Complètement à l’ouest
Par Traou le mercredi 8 juillet 2009, 20:18 - Bretagne - Lien permanent
Drôle de tournesol je fais, tourné vers l’ouest. Toujours à l’ouest. Mon soleil à moi est là-bas. Même quand il n’y en a pas (et pour ceux qui seraient tentés de faire des réflexions vaseuses, il y en a beaucoup du soleil ! Et je suis extrêmement susceptible sur ce sujet, tenez-le vous pour dit).
Mon menton se tend vers le couchant, et mon corps à sa suite. Il me faut lutter pour rester là où je suis, loin de mon ouest. Si ça se trouve, je dois être un peu penchée, tout le temps, flèche humaine pointant la côte découpée en forme de visage tout là-bas. On dirait un cri, une bouche hurlante. Ou juste qui avale à grandes goulées l’air du large, je ne sais.
C’est pour cela sans doute que ma tête penche de côté souvent. Pour écouter le bruissement du vent ou des vagues qui me parvient de là-bas, infime et essentiel. Le son de ma vie, couvrant celui de la ville, parce que gravé dans mes oreilles à jamais.
Dans mes yeux il y a les couleurs fauves et le bleu-gris-vert-noir de la mer des jours de colère. Jours de joie. Infinie. Je suis née de cette aquarelle-là, violente et pastel tout à la fois.
Je ne cesserai jamais de respirer des embruns imaginaires, des souvenirs d’algues, d’aspirer le vent salé même s’il est loin de moi et couvert par les odeurs du train souterrain qui étouffe. Le temps s’efface, l’espace se ratatine et je suis là-bas, tout le temps. Même quand je n’y suis pas. Bretagne est terre de légendes et de magie. Je l’emmène avec moi dans une goutte d’eau, un grain de poussière voltigeant, un rayon de lumière couleur lune, un cri d’oiseau inconnu. Tout me la rappelle. Tout m’y ramène. Pensée, corps, âme. Quand j’ai l’air heureux, c’est sans doute que je suis là-bas. Même si j’ai l’air d’être là, à cette terrasse de boulevard.
Bientôt, bientôt, très bientôt, les tours de roue du train vont m’emporter à l’ouest, rythmant mon bonheur grandissant. Enfin à l’ouest. Pause adorée. J’ai rendez-vous avec l’essence de moi. Chez moi. Nul autre endroit ne peut porter ce nom. Pourtant, là où je pars dans quelques jours, je resterai encore un peu penchée. Vers l’ouest. Encore un peu plus loin à l’ouest. La fin de la terre est mon aimant. La bouche ne hurle pas, en fait, elle m’appelle, elle chante, elle susurre des mots d’amour, elle m’aime sans doute aucun. Finistère est ma sirène.
Commentaires
Dis, tu viens chez les Gabians début septembre ? Y'aura du punch au sureau et on ira chercher du bois pour le feu dans la forêt de Brocéliande, dis que tu viens, dis...
Non seulement il y fait beau tous les jours, même ne fusse qu'un instant... et il y a la mer !
Chouette pour le départ imminent. Mon point cardinal est plutôt orienté sud-est, mais je comprends ton besoin de si bel ouest aussi !
Bien sûr que notre bout de terre n'est pas avare de soleil, sinon la végétation ne s'y montrerait pas aussi exotique ! Et bientôt le festival de Cornouaille, avec ses bagadoù exaltants
Dans le Pays de la Sardine Masquée, où je me trouve provisoirement, souffle aujourd'hui un vent frais et doux d'ouest-nord-ouest, qui deviendra dans la nuit vent du nord-nord-ouest : je veux imaginer qu'en provenance de ton Finis Terrae. Grosses bises maritimes.
Ah bin ! on respire mieux, d'un coup ;-))
Bises.
Je suis contente que tu y sois, à l'ouest.
Mon ouest à moi c'est un peu plus au sud, mais je crois que nous avons le même attachement, et le même manque dès que nous nous éloignons...
Je voulais te dire que je suis passée par chez toi. Non, pas à l'ouest. Juste ici
eh ben, nous v'là toutes deux à l' ouest car suis revenue du nord ......si tu descends un peu au sud.....de l' ouest , fais-moi signe !