Anna, encore

Dans le TGV. Retour Paris. En allant chercher une bouteille d’eau voiture 14, j’ai aperçu déjà deux fois « La Consolante » dans les mains de voyageuses. Elle est en route cette mystérieuse « consolante » dont je ne sais ce qu’elle est.

Moi je ne l’ai pas achetée. Pas encore. J’attends un peu. Quoi ? Je ne sais pas. De l’apporter à son auteur pour qu’elle y mette quelques mots. Sans faire la queue des heures pour cela. C’est possible ?

L’autre dimanche au Salon du Livre, une file d’attente serpentait sur des mètres et des mètres devant le stand du Dilettante. Quelques minutes avant l’évacuation qui a duré deux heures. Est-ce que ces gens ont attendu dehors interminablement sous la pluie pour reprendre une autre interminable attente ensuite ? Devant la jeune femme blonde si jolie au regard doux, appliquée à mettre quelques mots pour chacun sur l’énorme bouquin. Fait-elle toujours des dessins ? En a-t-elle encore le temps ? Je me souviens de la dédicace de « Ensemble, c’est tout » un jour dans un grand magasin parisien, au tout début de la sortie du livre, avant la déferlante du succès. Elle, son chien sur les genoux et ses crayons de couleur, délicate et attentive à chacun.

Dimanche dernier, j’étais non loin d’une porte au moment de l’alerte et je me suis sauvée. J’y aurais passé quelques 20 minutes dans ce fichu Salon, moins de temps que je n’ai attendu dehors pour passer le contrôle et arriver aux caisses… J’y venais pour une dédicace aussi, mais pas la sienne, celle d’un auteur ami à qui il m’arrive parfois d’offrir ses propres livres.

Anna Gavalda, je l’ai entendu l’autre matin sur Inter. Elle a éclairé ma journée de quelques mots. Elle dit être plus à l’aise à l’écrit qu’à l’oral. Peut-être. Mais dans ces quelques phrases maladroites (pas tant que ça), il y avait un trésor, alors…

La journaliste faisait remarquer que le héros de son nouveau livre était « amoché par la vie ». Et Anna, de sa douce voix a dit « Mais c’est bien d’être amoché… ».

Je ne saurais retranscrire ses exacts propos et j’espère ne pas trop les déformer, mais je me souviens qu’elle disait que la vie n’est pas facile, qu’on est TOUS amochés, et que c’est tant mieux. Parce que c’est comme ça qu’on avance, comme ça qu’on ressent, comme ça qu’on est vivant.

Et moi, j’ai arrêté de me brosser les dents, la bouche pleine de dentifrice, pour l’écouter et je me suis dit « chapeau ». Est-ce que ce n’est pas incroyable d’entendre de tels propos comme ça le matin, à la radio, où l’on a plutôt l’habitude d’avoir des micros tendus vers des plaintes…

Bien sûr, certains objecteront qu’il est plus facile de dire « tant mieux » quand on a une vie « facile » (mais quelle vie est facile ?) et tant de succès, et l’on sait trop bien qu’il en est plein pour qui le quotidien est rempli d’insoutenable. Mais cette conscience-là que les difficultés sont inhérentes à la vie et qu’elles lui sont nécessaires, c’est incroyable de l’entendre exprimer de cette façon si simple, si évidente. Alors merci pour ça. Et tiens, parce que je sais qu'elle l'aime aussi, un peu de Sempé, pour faire du bien à ceux pour qui c’est difficile en ce moment.

Sempé

Commentaires

1. Le lundi 24 mars 2008, 23:30 par Tralala

Jeudi, elle sera à Atout livre dans le XIIème... mais je me souviens de la queue quand Sempé (héhé) était venu, donc je ne sais si il faut te le conseiller

2. Le mercredi 26 mars 2008, 01:44 par gilda

En te lisant, je me sens stupide, j'aurais pu (en même temps tu aurais eu le plaisir de la dédicace mais sans celui de la rencontre et je comprends que ça n'a rien à voir) ; en même temps aussi je ne me suis pas sentie de rajouter ne serait-ce que dix secondes de plus à un marathon préalable en plus qu'un long trajet pour elle était envisagé. Veux-tu qu'en attendant je te prête un de mes nombreux :-) exemplaires ? Je partage ton admiration pour bien des raisons. Entre autre que le succès n'arrive jamais tout cuit, et celui d'Anna Gavalda ne lui est pas arrivé par simple bonne fortune. Travail, respect des lecteurs et libraires. Les temps durs et les moments difficiles, elle aussi les connaît.

Ton billet m'a fait tant plaisir à lire (mais tu le sais).

3. Le mercredi 26 mars 2008, 01:46 par gilda

PS : C'était quand "l'autre matin" ?

4. Le mercredi 26 mars 2008, 12:56 par Madeleine

Merci pour ce joli billet ; j'avais raté cette sortie !!!

5. Le jeudi 27 mars 2008, 12:51 par Pablo

Si j'ai bien compris en lisant ce billet et celui de Gilda de l'autre jour, vous étiez de façon simultanée mais indépendante au Salon du Livre ? Merci à toutes les deux de continuer de parler de Gavalda, en tout cas.

(Traou, j'avais pris une photo sur les remparts de St.-Malo pour toi le 10 juin dernier, avant de te rencontrer à Paris ; je l'ai postée (j'allais te dédicacer le texte qui l'accompagne, mais ça m'a semblé tellement prétentieux ! )

6. Le jeudi 27 mars 2008, 16:13 par Traou

Merci Tralala, je vais guetter une librairie confidentielle, et un peu plus tard dans l'année pour ne pas tomber au coeur du lancement du livre.

Gilda, je sais que nous partageons la même impression et le même sentiment amical pour cette si aimable dame. L'autre matin, c'était... la semaine dernière, lundi ? mardi ? Je ne sais pas trop, quelque part vers 8 heures...

Madeleine, tu es au fin fond de ta belle campagne sans info, sans journaux pour avoir loupé ça ?!!! :-)

Cher Pablo, je suis infiniment touchée de ton si beau texte, et serais honorée de cette dédicace. Merci et à très vite pour le prochain marathon (je te maile à ce sujet)

7. Le vendredi 28 mars 2008, 12:11 par gilda

Zut alors, trop tard pour une écoute en podcast (m'en vas quand même aller jeter un oeil, sait-on jamais).

Hé oui Pablo tu as tout compris, d'ailleurs c'est très drôle parce que c'est en lisant les uns et les autres ici ou là nos allusions à cette alerte à la bombe qui a modifié nos prévisions (de rencontres, d'écoutes de débats, de dédicaces ou bien d'achats) qu'on s'est rendus compte qu'on était tous (j'exagère) là-bas à ce moment-là.

8. Le dimanche 17 août 2008, 01:20 par Baïlili

Tu sais bien comme j'ai aimé ces précédents romans / nouvelles. Mais celui-ci, j'ai mis trois mois à le lire après un premier essai avorté et j'ai été déçue, à un point inimaginable ! Désolée, Miss Gavalda. Votre héros ne me touche pas du tout, ne m'apporte rien et m'a ennuyée plus que tout (pour que j'ai du mal à finir un bouquin !) Bises pour toi, Traou.