Généralités

Je n’aime pas qu’on dise : « les ».

Je veux dire « les », suivi du nom d’une catégorie de personnes, qu’elle soit ethnique, sociale, raciale, professionnelle, sociologique, caractérisée par un âge, des goûts communs, une couleur de peau, une orientation politique, une forme de sexualité, un choix religieux, que sais-je encore. Quand ce nom de catégorie est immédiatement suivi d’un qualificatif ou d’un jugement généraliste traitant ce groupe d’humain comme un tout homogène et sans nuances.

En d’autres termes, je n’aime pas qu’on dise : les vieux sont comme ci, les jeunes sont comme ça, et puis les noirs, les juifs, les musulmans, les bourgeois, les cathos, les bobos, les homos, les riches, les femmes, les mecs, les gauchistes, les… les gens en général et sans particulier, quoi.

La politique du « je mets tout le monde dans le même sac » me gonfle, m’énerve, m’exaspère, me laisse coite, m’interroge aussi.

Je ne crois qu’à l’individu, qu’à la personne, qu’au cœur qui bat dans une poitrine. Toute catégorie humaine comporte son lot de cons et de salauds, c’est un axiome absolu. Non ? On dirait que certains l'oublient souvent.

Je bénis le Ciel d’avoir connu une enfance et un parcours qui m’ont donné ce goût-là de passer par-dessus (ou par en-dessous) les colifichets affichés d’un groupe pour ne m’intéresser qu’à un humain entre tous, pour l’humain qu’il est. Point.

Je bénis le Ciel d’avoir été la cible de ces jugements communautaires, d’en avoir souffert parfois, jusqu’à me jurer à moi-même de ne jamais tomber dans ce travers de juger collectivement un groupe d’individus et celui qui en est issu sans plus chercher à le connaître. Et c’est difficile, on nous éduque comme cela, la famille, la société. Je me surprends moi-même à céder à cette facilité parfois. Alors je m’engueule et j’essaie de corriger le tir. Non je n’ai rien contre « les chinois de Belleville » ou même "les chinois" tout court. Non, juste contre mes voisins du dessus qui m’ont inondé trois fois en six ans et pour qui la notion de « appeler un plombier » se résume à « mettons donc un vieux seau sous ce tuyau percé ». Quelle raison aurais-je d’englober toute une communauté dans cette colère ciblée et de dire « ces gens-là » ?.. Et pourtant, c'est toujours tentant. Et quand j'entends "ploc ploc" dans ma cuisine, je voue aux gémonies plus d'un milliard d'humains pour les quatre qui vivent au-dessus de moi.

Il est dur de ne pas le faire, de ne pas faire passer son rejet ou sa haine d’un individu au(x) groupe(s) au(x)quel(s) il appartient. Et c’est ainsi qu’on peut haïr les juifs, les noirs, les bourgeois ou les cathos pour un qui vous a déplu, spolié, vexé (je crois que la blessure d’amour propre est le plus grand vecteur de haine, d’où celle des imbéciles pour les intelligents…).

Quand j’étais petite, donc, j’étais l’une des rares de l’école de mon village à ne pas être fille d’agriculteurs. Et je ne remercierai jamais assez mes parents de m'avoir laissée dans cette école, de ne pas m'avoir envoyée "à la ville" avant ma sixième. Pourtant, j’étais la fille du « banquier », et d’aucuns appelaient ma maison « le château ». J’ai essuyé parfois des paroles dures pour cela, des regards en coin et des jugements sans appel. J’ai eu des amies pourtant, dans cette enfance campagnarde qui m’a vu galoper avec elles au travers des champs, des fermes et des étables. Oh le bonheur des petits poussins à peine nés, des veaux aux pattes vacillantes tétant leurs mères, de l’odeur du fumier chaud et du foin fraichement coupé. Mes peurs d’enfance étaient celles de la truie énorme qui allaite ses petits et qu’il convient de garder à bonne distance, de l’arbre creux à la branche branlante qui manquait me jeter à terre, du taureau furieux de nos courses dans SON champ qui nous poursuivait de sa colère, d’une robe déchirée par des buissons acérés qu’il faudrait avouer à ma mère.

Marie-Paule, Françoise, Josiane, Jacqueline, Pierrette, toutes mes copines de ce temps-là, où que vous soyez, je garde grâce à vous un souvenir lumineux de cette enfance-là. Qu’est-ce qu’on en avait rien à foutre, nous, quand on construisait des cabanes dans les champs de maïs de savoir ce que gagnaient nos parents respectifs. Il y en a que ça dérangeait plus que nous, et qui ne se privaient pas de le faire savoir. Les cons.

J’ai continué bien au-delà de l’école primaire à choisir mes camarades en fonction d’affinités personnelles et sans tenir compte de leur origine. Je ne comprenais pas, parfois, la gêne que je suscitais, de ne pas ressentir ce décalage social, aussi bien auprès de mes parents (« Que font ses parents ? » était le leitmotiv quand j’annonçais une nouvelle amitié d’école; je m’insurgeais. Cette phrase a fini par devenir un gimmick plutôt drôle entre eux et moi), qu’auprès des parents de mes amis, qui s’inquiétaient de m’accueillir dans un monde différent du mien. Plus tard, quand je me suis retrouvée dans le lycée catho le plus huppé de ma ville d’enfance, je trouvais étranges et bêtes les réactions de certains de mes camarades issus d’un milieu social très privilégié, qui méprisaient ouvertement mes amitiés avec des « inférieurs » à leurs yeux. Je me souviens de mon amie Fred, jolie brunette, intelligente, vive, avec qui j’avais sympathisé dès le jour de la rentrée de seconde, que sa mère, une femme absolument magnifique, élégante et souriante, venait parfois chercher le soir. L’un des copains de mon groupe, pas insensible au charme de Fred, avait été conquis plus encore par le sourire de sa mère, et m’en fit part un jour, ne tarissant pas d’éloges sur la « classe » de cette femme, sa beauté, etc… Il s’enquit de la profession de son mari, ne me crût pas quand je lui dis que le père de Fred était boucher et que sa mère, qui tenait la caisse, venait irrégulièrement chercher sa fille quand elle pouvait s’échapper. Il cessa ce jour-là de s’intéresser à Fred et de venir saluer cérémonieusement sa mère à la sortie de l’école. Celui-là peut être inclus dans la catégorie des cons. La plus vaste de toutes les ethnies mondialement recensées. En font partie aussi, par ailleurs, tout ceux qui nous regardaient juste comme les élèves de cette école, et donc des "fils de bourgeois", collectivement jugés comme détestables. Au nom de quoi ? Je n'ai jamais compris cela. Je refuse de le comprendre. Et je m'engueulais tout autant avec mes copains et copines du village, plutôt baba-cools, eux (nous étions à la fin des années 70), qui méprisaient tout aussi copieusement mes amis BCBG. J'étais parfois en porte-à-faux avec tout le monde. Pas très confortable.

Quand je suis arrivée dans ma fac de ciné, sortant tout juste de cette école huppée-catho, j’ai débarqué avec les attributs normaux du milieu bourgeois dont je venais. Je n’ai pas réalisé tout de suite que je ne passais pas inaperçue dans la fac gaucho que je fréquentais alors à Paris, avec ma tresse sage, mes jupes écossaises et mon loden vert. En fac de ciné ! Certains m’ont immédiatement détestée, à cause de cela et sans m’avoir jamais adressé la parole. Catégorie des cons, eux aussi. J’ai noué des amitiés avec ceux qui m’ont acceptée en dépit de cela (et puis j’ai peu à peu remplacé mon look « Neuilly-Auteuil-Passy » par un autre plus passepartout dans ce milieu… tiens donc, certains d’avant m’ont trouvée alors plus intéressante… enveloppe plus importante que le contenu, faut croire, pour beaucoup).

Plus tard, sans doute mes parents auraient-ils préféré un autre « gendre » que mon chauffeur de taxi marocain, fort éloigné de leur conception du parti idéal, que j’ai aimé sans me préoccuper de nos différences d’origine et de culture. Il m’a avoué plus tard en avoir été plus gêné que moi parfois. Et j’ai continué, je continue encore à choisir mes amis, mes amants, mes amours, en fonction du plaisir que leur présence me procure, de l’enrichissement qu’ils m’apportent, des rires et des goûts que nous partageons, sans tenir compte le moins du monde de leurs revenus mensuels, leurs opinions politiques, leur orientation sexuelle. Peu me chaut, mes amis.

C’est pour cela sans doute que l’engagement politique m’est assez étranger et que le mien est pour le moins flou. S’engager politiquement signifie le plus souvent des opinions tranchées, et un refus de ceux d’en-face que j’ai du mal à pratiquer. Rien que dans ma famille, il y a des votants Sarkozy, d’autres chez les Verts, un ou deux centristes tendance Bayrou, des socialistes et même un royaliste (pas partisan de Ségolène, un royaliste à l’ancienne, si, si…). Qu’est-ce que vous voulez que je fasse avec ça ? Détester en bloc ou en particulier certains de ceux-là ? Non, je m’en fous, j’avoue. D’aucuns me trouveront peut-être inadmissiblement « tiède ». C’est possible. J’ai une sainte horreur de l'homme Sarko, mais je crois très sincèrement qu’il y a sûrement des sarkozystes sympas et de valeur. Je me refuse au manichéisme primaire qui consiste à rejeter un clan dans son ensemble.

De même, épargnez-moi les tartes à la crème en vogue style « anti-bobo » : j’en connais plein des bobos, si ça se trouve, j’en suis une aux yeux de certains, d’ailleurs. J’habite Belleville, je bosse dans le ciné… Il y en a des très cons, je vous l’accorde, d’autres sont des humains de valeur, vraiment. Les généralisations bêtasses, à leur sujet comme au sujet des « bourgeois » ou toute autre catégorie - que j’ai été jugée comme en faisant partie ou non, d’ailleurs- me saoûlent carrément. (il se trouve juste que j’ai souvent été – sévèrement – cataloguée dans l’une ou l’autre de ces catégories, alors je connais la virulence méprisante de leurs détracteurs).

De la même façon, je me fous que vous soyez athée, catho, mulsuman, juif pratiquant ou partisan de toute autre église ou congrégation, tant que vous ne faites pas de prosélytisme envahissant ou que vous ne prétendez pas détenir LA vérité, que ce soit dans la conviction ou le refus de Dieu et que vous n'essayez pas de démontrer à quiconque qu'il a tort de penser ce qu'il pense. J’ai le plus profond respect pour toute conviction, tant qu’elle s’exerce librement et sans « intégrisme », toute véhémence à démontrer une conviction de quelque nature que ce soit, m'apparaissant aussi suspecte qu'envahissante (ne pas confondre véhémence et passion, cependant, j'ai toute indulgence pour la deuxième). Mes convictions à moi - spirituelles plus que religieuses en ce qui me concerne - peuvent apparaître étranges à d’aucuns, je ne les impose à quiconque et j’aime assez fréquenter ceux qui en professent d’autres que moi, avec tolérance, ils me font avancer. J’espère que certains peuvent en dire autant de moi, tout simplement.

Je suis particulièrement heureuse d'avoir trouvé cet échange tolérant et riche sur les blogs. Sans se connaître, juste par les mots de chacun, on se rencontre, on se comprend, on s'écoute, sans préjuger de quiconque sur une apparence physique, l'appartenance supposée à un groupe. On se retrouve sur des affinités ou au contraire sur des différences qu'on explore avec curiosité. Je ne dirai jamais assez le bonheur de rencontrer par ce biais des inconnus intimes que je n'aurais jamais pu croiser dans la vie "réelle", si loins de moi, géographiquement, professionnellement, ou de par leurs préoccupations quotidiennes, et pourtant ici, nos chemins parviennent à se croiser. J'en espère encore beaucoup d'autres, même si j'écris moins. Je garderai ce fil, aussi ténu qu'il soit, pour ces rencontres-là, sans préjugés, juste de l'espoir. Et du plaisir.

Commentaires

1. Le dimanche 8 mars 2009, 19:49 par cledsol

internet est vaste, pour moi c'est une société comme une autre :)

je suis pour l'ouverture d'esprit aussi, je suis persuadée qu'on a quelque chose à apprendre de tous les gens qu'on rencontre.
Et puis les sujets sont tellement vastes, et il y a tellement d'idées différentes! Alors je n'ai pas d'opinion forcément bien définie sur telle ou telle chose... Et comme on évolue tout le temps, ce qui m'importe, c'est d'apprendre ce qui me plaît, de faire en sorte que ma vie ait un sens, et que je me sente bien avec les autres. (et que les autres se sentent bien avec moi, si possible...) mais ce n'est pas pour ça que je n'ai pas mon caractère O_o"

J'avoue que ça me rassure de voir que je ne suis pas la seule à avoir plus ou moins cette vision des choses.
Ce qui est sûr, c'est que je te souhaite encore beaucoup de rencontres et d'amitiés de cet ordre là :)
bisous, et bon plaisir à toi surtout.

2. Le dimanche 8 mars 2009, 19:59 par Agaagla

moi qui m'emporte souvent, qui me méfie comme la peste de tel mot qui sent mauvais, je rêve d'être plus tranquillement ouverte comme toi. Je le suis de toute ma tête, hélas pas de toutes mes tripes (en vrai de vrai, la catégorie qui m'agace est bien précise, les chinois de belleville ou les bouchers de tombouctou je ne m'en suis jamais préoccupée !)

Quoi qu'il en soit qu'est-ce qu'elle est belle ta profession de foi...

3. Le dimanche 8 mars 2009, 21:58 par gilda

Je fus comme toi. Mais depuis trois ans bien plus réservée. Les différents groupes humains s'ils ne méritent guère d'être traités par lots, ont cependant à l'intérieur de chacun d'eux au moins des codes et modus vivendi communs. S'en affranchir et je l'ai si souvent fait, c'est s'exposer à de dangereuses mésaventures, en particulier quant aux non-dits qui n'ont pas du tout la même signification dans les différentes sphères d'une même époque d'un même pays.

Disons qu'à présent je sais mieux ce que je ne suis pas et ce qu'il est inutile d'espérer. Et qu'aussi le sens de l'amitié peut dépendre du milieu social d'origine plus qu'on ne le croirait.

Ton billet a le mérite de me remettre en mémoire certaines réflexions de mes parents que j'avais oubliées. Où qu'on soit il y a toujours plus déconsidéré que soi. Je me rappelle soudain que les préventions parentales s'exerçaient dans les deux sens, il était mal vu de fréquenter ceux d'en haut tout autant que ceux d'encore plus bas. Et je n'en ai toujours fait qu'à ma tête, ce qui a commencé dans l'enfance et ne s'est jamais démenti. Ce qui comptait c'était l'ami(e) ou l'amoureux, pas son environnement. Je n'aurais sinon jamais épousé mon mari et sa famille si pourvoyeuse de graves tracas. Ni non plus oublié la profession prestigieuse du père de mon premier amour. En fait je m'obstine à ne pas juger les gens sur les caractéristiques d'eux-mêmes ou de leur vie dont il ne sont en rien responsables ou pour lesquelles ils n'ont pas eu de vrai choix. C'est au point que quand je rencontre quelqu'un je ne pose jamais la question de sa profession à moins d'une expertise particulière et passionnée que dévoile la conversation.

Bien d'accord avec toi sur le côté génial des blogs qui permettent de se rencontrer par affinités loin de toutes contraintes géographiques, d'apparences et de milieux sociaux.

4. Le lundi 9 mars 2009, 08:33 par luciole

c'est aussi (parmi d'autres raisons) ce que j'aime dans le fait d'enseigner le théâtre a des adultes amateurs. S'y côtoie dans un même groupe, des personnes très différentes, socialement, d'ages. Je sens bien, au début, ce que tu dis, les a priori, de chacun sur chacun. Mais sur scène chacun est obligé de se mettre à nu, et alors les frontières tombent pour laisser la place à l'individu et les vrais rencontres ont lieu. J'ai moi même eu de très belles amitiés avec certains de mes élèves et cela me faisait un bien fou de sortir du microcosme théâtreux, avec lui aussi, ses gens plus ou moins ouverts ...

5. Le lundi 9 mars 2009, 09:35 par Anne

Oué, mais... les gens à poële ?

Ok je sors !

6. Le lundi 9 mars 2009, 09:53 par samantdi

Mais sinon, "les chats" c'est quand même chouette !
pi les chauves, c'est sexy !
et les chaussettes ça tient chaud aux pieds !

Je rigole mais je comprends tellement ce que tu veux dire...

7. Le lundi 9 mars 2009, 11:09 par Traou

Tiens j'y pense, cledsol, nous ne nous sommes pas rencontrées "en vrai", enfin si, presque. Si je me souviens bien, j'étais dans une salle de spectacle et tu étais sur scène, c'est drôle quand on y pense...

Agaagla, j'avoue très franchement que ma "profession de foi" est parfois difficile à honorer... Mais je n'ai rien contre les bouchers de Tombouctou, je le jure !

"En fait je m'obstine à ne pas juger les gens sur les caractéristiques d'eux-mêmes ou de leur vie dont il ne sont en rien responsables ou pour lesquelles ils n'ont pas eu de vrai choix" : Gilda, c'est exactement ça que je tente d'exprimer (même si tu sembles nuancer cela quelques lignes plus haut)

Je regrette vraiment, Luciole, d'être parfaitement incapable de faire du théâtre (j'ai essayé une fois de dire un mot sur une scène, j'ai cru que j'allais mourir... de peur) car je suis consciente de cette vérité intérieure qui doit ressortir là. Je trouve ça très beau.

Anne, les gens à poêle sont une engeance maléfique à la solde du sieur Dupire, c'est bien connu (cette catégorie est une exception à la règle énoncée ci-dessus)

Samantdi, je m'insurge. Il n'y a pas "les chats", il y a des milliards d'entités félines toutes plus complexes les unes que les autres (entre Nini et Charouk, par exemple, quelles différences subtiles de personnalité...). Les chauves c'est sexy, nous sommes d'accord, m'enfin, il existe quand même des exceptions...
Quant aux chaussettes, ce sont des êtres aussi maléfiques que les gens à poêles cités plus haut, qui n'ont de cesse de nous torturer, nous, pauvres humains, en sortant uniques d'un lave-linge où on les a mises en paires ! Alors hein !

8. Le lundi 9 mars 2009, 11:47 par Aude Nectar

J'apprécie aussi de lire au quotidien des blogs ouverts et sans préjugés, des plumes originales et drôles qui ouvrent sur d'autres univers, d'autres quotidiens et réflexions, une grande richesse que trop ignorent !
Certains mails ou commentaires d'amis blogueurs jamais rencontrés m'ont plus remonté le moral que dans la vraie vie, c'est pour dire !

9. Le lundi 9 mars 2009, 15:56 par MarcelD

Mon axiome à moi c'est qu'on est tous le con de quelqu'un d'autre.
J'ai bien aimé lire ce billet avec au début tes remerciements au Ciel qui me tracassaient quelque part. CQFD. ;o)

10. Le lundi 9 mars 2009, 16:34 par Traou

Aude, je vois fort bien ce que tu veux dire, mon blog a été la meilleure épaule qui soit pour m'épancher et me consoler souvent...

Cher Marcel, ton axiome a failli être dans ce billet, car il est un des miens aussi, mais je faisais déjà suffisamment long comme ça (ç'aurait été l'objet d'un tome 2, au moins !). Mais il ne faut pas que mes remerciements au Ciel te tracassent ! J'y crois vachement, au Ciel ! (surtout bleu et rose, cf. la photo plus haut). Et bienvenue, au fait ! :-)

11. Le lundi 9 mars 2009, 22:31 par Coumarine

Je pense que tu dis quelque chose de très vrai... sur les blogs on rencontre une énorme tolérance, une belle ouverture au dialogue...
On rencontre de vraiment belles personnes...

12. Le mardi 10 mars 2009, 09:33 par Boutoucoat

Le blog m' a fait connaître ma voisine ....milieu social différent, une intellectuelle et moi, ancienne ouvrière
et toi bientôt .
Ton texte est beau .

13. Le mardi 10 mars 2009, 10:30 par Traou

Je crois que de ne pas se voir, au départ, Coumarine, et de n'avoir donc aucun réflexe de classification de quelqu'un selon son âge, son appartenance sociale, son "look", etc... aide à accepter les blogueurs juste pour ce qu'ils expriment par leurs mots. C'est précieux.

Moi bientôt, Boutoucoat... Qu'est-ce que j'aimerais. La Bretagne s'éloigne un peu de moi, pour l'instant. Je n'ai pas eu le job que j'espérais et je n'en vois pas d'autre à l'horizon pour l'instant. Mais peu importe le temps que cela prendra, la Bretagne est au bout de mon chemin, j'en suis sûre. Alors à bientôt !

14. Le mardi 10 mars 2009, 10:56 par Kab-Aod

Récemment j'ai effectué un stage dans une maison de retraite. Dans une armoire étaient rangés les dossiers concernant chaque résident, que dans le jargon nous appelons les "histoires de vie" (c'est à dire un ensemble de documents donnant une idée du vécu de la personne, ce qui aide les soignants à adapter au cas par cas leur approche). Je me souviens d'une dame atteinte d'Alzheimer. Après avoir lu sa bouleversante histoire de vie je la voyais au-delà des symptômes classiques de sa maladie.
Un jour j'avais commis l'erreur de dire rapidement "les Alzheimer". Un cadre infirmier me l'avait très justement reproché. Oui les personnes atteintes du syndrome d'Alzheimer ont souvent en commun de perdre la mémoire, de déambuler, de perdre en cohérence ou d'inventer des mots : mais avant tout ces personnes, du fait de leur vécu, de leur nature, ne se ressemblent pas.

15. Le mardi 10 mars 2009, 12:22 par Madeleine

"Les bretonnes" sont des filles qui réfléchissent, qui écrivent formidablement bien et qui sont jolies ... On a le droit dit comme ça ? :)

Plus sérieusement, je vais me surveiller dorénavant car j'avoue que ... concernant "les vieux" ... même si certains sont adorables ...

16. Le mardi 10 mars 2009, 13:13 par yves duel

Youpee !

signé : un vieux

17. Le mardi 10 mars 2009, 14:14 par Madeleine

Pardon Yves :))

18. Le mardi 10 mars 2009, 14:36 par Traou

Kab-Aod, moi ce qui me choque souvent, c'est qu'on "plaisante" sur Alzheimer. C'est passé dans le langage courant pour qualifier quelqu'un qui a oublié quelque chose ponctuellement. On a tous entendu un "tu nous fais un alzheimer, toi !". A chaque fois, ça me glace un peu quand je pense à toutes ces histoires individuelles dévorées par cette maladie...

Ah oui, Madeleine, ça on a le droit ! (mais pas "les bretonnes, elles sont têtes de mules et mauvais caractère à cause de leur foutu patelin où il pleut tout le temps", ça c'est MAL !) ;-)

Ben, kèski veut nous faire croire qu'il est vieux, le Yves Duel ??!!! (ou alors un "sexy vieux" !)

19. Le mardi 10 mars 2009, 15:44 par François Granger

Madeleine, "vieux" ça commence vers quel âge ?

Signé: un qui est un peu moins vieux

20. Le mardi 10 mars 2009, 15:48 par François Granger

Ayant vécu de près une maladie d'Alzheimer, je préfère en rire. D'ailleurs les gens de la liste de discussion Aloïs pour les parents (enfants) d'Alzheimer savent plaisanter aussi.

21. Le mardi 10 mars 2009, 21:20 par Madeleine

@ François : plus on vieillit, plus on recule l'échéance de l'âge de la vieillesse donc aujourd'hui l'âge que je donnerais ne serait pas le même que celui de demain !

Et puis le Papa d'une Merveille, ça vieillit moins vite non ? :)

(donc l'aîné des frères, c'est Yves ;-))

22. Le mardi 10 mars 2009, 21:50 par François Granger

Une merveille ça aide a rester jeune...

23. Le mercredi 11 mars 2009, 06:09 par Boutoucoat

Dis maman, c' est combien vieux la grand-mère de plusieurs merveilles ?

L' autre jour, sur un de mes blogs préférés, le sujet était également les " gens " ......s' agirait-il d' une réflexion générale pour ne pas se sentir prisonnier de la masse ? en tous cas, c' est intéressant ......

24. Le mercredi 11 mars 2009, 12:47 par Pablo

(Tu écris moins, mais toujours de façon si éblouissante !).

Je suis d'accord avec tes argumentations ; j'ajouterais tout de même que, des fois, l'utilisation de certaines "catégories" pas trop mal faites (pourvu qu'on ne les prenne pas de façon absolue, mais comme simple indication) peut aider un peu à situer (de façon tout à fait approximative, mais ça peut servir pour commencer...) celui ou celle qu'on a en face (ou au dessus !) : par exemple, une origine ou un pays de provenance peuvent "imprimer" certains traits (culturels) très généraux, dus à l'éducation, à l'organisation sociale (et bien sûr à la langue !), même si ces traits généraux comportent une infinité d'exceptions, et justement parfois il s'agit (comme point de départ) de déceler jusqu'à quel point, et comment, la personne (ou le chat) qu'on a en face s'écarte de ce qu'on attend (parce que, tu l'as dit si bien, on est tous plein de préjugés – et je suis d'accord qu'il faut lutter contre ceux-ci) de cette catégorie... Quand j'écris tout ça, je pense surtout à moi : à mes appartenances à des catégories, à la façon où je correspond, ou pas, aux clichés qu'on peut présupposer à cause de ces appartenances... Ouf, que je m'explique mal ! (Ça me rappelle une histoire de Cronopes et Fameux intitulée "sa foi dans la science" (ou un truc comme ça), où une Espérance essaya de classer "de façon définitive" les types physionomiques en commençant par ceux au nez camus, en se rendant compte, ensuite, que parmi ceux-ci il y avait les moustachus, ceux qui étaient de genre boxeur et les employés de ministère...).

Oui, ne coupe pas ce ténu fil qui te lie à ton blog !

25. Le mercredi 11 mars 2009, 20:27 par Pierre

Voila un billet qui m'évitera d'avoir à l'écrire ! Je me retrouve dans ces lignes et n'aurais pas su le dire aussi bien. Pour ma part, lorsque j'entends "les", je propose l'emploi de "des" qui évite la stigmatisation sur l'ensemble d'un groupe. Une seule lettre de différence et ça change beaucoup de choses...

26. Le jeudi 12 mars 2009, 00:22 par nuages

Ce qui m'agace souvent, c'est le soi-disant déterminisme par sexe, du style "Les hommes viennent de Mars et les hommes de Vénus", du titre d'un best-seller fallacieux, alors que les comportements des hommes et des femmes, je pense, sont surtout le produit des conditionnements sociaux et familiaux.

Ou "les Ecossais sont sympas", "les Portugais sont gais" (et "les Espagnols sont gnols", alors ?), comme une amie le dit souvent, ces soi-disant tempéraments nationaux...

Et un de ceux qui m'insupportent le plus, c'est le soi-disant déterminisme astrologique (l'astrologie me paraît être une blague de la plus belle eau) : "je m'entends bien avec les capricornes, par contre avec les béliers c'est la guerre" ! ils parlent de ça comme si c'étaient des ethnies ! quand on me demande mon signe, j'ai la réponse toute prête : "hérisson ascendant limace" (et attention, après 40 ans, l'ascendant prend le dessus). C'est cela, ouiiiiii....

27. Le jeudi 12 mars 2009, 12:54 par Fauvette

Alors on peut quand même dire Les blogueurs et les blogueuses sont sympas ?
Beau billet Traou, merci.

28. Le jeudi 12 mars 2009, 20:43 par Médard

@Traou : moi ce qui me choque souvent, c'est qu'on "plaisante" sur Alzheimer.

Perso, je reprends mon fils chaque fois qu'il traite ses copains de "mongols"…

29. Le jeudi 12 mars 2009, 21:19 par Telle

voilà un texte qui pourrait devenir le credo du blogueur (même si, au milieu, je me suis demandée où tu voulais en venir).

C'est aussi ce qui me fait aimer plus que de raison la blogosphère, cette rencontre d'individus dans ce qu'ils ont de plus personnel, cet écange avec des gens à qui tu n'aurais jamais adressé la parole autrement (et inversement).

Un chouette credo, oui.

30. Le jeudi 12 mars 2009, 21:44 par mikado

Ce billet est lumineux. Il éclaire un sujet difficile, celui du refus des codes, des conventions, des préjugés. La générosité dans le regard porté sur les autres, le droit à l'erreur de jugement. Celui de la reconnaissance, aussi, et de la curiosité d'esprit. Une belle leçon de liberté, portée par une écriture qui, pour ma part - me touche toujours autant.

31. Le jeudi 12 mars 2009, 23:06 par Milky

Je me rappelle le jour où mon amie d'enfance, me parlant d'une troisième, souligna que ses parents ne votaient pas comme les nôtres ; à l'époque, début de collège il me semble, je ne connaissais RIEN à la politique, ne m'y intéressais absolument pas, ne sachant pas différencier la gauche de la droite (aujourd'hui je connais leur différence théorique ...), mais cette révélation me mit très mal à l'aise des jours durant - difficile de décrire exactement pourquoi...

Sans cette "amie", combien de temps encore aurais-je vécu sans la moindre "conscience de classes" (parce qu'il est tard et que pas d'autre expression plus appropriée ne se présente à moi) ?

(PS, 15 ans plus tard je suis bien plus proche de la-fille-dont-les-parents-ne-votaient-pas-comme-les-nôtres que de l'autre...)

32. Le vendredi 13 mars 2009, 17:16 par Traou

Oh, tu sais François, on est toujours le "vieux" de quelqu'un (et le "jeune"d'autres aussi, fatalement...) ;-)

Tu vois Boutoucoat, par exemple, on ignore parfois si les blogueurs sont tout minot, quadra, ou même grand-mère ! Ça j'aime ! Bravo pour tes merveilles ! (et c'était où l'autre article sur "les gens" ?)

Toi Pablo, je ne t'ai jamais perçu comme de la catégorie des "espagnols" (tu n'es pas "typé" physiquement méditerranéen), plutôt dans l'ethnie des "marathoniens", ça d'accord (c'est une catégorie fort mystérieuse pour moi !) ;-)

Merci Pierre, tes petits mots ici me font toujours très plaisir. Et cette nuance "des" est la bienvenue.

Ah, en revanche, Nuages, je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi : les différences homme/femme ne tiennent pas pour moi que du social ou du familial... Quant à l'astrologie, c'est un autre débat, je ne pensais pas vraiment à ce type de catégorisation (si c'en est une)

Non, non Fauvette, suivons le judicieux conseil de Pierre, disons "des" ! :-)

Bonjour Médard et bienvenue ici, oui cet exemple est tout à fait similaire au mien et je le comprends tout à fait.

Telle, j'aime bien le "credo du blogueur" (il peur y en avoir d'autre aussi). Et un baiser doux à ta toute nouvelle merveille !

Merci Mikado, heureuse de te lire. J'aime que tu mentionnes l'erreur de jugement... Nous y sommes tous confrontés un jour ou l'autre, pour s'être fiés à une seule apparence...

Oh, que je me retrouve dans tes propos, Milky, et combien j'ai connu cela dans ma famille... (tiens, dans le genre, je n'avais pas le droit d'acheter Pif Gadget, parce que c'était financé par le parti communiste... M'en fous, je l'achetais en cachette quelquefois : "communisse", je ne voyais pas bien ce que c'était que ça...)

33. Le samedi 14 mars 2009, 05:47 par La Sardine Masquée du Port

J'avais écrit un long beau commentaire plein d'intelligence et de finesse et puis, splaf, couic, j'ai oublié de confirmer l'envoi, donc, exit le super commentaire serein et docte.

Alors, juste en passant vite : Tu es le menhir breton le plus patient et le plus doux qu'il m'ait été donné de rencontrer.
Merci d'avoir supporté ma spécialiste personnelle des "les" ... :-(
J'ai bien essayé de disparaitre, de me fondre dans les molécules de mon coussin au plus fort des bavassages de mon amie V. mais hélàs, la physique était contre moi et je n'ai pu me dissoudre que dans le vin rouge.
Merci pour ce texte simple et clair qui n'a d'égal que la saveur de ta tarte aux pommes.
bises salées

34. Le samedi 14 mars 2009, 09:48 par Traou

Sardine, en fait ce billet existait depuis quelques temps, inachevé. Ton amie V. me l'a remémoré, c'est tout. Je sais que certains propos (les miens aussi) de fin de (fort bonne) soirée arrosée ne sont parfois pas tout à fait justes et ne reflètent pas exactement ce que l'on pense, fatigués qu'ils sont... (et préambule à un mal de cheveux carabiné)