Il s’en passe des choses en une décennie de vie. Ou deux.
Un magicien Dotclear est intervenu avec ses formules magiques et son talent (merci Lomalarch !) pour extirper mon vieux blog tout fripé du ravin d’oubli dans lequel je l’avais abandonné depuis une dizaine d’années ou presque. Car depuis quelques temps il me manque, ce vieil ami et confident. Sans doute parce la solitude m’a encore rattrapée à ce tournant de ma vie, et que j’ai besoin de me confier à lui. Ses oreilles bienveillantes sont ouvertes à nouveau et j’en suis heureuse.
20 ans, c’est l’âge qu’aura ce blog en 2025… Pendant les quelques années où je l’ai nourri de mots avec régularité et passion, il a été un bon compagnon, un révélateur, un vecteur d’amitié, un laboratoire d’écriture. Il est aujourd’hui une archive de ma vie. Et peut-être le réceptacle de nouvelles aventures, de bonheur, de tristesse, d’angoisse, d’espoir, de colère, de rire, de joie aussi j’espère.
10 ans, c’est le temps qui s’est écoulé depuis que j’ai quitté Paris, laissant derrière moi 30 années capitales pour réaliser mon rêve de vivre en Bretagne, en Finistère, près de la mer. Chez moi. Mon paradis. Comment pourrais-je résumer ces années au bout de la terre, qui n’ont qu’un seul fil conducteur : le bonheur émerveillé de vivre là chaque jour.
- J’ai travaillé, beaucoup, beaucoup, pour une structure culturelle magnifiant la Bretagne. Heureuse.
- J’ai acheté une vieille ferme en pierres d’où je voyais les bateaux sortir d’un mini-port, à Plougastel-Daoulas, avec suffisamment de chambres pour accueillir les amis. La maison du bonheur.
- J’ai remplacé mon blog par Instagram. Des images et peu de mots.
- J’ai rencontré un Brestois, pur et dur... comme un Brestois. Un voileux, un créateur. Talentueux.
- J’ai quitté la structure culturelle que je dirigeais après quatre années passionnantes et épuisantes. Dures.
- J’ai épousé le Brestois. A 55 ans. Suis devenue belle-mère de grands-beaux-enfants. On a confiné en famille dans la maison du bonheur. Je faisais la cuisine pour de grandes tablées, de la pâtisserie. Avec des fraises de Plougastel. Je me disais que je ne serai plus jamais seule. Que j’aurai un jour des beaux-petits-enfants, moi qui n'ai pas eu d'enfant.
- On a emménagé dans une maison géante qui ne me ressemblait pas vraiment, avec une vue insensée sur la rade. On avait Siam et Pollock, les chats, Renzo, le chien. Un bateau. Je faisais des crêpes sur mon billig. Les enfants et ma belle-mère joliment pomponnée venaient déjeuner le dimanche. On allait se baigner sur les grèves et on finissait la journée au café du port.
- J’ai adoré naviguer. Sein, Molène, Camaret, Les Glénan, Groix. Les ports, les nuits bercées à l’ancre, la vitesse et le vent, le bruit des voiles, tenir la barre et sentir le bateau filer, vivant, violent.
- J’ai écrit des articles pour une très belle revue bretonne. J’ai été un peu consultante. J’ai rempli des missions culturelles. Pas suffisamment pour ne pas être le plus souvent au chômage. Trop.
- On me refusait des postes à cause de mon âge. Horizon professionnel bouché. Je n’imaginais pas être dépendante financièrement. Je me sentais seule dans la grande maison, dans le mariage aussi.
- Puisque la Bretagne ne m’offrait pas d’opportunités, j’ai décidé d’élargir mes recherches au-delà pour travailler. A tout prix. Le prix de ma liberté, de mon autonomie, de ma capacité à décider de ma vie. Sécuriser ma fin de carrière et ma retraite plus si lointaine.
- J’ai lancé un appel sur mon réseau professionnel. La réponse est venue très vite. D’Annecy. Une proposition culturelle inédite, importante, inespérée. J’ai dit oui. Mon mari a dit non.
- J’ai rempli un camion de déménagement. Signé des papiers de divorce et un CDI à 59 ans et demi. L’impression d’être une miraculée, rescapée du chômage senior. J’ai traversé la France, acheté une petite maison, adopté Djinn, mon nouveau chat. Siam est mort à Plougastel, Pollock appartenait à ma belle-fille, et je ne pouvais emmener Renzo avec moi. Ils m’ont tellement manqué.
- J’ai eu 60 ans près d’un lac entouré de montagne. C’était il y a un an. J'habite la Haute-Savoie depuis 18 mois et il faut que je travaille encore ici jusqu’en 2028 avant de repartir en Bretagne. Ou pas ? Je ne préjuge plus trop de l’avenir, pas mal essoufflée de ces 10 années.