Mal du pays

Il y a parfois des évidences qui prennent leur temps pour arriver jusqu’à la conscience. Comme des graines que l’on aurait semées il y a longtemps, parfois même à notre insu, et oubliées. Les saisons ont passé, quelquefois les années, la graine a germé, poussé timidement, affronté le temps et les intempéries. Une pousse est sortie de terre que l’on n’a même pas vue, un bourgeon minuscule est apparu auquel on n’a pas prêté attention, il s’est étoffé courageusement, a grossi et profité, et tout a coup une fleur s’est ouverte qu’on découvre soudainement et avec stupéfaction parce qu’on ne se souvenait pas avoir planté quelque chose de semblable, que l’on a nourri et encouragé en toute inconscience.

J’ai vu éclore ces dernières semaines une fleur imprévue dans ma conscience, venue d’une graine lointaine et souterraine, invisible et pourtant aujourd’hui si évidente.

Je m’amuse aujourd’hui à en retracer le chemin, à chercher des indices qui auraient dû me mettre la puce à l’oreille, mais sans doute n’étais-je pas prête alors à accepter cette fleur à venir, elle devait prendre son temps pour que je la cueille, ou que j’en espère le fruit.

C’est drôle, c’est peut-être à Boulet que je dois d’avoir permis à cette fleur d’éclore. Et même si je sais qu’on peut faire son miel de tout et que je suis même assez douée pour ça, cela ne cesse jamais de m’étonner que d’un mal sorte un bien (et inversement).

L’affaire Boulet a connu quelques rebondissements ces derniers jours, à savoir que je me suis rendue compte que Boss – pour qui j’ai toujours eu la plus grande estime – devenait d’un coup plus indulgent avec Boulet de façon étonnante, et faisait un peu marche arrière dans la reprise en main prévue du bonhomme. Je n’ai pas tardé à comprendre qu’il avait profité des relations de Boulet pour lui demander un service personnel (une recommandation familiale auprès d’un actionnaire influent…). Idem pour un autre de mes collègues autrefois fort virulent vis-à-vis de Boulet, et soudainement amadoué, qui m’a fait savoir qu’il n’était en rien solidaire de ma « croisade » désormais… Je me suis tout à coup sentie très seule avec ma bête intégrité et ai été prise d’une subite envie d’aller planter mes choux ailleurs. D’autant plus qu’il n’est pas exclu que Boulet, fort de ses nombreux soutiens, y compris de ceux qui étaient de mon avis il n’y a pas si longtemps, entreprenne maintenant de me mener la vie dure, voire de se débarrasser de l’empêcheuse de glander en rond que je suis. Et je me fais peu d’illusions sur le soutien que je pourrais attendre de ses obligés en ce cas…

J’ai donc, pour la première fois depuis 4 ans que je suis dans cette boite que j’aime (que j’aimais…) et dans laquelle je me suis épanouie professionnellement, envisagé une reconversion possible. Et pourquoi pas ailleurs ? Et pourquoi pas autrement ? Et pourquoi ne pas en profiter pour changer du tout au tout, si c’est possible, et m’éloigner de ce milieu assez féru de passe-droits, d’emplois de complaisance et de tout ce cirque malhonnête qui m’insupporte ?

A cela s’est ajoutée la question d’une amie chère qui vit fort loin et m’envoie de temps en temps des mails interrogateurs et chaleureusement préoccupés de moi. Dans le dernier, elle me demandait si j’étais heureuse… Je lui ai répondu que j’avais une vie plutôt agréable… plutôt pas désagréable, allez… Elle m’a demandé en retour ce qui pourrait me rendre vraiment heureuse, en dehors d’un compagnon aimant, bien sûr, puisqu’elle connaît ce manque qui est le mien actuellement. Je me suis posé la question à moi-même : qu’est-ce qui me rendrait VRAIMENT heureuse. Et la réponse s’est imposée à moi aussitôt : vivre auprès de la mer, chaque jour, en Bretagne. Oui, bien sûr.

Vivre auprès de la mer, c’est quelque chose que j’ai toujours envisagé pour plus tard, quand je serai en retraite… J’aime à dire que je finirai ma vie dans le Finistère. Partir là-bas est toujours un bonheur, en revenir chaque fois un crève-cœur plus grand (c’est pour cela que j’y vais peu, d’ailleurs). A lire certaine blogamie, parfois, je suis prise d’une énorme bouffée d’envie et de tristesse d’être si loin de ce pays aimé, mille petits indices de mon appartenance viscérale à cette région, et de mon envie d’y retourner.

Alors, écoeurée de l’affaire Boulet, envisageant de faire de ma vie autre chose, je me suis dit « Et pourquoi pas maintenant ? Pourquoi ne pas faire tout de suite ce qui te rendrait heureuse plutôt que d’envisager cela dans 20 ou 25 ans ??? »

Voilà la fleur qui est née dans mon esprit pas plus tard qu’il y a une dizaine de jours. Fleur d'une envie qui était enfouie en moi depuis fort longtemps, sans doute, et qui n'a d'ailleurs pas surpris une seconde les quelques amis à qui je m'en suis ouverte, timidement. Depuis je rêve et je commence à explorer les possibilités de rendre ce rêve réalité.

Je ne sais pas si cette fleur fructifiera. Je ne sais pas si cela se fera ni quand. Peut-être renoncerai-je ? Je m’octroie ce droit, aussi, si je ne trouve pas de solution satisfaisante. Je ne ferai rien à la légère ou sur un coup de tête. Il faut que j’envisage toutes les données nécessaires. Une reconversion professionnelle et personnelle, ce n’est pas rien. Aurai-je le courage de quitter Paris, cette ville que j’aime et j’habite depuis 26 ans, même si je la trouve parfois difficile à vivre ? Aurai-je le courage de quitter mes amis et de recréer un réseau social ailleurs ? Trouverai-je un boulot aussi passionnant que celui qui m’occupe actuellement ? Est-ce envisageable en célibataire (pas envie de me retrouver dépressive au bout de trois mois pour cause de solitude insupportable, faute de compagnon et d'amis; à Paris, je vois du monde...) ? Comment ? Quand ? Où ? Avec qui ? Plein de questions auxquelles je vais me donner le temps de trouver des réponses adéquates et des solutions. Mais le rêve est là. Et il n’est pas si utopique.

En tous cas, c’est certain : Traou a le mal du pays, je vous le dis.

Commentaires

1. Le lundi 14 juillet 2008, 19:56 par Valérie de Haute Savoie

Je ne te connais que par ce blog, mais c'est vrai que lorsque tu évoques la Bretagne il est clair que tu parles de ton pays.

2. Le lundi 14 juillet 2008, 21:16 par telle

Eh bien, j'allais écrire la même chose que Valérie, que - pour nous - il est évident que tu as le mal de TON pays. Ce pseudo déjà et puis tes billets bisannuels sur tes vacances...

Pourquoi en effet remettre à la retraite ce que tu pourrais faire dès à présent ? mais à ta place, plus que la solitude, je craindrais de ne pas retrouver un travail aussi intéressant. Ne te précipite pas, tu as raison, prends ton temps pour que la transition ne soit pas trop rude.

3. Le mardi 15 juillet 2008, 02:10 par gilda ou La Grande Ville y a que ça de vrai

Bientôt donc, un nouvel écrivain breton in situ. (pardon pour l'absence de féminin, mais écrivaine, je coince). Romancière ?

Se méfier cependant que Son Pays n'est pas le même en hiver, et les trois mêmes personnes qu'on croise sans arrêt, et l'évolution des mentalités qui dans la grande ville va plus vite que dans les petites et parfois peut faire mal et qu'on se sente (même en vivant à deux) terriblement isolés. Se méfier des endroits où aucun endroit n'est ouvert le soir ou la nuit tard pour se consoler du reste du monde. Se méfier du prix du TGV. (tu dois te douter, je connais plusieurs personnes qui ont brisé leur rêve sur le quotidien de leur coin et le pire après c'est qu'elles n'ont plus de pays où aller ; je connais deux succès : ma soeur de famille - mais elle n'aime pas mener une vie vivante et son conformisme sied parfaitement aux couleurs locales de sa localité et ... Olivier Adam (mais il était déjà écrivain et bien "à l'ouest" ;-) en arrivant). Quitte Paris le temps nécessaire pour te refaire une santé et oublier Boulet et tous ses clones, mais tâche d'y garder un petit pied-à-terre.

PS : Il existe probablement des Boulet Bretons non délocalisés et le pire c'est que sur place ils sont incontournables. PS' : C'est pas le moment d'ouvrir une librairie, vu les menaces sur le prix du livre PS'' : Ça se voit tant que ça que j'ai pas envie que tu quittes vraiment Paris ?

4. Le mardi 15 juillet 2008, 09:47 par Le Monolecte

Toujours vivre là où l'on doit être... et en accepter le prix. Quand j'ai quitté Paris pour le bled, nos potes nous ont traités de fous... c'est sûr que le retour n'a pas été glorieux : personne ne t'attends et le taff (surtout qualifié et encore plus correctement payé) se fait parfois très rare en province.

D'un autre côté, avec beaucoup moins d'argent, on vit bien mieux que nos potes restés en Île de France... pas une question de confort matériel, mais d'art de vivre. Maintenant, peut-être que ton compagnon supporterait le voyage ;-)

5. Le mardi 15 juillet 2008, 11:57 par Anne

C'est un joli rêve accessible... et si tu embauches prochainement, ne m'oublies pas !! (Pas avec Boulet, hein, au bord de la mer !)

6. Le mardi 15 juillet 2008, 13:07 par Pablo

Plus important encore que les réponses et les solutions, il est essentiel de (se) poser les bonnes questions et tu le fais très bien ! Les tiennes me semblent un excellent point de départ et je te sens optimiste ; je suis sûr que tu vas finir par trouver les solutions à tous les problèmes que tu te poses (dans un sens ou dans l'autre...).

(Quant aux objections de Gilda et son avis sur la (les) Grande(s) Ville(s), je ne les partage pas vraiment... mais je comprends bien pourquoi elle ne veut pas que tu partes ailleurs... ! Sinon, j'ai lu l'autre jour, je ne sais plus très bien où, que dans des périodes de crise économique comme celle-ci, les gens voyagent moins, par exemple, mais lisent davantage, et que le monde éditorial est de ceux qui ne voient guère de différence avec les périodes de soi-disant prospérité...).

7. Le mardi 15 juillet 2008, 13:54 par Madeleine

Tu as déjà dû te le faire non ? le coup de la feuille de papier où on pose d'un côté les "pour" et de l'autre les "contre" de l'affaire !
Ici, 6 ans plus tard, on ne regrette pas notre choix (avec pourtant à la clé ma perte d'emploi). Les soucis qu'on a quelquefois, auraient été identiques ailleurs !
Mais je ne suis pas restée 26 ans au même endroit, 12 fut le maximum :) Juste un avis supplémentaire : ne pas demander conseil aux proches. Ils ne seraient certainement pas objectifs !

8. Le mardi 15 juillet 2008, 19:18 par La Sardine Masquée du Port

Cherche pas, pense pas, il y aura toujours des raisons de ci et des raisons de ça, cherche pas, casse-toi, vas-y, au pire, il sera toujours temps de voir plus tard. Pour ce que tu livres de toi, tu n'as pas grand-chose à perdre. A part des boulets.

9. Le mardi 15 juillet 2008, 22:29 par Traou

Oui, Valérie, je suis autant de Bretagne que toi de ta région affirmée, même si j'ai quitté la mienne il y a longtemps...

Je vais tourner cette pensée plus de 7 fois dans ma tête avant de sauter le pas, Telle, merci de tes conseils amicaux

Gilda, je te soupçonne quand même de noircir le tableau un chouïa ;-) Tu viendras me voir là-bas, allez (et ce n'est certainement pas pour tout de suite)

Je sais, Monolecte, que la qualité de vie est sûrement incomparable, il faut cependant que je l'organise un peu avant (un compagnon ? Où ça un compagnon ? Tu as quelqu'un à me présenter ? :-) )

Ah oui, Anne, venez avec moi, on va créer une colonie de blogueurs au bord de la mer (ce serait parfait pour Cro-Mignonne !)

Il est certain, Pablo, que j'aimerais que les mots m'accompagnent sur ce chemin. Un nouveau métier lié aux mots... je suis songeuse...

J'en suis au tout début de ma réflexion, Madeleine, je ne sais trop où elle mènera, je ne sais pas si elle est encore tout à fait rationnelle... Mais les exemples que j'ai comme le vôtre sont dans l'ensemble positifs...

Hola, Sardine, comme tu y vas !... Non, je n'ai nulle intention de me "casser", purement et simplement, sous peine de me "casser", en mille morceaux peut-être. Je prendrai mon temps pour ne pas atterrir n'importe comment et le regretter. Et je ne savais pas que ce que je livrais de moi donnait cette image d'avoir si peu à perdre (???)... Si, j'ai à perdre : un boulot plus qu'intéressant, des amis, des sorties passionnantes, des habitudes de vie agréables, 26 ans de ma vie à remettre en question, ce n'est pas rien...

10. Le mardi 15 juillet 2008, 23:27 par La Sardine Masquée du Port

Si je disais cela, avec ma délicatesse coutumière, c'est que lorsque l'envie de partir est là, elle n'y est jamais pour rien. Il y a sans doute mille raisons de te sentir bien dans ton cadre de vie, mais justement parce que tu t'y sens bien ce sera difficile de s'en évader. Et que parfois, il semble que l'on doive casser ce qui est confortable pour aller vers ce qui est essentiel.

11. Le mercredi 16 juillet 2008, 08:48 par Cécile

... ma Dame Traou ... allez, vient on va voir la mer. tu me raconteras tout ça et je ferai de la magie noir en sculptant un boulet dans une patate, on le fera griller apres lui avoir planté des punaises et des pieux dans la tete. Je "plaisante" mais ... tu veux un dessin de Lulu? Une soirée autour d'une bouteille? faire du velo cul nu ?

12. Le mercredi 16 juillet 2008, 16:11 par Levraoueg

Premier commentaire alors que je passe régulièrement par ici, car j'ai moi-même fait ce pas il y a quelques mois, après pas mal d'années à Paris et ne le regrette pas. Cela dit je suis certainement de nature beaucoup plus solitaire... Quoi qu'il en soit, un départ à l'âge de la retraite ne me paraît pas une bonne idée, même s'il ya bien sûr d'autres activités que rémunérées pour se créer des relations... Si on doit partir, autant le faire légèrement, sans prendre tout ça au tragique, en se disant : "j'essaie et si je ne me plais pas là-bas, je reviendrai"

13. Le mercredi 16 juillet 2008, 23:43 par la JD

En1998, je me trouvais en Normandie, région magnifique mais je déprimais à fond seule avec mes deux fille de 1 et 5 ans suite au départ de mon mari lors de la grossesse de ma deuxieme fille

Au bout d'un an, j'ai tout plaqué, vendu les quelques meubles qui me restaient apres le divorce.

Nous sommes retournées dans ma ville natale squatter une chambre dans le minuscule appartement de mon pere. Mais j'avais des repaires, ceux de mon enfance, ma jeunesse, et 8 ans apres, j'ai un boulot, un appartement et deux filles épanouies.

Alors si tu hésites encore à te lancer, lis ce livre dont tu as du entendre parler Mange, prie , Aime de Elizabeth Gilbert

Que la force soit avec toi

je te lis depuis longtemps et cette fois ci j'ose te laisser un message

14. Le jeudi 17 juillet 2008, 10:39 par lamo

je me lance aussi pour la 1ère fois alors que je te suis dans l'ombre depuis presque un an...tu écris si bien ! il faut croire que cette envie de partir en titille plus d'un ! j'aime cette sensation de me "jeter dans le vide" bien que vide il n'y ait jamais ! et puis apparemment tes bagages sont solides et puis des gens il y en a partout, des cons, des sympas, des amoureux potentiels...mais la vie passe vite, il faut saisir ce qui peut te rendre heureuse, personne ne le fera à ta place !

15. Le jeudi 17 juillet 2008, 14:12 par La Sardine Masquée du Port

Voilà qui est dit avec infiniment plus de subtilité que mon message mais c'est exactement ce que je voulais dire. Le temps est court. bises plein

16. Le jeudi 17 juillet 2008, 14:47 par Traou

Pas de souci, chère Sardine, tu as ta façon "vivifiante" (et marseillaise) de dire les choses. Moi chuis bretonne, il me faut le temps de comprendre ton assent, peuchère ! :-)

Cécile : je dis ooouuuuiiii au dessin de Lulu la princesse et à la soirée autour d'une bouteille (j'arrive bientôt, rendez-vous par mail). Pour le vélo cul-nu, p'têtre (si on vide une deuxième bouteille, j'dis pas)

Et bien, on dirait que ce sujet fait sortir certaines commentatrices de leur silence, j'en suis ravie et bienvenue à Levraoueg (très beau nom) et lamo. Peut-être à bientôt sous d'autres cieux et merci de vos encouragements et réflexions précieuses. JD, nous nous connaissons déjà un peu par blogs interposés. Merci pour la référence de ce livre, cela m'a l'air tout à fait intéressant, je crois que je vais l'emporter en vacances (bretonnes comme il se doit).

Et encore une bise pour Sardine pour ne pas qu'elle s'inquiète, j'ai tout bien compris, maintenant ! ;-)

17. Le jeudi 17 juillet 2008, 21:15 par anita

La seule façon de savoir si c'est, ou non, une erreur... c'est de la faire! une réponse par mail, plus ample. Des bises, ici aussi.

18. Le dimanche 20 juillet 2008, 19:33 par Chondre

Tati Chondre te dirait, en ces temps de crise, de péter un bon coup et de bien peser le pour et le contre...

19. Le dimanche 20 juillet 2008, 20:44 par alainx

"ce milieu assez féru de passe-droits, d’emplois de complaisance et de tout ce cirque malhonnête qui m’insupporte ?"

Parce que tu crois qu'ailleurs ça sera différent

20. Le lundi 21 juillet 2008, 10:12 par Traou

Merci Anita, j'espère me rendre compte si je la fais, que ce n'en était pas une... ;-) Et je ne m'attends pas non plus à ce que ce soit facile et évident tout de suite... A suivre, ici ou ailleurs.

Vi, Tati Chondre, je f'rai bien attention et je mettrai mon cache-nez, et je ne parlerai pas aux inconnus (chuis mal barrée...) :-)

alainx, je ne crois pas que vous connaissiez le milieu dans lequel je travaille... et j'ai connu suffisamment d'expériences professionnelles depuis plus de 20 ans pour vous dire que oui, cela peut être différent. En tous cas je veux me diriger vers un mode de travail différent dont je ne parle pas ici pour l'instant.

21. Le mercredi 23 juillet 2008, 16:37 par stef

Bonjour TRAOU MAD,

Première fois que j'écris sur ton blog, même si je te lis bien régulièrement (au fait, j'ai le même chat que toi). Mais comme tu t'apprêtes à changer de vie, je me permets de te donner quelques impressions. Je suis bretonne et je vis à Rennes, et je peux te dire que par mes activités, je sais plutôt bien ce qu'il se passe en BZH. J'ai cru deviner que tu bossais dans le domaine culturel (Festival de connes©, écriture..) ou artistique.

Je peux te dire que la création artistique foisonne et pullule en Bretagne et cela n'a rien à voir avec le folklore biniou, qui est sympa au demeurant, mais c'est toujours cet aspect des choses qui est communiqué vers l'extérieur. Non, pour tous ceux qui ont une fibre culturelle et artistique, la Bretagne, c'est le paradis. Je ne m'étale pas pour faire court. Je me permets de te conseiller de te rendre à la Maison de la Bretagne à Paris (près de la gare Montparnasse). Avec le changement des locaux, elle s'est vue attribuée des nouvelles missions par le Conseil régional de Bretagne. Missions axées sur le développement économique et culturel. Tu y trouveras des conseillers qui t'aideront à t'y établir, te renseigneront sur les réseaux, les acteurs, les forces vives sur place. Bref, être Bretonne (d'origine ou d'adoption), c'est forcément faire partie d'un réseau, d'une diaspora, d'une communauté de solidarité, on se soutient. Et ne t'inquiète pas tu te feras des amis en un rien de temps, ça bouge beaucoup, y'a du monde, une population qui ne cesse de croître, c'est très vivant.

On peut échanger plus longuement à ta guise.

22. Le vendredi 25 juillet 2008, 07:40 par el ryu

salut madame, né en Bretagne profonde, celle de tout au bout au loin là bas, je l'ai quitté à 20 ans pour l'étranger puis la capitale pour finalement y remettre les pieds 17 ans plus tard à contre cœur forcé par le destin et le fameux coup du sort bien connu de tous, qui font que parfois une famille s'agrandit en passant d'un seul coup de deux à quatre éléments sans que jamais l'ambition n'y soit pour quelque chose, je peux peut te dire que en fait tout compte fait et bien réfléchit, c'est pas mal le bord de l'eau même si parfois l'odeur du caoutchouc brulé du métro parisien me manque.

par contre des fois on s'emmerde un peu...

23. Le vendredi 25 juillet 2008, 16:48 par luciole

Quand j'ai quitté Paris, j'avais 23 ans, je voulais devenir comédienne et j'ai quitté paris. Tout le monde m'a dit que j'étais folle. Mais moi je m'en fichais. Exactement comme toi aujourd'hui, j'en étais venu à me demander ce qui me rendrait heureuse et ma réponse avait été : " vivre au bord de la mer". Je n'avais pas de racine, nulle part, juste une amie prête à m'héberger le temps nécessaire et elle était à Nice. C'est comme ça que ça c'est fait. Pendant dix ans, j'ai vécu heureuse au bord de la mer, j'ai pu devenir comédienne et même plus, j'ai été amoureuse, et j'ai bien profité du bord de mer. Depuis tu sais que je suis revenue vers Paris, et tu sais pourquoi ... Si j'ai bien des bonheurs dans ma vie d'aujourd'hui, je ne les dois pas à Paris mais à ceux qui m'entourent. Et je crois que dès que ce sera à nouveau possible, j'essaierai d'entraîner mon petit monde vers le bord de mer. Alors je te comprend, en plus l'Atlantique, c'est quand même autre chose que la Méditerranée, obligé que ça manque ! bises !

24. Le vendredi 25 juillet 2008, 20:23 par Traou

Bonjour Stef et merci du conseil pour la Maison de la Bretagne, c'est une très bonne idée. Bon, je ne "m'apprête pas" encore à... j'en suis encore à la phase "j'envisage de..." mais je serais ravie d'échanger plus longuement avec toi sur ce sujet quand cela se concrétisera plus (mon mail est traou(at)traou(point)net, tu ne m'as pas laissé le tien avec ton commentaire). A bientôt ici ou là-bas !

Bienvenue également el ryu. "des fois on s'emmerde un peu" ? Ben oui mais en même temps quand ils s'emmerdent, ça donne l'idée à certains d'ouvrir un blog et d'y écrire de beaux et bons (et longs) billets ;-)

Dis-donc Luciole, si tu retournes vers la Méditerranée et moi vers l'Atlantique (voire la Manche), heureusement qu'on aura les blogs pour ne pas être trop éloignées (parce que pour les Paris-Carnets ça sera plus compliqué...) Un baiser de Bretagne à tous les trois, je suis là-bas depuis hier, l'eau est délicieuse !

25. Le samedi 26 juillet 2008, 10:07 par François Granger

Aurai-je voix au chapitre pour la destination ?

;-)

26. Le samedi 26 juillet 2008, 11:23 par luciole

J'ai pas dit que je voulais retourner au bord de la Méditerranée, mais au bord de la mer. Alors qui sait ? On ne sera peut être pas si loin que ça ;-).

François : Je te laisse le choix du bord de mer, pourvu qu'il y ai la mer ;-), c'est déjà bien non ?

27. Le samedi 26 juillet 2008, 13:34 par Chouchenn

oh lala traou depuis la lecture il ya qq jours de votre article je ne fais que penser a lui (votre article) et a vous. la vie est bien plus douce en bretagne qu'a paris, a loyer egal vous aurez plus de metres carres etc etc vous me voyez arriver avec mes gros sabots... et puis rencontrer du monde en bretagne est je trouve tres simple. il suffit de se donner un peu de temps pour faire ce qu'on aimerait faire (chanter, faire du sport, apprendre le breton ou les danses...) et vous rencontrerez des gens vite et en plus ils auront au moins un point commun avec vous. evidemment au bout de plus de 20 ans vous connaissez du monde a paris, evidemment ca sera un creve coeur de quitter vos amis, vos habitudes etc mais rapidement vous rencontrerez d'autres gens sur votre nouveau lieu d'habitation. en clair vous avez compris moi je plaide pour le retour au pays sans hesitation. souvent je me suis demandee "et si mon boulot se deplacait a paris" qu'est ce que je ferai? et bien je changerai de boulot. je ne peux pas m'imaginer dans cet anonymat complet au milieu de millions de personnes, en train de courir sous terre pour attraper mon metro. effectivement a paris vous avez pleins de boutiques qui m'ont revee (de tissus, de merceries), ici c'est devenu le demi desert et pourtant je vis dans la sixieme ville de france. mais tant pis il y a internet et ses commandes possibles. deja a nantes qui mute, change, s'aggrandit je ne reconnais plus ma ville, elle devient trop grande, on a des soucis d'embouteillages, de logements, de temps de transports etc alors a paris..... je n'ose imaginer. moi je lorgne sur une ville plus petite entre brest et vannes maintenant. si vous voulez que je vous envoie des petites annonces de travail ou de logements en loire atlantique, dites le moi je vous posterai tout ca. et n'oubliez pas..... bevet Breizh!!!

28. Le lundi 28 juillet 2008, 12:09 par Fauvette

Traou, elle est bonne l'eau ? Tu te baignes toujours tôt le matin ?

J'avais peur que ton billet lance l'éternel débat, Paris-c'est pas bien, y'a que chez nous-que- c'est bien... Mais non. Et ouf...

Je comprends ton ras-le-bol de ton environnement prof., et que l'idée de partir vivre au bord de la mer, dans ta chère Bretagne se soit pointée. Et pourquoi pas ? Je te fais confiance, je sais que tu prendras le temps, que si tu tiens une idée tu vas la bichonner et te faire une jolie petite vie sympa. Changer de vie ? Mais pourquoi pas ?

Et on ira te voir bien sûr !

(Nous sommes rentrés hier soir, mais allons certainement repartir quelques jours du côté de l'Atlantique...) Je t'embrasse Traou.

29. Le mardi 29 juillet 2008, 11:40 par zélie

Suis ton coeur, fais ce que tu as envie de faire, c'est là où est la vérité, bon, ça fait culcul, mais c'est vrai.

30. Le lundi 11 août 2008, 12:55 par Kab-Aod

J'habite le Finistère depuis peu, réalisant ainsi un bien vieux rêve (j'ai habité entre-temps la Normandie et l'Alsace, pour faire court ; j'ai aussi connu Paris quelques mois...) L'identité bretonne possède une telle variété de forces que je me suis très vite senti adopté et acteur. Le modèle parisien, en comparaison, me semble bien creux et stérile. La vie est trop courte pour croupir au mauvais endroit.

31. Le mardi 12 août 2008, 15:35 par Traou

Petit passage express de retour de Bretagne (hmmmmm.... c'était tellement bon), avant de repartir ailleurs, plus au sud.

Luciole et François, venez donc du côté du Finistère, l'air y serait merveilleux pour la Merveille (jdc jdr...) ;-)

Chouchenn et Kab Aod, merci, mille mercis pour vos témoignages. Cela m'encourage, et ma petite tête travaille sur ce projet. Et si j'arrive par chez vous, je vous rendrai visite !

Hello Fauvette, l'eau était délicieuse, à toute heure ! On se raconte nos vacances respectives fin août. Bises à tous les deux.

Zélie, ce n'est pas du tout cucul, c'est exactement ce que je ressens, sauf qu'il faut mâtiner le coeur d'un peu de raison pour ne pas se retrouver le bec dans l'eau. Merci à toi !

32. Le mercredi 13 août 2008, 20:25 par ko

Un coucou un peu timide, ça fait si longtemps que je ne suis pas passée par chez toi, Dame Traou... je reviens, et paf ! un billet qui m'interpelle fort (mais aussi, j'aurai pu m'en douter, et revenir plus tôt : j'ai dû en rater plein... !)

Je ne sais pas si tu sais, mais je l'ai fait, ce grand petit saut, de quitter Paris pour revenir au pays (moi qui disais, dans ma toute jeunesse insouciante et péremptoire : plus ja-mais je pourrai vivre à Montpellier, plus-ja-mais !! Qu'on est bête, parfois...) : suite à une évolution fracassante dans ma vie, la question s'est posée : mais qu'est-ce que je veux de la vie ?

Et la réponse a fini par s'imposer : la mer, le soleil, la famille, les repères de toujours, les vignes, les garrigues, l'accent chantant... mon cher Languedoc. Je suis très heureuse aujourd'hui d'être de retour au pays, et pourtant, j'ai très fort aimé Paris. Et je peux à nouveau l'aimer aujourd'hui, quand j'y reviens de temps en temps y retrouver les amis, l'agitation, toussa... j'apprécie même le métro, c'est dire.

Voilà pour mon expérience :-)) Et comme a dit je ne sais plus qui, mais qui avait bien raison : de toute façon, rien ne t'empêche, un jour, de faire le chemin inverse, ou même d'aller voir encore ailleurs si la mer y est plus belle...

33. Le vendredi 22 août 2008, 08:04 par Franck

Bonjour Traou,

Je viens de parcourir ton blog. Tu as une sensibilité à fleur de peau. Tu es très touchante. La chance n'a pas l'air de t'avoir bcp souri. Mais la roue tourne.

Comme toi, j'aimerai quitter la grande ville mais que faire ? Je ne sais pas faire grand chose qui puisse s'adapter aux activités des côtes bretonnes. Et dépendraient de moi 3 autres personnes dont 2 petits.

Je suis sûr que nous devons être des milliers à vouloir quitter ces travails de neuneux et retrouver une vraie vie. Mais dans la société actuelle, dur dur de vivre avec rien, il faut assurer un minimum.

Je suis sûr que tu as songé à l'écriture. Tu as l'air assez à l'aise et ta prose se lit très agréablement. Fini les dimanches au bureau, début des dimanches sur la page blanche !

Kenavezo