Cadeau
Par Traou le lundi 19 mai 2008, 08:36 - Emotion(s) - Lien permanent
Samedi soir, je sortais de chez mon amie Mili, qui exposait encore quelques tableaux émouvants à l'occasion des journées portes ouvertes des ateliers de Belleville. Je profitai d'une accalmie brutale et ensoleillée entre deux accès d'orage pour me glisser dans la rue, essayant d'éviter de glisser dans la gadoue toute fraiche avec mes sandalettes incongrues. Les yeux rivés sur mes pieds, je ne l'ai pas vu tout de suite. En levant le nez vers le soleil bienvenu, tout à coup il était là. Bien fiché quelque part derrière le square de Belleville, il s'élevait en splendeur colorée. Cadeau.
Pendant quelques minutes rares, la rue a vécu en communion avec cette beauté, les gens s'interpellaient, se montraient les uns aux autres la merveille de soleil et de pluie, souriaient de ce partage, de ce paysage renouvelé. On faisait descendre les petites vieilles cachées derrière leurs fenêtre, juste pour voir, venez voir ! Les gens sortaient des cafés, leurs demis à la main, alertés par le bruissement soudain si vivant de la rue grise devenue lumière. Les plus petits riaient et regardaient étonnés les adultes qui d'un seul coup se mettaient à leur ressembler. J'ai pris par les épaules le petit monsieur sourd et toujours emmitouflé qui descendait la rue dans le mauvais sens et ignorait l'arc-en-ciel tout neuf. Il a eu un peu peur sûrement quand je l'ai fait pivoter, puis il m'a remercié, est resté bouche-bée quelques instants avant de reprendre son chemin tremblotant. A la porte de mon immeuble, j'ai vu sur le visage d'un voisin revêche un sourire d'enfant. Il a répondu à mon bonjour pour la première fois depuis 5 ans. A dit quelque chose d'incompréhensible dont je n'ai capté que le mot "beau".
Je suis rentrée chez moi le coeur léger, réconciliée en cet instant avec tout le reste de la vie.
PS : Oui je suis bien à Cannes, mais rien d'intéressant à dire pour le moment. Je n'ai vu ni Steven, ni Harrison, je boude. Ce soir, je monte les marches pour le film de James Gray "Two lovers", je suis contente de le voir.
Commentaires
Merci de partager ce souvenir ! L'air avait-il, aussi, une odeur... ?
Auras-tu la chance de voir "Home" d'Ursula Meier ? J'avais vu de son travail il y a 4 ans à La Rochelle, elle promettait très fort. Et quelque chose me dit qu'elle tient.
PS : J'aime ta façon incomparable de raconter Cââânnes, à la Pennac en somme
:-) !
ce quartier était fait pour toi. Aussi beau , aussi battements de coeur, aussi...
C'est parce que Traou raconte Cannes en note en bas de page, Gilda ?! (Ou c'est le fait de parler de son quartier en étant à Cannes ?) ((P.S.: J'allais mettre un ou deux smileys – je ne sais pas trop lesquels – mais comme je n'ai pas lu Pennac...))
>pablo. Ce que ne dit pas Traou, c'est que l'autre extrémité de l'arc en ciel était sur la Croisette. Une belle passerelle Belleville Cannes, pour éviter à notre hotesse d'abimer ses chaussures avant la montée des célèbres marches. Le titre indique clairement qu'en plus elle n'a pas eu à débourser un centime. Air France va asssigner Bouddha, Allah, Christ et consorts pour concurrence déloyale.
Ton explication me plaît bien, mikado
. En utilisant cette passerelle, on est au moins sûr(e) qu'Air France ne va pas égarer nos culottes 
.
(enfin, je dis nos mais on parle évidemment des tiennes, chère Traou – licence linguistique qui ne présumait rien sur la propriété légitime desdits complément vestimenatires !)
magnifique... rien qu'en lisant, je ressens toute l'émotion.
Héhé, à propos de Belleville - Cannes, si j'avais l'occasion d'emprunter une telle passerelle, monter les marches me semblerait bien anodin, après
ce n'est pas tous les jours qu'on pourrait grimper sur un arc-en-ciel!!
enfin, ce n'est que mon avis perso 
Magnifique ! Merci chouette cadeau.
Un arc-en-ciel nous ramène toujours vers le pays de l'enfance et de l'émerveillement. Le côté éphémère, fugace et chatoyant ?