Bretagne, été 2010
Par Traou le jeudi 5 août 2010, 14:04 - Bretagne - Lien permanent
Mes vacances bretonnes vont s’achever dans quelques jours. Je les poursuivrai dans une île de Méditerranée, un village écrasé de chaleur au ciel immuablement bleu. J’aime celui d’ici aux couleurs mouvantes, à l’humeur changeante, aux nuages filants qui dessinent des visages mobiles et amicaux. J’en vois beaucoup ici des visages, des regards, des sourires imaginaires, invisibles sauf pour mes yeux et mon esprit vagabond : dans l’herbe du jardin et la mousse de l’allée d’ardoise, dans les détours de la vigne lourde de grappes, promesses d’automne, les feuilles du cerisier tardif, dont les nez rouges et rebondis enchantent mes petits-déjeuners.
Comme chaque été, je refais ici le plein de calme, d’air, de mer et de plaisirs tranquilles (et aussi de kilos, les spécialités locales sont roboratives et l’ordinaire familial copieux et festif, toujours…). Mon destrier-vélo fidèle et huilé de frais à mon arrivée m’emporte chaque jour vers la marée. Les petits marchés locaux regorgent de plaisirs sucrés, de colifichets colorés, de babioles qui ne serviront qu’à se rappeler l’été au cœur de l’hiver : les bulles de verre turquoise qui flottent à mes oreilles n’auront pas le même reflet de soleil marin dans les rues de Paname, peu importe, j'y verrai tout de même un souvenir de bisquine sur mer si bleue.
Je chine dans les vide-greniers du dimanche matin des merveilles kitsch et indispensables : une Tour Solidor irisée, en hommage à la vraie qui m’accueille de loin quand je passe le barrage de la Rance, à jamais pour moi baptisée Porte des Vacances, une loupiote rouge au creux d’une moule de faïence, environnée de deux poissons rigolards, et un porte-savon d’où salue une petite baigneuse de porcelaine à l’air sage avec sa charlotte de bain… mais dont on aperçoit les fesses nues en retournant l’objet ! Et dans une boutique de Quimper, un couple bigouden tout blanc qui viendra enrichir mon "petit coin de Bretagne à moi", dont il faudra que je repousse les murs un jour pour y faire tenir tous mes souvenirs d'ici !
Dans mon lit, le soir, le matin, la nuit, je lis et relis Etty, sereine, encore et toujours émerveillée de trouver à chacune de ses pages un bout de moi, parfois inexpliqué, ma si précieuse amie, ma semblable de tant de sentiments, de perceptions, d’imperfections combattues ou non. Je ne m’étais pas encore plongée vraiment dans l’intégralité de ses écrits, trop denses pour être lus dans le métro parisien avec l’attention nécessaire. Ici, le crayon à la main pour en souligner tant de passages essentiels, je la retrouve plus complète, indispensable sur mon chemin.
Je passe quelques jours amicaux dans ce Finistère aimé qui n’est pas encore ma maison : les emplois auxquels j’ai postulé là-bas n’ont à ce jour rien donné. Je ne suis pas pressée : je saurai toujours trouver le chemin du bout de la terre, de ses couleurs ardentes, de ses mille merveilles, en promeneuse éphémère pour l’instant, pour quelques langoustines goûteuses du côté de l’Ile Tudy, où les culottes locales sèchent sans complexe au vent venu du large, pour des hortensias multicolores et des roses trémières dressées fièrement devant des maisons blanches ou de granit, pour une mini-chapelle nichée au creux des Monts d’Arrée, repeinte naïvement de couleurs gaies et restaurée grâce à la passion de gens du cru. J’y écoute le violon et la voix chaude d’un musicien devenu ami par la grâce de ce blog, que je ne remercierai jamais assez pour ces immenses cadeaux-là. Dehors, après le concert, on boit du cidre et l’on mange des crêpes, et soudain s’élèvent des voix d’hommes dont le chant vif se répond, une bombarde aux notes stridentes, un accordéon, et quelques-uns dansent, naturellement. Je suis si heureuse d’être là.
Ah, n'y voyez aucune mégalomanie de ma part, mais le Traou Mad se porte géant, cette année.
Commentaires
bonne fin de vacances, Traou !
sur le chemin du retour, si l'envie te vient... notre porte t'est ouverte.
bises
Un beau récit, comme toujours, Traou.
J'ai aussi adoré la description des... nuages ! Moi qui les aime tant, bien plus que le ciel "immuablement bleu" des "villages écrasés de chaleur".
Bonne dégustation de la vie.
Ah les hortensias bretons !!! je me pâme ...
Sinon pour changer, je te propose d'ores et déjà une escapade ici durant l'été prochain ! Tu verras fleurir ce genre de commentaire ailleurs pour une rendez-vous estival 5 ans après le 1er :) A suivre ...
Oh oui les hortensias !
Que de merveilles dans les brocantes !
Merci Agaagla et bonnes vacances à toi aussi si elles sont à venir ! :-)
Oh, Telle, j'adorerais faire la connaissance de toute la famille ! Il faudra qu'on se programme cela une autre fois car je repars sur Paris par le nord... et j'ai du monde dans la voiture ! Bises
Bonnes vacances à toi, Nuages, oui je vois filer beaucoup de tes homonymes dans le ciel d'ici (mais ils ne font que passer !)
Madeleine, quelle bonne idée, 5 ans déjà ?!!! Je préviens Jim et je prévois les galettes ! Bises à toute la famille.
Valérie, je reviens chaque année avec des tonnes de photos d'hortensias, je ne m'en lasse pas... et des tonnes aussi de trucs chinés dans les brocantes, il est temps que les vacances se terminent, je suis ruinée et mon appartement ne sera jamais assez grand !!!
J'ai même entendu parler d'un couscous Breton ;-) bonnes fin de vacances ...
Jolies, jolies vacances de Traou !
Toujours dans ton île du sud ?