Paresse automnale
Par Traou le vendredi 13 novembre 2009, 11:11 - Ici et là - Lien permanent
Un rien de nonchalance dans l’air de mon quotidien. Et l’activité débridée que je déploie au boulot n’y change rien. Quand je referme la porte pailletée de mon appartement derrière moi le soir, je m’alanguis, je m’étale, je m’enveloppe de matières douces et tièdes, je me fais contemplative et désoeuvrée. Délicieusement. Je regarde autour de moi, je touche, je goûte, je hume, j’écoute le silence. Je me blottis contre mon chat, avide de caresses autant que lui. Est-ce lui ou bien moi qui ronronne si fort ?
Parfois je m’ennuie un peu. Ce n’est pas grave. Envie de ne rien entreprendre des mille projets qui sont miens, futiles ou essentiels, ou les deux à la fois. Même les mots restent frileusement au creux de moi. Je les sens désireux de s’échapper, timides et imparfaits. Mais je les garde là au chaud, et je regarde grésiller la cigarette au bout de mes doigts, que les mots prisonniers semblent picoter sans grand danger. Ils viendront à leur heure…
Tout est attente autour de moi. Des soupirants anciens reviennent frapper à ma porte, tous en même temps. Etrange. Est-ce que l’un d’entre eux pourrait cette fois trouver le chemin de mon cœur convalescent ? Je ne sais pas. Je n’exclus rien. Ni la solitude silencieuse, ni le rire et la tendresse d’un amour éphémère. Ou pas.
Je prends dans un mois un chemin inattendu. J’avais achevé l’année passée à la « fin de la terre », ma terre. J’ai choisi cette fois-ci le bout du monde pour voir commencer douze autres mois : Ushuaia, la Patagonie. Je vais pour la première fois m’aventurer dans l’hémisphère sud de ma petite planète, découvrir l’été dans mon hiver, parler espagnol. Arpenter des espaces aussi vastes que ceux que j’ai la sensation d’avoir à défricher en moi...
Commentaires
Quelle belle destination que le bout du monde pour commencer l'année !
Pareil pour la paresse automnale... J'ai décidé de gagner au Loto pour cultiver l'art délicat de la contemplation, figure-toi
J'ai été en Argentine en 2004 (un voyage que j'ai adoré et dont je garde des souvenirs très vifs) et je n'ai pu voir que le Nord de la Patagonie, que j'ai beaucoup aimé. Je t'envie ! En attendant le voyage, je te conseille, si tu ne le connais pas déjà, la lecture du livre de Bruce Chatwin, un grand voyageur-écrivain, En Patagonie. Tu vas profiter aussi pour visiter un peu Buenos Aires, de passage ?
oh... mon papa a été découvrir ce petit bout de monde il y a 2 ou 3 ans... et nous en a rapporté bon nombre de souvenirs.
je te souhaite une sereine contemplation, plein de bises
Toujours aussi heureuse de lire de tes nouvelles, Traou ! Surtout quand elles me rassurent sur ma propre paresse automnale... Et tu vas seule à cet autre bout du monde ?
Je suis content chaque fois que tu retrouves le chemin de tes mots ici et que tu viens nous donner de tes nouvelles, chère Traou.
Quel contrate ce voyage avec tes précédents, les grands espaces après les lieux saturés de foule, la froidure rugueuse après les chaleurs tropicales!
A ton retour je me ferai bien un micro Paris carnet de quelques personnes choisies pour qu'on se donne des nouvelles de nos voyages (y compris immobiles) et de nos vies.
Je t'embrasse.
Alors Anne, ça y est, tu es milliardaire ? Te voilà contemplative à vie ?
Oui Pablo, je passerai quelques jours à Buenos Aires, à l'aller puisque c'est là que j'arrive, et j'y réveillonnerai au retour. Et le livre de Chatwin fait partie de ma liste de livre à lire, avant ou après le voyage, d'ailleurs.
Et je vous rapporterai mes impressions accompagnées de photos, Cledsol, à très bientôt.
Oui, Fajua, je vais seule découvrir ce monde inconnu pour moi. Mais l'Inde m'a appris à aimer voyager en solitaire : on fait plein de rencontres ! A propos de rencontre, j'aimerais bien te recroiser ici ou là et en chair et en os à mon retour en 2010, donc !
Cher Valclair, je me disais moi aussi récemment qu'il y a bien longtemps que nous ne nous sommes vus et oui, organisons-nous un blog-dîner de début d'année, avec grand plaisir. Je t'embrasse.
Hélas non, Traou... pourtant j'avais vraiment décidé, hein !!