Donoma

Moi qui suis en dehors du monde depuis onze mois (je risque de refaire surface à compter du début de l'année prochaine et vous raconterai peut-être mon marathon 2011 entre déménagement, boulot, voyages et écriture, surtout écriture mais pas ici...), j'ai néanmoins été atteinte par le buzz Donoma. Et ne suis pas fâchée de l'avoir été !

C'était il y a un peu plus d'un mois et quelqu'une me parle d'un film "fait avec 150€", m'envoie le lien vers un site internet, m'incite à venir à l'avant-première le 5 novembre. Bon.
J'avoue que l'argument du "fait avec 150€", rabaché un peu partout à propos du film, je m'en fous. Limite ça m'agace. So what ? Des gens qui filment avec trois bouts de ficelle, coûte que coûte, j'en connais un paquet. Ce n'est en aucun cas un critère pour m'attirer ou me faire fuir, je m'en fous, vous dis-je (de la même façon que je me fous des records de millions de $ affichés en promo pour d'autres films, l'argent n'a jamais empêché certains de faire des navets avec...). Je fais un tour sur le site et j'en reste là. De toute façon le 5 novembre je ne suis pas là, et je n'ai pas le temps d'aller au cinéma, j'ai vu 5 films cette année, sans blague.

Le 5 novembre, finalement je suis à Paris, on se parle avec un copain comédien qui me propose de venir avec lui "à la projection du film de Djinn Carrénard..." comme il me proposerait d'aller voir le dernier... Scorsese ou Audiard. Euh, est-ce que je suis à ce point hors du monde que j'ai loupé l'émergence d'une nouvelle star de la mise en scène ?... Je ne fais pas du tout le lien avec le site que j'ai vaguement visité quelques semaines auparavant et je prends le chemin du Grand Rex, perplexe.

Là, comment vous dire, une file d'attente comme je n'en ai pas vu depuis le 19 octobre 1983 à 14h00 pour la première séance du "Retour du Jedi", et tout ce monde vient voir Donoma (ah, au fait, c'est du sioux...) ! Des filles portent des T-shirts du film, ça se pousse et se bouscule, on arrive à avoir une place tout là-haut, il paraît qu'ils ont refusé du monde. J'ai l'impression d'être sur la planète Mars, que tout le monde est au courant d'un truc que j'ignore. Ça fait un peu secte, cette affaire, je commence à être inquiète.

Le film commence, la première scène est maladroite, la caméra se promène un peu trop, le point est aléatoire, mais... quelque chose m'accroche, je ne sais quoi, un accent de sincérité immédiat, l'absence d'intro, l'entrée dans le coeur même d'une histoire dont on découvrira le début un peu plus tard, un ton, une patte, tout de suite. Et puis une salle de classe, une prof au regard intense, un élève buté, une confrontation qu'on ressent jusqu'à l'intérieur de soi tellement le ton est juste, tellement les personnages sont incarnés, littéralement, chair et sang. Donoma est une sacrée tranche de cinéma, de vie, une bouffée de fraicheur, une envolée culottée, un maelström d'émotions, de sentiments en pagaille. Ça frotte, ça rape, ça irrite, ça fait rire, c'est chaud et bon. Ce Djinn dont je ne risque plus d'oublier le nom est un cinéaste, certainement doublé d'un stratège un rien roublard, mais cinéaste avant tout. Et après tout, si son buzz un peu bêta sur les 150 € m'a amenée jusque là, je n'ai rien contre.

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Donoma parle d'amour, d'entrecroisements, du jeu des corps et des sentiments. Une prof avec son élève. Une inconnue et un inconnu, volontairement muets. Deux soeurs. Un amoureux sans espoir. Des mystiques aux mots crus. Un couple qui se défait (et s'était rencontré à New York devant la caméra du réalisateur dans un court-métrage visible sur le site du film, quelle jolie idée). Je ne sais pas depuis quand je n'avais rencontré une telle liberté, un tel naturel dans la narration de ces histoires quotidiennes et exceptionnelles, et surtout de tels acteurs. Ils m'ont tous bluffée.

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Je ne saurais trop vous inviter, non seulement à voir Donoma, mais à encourager sa sympathique et talentueuse "guerilla". On retrouve toute la "famille" et ses aventures sur le site Donoma. On peut même aider à financer la tournée ici (je vous recommande particulièrement les savoureux commentaires pour chaque montant de participation dans la colonne de droite, je n'ai pas les moyens de leur filer 500€ mais ça m'a fait tellement rire que ça en vaudrait la peine... mais je vais participer c'est sûr, j'en serai vachement fière !)

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Ah, dernier petit effet accessoire de Donoma, ce beau film m'aura permis de prouver que ce blog n'était pas absolument moribond ! A bientôt !

Commentaires

1. Le samedi 3 décembre 2011, 07:29 par Pablo

Dans le même esprit que la phrase avec laquelle tu finis le billet, au moins ce film (que je n'aurai sûrement pas l'occasion de voir bientôt) m'aura permis de me réjouire avec le cadeau de ton écriture (qui se fait si rare en public et donc d'autant plus précieuse pour moi) !!

2. Le lundi 5 décembre 2011, 10:31 par Anne

J'aime bien l'idée que tu reviendrais nous raconter des choses, oui, et merci pour ce billet qui donne envie !

3. Le lundi 5 décembre 2011, 20:17 par François Granger

Je ne peut que m'associer aux commentaires ci-dessus...

4. Le lundi 5 décembre 2011, 22:43 par Pierre

Et moi itou...

5. Le mercredi 7 décembre 2011, 17:56 par valclair

Je me tâtais par rapport à ce film, à la fois attiré par le buzz et un peu agacé par ce même buzz. Te lire a fait pencher la balance. J'en sors. Je me suis régalé. Complètement d'accord avec ta perception du film.

On ne s'ennuie absolument pas, on est avec les personnages, presque dans les personnages, on est dans leurs histoires pourtant totalement improbables sinon invraisemblables et en même temps d'une époustouflante vérité. J'ai pas mal ri ce qui ne gâte rien et à d'autres moments ressenti une émotion poignante. Il y a quelquechose d'un peu magique là-dedans!

Donc merci, blogueuse moribonde, de ce sursaut! Reviens de temps en temps. Outre le partage de tes coups de coeur il y a le plaisir de te lire bien sûr. Enfin, je peux parler moi, autre blogueur moribond!!!

Bises chaleureuses.