366/9 - Itinéraire

Il aura 90 ans en mai. Ou peut-être pas. J’ai pris dans la mienne sa main ridée, aussi pâle que les murs de l’hôpital. Sa femme à son chevet parle encore de retour à la maison. Illusion. Il sourit faiblement et lui envoie un baiser muet. A d’autres il dit tout bas au moment de l’au revoir qu’il n’en a plus pour très longtemps.

1922 bébé en dentelles aux bras d’une jeune femme grave, 1930 garçonnet sérieux flanqué d’un petit frère qui sera un jour mon père, 1948 jeune marié timide aux cheveux lissés. Les souvenirs s’égrènent, itinéraire en photos sépia.

Commentaires

1. Le lundi 9 avril 2012, 23:56 par Phlune

Un jour dans un hôpital, j'ai croisé un prof furieux qui soignait là son surmenage, on a discuté de l'accompagnement des vieux qui vont mourir.
Il m'a dit : "Bah, c'est pas difficile, il suffit de leur tenir la main..."

Je suis certaine qu'il avait raison; je n'ai encore jamais eu à le faire, mais a priori j'aime bien cette idée, ce parti-pris

J'ai l'impression que les mourrants n'ont aucun besoin qu'on soit des boulets pour eux, ni qu'on les considère ainsi eux-mêmes ...

Merci Traou, salut au vieux tonton ...

:-)

2. Le mardi 10 avril 2012, 11:09 par Pablo

Avant de partir, il lui faudra avoir pu dire au revoir à tous ceux qu'il aime. Que sa fin soit douce et indolore.

3. Le mardi 10 avril 2012, 12:59 par Obni

Très émouvant.

4. Le mardi 10 avril 2012, 20:45 par Madleine

C'est souvent l'itinéraire d'un enfant "pas toujours gâté" pour les hommes de cette génération.