Poème d'amour métropolitain

Une figure régulière du métro matinal : un homme au cheveux gris qui échange quelques feuillets faits maison contre un peu d'argent.

Ce matin, il nous propose des "poèmes d'amour fou", étrange chose à vendre dans la rame somnolente.

Nous sommes plusieurs à fouiller nos sacs pour en sortir quelques deniers, un ticket restaurant.

Je refuse la feuille photocopiée, dis que ce n'est pas la peine.

Il m'adresse un sourire, la met dans ma main d'autorité. Je souris un merci à mon tour.

Entre Réaumur-Sébastopol et Quatre Septembre, je lis les mots fous d'Apollinaire à Lou, le coeur serré, la foule autour oubliée.

Je ressors dans le froid que je ne sens plus. Peut-être la trace de la larme qui a roulé sur mon nez est-elle un peu plus fraiche au vent du matin...

Commentaires

1. Le jeudi 21 janvier 2010, 11:02 par Anne

On oublie facilement le pouvoir magique des vieux poètes amoureux sur nous. Mais ils ne nous laissent pas oublier complètement.

2. Le jeudi 21 janvier 2010, 18:42 par La Sardine Masquée du Port

Qui de vous deux
Donna à l'autre
Est-ce important
De Lou à Lui
De Lui à Toi
Passerelle
Au gris argenté
Que le vent te mène !

3. Le vendredi 22 janvier 2010, 15:26 par Pablo

merci à l'homme aux cheveux gris pour son insistance – la transitivité des émotions

4. Le vendredi 22 janvier 2010, 19:31 par Coumarine

Proposer un poème avec des mots d'amour fou, même s'ils t'ont remué le coeur... c'est quand même mieux que de tendre une main mendiante...

5. Le mardi 2 février 2010, 18:41 par mikado

Pas si fous ces mots là. "Mon beau chat, je contemple ton regard. Intelligent et pailleté d'or". Ce fut sa façon à lui de draguer, et le résultat ne fut que mal atteint. Loulou lui préféra le sieur Toutou.
Des goûts et des couleurs....