Entre deux
Par Traou le dimanche 15 mars 2009, 12:59 - Quotidien - Lien permanent
Entre deux rives, je suis. Entre deux eaux. Entre deux.
Le cul entre deux chaises. Le cœur partagé. Ici et là-bas. Entre Paris qui m’éblouit encore et les rivages bretons qui m’appellent. Ils m’attendront sans doute encore un moment, le temps que je trouve le bon chemin jusqu’à eux.
Entracte. Dans l’attente du lever de rideau d’un prochain acte de ma vie, dont j’ignore pour l’instant le décor et la lumière. Plus encore les dialogues et l’action. A écrire. Avant de le jouer, bientôt j’espère.
J’ai quelques idées de mise en scène :
Changement de lieu : J’ai mis mon appartement en vente (un ravissant 45m² à Belleville – faites passer l’info…). Je chercherai un logis provisoire, peut-être du long provisoire selon les évènements, à louer, quelque part autour de Paris, avec un bout de balcon ou de jardin, ce serait bien. Ou alors une colocation sympa ? Mais avec qui ?
Changement de job. Et oui, mon job qui était si super devient chaque jour moins super que la veille, la partie intéressante et glamour d’icelui se réduisant comme peau de chagrin, je me trouve submergée par les chiffres, les lois et l’administration… et Boulet se fait plus boulet que jamais, flanqué dorénavant d'une "Boulette" aussi lourde à traîner que lui : nous avons recruté une secrétaire aussi jolie que stupide, prétentieuse, roucoulante et commère, ils sont copains comme cochons, pauvre de nous... Je guette en Bretagne, bien sûr, mais aussi à Paris, au cas où (j’aimerais éviter les barreaux aux fenêtres comme prochain décor de ma vie pour cause de bouleticide sauvage et collectif, ça me démange souvent),
Changement de vie amoureuse, c'est-à-dire troquer les amants passagers pour un passager au long cours, passer du simple au double, du monologue au dialogue, de la diagonale de mon lit aux corps parallèles, de la solitude lourde certains soirs à une compagnie tendre et gaie. Je suis fort satisfaite de mon compagnon actuel, moustachu et au poil fort doux à caresser, grand chasseur de souris devant l’Eternel et dans ma chambre même, à grands renforts de miaulements guerriers à 3 heures du matin, mais je ne rechignerais pas à l’échanger contre un plus mâle (car non castré, de préférence) qui ronronnera moins peut-être, et évitera de foncer se cacher sous le lit au moindre coup de sonnette. S’il est bon vivant et humoureux, j’accepte même qu’il regarde Téléfoot le dimanche matin (nan, j’déconne).
Voilà donc le chantier en cours. Il m’angoisse parfois, à cause de tout cet inconnu, tout ce flou à l’horizon. Il m’énergise et m’excite d’autres jours. Je le vis bien, je le vis mal, j’ai parfois les larmes au bord des yeux, et parfois le rire au bord du cœur. Je suis triste et déçue ou pleine d’espoir et d’optimisme. Ce n’est pas toujours de tout repos d’avoir cette sensation de s’apprêter à sauter sur un tremplin sans voir à quoi ressemble l’autre côté du mur où l’on risque d’atterrir. J’aimerais parfois qu'on me tienne la main dans cette période où je danse sur un fil maladroit, où j’ai choisi de poser mes pieds pas toujours agiles. Mais au pire, tomber ne me tuera pas. Enfin je crois.
En attendant, je me nourris de la vie autour de moi, émerveillée qu’elle m’émeuve et me fasse rire autant, me désespère aussi parfois, mais ce ne serait pas la vie, sans ça.
Une fille qui pleurait l’autre jour dans ce bar devant un demi de bière. Elle était belle et j’avais envie de lui parler, mais je n’ai pas osé. Et cette petite fille qui riait aux éclats sur un banc près du canal en jouant à « feuille, pierre, ciseaux » avec son papa. Et je jure que c’est vrai, hier dans le métro, j’ai vu une fille trop blonde qui promenait un Yorkshire rose.
La vie m'amuse autant qu'elle me fait peur.
Commentaires
Comment ça ? Charouk ne te débarrasse pas non plus des Boulettes ?
Ne serait-il pas sérieusement temps de l'emmener à la révision, cette bestiole ?
La vie m'amuse autant qu'elle me fait peur.
Ça j'aurai pu l'écrire ... Il est fin le fil de l'équilibriste, mais il est souple et nous permet de rebondir toujours. Ne pas regarder en bas, ne regarder que droit devant soi... Mes pensées t'accompagnent. Bises.
depuis les mois que je te lis, et bien c'est mon texte préféré.Bravo.
ça m'arrive trop souvent de ne pas oser aborder les gens... je trouve ça un peu triste.
Je te souhaite de trouver rapidement ce que tu cherches... Je trouve que l'attente de quelque chose est assez pénible à gérer. Je suis à la recherche de la sérénité (enfin, je n'ai pas à me plaindre non plus!!), mais je crois que j'ai encore du boulot!
comme tu le faisais remarquer, on ne s'est pas encore vraiment vues, alors au cas où tu reviendrais à un concert, n'hésite pas à me prévenir
plein de courage.
J'aime aussi beaucoup ton texte. Comme tu dis bien tes états d'âme. Je te lis depuis longtemps (je ne sais plus...) mais ne commente pas. J'espère que tu trouveras tout ce à quoi ton cœur aspire.
"La vie m'amuse autant qu'elle me fait peur"
Quelle justesse.
La vie est chouette ! malgré tout ...
Bon courage Traou pour tous ces changements qui t'attendent à un moment ou à un autre !
Mais c'est une idée, ça, Mikado, je vais dresser Charouk à la chasse au Boulet(te)... Non en fait, c'est totalement indigeste, je ne voudrais pas lui infliger ça
Merci Luciole, je continue ma danse sur le fil (moi qui ai toujours aimé le cirque, de quoi me plaindrais-je ?...). Nous sommes de nombreux danseurs ainsi, je crois.
ahardaysnight et Jenny, merci de m'accompagner et de sortir du silence aujourd'hui, cela me fait très plaisir. Bienvenue à tous les deux !
Chère Cledsol, courage pour ta quête (le chemin est aussi important que le but, parfois le but, C'EST le chemin...). Et à bientôt pour t'entedre jouer peut-être.
Anne, merci de tes visites toujours attentives. Aujourd'hui je m'amuse, grâce à vous ici, j'ai sans doute un peu moins peur, de vous l'exprimer, de vos mots.
Et chez toi Madeleine, toujours pas de réponse à ton projet, on dirait, mes pensées t'accompagnent dans cette attente dont je sais comme elle est pénible parfois (je n'emploierai pas le mot "stressant" que je n'aime pas...)
Juste un petit mot pour t'accompagner.
Je reviendrai.
C'est marrant, je me suis faite avoir une seconde, tiens son amoureux a une moustache et le poil doux, noooon ???
Ah, mais tu sais bien que tu ne pourras l'écrire avant, que tu vas le jouer tout en improvisant ! ; j'espère en tout cas que le hasard jouera en ta faveur et que l'acte suivant sera proche des scénarios que tu as imaginés... Bonnes vibrations !
Traouchoupinette, je ne suis pas certain que mettre en ventre ton chez-toi soit la meilleure des choses...
Pense à tes chinois du dessus!
A bientôt, Fauvette, ici ou en vrai !
En fait, ce n'est pas mon amoureux, Aude, il a trop sale caractère et il est trop difficile pour sa pâtée !
En fait, Pablo, c'est l'impro qui fait peur... Merci pour les vibrations !
Mais Chondrounet, pourquoi diable ne vendrais-je pas mon appartement ? Tu crois que je vais trop manquer à mes voisins chinois ? (en fait pour être tout à fait tranquille, j'ai PAYÉ le plombier pour réparer leur évier fuyeur... et oui...)
Bonsoir traou
J'ai découvert ton blog ce jour, et je suis complétement sous le charme de ton écriture !
Je n'ai pas tout lu bien sur mais je reviendrai............
merci merci pour ces beaux textes, j'aimerai avoir ce don d'écriture et d'expression
Bonjour ma chère Traou, longtemps que je n'avais rien écrit ici...
Je comprends bien ta situation "le cul entre deux chaises", pour la vivre moi-même en ce moment (sans gravité toutefois, juste un problème de maison).
J'adore ta phrase "En attendant je me nourris de la vie autour de moi.....", vraiment j'aime tes mots intenses et débordants de vie... comme toi en fait !
Mille bisous.
Merci, merci, Mitsou, c'est adorable ! Bienvenue ici et reviens quand tu veux, la porte est ouverte
Oh Pralinette, je suis contente de te voir ici ! Moi aussi je me fais silencieuse chez toi, mais mes pensées t'accompagnent. Des bises à toi. Fais-moi signe si tu passes par Paris...
Moi tu vois Traou j'essaie depuis longtemps d'apprivoiser la solitude mais rien à faire elle résiste ! et je n'arrive pas à m'en accomoder...pas top !
Des jours meilleurs ? ou ça ?
Un petit bonjour de St-Malo. Sous le soleil et sans touristes (je taquine, là...).
Si ce que tu entends par "bouleticide sauvage et collectif", c'est que tu songes à trucider certains collègues, alors il est effectivement temps de prendre la tangente. Au moins de ton travail.
Hé ... Quépassa ???
Coup d'cafard ?
TRAOUement Vôtre
@ John USHANT de KELLER
http://www.fotocommunity.fr/pc/pc/mypics/1331815/display/16380010
Ton texte est magnifique, de la plus belle veine ! Et n'oublie pas, pour l'amoureux, qu'il est parfois tout près de toi, que tu ne le vois pas, parce qu'il n'a pas la tête de celui de l'imaginaire. Et qu'il a plein de défauts. Une seule chose à savoir, est-ce que ses défauts peuvent cohabiter avec les tiens ? Le reste n'est que songe…
bonjour,
je viens ici le soir lire quand je suis fatigué. Je quitte ces lignes,ce fi,détendu,heureux. Ce soir je voulais laissé ce coucou comme un porte-bonheur. l
C'est toujours très émouvant de trouver ici - ou sur mon mail perso, merci à vous aussi - des messages aussi jolis et sympathiques de commentateurs qui s'expriment pour la première fois et disent lire mes mots régulièrement, et silencieusement. Merci à mitsou, hardaysnight, wanicou, cool et tous ceux-là. Vous ne pouvez savoir à quel point vous me touchez et me faites du bien.
Mitsou, la solitude c'est une amie parfois encombrante. J'essaie souvent de me persuader d'en voir les bons côtés, et il y en a. Mais visiblement tu sais comme moi comme elle peut être lourde à porter, souvent...
Wanicou, merci de m'envoyer un peu d'embruns, heureusement j'ai la perspective d'en profiter en vrai dans trois semaines, j'ai mon billet Paris-Saint Malo en poche, le bonheur ! (quant au bouleticide, je vais me retenir, promis, et je cherche ailleurs, quoi qu'il en soit)
Cher John, non pas le cafard, des interrogations à un moment un peu "croisée des chemins". Bravo pour la photo (vous me feriez la même avec Traou un jour, dites... c'est trop beau ! Et puis Traou, c'est court, il faudrait vachement moins de bois !)
Fajua, merci, j'adore tes visites (et au fait, vous n'en feriez pas une en chair et en os à Paris un des ces jours ?). Pour l'amoureux, je sais bien, nous en avions même parlé ensemble, je crois. Mais j'ai beau regarder autour de moi,je ne vois pas...
Cool, je suis ravie de votre message. Penser que ces lignes peuvent vous faire du bien m'émeut beaucoup. Et merci pour le porte-bonheur, il est précieux...
Plus que la solitude c'est le DADLG ( désert affectif de longue durée) le plus pénible... l'indifférence et le besoin d'être deux ... Mais on apprécie les instants de joie cent fois plus intensément pas vrai !
Ah bon, tu n'as toujours pas choisi la Bretagne, St Lunaire et sa plage magique, ça va être beau dans 15 jours, c'est déjà même, surement...!
"Le cul entre deux chaises", j'adore cette expression..., c'est mieux que la chaise entre deux culs, enfin il me semble!
J'aime bien aussi la diagonale(du fou...!), du lit de l'amant de passage et les parallèles sages des compagnons au long cours, oui j'aime bien... Oulah, faut que j'y aille.. à plus!
Vieil anar, je t'informe que tu as écris là - tadam !!! - le 5 000è commentaire de ce blog. Bravo à toi ! Tu as gagné... euh, je ne sais pas quoi, mais tu as gagné. Ma profonde estime en tous cas. Quant à la plage de Saint Lunaire, j'y serai dans 15 jours, youpi ! (tu connais le coin ?)
PS : Les "parallèles" des compagnons au long cours ne sont pas forcément "sages". Je souhaite d'ailleurs fortement qu'ils ne le soient pas trop, parallèles...
Hello Traou, très ému et bouleversé presque, (les larmes m'en montent aux yeux...!),... d'obtenir cette distinction honorifique suprême, celle, convoitée entre toutes, du 5 000ème commentaire de ce blog de rêve!
Le fait de gagner, à défaut de mieux, ta profonde estime, m'émeut et je serai dans 15 jours, ou à peu près sur la plage de Paramé, tu parles si je connais le coin, Cancale, St Malo, Dinan, Dinard, St Briac...! Mais j'ai une affection particulière pour la plage de St Lunaire!
Pour ce qui est des parallèles, on sait qu'ils se rejoignent à l'infini, ce qui demande une certaine patience, corrélative à la lente montée du désir,... sinon, la géométrie a plus d'un tour dans son sac.. suffit de trouver un axe et un point d'ancrage, et les parralèles deviendront bissectrices, perpendiculaires, et tutti quanti..!
Rendez vous au 10 000ème...!
@ Traou, excuse, j'avais oublié.., le parallèlisme n'exclut pas la superposition
..!!!
J' ai lu et relu ce billet ...et, j' ai aussi souvent utilisé cette expression " le cul entre deux chaises " mais pas pour les mêmes raisons ....