Etrange maladie

J’avais oublié les symptômes. A quel point ça submerge, vague invincible contre laquelle on ne peut rien. J’avais oublié les nuits agitées pleines de songes dont on ne sait au réveil s’ils furent des rêves terrifiants ou des cauchemars gais.

J’avais oublié cette boule au creux du ventre qui s’alourdit ou s’allège au fil des heures, au fil des pensées, au fil du mal qui ronge.

J’avais oublié la faim inassouvie d’un impossible met, et qu’on ne parvient plus à se nourrir. A boire, si, et il vaudrait mieux pas.

J’avais oublié les pensées folles, les « si » et les « mais », les paroles espérées qui ne viendront pas, l’espoir trop bref qui s’envole avant de revenir à la terre ferme du découragement.

J’avais oublié la fièvre insupportable qui dévaste, la fuite impossible. Rester là et attendre que ça passe car aucun médicament ne soulage. Le seul remède au mal en est sa cause, et il ne peut être prescrit.

Trouver des dérivatifs pour penser à autre chose qu’à cet Autre qui a allumé les flammes inextinguibles, qui a ouvert la porte du congélateur où était enfermé un cœur. Depuis si longtemps. Alors l’énergie qu’on aurait voulu consacrer à L’aimer, décuplée, affolante, la mettre au service de cartons de déménagement, s’épuiser. Et espérer l’eau bretonne glaciale dans quelques semaines pour calmer le feu. Un peu.

Commentaires

1. Le dimanche 28 juin 2009, 12:14 par Pablo

Quand on est malade comme ça, l'écriture (qui s'en ressent, forcément : en bien) est un remède qui ne guérit pas, mais qui peut-être t'aidera à tenir. Courage.

2. Le dimanche 28 juin 2009, 12:22 par La Sardine Masquée du Port

Fais confiance à l'eau bretonne : elle est toujours glaciale :-)
Pour l'énergie, tant mieux pour les cartons : ils sont la réalité du monde
Comme le changement, l'espoir et la peine
Zut, je n'ai donc pas de remède miracle à t'offrir, tant pis, j'te fais juste une bise douce alors

3. Le dimanche 28 juin 2009, 13:48 par Le Monolecte

Et juste tout lui dire, histoire de ne pas passer à côté de quelque chose? C'est une option intéressante, non?
La vie est courte, ne la passons pas à nous planter et à regretter.

4. Le dimanche 28 juin 2009, 16:22 par Pierre

Je m'disais bien qu'il vaut mieux éviter de s'approcher de ce genre de rivages, les reflux sont redoutables...

Le seul remède au mal en est sa cause, et il ne peut être prescrit. Ouais, c'est super bien dit !

Euh... tout ce qu'on peut dire dans ce cas là c'est que ça finira par passer. Un jour... (et le pire c'est que ce n'est même pas réjouissant)

5. Le dimanche 28 juin 2009, 16:46 par Traou

Ami Pablo merci, en fait, écrire ce billet me met étrangement dans une position d'observatrice, et... c'est intéressant. Bizarre...

Sardine, "glaciale" était une licence poétique, bien sûr. Disons que je l'espère glaciale car elle est tout juste fraiche et vivifiante. Chez toi l'eau est chaude, c'est autre chose ;-)

J'y ai songé, Monolecte, mais je crois qu'il sait... et dans la mesure où il a quelqu'un dans sa vie, je me l'interdis.

Bonjour Pierre, je suis restée silencieuse mais j'ai lu avec intérêt chez toi les billets et commentaires consacrés aux méandres amoureux... Mais "éviter de s'approcher" me paraît impossible, car ces sentiments sont aussi violents qu'incontrôlables (si on peut contrôler, c'est que c'est autre chose qu'être amoureux...)

6. Le dimanche 28 juin 2009, 16:50 par Anne

Ah... douce et cruelle maladie.

Au moins, on s'y sent parfois glorieux, parfois misérable, mais vivant, non ?

7. Le lundi 29 juin 2009, 00:04 par gilda

Curieux, entre Thomas et toi en ce moment j'ai l'impression que vous vous répartissez le boulot d'écrire les billets que j'aurais pu.
Et j'en suis navrée pour vous.

8. Le lundi 29 juin 2009, 07:34 par Traou

Oui Anne, je la trouve plutôt cruelle que douce en ce moment. Mais vivante, oui (on peut même avoir un tout petit peu envie de mourir parfois, pas pour de vrai)

Euh, Gilda, je suis navrée pour Thomas que son RER ait été en panne et qu'il ait pété le miroir de sa salle de bains, mais je ne vois pas bien le rapport...

9. Le lundi 29 juin 2009, 08:58 par gilda

Bien sûr ça ne se situe pas du tout sur le même plan, c'est juste que l'un comme l'autre ressemblent aussi et par ailleurs à des éléments de ma vie de ces jours-ci, comme elle est ressentie.

10. Le lundi 29 juin 2009, 09:22 par luciole

Dans le registre des "et si" : Et si cet amour là, était là juste pour entrainer ton cœur, un amour impossible, "sans risque" donc mais qui offre tous les registres, un amour qui met à l'épreuve une partie de soi, une épreuve nécessaire pour être prête pour la suite. La suite, ce pourrait être un bel amour possible qui va te tomber sur le coin du cœur ... Je dis ça, et je me rend bien compte de ma propre projection par rapport à ce que j'ai vécu, juste avant de rencontrer mon IL.

Quoi qu'il arrive, je t'envoies toutes les ondes positives dont je suis capable. Bises...

11. Le lundi 29 juin 2009, 16:10 par Fauvette

Finalement les cartons cela prend du temps, mais cela occupe l'esprit et les mains non ? Contre les pensées trop tristes et noires.

Ne te décourage pas Traou, tomber en amour ce n'est pas une maladie.
Juste que là, c'est pas de bol...

Je t'embrasse.

12. Le lundi 29 juin 2009, 19:46 par mitsou

Traou je suis avec toi de tout mon coeur ! l'horreur de tomber en amour impossible ! merde merde merde !!!!!!!!!!!! et puis zut encore une épreuve grrrrrrrrrrrrr
je sais bien comment c'est pas facile va!
mais ça veut dire qu'on est encore vivantes ! oups !

13. Le mardi 30 juin 2009, 07:14 par Le Yéti

Bonjour, chère Traou.

(Oui, ce commentaire est juste pour dire "bonjour". Ce n'est pas beaucoup, mais je me suis dit que ce pourrait être une sorte de médicament générique contre les "étranges maladies" et tous les "bleus" du chemin. Eh oui, je lis tous tes billets...)

Donc, bien le "bonjour" à tous !

14. Le mercredi 1 juillet 2009, 17:58 par Patrick

Bonjour toi,

je n'insisterai donc pas sur la magie des macarons, du coup.
Mais le cœur y est.

Des bisous, alors.

Pleins.

15. Le mardi 7 juillet 2009, 10:44 par vieil anar

Ces mouvements de l'âme, si précieux, et si chers dans tous les sens du terme,... c'est comme les vagues au pied de la falaise ! Ca dépend de la marée..., mais les grandes vagues insondables d'équinoxe, venues de si loin.., ça dépend si tu es de calcaire ou de granit, ça peut nous faire Etretat ou le Cap Finistère...!!

De toutes manières, le ressac continuera... Ca dépend souvent de la consistance de la falaise,...oui, je sais la licence poétique est un peu courte, mais la marée reste aggressive, libre et somptueuse, et c'est sans doute pour ça que je préfèrerai toujours l'Atlantique à la Méditterranée...! :-)