rentrant le soir… moui… pas convaincue. Elle est bien froide, cette lumière-là. Et puis, franchement, il n’est pas bien causant. Je souffre de son silence. Non pas que je raffole des hommes bavards. Du moins trop. J’aime le son d’une voix mâle et aimée, qui réponde et se mélange à la mienne de façon harmonieuse et équilibrée : point trop de l’une, point trop de l’autre. Je te parle et je t’écoute. Je ne te coupe pas la parole, je te laisse t’exprimer comme tu le fais aussi. On s’intéresse réciproquement aux mots, aux sensations de l’autre. Echange, quoi… Il ne peut me donner ça. Le monologue m’attriste et m’agace, qu’il soit le mien ou d’un autre.

Et il faut être lucide, au niveau libido, avec ce pauvre Blog c’est très limité. Tout ce qu’il a à m’offrir, ce sont quelques malheureux textes érotiques et la pauvreté de certains qui se qualifient comme tels, lus ici et là, me laisse pantoise, à défaut de pantelante. N’est pas Anaïs Nin qui veut. Ni même l’Alina Reyes du « Boucher ». L’un est incapable de conjuguer un verbe correctement, et personnellement – et quel que soit le contenu évocateur du texte - ça me fait le même effet qu’un mec qui garde ses chaussettes… D’autres ont l’air de considérer qu’une fois qu’ils (elles, souvent) ont écrit « verge » ou « jouir », ça y est, ils/elles font de l’érotique comme Monsieur Jourdain de la prose. Sauf que la leur est le plus souvent fichtrement dénuée de sensualité, ce qui est un comble en ce cas, et certains récits sont à peine dignes des ébats d’un débutant de 15 ans…

Pour écrire des textes érotiques, sensuels, libertins, ou pornographiques, il faut, à mon humble avis, une fieffée plume, de l’audace, et pas mal d’humour, sinon c’est sinistre et bête. Pour ma part, même si ce sujet peut me tenter parfois, et quels que soient les compliments qu'on a bien voulu me faire à l'occasion sur ma façon de "peindre" les choses avec des mots, je ne m’y risquerai pas avec Blog, je crois (enfin, on verra). D’aucunes le font avec un tel talent que les lire m’est suffisant, pour les mots en tous cas.

Donc je l’avoue, je ne sais si c’est ce bouquin rigolo qu'on m'a offert avec deux simili-Jim en couverture, j’ai des envies de baisers et d’étreintes sauvages ou tendres, de rires complices et d’aubes calines (de soirs et de nuits aussi !), de projets à deux, d’attentions réciproques, de chamailleries pour rien, de lumière sous la porte, de bruit d’une autre clé dans la serrure, de balades dominicales sans se sentir trop conne, de « tu peux rapporter le pain ? », de spectacles à découvrir à deux, de chatouilles « non, je t’en supplie, arrête ! », de chatouilles « mais non, je t’en supplie, continue ! », d’une peau pour oreiller, d’une odeur mêlée à la mienne, de voyages, de soleil, de froid et de cheminée, de toi là maintenant tout de suite, de « je suis là », de regards sans rien dire, de draps froissés épuisés, de main dans la mienne, de partage de baignoire ou d’instants, quelques-uns ou tous, sinon je vais devenir folle !

Mais non… Je vais continuer et rester bien sage, ou faire semblant. Même si je sais bien que la moindre parole méchante ne me lesterait pas à ce point de plomb, ne me donnerait pas envie de me rouler en boule et de tout arrêter, y compris d’écrire… si j’étais deux.

Depuis quelques mois, j’ai un compagnon. Je ne suis plus seule… enfin j’aimerais bien…

Sexe, Amour et Amitié

vendredi 17 mars 2006

Les envahisseuses sont-elles de retour ?

Mamma mia ! Rien que d’y penser, ça me colle des frissons dans le dos…

J’habite un joli immeuble ancien : 1929. Structure en métal (on m’a dit que c’était une structure Eiffel), habillage de briques bicolores, quelques mosaïques, de vieux ascenseurs à grilles tout en bois, franchement il a de la gueule. Le problème c’est qu’à l’intérieur, c’est un peu vermoulu : j’ai un joli parquet, mais je connais les circuits pour éviter certaines lattes fragiles… Et il y a sous ces planchers et dans les murs des habitants pas toujours sympas à avoir chez soi…

C’était il y a un peu plus d’un an je pense. Nous étions blottis l’un contre l’autre sur le canapé avec Fox à regarder peut-être un épisode de « 24 heures chrono », en nous rongeant les ongles, ou bien « Alias ». Quoique non, quand nous regardions une de ces séries-là, un crocodile aurait pu traverser le salon sans que nous nous en rendions compte le moins du monde, disons qu’on regardait « Le gendarme et les gendarmettes », allez… (je ne sais pas pourquoi je dis ça, je crois bien que je n’ai jamais vu ce film). Bref.

Tout à coup, nous avons distinctement aperçu, tous les deux, une petite forme sombre sortir de la chambre pour se glisser vivement sous la porte de la salle de bains (c’est assez « open space » chez moi, j’ai cassé plein de murs quand je suis arrivée, et du salon on voit quasiment tout le reste de l’appartement). Nous sommes alertés tous les deux :

Moi : Tu as vu ça ? Qu’est-ce que ça peut être ?

Fox (débonnaire) : Oh, ce doit être un papillon de nuit….

Moi : Mais bien sûr, Foxidou (j’adore donner des petits noms ridicules gentils), c’est bien connu que les papillons de nuit trottent sur les parquets et se glissent sous les portes…

Y’a pas à dire, j’adore le sens pratique (et réaliste) des de certains hommes, vraiment…

Je propose donc que nous allions voir si ce papillon, après être passé sous la porte, a finalement décidé de se poser au plafond de la salle de bains, comme tout papillon qui se respecte. Nous ouvrons précautionneusement la porte, pour ne pas l’effrayer et constatons après un examen attentif de ma toute petite salle de bains du sol au plafond qu’il n’y a là pas plus de papillon que de beurre dans la marmite, comme dirait ma sœur ainée (elle disait aussi « pas plus de … que de beurre en branche », ce qui me plongeait dans des abîmes de perplexité quand j’étais môme, mais je m’égare).

Un examen ultérieur et plus attentif du reste de l’appartement nous révéla la sinistre vérité : des petites crottes noires dans les placards, des trucs grignotés dans la cuisine, ce papillon était en fait une souris… Et là, mes aïeux, c’est l’enfer !

Nous avons donc investi dans toute une batterie de tapettes à souris classiques, disséminées dans tout l’appartement, dans lesquelles AUCUNE souris ne s’est jamais fait prendre. Il nous arrivait même fréquemment le matin de trouver les tapettes intactes mais SANS le fromage dessus : je pense que nous avions affaire à une section commando de souris super-entraînées à se régaler sans déclencher le mécanisme (je dis « respect », quand même).

Nous avions le plaisir, la nuit, cinq minutes après avoir éteint la lumière, d’entendre les « frrrt, frrrt » et les tip-tip-tip des déplacements des bestioles dans l’appartement. Il m’est même arrivé de me lever une nuit pour aller boire un verre d’eau dans la cuisine et d’en déranger une en train de grignoter un quignon de pain oublié sur le plan de travail : affolement et saut spectaculaire au sol, hop elle avait disparu.

Je me refusais à acheter les papiers collants qu’on pose par terre sur leurs lieux de passage, dans lesquels les pauvres bêtes s’engluent les pattes et restent prisonnières. Parce qu’après, la souris reste là à pousser des cris pitoyables (il paraît) et il faut l’achever : coup sur la calebasse ou noyade, très peu pour moi, merci, et Fox n’était pas plus motivé… La gardienne de l’immeuble, Mme L…S (je ne sais pas si elle est la cousine du gardien de Chondre, mais elle est super sympa) m’a dit que quelquefois les gens flanquaient carrément le papier avec sa bestiole vivante scotchée dessus direct dans la poubelle, allez zou, et que c’était à elle de faire la sale besogne…

J’ai investi dans du poison. Ça, elles aimaient, elles en ont mangé des kilos, mais elles devaient aller mourir ailleurs parce qu’on a retrouvé qu’un seul petit cadavre desséché un jour sous la baignoire, là où elles avaient élu domicile, semble-t-il, ainsi que dans la cuisine. Et on continuait à entendre trottiner à droite à gauche, à croire qu’un régiment avait élu domicile chez moi !

Parce qu’il faut bien vous dire qu’au bout d’un moment, les souris elles sont chez elles, et que l’intrus, c’est vous ! J’en ai vu une traverser tout le salon tranquillou un soir, me jetant un œil distrait et vaguement agacé, genre « qu’est-ce qu’elle fait encore là celle-là ? ». Et elles se foutent carrément de votre gueule, vous passant entre les jambes au moment où vous êtes confortablement installé aux toilettes, en train de méditer sur les occupations du week-end prochain (il y a des guides de Paris dans mes toilettes), ou bien surgissant brusquement de sous le plaid du canapé que vous enlevez pour le secouer (j’étais avec ma sœur, nous avons poussé deux hurlements identiques). J’avais l’impression d’être guest-star dans « Tom & Jerry » et je n’aurais pas été surprise d’en voir une esquisser quelques variations de claquettes en me saluant avec un petit canotier pour me narguer !

Un jour, Fox et moi déclarons la guerre : tenues de combat et vidage intégral de la cuisine, réfrigérateur et machine à laver inclus, on en a bavé, mais on en a débusqué une, Foxichéri la poursuivant avec un balai, Traou perchée sur un tabouret (il faut respecter les traditions), jusqu’à ce qu’elle prenne la fuite par un trou dans le mur. Ensuite nous avons fait du plâtre, et nous avons bouché TOUS les trous possibles et imaginables de l’appartement. Quand je rapportai la chose fièrement à Mme L…S, elle me dit : « Mais ma chérrrrie, (Madame L…S roule un peu les R) est-ce que tou as mis du verre pilé dans ton plâtre ? ». Euh, du verre pilé ? Non, je n’y avais pas pensé… Mme L…S prend un air désolé et me dit en secouant la tête « Ça c’est sourrr, elles vont rrrevenirrrr… ». (l’idée, c’est que la souris est hémophile et quand elle grignote le plâtre, elle s’écorche le museau et passe l’arme à gauche… c’est atroce).

Finalement, nous avons été tranquilles un bon bout de temps après ça, le temps de nous séparer d’ailleurs (mais pas à cause des souris), et… un beau jour, en voulant attraper ma cocotte dans le tiroir le plus bas de ma cuisine, j’ai vu un petit derrière avec une longue queue au bout s’enfuir entre deux casseroles, c’était reparti… Il semble qu’elles rentrent par la porte d’entrée, en fait. Il y a dans le bas un passage suffisamment grand pour que Mme L…S puisse y glisser le courrier, même des journaux un peu épais, cela suffit amplement à la petite bête pour passer, et il y a visiblement une colonie dans les parties communes (nous avons une boulangerie en bas de l’immeuble, elles adorent la farine…).

Là, j’ai vu rouge : je n’ai fait ni une ni deux et j’ai passé un coup de fil à mon copain-voisin Manu pour lui emprunter Django quelques jours en urgence. Django étant un chat de tempérament fort chasseur puisqu’il lui est même arrivé de choper un pigeon en plein vol en direct de son troisième étage et de le déposer fièrement aux pieds de son maître (beurk). Et quand il m’était arrivé de le garder quelques week-ends, il m’avait joyeusement destroyé quelques objets fragiles en chassant les mouches.

Django a pris ses quartiers chez moi, et ça n’a pas traîné : nous étions en plein risotto avec ma copine Stéphanie quand nous entendons un bruit suspect dans la chambre. Je fonce voir, pensant que le Django m’avait encore fracassé quelque objet précieux, et je tombe nez à nez avec lui, tenant dans sa gueule une souris encore tout à fait frétillante, mais qui s’était déjà pas mal vidée de son sang sur le parquet (beurk again). Là le Django me regarde avec un air qui signifie :
« Vais-je me faire : 1 – un peu engueuler, 2 – beaucoup engueuler, 3 – très très beaucoup engueuler, rayer la mention inutile ». Il n’a pas dû en revenir que je me répande en félicitations, restant quand même prudemment sur le pas de la porte, Stéphanie me rejoignant pour contribuer à le congratuler…

Je ne sais pas si vous avez déjà vu un chat tuer une souris, c’est un jeu fascinant et cruel. Il la lâche, fait semblant de ne plus s’en occuper, et dès que la pauvre bête complètement sonnée tente désespérément de s’éloigner, il la récupère en deux coups de griffe négligents et la remet dans sa gueule. Elle meurt assez rapidement mais pas paisiblement, c'est le moins qu'on puisse dire… Après, comme il était tout content de nos félicitations, il a commencé à jouer avec le petit cadavre en le lançant en l’air et le rattrapant, mais comme tout ceci se passait à moins d’un mètre de mon lit, j’ai rapidement mis un terme à la rigolade, ai récupéré la souris dans un sopalin direction poubelle, épongé le sang sur le sol, donné une triple ration de croquettes et de caresses à Django, et nous avons repris notre risotto avec Stéphanie, mais on n’avait plus très faim, allez savoir pourquoi.

Depuis (c’était au début de l’été dernier), calme plat. Je pense que les souris avaient dû marquer ma porte d’une croix noire avec une tête de mort, signifiant « danger ». Je continuais à guetter d’éventuelles crottes ou grignotis ou bruits suspects, rien, nada, finito…. Jusqu’à hier…

Hier soir, donc, je me déshabillais tranquillement dans ma chambre afin d’aller goûter un repos bien mérité, quand j’avise un petit tas brun tout proche du pied de ma commode. De loin, ça ressemblait à un mouton, ce qui m’étonne fort car lundi dernier a commencé ma collaboration avec une nouvelle femme de ménage dénommée Marlen mais qui mériterait le surnom de tornade blanche, alors un mouton de cette taille sous un meuble trois jours après son passage, étonnant… Je m’approchai donc du mouton, qui s’avéra (comme le papillon, il se passe des trucs étranges chez moi) être une souris… morte. Super agréable dans sa chambre à l’heure du coucher, vous pouvez l’imaginer….

Alors là j’avoue, je suis perplexe. Je vais faire une tournée d’inspection chez moi, mais je suis quasi-persuadée de n’avoir décelé aucun signe avant-coureur de souris ces derniers temps, et je commence à être rodée, croyez-moi ! Elle n’était pas là le midi encore, j’en suis sûre puisque j’avais passé la matinée coincée chez moi avec Monsieur le technicien N..S venu me remplacer mon modem et couper ma connexion France Telecom (je vais payer mon téléphone beaucoup moins cher, youpi). Et quand j’ai fait une tournée de ramassage de tous les bouts de câble qui trainaient après son passage, la souris n’était pas là, je peux le jurer. Alors, je voudrais bien savoir comment ce rongeur a trouvé le moyen de venir clamser chez moi dans l’après-midi, nom de nom ?!!!

Alors peut-être, peut-être qu’il s’agit d’une souris égarée, entrée par la porte d’entrée et qui a traversé l’appartement tellement à toute berzingue qu’elle n’a pas vu le pied de la commode et s’est fracassée dessus ? Peut-être a-t-elle fait une crise cardiaque subitement ? Une rupture d’anévrisme ? Un suicide, vous croyez ? Non ?!.... Peut-être qu'elle a mangé du produit anti-cafards et elle n'a pas supporté (ben oui, quoi ?! j'habite un immeuble très "animal friendly", tout le quartier l'est d'ailleurs : dans la rue, entre deux dealers, on peut même croiser un rat, avec un peu de chance).
Ou alors, alors, c’est peut-être un message de la colonie souris de l’immeuble qui me fait savoir qu’elles n’ont pas oublié le meurtre de l'été dernier et que la vengeance est proche ?.... Allez savoir.

Je m’en fous, je loue Django pour la semaine ! Et je l’affame s’il le faut (non, j’rigole…).

Tom & Jerry

vendredi 3 mars 2006

Paris-Carnet deuxième !

Mon deuxième Paris-Carnet, donc. Même pas peur !

Je retrouve Ursun, mon p’tit frère de blog (ben oui, on est presque jumeaux, on les a créés en même temps), par hasard sur le quai du RER et nous devisons gaiement sur le chemin du Bombardier.

Là-bas, salut à Labosonic que j’aperçois en premier, à peine le temps de le remercier pour son article grâce auquel j’ai découvert l’album de Lio qui me ravit, et nous aurons finalement assez peu l’occasion de parler au cours de la soirée, ce que je déplore. Rendez-vous next time pour ne pas parler des blogs secrets, ou alors de « dévoilement », ou de…

Je me présente au Capitaine que je n’avais fait qu’apercevoir la dernière fois et à Tatou que je trouve fort drôle (la réciproque ne serait-elle pas vraie ?…), qui épate les filles en bloguant en direct du Paris-Carnet depuis son portable. D’après les comptes-rendus, il semble n'avoir mordu personne cette fois-ci. (Tatou, c’est pour rire ;-)).

Faute de places assises, nous faisons une tentative de sitting par terre avec Vroumette, Grand Zorro (il est venu ! les zozos la prochaine fois ?) et Ursun, juste au moment où le match de foot démarre dans un déluge de décibels.

Fuite éperdue des blogueurs. Mais j’ai à peine eu le temps de tremper mes lèvres dans la bière que m’a offert Ursun (au prix d'une demi-heure d’attente devant le bar). Et je ne sais pas boire ça cul-sec. Tant pis, je l’emporte avec moi et j’ai aujourd’hui un verre Bombardier chez moi. Si ma mère savait que je déambule dans les rues de Paris la nuit une pinte de bière à la main...

Verre

Terrasse plus ou moins chauffée (plutôt moins que plus, j’ai attrapé la crève, merci Paris-Carnet) du Café Delmas. Personnel aimable comme une porte de prison. Hamburgers plutôt sympas en revanche (grâce à Thomas-que-j’ai-déjà-vu-quelque-part-mais-où qui en mangeait un sous notre nez, alors on n’a pas pu résister, et je confirme qu’il est mieux que Matt Damon, à qui il ressemble un peu, c’est vrai). La galette à je-ne-sais-quoi, pas terrible aux dires de Nawal (à qui je fais confiance), il faudra vraiment qu’on aille dîner indien pour la consoler, en préambule à un futur voyage, sûrement.

Le rire de Vroumette devrait être commercialisé sous forme de CD ou diffusé en podcast et remboursé par la Sécurité Sociale : remonte-moral instantané, j’en suis sûre. Et si Grand Zorro devenait blogueur ? Une folle idée a germé, je crois (avec l’aide d’Ursun, une histoire de cotons-tiges, j'ai pas tout compris... à suivre).

J’ai fait – enfin - la connaissance de Shaggoo, en période de doute bloguesque ?... Nous regrettons l’absence d’Erin pour cause de varicelle. Il adore embêter Nawal à cause de sa carte de crédit.

Je n’ai même pas dit à Kozlika que j’adorais son chapeau. Presque autant que celui de Brol (qui s’est fort allongé depuis sa photo de l’album « Couettes », je ne l’aurais pas reconnu) avec qui nous avons évoqué un ami commun retenu au loin.

Sinon, comme nous n'avons pas beaucoup bougé de nos tables et que je suis partie relativement tôt, il y a plein plein plein de blogueurs que j'ai à peine aperçus, ou dont je n'ai pas encore fait connaissance, et j'aimerais bien... rendez-vous aux prochains Paris-Carnet, donc.

Et merci à KhâLïne de son gentil petit mot d'aujourd'hui... sur mon compte-rendu du mois dernier !

mardi 28 février 2006

Taxi de nuit

Retour de dîner indien. Mots amicaux. Rires. A bientôt.

Derrière les vitres du taxi, un rideau épais de flocons de neige. Sons ouatés. Essuie-glaces métronome.

A la radio, le récit imperturbable des rites funéraires au Bénin : Exhumation et toilettage des crânes après cinq ans, accrochage du crâne de l'être cher au mur de la maison familiale, dans un sac. Et convocation de la famille et des amis pour un cérémonial sacré. On "groupe" les crânes aimés pour plus d'économie (car chacun y va de son écôt).

La neige continue de tomber. J'écoute, attentive au fil des rues blanches, un peu trop bu peut-être. Hommage aux âmes. C'est surréaliste... et très vivant.

J'émerge sous la neige mouillée, trottoir un peu glissant, cheveux blanchis dans le miroir.

Jolie soirée. Bonne nuit.

jeudi 23 février 2006

Punky and Co

Puisque je vous ai raconté la triste fin de Punky le poisson iroquois, je ne peux plus le cacher, désormais : j’ai des poissons. Personne n’est parfait.

Poissons

Le premier, je l’ai acheté et choisi de mon plein gré, les autres, euh, un peu moins…. Mais c’est quand même moi qui en ai eu la garde. Je me demande si je ne me serais pas un tout petit peu fait avoir sur ce coup-là, moi….

En fait, ça a commencé il y a deux ans, ma sœur m’avait vanté les mérites du feng-shui et m’avait offert un bouquin sur le sujet. Définition prise sur le net pour les ignares : « Le Feng-shui est une discipline d’origine chinoise, dont l’objet est d’aménager l’espace de façon à optimiser la circulation de l’Energie Cosmique en vue d’améliorer la qualité de vie. » Vous là-bas, oui vous, qui essayez de vous cacher derrière votre écran, si vous croyez que je ne vous vois pas rigoler ! Bon tous ceux qui pouffent, sortez de ce blog, d’abord ! (mes statistiques s’effondrent d’un coup, boum !)

Donc, je me penche sur la question, je trouve la chose intéressante, et même, même, je fais le plan feng-shui de mon appartement. Ça demande un peu de temps, il faut une boussole, du papier millimétré, une règle, un double décimètre, des crayons de couleurs, de l’huile de coude, un logiciel spécialisé, un expert géomètre… enfin bon bref à la fin vous devez avoir un plan à l’échelle de votre appartement (ou maison, ou bureau) , et celui-ci est divisé, en fonction des points cardinaux, en six (ou huit ?) sections, lesquelles représentent chacune un des grands « secteurs » de la vie : la famille, les ancêtres / la connaissance / l’amour / les projets, la carrière / l’argent… etc…

C’est comme ça que ma sœur qui est cigale et panier percé et qui cherche toujours 70 centimes pour faire 1 euro a découvert que la section « argent » chez elle était réduite à la portion congrue et que cette portion-là, en plus, se situait… dans ses toilettes. C’est aussi pour ça que dans les restaurants chinois, il y a toujours un aquarium, et que celui-ci est en général dans le secteur « argent ». Ah oui, parce que je ne vous ai pas dit : quand un secteur de votre vie vous paraît « immobile » ou que vous voulez le stimuler, en quelque sorte, il convient d’y placer des trucs qui bougent : des mobiles, de l’eau en mouvement, cascade ou… aquarium avec poissons ! Y’a un truc avec des miroirs aussi pour agrandir des secteurs trop petits mais je n’ai pas bien compris la technique. Je reste dans la catégorie « amateur » de cette discipline.

Quelques jours après avoir établi ce plan fortement intéressant, je passe devant une animalerie et dans la vitrine, un beau poisson couleur or me fait de l’œil. Ni une ni deux, j’achète la bestiole, un bocal et j’installe mon nouveau copain sur ma table de salon, au beau milieu de l’appartement et donc à la croisée des sections (ça part en étoile du centre de l’appart). Tant qu’à faire, autant tout stimuler d’un coup ! Surtout qu’à l’époque c’était pas bien folichon : un job qui tournait en eau de boudin dans une boite dont je soupçonnais qu’elle n’allait pas tarder à mettre la clé sous la porte, une aventure amoureuse brève et totalement « n’importe quoi » dont je venais de me débarrasser, bref, les perspectives à court terme n’étaient pas extraordinaires, et c’est pas que je sois superstitieuse mais y’a pas de mal à s’encourager et se remonter le moral, même avec un poisson doré nommé Flipper. Dans la foulée, moi qui aime bien les mobiles, j’ai déplacé celui que j’avais chez moi dans la zone « amour » de la maison, on ne sait jamais (qui a ri, au fond, là-bas ?).

Bon, je ne sais pas si on peut attribuer tout ça à Flipper et à mon mobile mais dans les deux mois qui ont suivi, j’ai trouvé Ze Perfect Job, dont je rêvais depuis longtemps (j’y suis toujours, croisons les doigts, surtout si Boss s'aperçoit que je blogue au bureau), j’ai mis le mot « Fin » pour la première fois de ma vie sur la dernière page d’un scénario (bon d’accord, c’était la première mouture et je planche encore sur la deuxième, mais quand même), et j’ai rencontré Fox (bon d’accord ça n’a duré qu’un an, mais Flipper était un tout petit poisson aussi, et c’était un tout petit mobile. Aujourd’hui, j’élève un thon dans ma baignoire et j’ai mis une cascade tendance Niagara et une hélice à moteur dans ma zone « amour » alors je pense que ça va dépoter maintenant).

Donc voilà, je coulais des jours heureux avec Flipper dont je trouvais en plus qu’il captait fort joliment la lumière et constituait un élément de décor intéressant dans sa bulle. Je sais, certains vont me dire que c’est cruel de mettre un poisson dans un petit bocal rond, qu’il lui faut un espace plus adapté à chaipaquoi et ainsi de suite. Je vous ferais remarquer que Flipper avait la chance extrême d’avoir au fond de son (grand) bocal un lit de galets polis choisis spécialement sur MA plage en Bretagne, et qu’en plus s’il est vrai qu’un poisson a trois secondes de mémoire, à peine avait-il fait le tour du bocal en question qu’il ne se souvenait déjà plus du début de sa balade, comme dans la pub Ikéa qui me fait rire. Et puis quand il me voyait arriver dans la pièce, il frétillait tout content, alors hein (comment ça il croyait que j’allais lui donner à manger… pfff…).

Quelques temps plus tard, je prête mon appartement à ma nièce pour quelques mois et déménage donc chez Fox, mon Flipper enbocalé sous le bras. Quelques jours plus tard, les enfants de Fox apercevant la bestiole se mettent à pousser des cris de sioux sur le thème « Oh Papa, Papa, c’est trop génial un poisson, on en veut un nous aussi, s’il te plait Papa, dis Traou, dis à Papa que…. etc… ». Nous partons donc en délégation à l’animalerie la plus proche pour choisir deux poissons supplémentaires : Fox Junior choisit un gros poisson rouge basique à la carrure de déménageur qu’il baptise illico Roger, Fox Juniorette choisit un délicat poisson japonais orange qu’elle appelle Sushi (sans commentaire). Nous ressortons de la boutique avec un méga aquarium, une pompe, du gravier, des granulés divers, des plantes, tout le merdier, quoi.

Et nous voilà à la tête d’une charmante famille poisson, et la joie règne dans la demeure. Il faut empêcher les enfants de leur donner à manger toutes les heures le premier week-end, mais au deuxième, ça les intéresse déjà beaucoup moins, et au troisième plus du tout. Et devinez un peu qui s’occupe de changer l’eau et de nettoyer la pompe à merde de poisson ?....

Trois mois plus tard, mon appartement s’étant libéré, nous décidons de nous réinstaller là-bas (Fox habitait en dehors de Paris, je prenais le reur tous les matins pour aller au boulot, c’était moins pratique, et puis on préférait habiter dans Paris pour les sorties, tout ça…). Nous déménageons donc les poscailles et leur habitat géant chez moi. Peu de temps après, accident de pompe sans doute : Flipper et Sushi meurent dans d’atroces souffrances à 24 heures d’intervalle. Roger est seul dans son immense aquarium. C’est trop affreux. Je craque et lui rachète deux copains : Punky, donc, et Litchi, un autre japonais blanc à tête rouge.

Fox et moi nous séparons peu après, il prend ses affaires et rentre chez lui. Les poissons me restent sur les bras. Et ma copine K. à qui je les avais donnés en garde cet été a eu la riche idée de m’offrir en plus un poisson nettoyeur, de ceux qui restent scotchés au même endroit toute la journée et ne nettoient pas grand-chose, il faut bien l’avouer. Il s’appelle Léon (Léon, le nettoyeur… Référence hautement cinéphilique, ha, ha !).

Poissons

Les photos sont quelques tentatives que j’avais faites pour la mise en abyme chez Obni (il y a un miroir au fond de l’aquarium). On y voit fort bien Roger (le rouge), Litchi (le blanc), Léon (le truc noir collé à la paroi), et un bout de la queue de feu-Punky sur la dernière… Paix à sa petite âme de poscaille, s’il en a une.

Poissons

Pour ceux qui s’étonneraient de la présence d’un cochon dans cet aquarium (et les cinéphiles auront reconnu le cochon de « Toy Story »), sachez que je mets CE QUE JE VEUX dans l’aquarium de MES poissons et que ce n’est pas plus con de les initier aux animaux de la ferme que de leur coller des simili-coffres à trésors comme dans « Un poisson nommé Wanda », ou un vieux galion moche en plastoc. En plus, Léon est très attaché à ce cochon, il est capable d’y rester scotché et de lui faire des mamours toute la sainte journée (Léon est un pervers, quelquefois il fait la même chose avec la pompe, ça vibre…). Tiens, je vais peut-être leur mettre un crocrodile, pour changer. Ou un spoutnik. Ou Jim, tiens, ça va lui faire de la compagnie à Jim ! Et puis il en avait marre de faire le décor à gâteaux !

Jim

mercredi 8 février 2006

6 faits, si fait...

Pour que nous fassions connaissance, Valclair m’a gentiment passé un questionnaire, que je reporte au jour d’après, puis au jour d’après (je procrastine, j’adore ce mot, il est affreux, non ?) parce qu’il me laisse perplexe… Il s’agit de donner « 6 faits aléatoires » de soi… C’est quoi un fait aléatoire ? Quelle roue dois-je faire tourner pour tomber au hasard sur un fait me concernant ? Perplexe je suis, perplexe je reste. Alors je vais le faire très vite en regardant autour de moi ou en fouinant dans mon sac (il y a ma vie dans ce grand machin !) :

1 – J’avais pensé demander à 6 personnes autour de moi de me dire le premier truc qui leur venait à l’idée me concernant (ma concierge, Boss, ma mère…) mais il aurait fallu que j’explique pourquoi. Or ce blog est un secret pour mon entourage. On « tombe » dessus, ou pas. Enfin ce n’est plus tout à fait vrai. J’ai tellement envie d’en parler parfois que j’ai déjà dit à quelques personnes que j’en avais un, mais je refuse de leur donner l’adresse. Pervers, non ?

2 – Je voyage un peu avec mon boulot mais moins que d’autres membres de l’équipe qui vont sur les grands marchés internationaux où je n’ai rien de particulier à faire. Ils ont donc pris l’habitude – très gentiment – de me rapporter un petit cadeau de chacune des destinations où mes fonctions ne m’appellent pas. Et – c’est devenu une habitude aussi – à chaque fois ou presque ce petit cadeau est un ours en peluche. J’ai donc 5 ou 6 nounours plutôt sympathiques sur ou autour de mon bureau (je suis au bureau au moment où j’écris, je sandwiche en tapant…) : un d’Allemagne, un de Hong-Kong, 2 de Los Angeles, un de Tokyo… Je ne leur dirai jamais mais j’ai toujours trouvé ça bizarre : je ne suis pas du tout une fille à nounours (enfin je trouve). Je trouve même ça un peu neuneu (quand j’ai des rendez-vous surtout). Je suis plutôt le genre à qui on rapporte une bouteille de vin ou un truc à manger, mais bon…. Je me fais peut-être des idées sur mon « genre », après tout.

3 – Je n’aurai jamais de Palm (il ne faut pas dire fontaine, je sais). J’aime trop le papier. J’ai un énorme agenda en cuir qui m’avait été offert par Julio alors j’y tiens, dans lequel j’écris au crayon à papier et qui regorge de photos, bouts de papier griffonnés, articles découpés, listes diverses (les bouquins à lire, les CD à écouter…), pensées (de moi ou des autres, une de Mauriac qui ne me quitte pas « Nous méritons toutes nos rencontres, elles sont accordées à notre destin et ont une signification qu’il nous appartient de déchiffrer » oui, je sais, je l’ai déjà dit chez Samantdi, je radote parfois), recettes, phrases chopées dans les poèmes du métro ou dans un dialogue de rue. Il y a même un dollar « porte-bonheur » (le premier que j’ai touché en arrivant aux USA) et une pièce de 1 franc de mon année de naissance…. Ouf ! Et j’en oublie !

4 – J’ai fait une insomnie cette nuit (c’est par cycle, ces derniers jours j’arrive au bureau un peu décalquée). Et au milieu de ma quête du sommeil, une évidence, fulgurante juste avant de me rendormir vers 6 heures : l’envie de relire la « Lettre d’une inconnue » de Stefan Zweig. Je l’ai attrapé dans ma bibliothèque ce matin en partant et l’ai commencé (pour la centième fois) dans le métro. Ça me bouleverse toujours autant. Et après j’aurais envie de revoir le film d’Ophüls, différent mais aussi atroce et magnifique que la nouvelle, avec Joan Fontaine et Louis Jourdan (qui me fait me transformer en loup de Tex Avery personnellement…. Louis Jourdan, quelle splendeur…. soupir)

5 – Mili, dont j’ai parlé ici du tableau que je lui ai acheté et qui m’émeut tant, et que Coumarine a utilisé pour une session de « Paroles Plurielles », m’a envoyé une très jolie carte de vœux qui représente une fille au pull rayé qui souffle des bulles comme quand on était petits, et ces bulles sont… des papillons. C’est drôle, depuis que je suis petite, le papillon c’est mon « emblème » : j’aimais les dessiner et les colorier multicolores quand j’étais enfant et depuis ce goût ne s'est pas démenti : j’en ai brodé sur des nappes ou des chemisiers, j’en ai fait voleter sur les murs de ma chambre, on m’en offre, je les collectionne (un peu, de façon informelle, je n’aime pas beaucoup les collections), j’en porte aujourd'hui-même aux oreilles, j’envisage d’en faire des mobiles…. Ce n’est qu’assez récemment que j’ai appris que le papillon est le symbole de l’âme. L’âme des morts notamment.

6 – A côté de mon bureau, j’ai scotché deux ou trois trucs que j’aime, visibles de moi seule ou presque : une photo de Truffaut, une mini-affiche du spectacle de Farid Chopel « Le pont du milieu », je les trouve beaux et touchants tous les deux, une affiche du Festival du Film Britannique de Dinard avec une trop belle maison qui s’appelle « Rochebrune » dont je voulais qu’elle soit ma maison plus tard, quand j’étais petite. Il y a aussi un portrait de Louise Brooks, beauté intemporelle, et un dessin de Voutch qui me fait hurler de rire (Voutch en général et celui-là en particulier) :

Voutch

Voilà, c'était pas si difficile finalement, je n'ai même pas réussi à faire court.

Il paraît qu'il faut passer le questionnaire à six personnes... je vais laisser le hasard et la volonté de chacun faire les choses. Si le coeur vous en dit...

dimanche 15 janvier 2006

Courbatue... et ravie

Hier, j'ai pu m'adonner de nouveau, après un mois ou presque d'abstinence, à ma drogue favorite.... le body pump !

pumpLe body pump est un truc barbare qu'on pratique dans une salle de gym, pendant une bonne heure, avec un prof, de la musique, des barres qu'on charge de poids en fonction de sa force et de son entrainement, et l'on muscle ainsi chaque groupe musculaire par périodes musicales d'environ cinq minutes chaque. Ca n'a l'air de rien comme ça, mais c'est costaud ! Et j'A-DO-RE ça !!! Je pratique la chose une ou deux fois par semaine depuis déjà pas mal d'années, et je vous jure que ça m'a fait découvrir des muscles à des endroits où je n'en soupçonnais même pas avant. Et ça permet à la bonne vivante que je suis de continuer à ne pas résister aux bonnes choses et aux bons vins sans trop de scrupules....

Donc reprise hier. Et aujourd'hui.... même taper sur ce clavier est douloureux. M'asseoir est difficile (mes pauvres cuisses). Me lever une torture (mes pauvres fesses). Porter le moindre poids réveille cruellement biceps et triceps, mes pectoraux implorent pitié... quand je pense que je paie pour ça ! Et que j'y vais pour mon plaisir !....

pump

Je suis allée au cinéma cet après-midi, voir l'adorable film de Sophie Fillières avec Emmanuelle Devos : "Gentille". Deux heures lovée dans un fauteuil moelleux à savourer des dialogues délicieusement loufoques, et à regarder évoluer le personnage de Fontaine Leglou (quel nom extraordinaire, non ?), un peu brindezingue, un peu en décalage, mais dans la vie.... la sienne. Qu'est-ce que ça fait du bien de voir un film non convenu, qui ose les silences et les incongruïtés, mais qui n'exclut jamais l'émotion (merveilleuse séquence avec Bulle Ogier et Michael Lonsdale). Et drôle, drôle... dans le quotidien, le raté (dialogue savoureux entre Michel Vuillermoz et Emmanuelle Devos au début du film, il faut oser ce... "rien" irrésistible). Merci à Sophie Filiières que je ne connaissais pas bien, à Emmanuelle Devos, merveilleuse dans ces rôles un peu "à côté" (qui ne l'a pas vu dans le très beau "Rois et Reines" doit y courir). Mentions spéciales à Bruno Todeschini, qu'on ne voit pas encore assez, et dont le registre m'impressionne à chaque prestation (franchement, le seul truc qu'on ne comprend pas dans le film, c'est qu'elle ne lui dise pas oui tout de suite quand il lui demande de l'épouser... mais cela nous priverait de l'aventure inattendue d'une bague de fiançailles, il est vrai). Quant à Lambert Wilson, il est de plus en plus à l'aise dans un répertoire de comédie (doublé d'émotion et même d'un peu de tristesse ici) en plus d'être de plus en plus beau, nom de nom !

GentilleEn dehors du fait que j'ai cru devoir faire appel à l'aide d'autres spectateurs ravis pour m'extirper de mon siège (ne pas rester trop longtemps immobile sur des courbatures fraiches, on fige...), j'ai passé un moment tout à fait délicieux, et je vous le recommande...
(c) photo Films du Losange

lundi 19 décembre 2005

Le lapin d'Alice !

lapin

C'est moi ! Du moins c'est l'effet que je me fais depuis quelques semaines, avec accélération notable ces derniers jours.... D'ailleurs j'écris de moins en moins. Je lis de moins en moins. Zut ! Je suis en retard, je suis en retard, je suis en retard !!!

Départ J-3. Mamma mia ! Mon appartement ressemble selon les moments à un champ de mines (tellement de trucs au sol qu'on ne sait plus où poser les pieds), au Marché Saint Pierre (j'enlève chaque soir de dessus mon lit des paquets de vêtements en tous genres, il m'arrive même de me demander si je vais le retrouver en-dessous, pour pouvoir - enfin - dormir), au repaire d'un documentaliste fou (tellement de bouquins et de papelards étalés par terre et sur mon bureau que je désespère d'y retrouver mon foutu passeport avant vendredi. Je crois qu'il va falloir que j'investisse dans un casque de spéléo, et que je m'encorde pour explorer ces monticules à l'équilibre fort précaire)

Progrès : j'ai descendu ma valise ce week-end et j'ai commencé à mettre des trucs dedans. Reste à savoir si ce sont les bons. J'ai l'impression d'une improvisation totale, ou presque.

Au bureau, c'est pire. Chaque jour qui passe ajoute une couche aux trucs-à-faire-absolument-avant-de-partir. Chaque fois que j'en raye un en haut de la liste, j'en ajoute deux en bas. C'est énervant !

Boss me demande chaque jour avec l'air un peu plus abattu que la veille "Et donc, vous rentrez quand, Traou ?"
Moi (patiente) : Le 9 janvier, Boss.
Boss : Bon, il y a quelque chose que je voudrais voir avec vous avant votre départ....

Je crois qu'il a décidé de me faire battre le record du "réglons en 2005 tout ce qui pourrait sans dommage attendre 2006".

Ce n'est pas que ce soit désagréable d'avoir l'impression d'être indispensable, mais ça commence à devenir relou, comme dirait l'autre...

Je ne vous ai jamais parlé de Boss. Très franchement, ça fait presque 20 ans que je travaille et un comme ça (je veux dire aussi bien), j'ai rarement eu.... Courtois, élégant, charmant, souriant, attentionné, bien élevé, respectueux, pas cinglé (rare ça, je peux vous l'assurer), cultivé à couper le souffle : il parle cinq langues couramment, a écrit des bouquins sur des aspects très obscurs du cinéma ou la peinture romantique du 18è, une biographie de Goethe, je crois... Il est féru d'architecture et de culture japonaise, enseigne diverses matières calées à droite à gauche, on s'y perd un peu, j'avoue. Et surtout, on se sent assez bête à côté de lui, sauf qu'il est suffisamment bien élevé pour ne pas trop nous faire sentir notre "infériorité". Bon, il a ses défauts quand même : obsessionnel compulsif, fort agaçant parfois, et alors pas manuel pour deux sous : Il m'est arrivé d'apporter ma perçeuse au bureau pour fixer un truc au mur. Je sentais bien qu'il la regardait - fort perplexe - se demandant sans doute ce que pouvait bien être ce drôle de gros séchoir à cheveux... Il lui arrive de faire irruption dans mon bureau, totalement affolé, en me disant "Traou il faut appeler d'urgence un technicien, mon ordi m'a planté : quand je tape un A, j'obtiens un Q ! C'est épouvantable !" (je n'ai toujours pas compris comment il se débrouille pour passer tout le temps en clavier US tout seul... mystère). Le plus joli qu'il m'ait fait, c'est un "Traou, Traou, venez voir, mon ordinateur ne me fait plus que des majuscules !!". Je ne sais plus s'il avait ajouté "Au secours !", mais c'est possible, les machines le dépassent complètement.

C'est toujours à moi qu'il s'adresse pour ce genre de trucs. Il évite ainsi d'avoir l'air trop ridicule vis à vis des deux autres membres masculins de l'équipe, qui se contentent dans ces cas-là de se bidonner dans leur coin. Quant à notre - mignonne - assistante, elle est tellement émotive qu'on dirait qu'elle va fondre en larmes chaque fois qu'il y a un bourrage papier à la photocopieuse; elle ne peut donc être d'une aide quelconque dans les cas graves tels que ceux-là... Alors, je lui manque déjà à Boss, forcément, mais il commence à me saoûler un chouïa...

En plus, les indiens n'arrêtent pas de me faire des blagues douteuses du genre "No Prrroblem, no prrroblem, everything's OK", mais Oh my God, nous avons quelque peu oublié de vous réserver vos billets Bombay-Goa, oui, on vous avait confirmé trois fois que c'était fait mais en fait non, je croyais que c'était Rajeev qui s'en était occupé, comme c'est bête, hein... et ah bon, c'était pas ça les dates pour la réservation de l'hôtel ?!!! No prrroblem ! Ce matin, j'en ai réglé trois comme ça, fallait pas trop me chatouiller, je vous le dis.

Bon, j'y retourne. Il faut que je déblaie les lieux sans trop tarder. L'architecte de l'immeuble a choisi demain matin 8 heures, pour venir examiner mes conduites d'eau pour une raison obscure, et ce serait bien que je lui ménage un accès à peu près salubre jusqu'à ma salle de bains.

Vivement les vacances, chuis pas en avance !

vendredi 16 décembre 2005

Torpeur

Torpeur matinale…. Couchée très tard. Trop tôt ce matin, plutôt. Très peu dormi.
Le Pen à la radio dans mon réveil brumeux. Ah non ! Pas ce matin ! Pas les autres matins non plus, mais SURTOUT pas celui-ci.

Métro, dodelinante. Chaque sonnerie de fermeture des portes comme un nouveau réveil sursautant. Failli tomber de mon strapontin.

Bureau brouillard. Thé fort. Un autre peut-être. Café ? Non, vais palpiter. Me lever pour aller chercher thé. Jambes coton dans étau. On me parle. Un peu de mal à enregistrer. Je souris. Que diable veut-on me dire ? Pas de rendez-vous aujourd’hui. Pas dommage.

A l’abri derrière mon ordinateur. En pilotage automatique. Maladroite. Téléphone. Oreille qui vibrille. Oui ? Non ?... Je ne sais pas du tout. Aujourd’hui je ne sais rien. Compliquées toutes choses. Report à plus tard. Plus tard : mon lit. Hmmmmmmmm. Non, ça plus tard, beaucoup plus tard. Loin, très loin de maintenant. Tiens, j’ai oublié ma montre. Ne fera pas passer la journée plus vite. Petites minutes en bas de l’écran, scrutées, aussi lentes que moi.

Il y a quelques heures à peine, c’était encore hier. Un verre à la main. Ou plusieurs peut-être, au cœur de la nuit. Juste avant mon lit. Mon lit….

Paroles. Paroles dans la nuit. Et rires aussi. Et quelques larmes. Parce qu’on a parlé d’amitié. Blessée, éloignée. Qui reviendra, peut-être. Quelques vérités ébauchées. Philippe. Depuis 25 ans. 25 ans ! Inséparables. Et puis non. Séparables… Séparés. Eloignés, depuis 2 ans. On n’en a jamais parlé. Sauf hier, tout à l’heure. Mon ami, mon frère, mon double. On croyait pas que ça arriverait, ça. Pas à nous. Et si. Qu’est-ce qu’on va devenir ? L’un pour l’autre. L’un à côté de l’autre. L’un loin de l’autre. L’autre sans l’un. Parler d’amitié. La faire. Faire l’amitié ? Comme faire l’amour ? Chagrin d’amitié. Oui, à consoler. A oublier. Non, ne pas oublier. Réparer, peut-être. Laisser passer, du temps. Des jours. Des larmes tristes. Le temps de les sécher.

Pas de blog ce matin. OVH souci. Pas les seuls. Ça m’énerve : « Impossible d’afficher la page »… Ai peur qu’il ait disparu. Corps et biens. Billets et commentaires. Monsieur OVH dit que non. Qu’il va réapparaitre dans la journée. Promis, juré. Reviens mon blog ! J’ai à te parler. A me confier. A te raconter des histoires d’amitié. Finissent mal en général ? Non, pas croire à ça.

Fatiguée

L’après-midi n’en finit plus de se trainer. Je baille. Un peu mal au cœur. Dormir trois heures, mauvaise idée. Deuxième fois cette semaine. En plus. Toujours pas de blog. OVH versus Wanadoo. Ils sont fâchés, vraiment, il paraît. Je travaille comme je peux. Radar. Réflexes. Agacement. Ferais mieux de m’en aller. Bonne à pas grand-chose. Bien obligée d’être là, de répondre, de dire oui, ou non, ou peut-être, ou lundi. Pas je ne sais pas. Censée savoir, je suis. Enfin pas tout. Mais….

Fatiguée

Fa-ti-guée…..

Retour maison. Métro berceur. Froid de la vitre contre mon front. Deux jeunes filles animées. Expressives. Une moue, un sourcil levé. Rires. Paroles chantantes. Yeux écarquillés : "Non ?! Si !"
Céramiques bleues et blanches qui filent. Quais et affiches toutes mélangées : des paquets, rubans, du doré, des hommes rouges et blancs, partout.

Les escaliers, la rue, mon boulanger qui me sourit. Pas croisé C. ma gardienne ce soir. Tant mieux. Pas de courage pour parler.
Rentrer. Maison. Porte fermée. Lumière. Soulagée.

Ordinateur. Ouf ! blog pas disparu. Vite. Vite.
Mon oreiller me fait un clin d'oeil. Pas manger. Pas lire. Dormir. Bientôt

Fa-ti-guée...

lundi 12 décembre 2005

Au boulot !

Aujourd'hui, j'ai passé la journée à Royaumont pour un atelier/réunion/déjeuner boulot.... Je ne sais pas si vous connaissez l'Abbaye de Royaumont, dans le Val d'Oise, à 40 kilomètres au nord de Paris, mais c'est un lieu enchanteur. Une ancienne abbaye cistercienne, magnifiquement restaurée, qui accueille aujourd'hui des activités artistiques et culturelles liées à la musique et à la danse principalement, et où l'on peut organiser des séminaires, des déjeuners dans un cadre sublime, ce que nous faisions aujourd'hui. Soit dit en passant, j'ai mangé du confit de canard et du gâteau chocolat/praliné, alors que je suis en plein régime, et c'est pas bien du tout !!!! Mais bon, je sens bien que je ne vais pas faire pleurer sur mon sort, alors que j'ai mangé là :

Royaumont

C'est un peu compliqué d'expliquer ce que je fais, mais disons que mon boulot est lié à la production audiovisuelle, et principalement à la coproduction internationale. Ce qui fait que je suis amenée à rencontrer des gens de tous pays, dans le cadre de réunions comme celle-ci, consacrée aujourd'hui à des producteurs de toute l'Europe, anglais, italiens, belges, espagnols, tchèques... Il y a deux semaines, j'ai passé quelques jours avec des québécois. Et à la fin de la semaine nous accueillons des coréens.

J'avoue que depuis bientôt deux ans que je bosse dans cette boite, j'ai chaque jour un peu plus l'impression d'avoir tiré le gros lot professionnel, tellement c'est passionnant de rencontrer tous ces gens, de les aider à mener à bien de beaux projets, d'en initier certains, même...

Mais bon, je me dis aussi que je ne l'ai pas volé, et que ce bien-être professionnel récent est un véritable soulagement après pas mal de galères dans ce domaine. J'ai même bossé dans la télé-réalité, moi ! Pour vous dire que ma vie n'a pas toujours été rose au boulot, j'vous jure....

En fait, quand j'ai débarqué à Paris pour faire des études de cinéma, je voulais être ré-a-li-sa-tri-ce ! Rien d'autre. Ecrire et réaliser mes films. Voilà, c'est tout. Je bassinais mes parents - qui ont toujours respecté ce choix - avec ça depuis l'âge de 12 ans, qui est l'âge auquel j'ai du découvrir "La nuit américaine" de Truffaut, révélateur de ma "vocation". D'ailleurs à la fac, nous étions quasiment tous là à cause de ce film-là. Et le jour où Truffaut est mort, je n'étais pas la seule à pleurer.

Et puis, et puis.... la vie et l'expérience se chargent de vous emmener ailleurs que là où vous vouliez aller. Pour ma part, la bifurcation de la réalisation à la production s'est faite au départ à cause d'une grosse déception : quand j'ai commencé - toute excitée - à fréquenter mes premiers plateaux de tournage, j'ai immédiatement senti que là n'était pas ma place. En fait, je l'avoue, je DÉTESTE les plateaux. Je m'y ennuie à périr, je trouve tout ce cirque long et fastidieux, là où d'autres adorent l'ambiance, ce que je peux concevoir, mais bon, pas moi ! Alors y passer des semaines pour réaliser un film... En plus il faut mener toute une équipe, moi qui n'ai pas une once d'autorité !

Dernier problème qui a définitivement mis fin à ma vocation première.... j'ai un souci... allez j'ose le dire.... avec les acteurs. Euh, pas tous attention ! (JF si tu lis ces lignes, un jour, je t'adore et je suis positivement ravie de partir en Inde avec toi, alors tu vois !). Mais bon, moi qui suis pragmatique et rationnelle, organisée, méthodique et précise (enfin, la plupart du temps).... j'ai parfois eu l'impression de me trouver face à des ovni tellement certains sont des êtres fantasques et évanescents, improbables et égocentriques, nécessitant plus d'attention que la fleur la plus délicate, et alors quand ils sont célèbres, souvent c'est le pompon !.... Hors de question de généraliser, j'en connais d'adorables et passionnants, humains, fragiles et attachants, et certains sont des amis très chers (JF, je t'aime fort !), mais y'en a... faut s'les fader ! Et je me voyais mal diriger certains de ces êtres à mille lieux de moi, dont certains que j'ai parfois eu envie de jeter par la fenêtre la plus proche, je l'avoue (JF, cesse de bouder, ça ne te concerne pas, j'te dis !).

Donc j'ai cherché où exercer mes talents tout en restant dans la profession, et la production s'est imposée comme la fonction la plus naturelle pour moi : c'est l'endroit où l'on suit le film de la genèse (le scénario, donc l'écriture, donc ce que j'aime en tout premier lieu) à la finalisation et la sortie. Et mes capacités d'organisation ont trouvé là à s'employer au mieux. De plus, je manie les chiffres avec pas mal de bonheur, ce que je n'aurais pas cru à mes débuts, et mijoter un plan de financement ou gérer un budget sont tout à fait dans mes cordes.

Attention, je n'ai pas bossé que dans le cinéma (rayon "noble" de la production audiovisuelle), j'ai fait du film d'entreprise (les chaines d'assemblage de bagnoles, les conférences bancaires, le film médical qui me faisait tourner de l'oeil...), j'ai bossé sur des émissions télé à chier, des téléfilms pour ménagère de moins de 50 ans, croisé des producteurs véreux et d'autres mythomanes, galéré aux Assédic comme intermittente du spectacle, tout ça quoi. Alors aujourd'hui, mon boulot intéressant, plein de rencontres et même de voyages, et ben je l'ai mérité je dis, moi !

Ce que je garde de "création", c'est l'écriture, même si écrire un scénario n'est pas un plaisir "littéraire". Mais c'est toujours raconter une histoire, et c'est l'essentiel. Peut-être qu'un jour, plus tard quand je serai grande, un des miens verra le jour sur un écran, mis en scène par quelqu'un d'autre que moi.... et ce sera très bien comme ça.

mardi 29 novembre 2005

Humeur Moustaki

Il y a des jours où je me considérerais volontiers héroïque : J'étais invitée ce soir à la remise des prix du festival du film de l'environnement. Et bien, j'y suis allée, j'ai écouté les discours, bavardé à droite à gauche, applaudi les lauréats, et je me suis sauvée au moment où tout le monde s'apprêtait à attaquer le buffet tout a fait somptueux dressé là.... Parce que je ne vais pas saccager en quelques toasts et verres de champagne 6 semaines d'efforts louables couronnés déjà par quelques kilos en moins auxquels j'espère bien ajouter encore quelques autres ! Ah mais ! Quand Traou veut (vraiment), Traou peut...

Couronnement d'une journée bercée par Moustaki... Depuis ce matin, je me suis surprise à plusieurs reprises à fredonner cette chanson :

Pour avoir si souvent dormi
Avec ma solitude
Je m'en suis fait presqu'une amie
Une douce habitude
Elle ne me quitte pas d'un pas
Fidèle comme une ombre
Elle m'a suivi ça et là
Aux quatre coins du monde

Non, je ne suis jamais seul
Avec ma solitude

Quand elle est au creux de mon lit
Elle prend toute la place
Et nous passons de longues nuits
Tous les deux face à face
Je ne sais vraiment pas jusqu'où
Ira cette complice
Faudra-t-il que j'y prenne goût
Ou que je réagisse?

Non, je ne suis jamais seul
Avec ma solitude

Par elle, j'ai autant appris
Que j'ai versé de larmes
Si parfois je la répudie
Jamais elle ne désarme
Et si je préfère l'amour
D'une autre courtisane
Elle sera à mon dernier jour
Ma dernière compagne

J'ai découvert cette chanson, j'avais quoi ? Huit, dix ans... Mes grandes soeurs écoutaient Moustaki, Ferrat, Léonard Cohen, Barbara, François Béranger... souvenirs de môme (c'était très chanson française, chez moi, et pas très rock... Il fallait que j'aille chez ma copine Sophie qui avait trois grands frères pour écouter les Stones, Deep Purple, Pink Floyd...). Moustaki était mon préféré, j'apprenais tout par coeur. J'ai dû chanter ces mots des centaines de fois, sans qu'ils me "parlent" à l'époque.

Aujourd'hui, j'ai l'impression qu'il les a écrits pour moi.....

La solitude, qu'est-ce que j'ai aimé ça !.... Quitter ma famille à 18 ans pour m'installer seule à Paris, c'était un rêve enfin réalisé. Etre autonome, n'avoir de comptes à rendre à personne sur mes allées et venues, mes sorties, mes fréquentations, mes horaires. Avoir un endroit à moi que j'aménageais et décorais juste pour moi, où je faisais ce que je voulais quand je voulais, c'était une liberté précieuse. Et dont j'ai profité avec délices.

Après il a fallu du temps - et beaucoup d'amour - pour que j'accepte que Julio le premier fasse fricoter nos deux brosses à dents dans le même verre.... Au début, je ne voyais pas ça d'un bon oeil. J'y voyais mon espace empiété, ma liberté remise en cause, des informations à donner (et à demander), mouais... c'était pas trop mon truc.

Et puis, les années ont passé. Julio n'était plus là, je me suis retrouvée avec un grand vide... Plus tard, bien plus tard, quand j'ai partagé la vie de Kamy, il m'a (ré)appris à quel point ça pouvait être doux de partager le quotidien avec quelqu'un, et même, même !.... que je pouvais être douée pour ça, autant que j'aimais ça ! Incroyable. Je suis même, paraît-il, facile à vivre malgré ma tête de pioche de bretonne....

Puis d'autres aléas, d'autres absences... J'ai souvent vécu seule. Entre un deuil, une rupture, des plages de vie à deux toujours plus précieuses.

Depuis 6 mois à nouveau, une fois de plus, plus de lumière sous la porte quand je rentre, ou de clé qui tourne dans la serrure si j'arrive à la maison la première. Plus de ces petits riens du quotidien que j'ai appris à vivre avec bonheur. Prendre soin l'un de l'autre, parler, échanger, cuisiner, se chamailler, être d'accord, n'être pas d'accord, se regarder, rire, s'endormir avec confiance, faire du café pour deux le matin, demander un avis, raconter, se taire, faire des projets, parler au futur, se dire qu'on est bien....

"Par elle j'ai autant appris que j'ai versé de larmes"

Oui j'ai appris de la solitude, énormément. Je considère même qu'elle peut être un cadeau. C'est une force certaine que de "savoir" être seul. Je n'envie pas ceux qui ne "savent" pas. C'est peut-être ça que j'ai à apprendre aujourd'hui : à accepter d'être seule alors que ce n'est plus un plaisir.....

Ce soir j'écoute l'album "Bobino 70" que j'ai été si heureuse de voir réédité il y a quelques années, une merveille de chanson qui s'appelle "Eden Blues".... Joli programme pour une fin de journée Moustaki, un rien mélancolique.

Moustaki

Pour ceux qui chercheraient l'album, ce n'est pas la couverture que j'ai scanné, mais la photo qui est à l'intérieur et qui était celle de la pochette du 33 tours de mon enfance (qui a dit "C'est quoi un 33 tours ?" !!!)

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