"La vie va où ?..."

Michèle Guigon est un sourire. Un sourire derrière un accordéon valseur. Un sourire qui dit la vie, les souvenirs tendres de l’enfance, l’âge qui avance autant que la vue recule, la mémoire qui occulte les noms propres, les choix insensés à faire parfois : chimio ou ablation ?

Michèle Guigon conte son cancer comme elle chante la caresse de son papa sur ses cheveux d’enfant, ceux qu’elle perdra plus tard : avec tendresse. Et sourire toujours, et les éclats de rire du public dont je faisais partie hier soir au Théâtre du Rond-Point (décidément mon théâtre parisien préféré, j’y trouve si souvent des moments d’émotion intense, de toutes formes).

Michèle Guigon raconte tout ce qui fait sa vie, y compris ce qui l’a rapprochée de la mort, pour devenir une deuxième naissance, un « levier de vie » comme elle l’écrit. Cils et cheveux repoussés, sein « ablati », elle arpente la scène avec une joie qu’elle transmet à ceux qui l’écoutent. J’ai versé des larmes de rire à ses facéties, eu le cœur noué parfois, sans qu’il soit jamais lourd, heureuse de ce partage avec elle, comédienne qui dit « je » et nous parle de nous, aussi.

Je vais dorénavant guetter la publication du texte de la pièce : j’aimerais vraiment le garder à mes côtés, en retrouver à certains moments de ma vie les mots bouleversants, certains résonnent en moi depuis hier que je n’oublierai pas. Son hymne à la vie drôlatique et poétique, cette funambule sur accordéon le joue chaque soir à 18h30 jusqu’au 14 novembre.

Michèle Guigon
(c) photo Anne Artigau

"Plus on met l'acceptation de la mort au centre de notre vie, plus on met la vie au centre de notre vie."
Michèle Guigon
La Compagnie du P'tit Matin

Commentaires

1. Le dimanche 24 octobre 2010, 23:19 par Fauvette

Je sens que je vais aller écouter ses mots précieux, partager son énergie et rire aussi.
Merci Traou.

2. Le lundi 25 octobre 2010, 08:10 par Anne

J'aime la phrase que tu cites. Hélas, souvent, c'est la maladie ou un deuil qui nous remettent cette vérité en pleine figure. Et pourtant. Quelle belle raison de vivre que de se rappeler que c'est là, tout de suite, maintenant.

3. Le lundi 25 octobre 2010, 13:01 par Anne**

Ne pas occulter la mort, même si c'est un grand mystère qu'on n'a pas toujours envie d'approfondir ... Mais c'est si vrai, que les gens les plus vivants sont ceux qui s'y confrontés, justement, et vivent en harmonie et joyeusement avec l'éventuelle fin qui nous touchera tous ....