Didine

Je regrette de ne pas avoir fait plus tôt connaissance avec Didine. J’aurais pu en parler au moment où elle bénéficiait d’un peu plus de présence dans les salles… Qu’il est dommage qu’on ne laisse pas à de si jolis films la chance de s’installer. Si vous apercevez ce petit nom dans les pages de votre programme cinéma, n’hésitez pas à aller découvrir cette délicieuse personne.

C’est une comédie douce-amère. Un rien mélancolique. J’en suis sortie à la fois heureuse et un peu triste. J’ai mis quelques jours à comprendre pourquoi. Parce que « Didine » parle d’un sujet qui me touche singulièrement : la solitude. Et plus particulièrement de la solitude des femmes.

Didine, c’est Géraldine Pailhas, qui trouve enfin ici un rôle à la mesure de sa grâce. Didine est seule, vit seule, a des amants parfois, qu’elle ne rappelle pas. Comme le dit l’un d’entre eux, amer : de toute façon, qu’elle rappelle ou pas, elle s’en fout. Et elle n’a pas de portable. Elle est bien toute seule Didine, libre dit-elle simplement, sans le proclamer, doucement, en souriant. C’est tout.

Didine

Elle ne se fout pas de tout, non. Elle est réservée sans doute, gentille sans exubérance mais elle est attentive aux gens. A son amie Muriel (Julie Ferrier), femme de caractère, désespérée sexy, qui ne supporte pas la solitude d’après rupture, mais supportera encore moins celle du retour sans conviction de son homme auprès d’elle.

C’est l’attention de Didine à une vieille dame seule qui la fait recruter par une association pour rendre visite à des personnes âgées. Elle travaille seule chez elle, Didine, elle dessine des fleurs, elle a du temps. Et va, maladroite, boire du thé et écouter des souvenirs chez des plus seuls qu’elle.

C’est chez la redoutable Mme Mirepoix (divine Edith Scob, qu’elle est belle, mais qu’elle est belle ! J’ai eu la chance de la croiser l’autre jour à une projection du film d’Assayas « L’Heure d’été » et j’ai pris mon courage à deux mains pour aller la saluer sans oser tout à fait lui dire à quel point je l’admire, et la remercier un peu d’être si merveilleuse). Redoutable Madame Mirepoix, donc, acariâtre et méprisante, mais dotée d’un sublime neveu (Christopher Thompson) qui va susciter – enfin – l’amour chez Didine, bien qu’elle ait commencé leur relation en l’assommant avec une pelle !

J’ai aimé ce joli parcours, drôle et émouvant, de Didine, pas sûre d’elle, troublée, amoureuse, maladroite, La fin d’une solitude en marche, peut-être, entourée de celle des autres, inéluctable. Celle de Madame Mirepoix, si consciente de la marche cruelle du temps, méchante pour cela sans doute, qui se laissera quand même apprivoiser par Didine, celle de Muriel qui dit trop fort ne pouvoir vivre seule, celle de la vieille dame aux peluches pour seule famille… Et parfois des solitudes qui se trouvent, s’embrassent, se réconfortent. L’espoir.

Le film a été co-écrit par le réalisateur, Vincent Dietschy, et Anne Le Ny qui a signé par ailleurs son premier film cette année « Ceux qui restent ». Encore une histoire de solitude(s)… Mention spéciale à tous les comédiens, parfaits et touchants, Géraldine Pailhas – délicieuse Didine – en tête. J’ai aussi découvert Benjamin Biolay en acteur, aussi ébouriffé qu’en chanson. Il est formidable.

Je vous souhaite en tous cas de rencontrer Didine et d’y prendre autant de plaisir que moi.

Commentaires

1. Le mercredi 5 mars 2008, 22:33 par Tietie007

Bonne fin de semaine.

2. Le jeudi 6 mars 2008, 09:37 par Anne

En même temps, si on t'embauchait pour parler des films, ça donnerait sans doute plus envie d'aller les voir. Je suis sûre que ton billet est aussi joli que le film.

3. Le jeudi 6 mars 2008, 13:21 par Madeleine

Ah oui tu donnes envie mais ici je ne le verrai peut-être pas de si tôt ! Et il semble pouvoir entrer dans ma catégorie film de filles.

4. Le jeudi 6 mars 2008, 18:28 par hebedidon

oui je ne suis pas trop d'accord avec toi ; encore un film de bobo...

5. Le jeudi 6 mars 2008, 23:23 par nuages

Elle est très belle, cette petite note, Traou. Elle me donne envie d'aller voir ce film (je ne sais pas s'il passera dans ma ville, Bruxelles). J'aime aussi beaucoup Géraldine Pailhas (oserais-je dire qu'elle représente pour moi une sorte d'idéal féminin ? un peu comme Marie Rivière dans "Le Rayon vertt" de Rohmer, je ne sais pas si la comparaison est pertinente).

6. Le vendredi 7 mars 2008, 20:15 par Traou

Si j'ai pu vous donner l'envie d'y aller, Anne, Madeleine, Nuages, tant mieux...

Bon WE à Tippie (?)

Quant à l'anonyme "hebedidon", si vous repassez par ici, épargnez-moi par pitié la tarte à la crème du "film de bobo", merci ! Si un film de bobo c'est un film avec des émotions et sentiments subtils, du rire doux-amer, une évocation de la vieillesse et de la solitude délicate et sans pathos, alors vive les films de bobo ! (je note que c'est souvent le jugement péremptoire et simpliste de ceux qui n'ont rien d'autre à dire)

7. Le samedi 8 mars 2008, 17:26 par Pablo

Traou, j'aime toujours autant cette façon que tu as de voir un film vivre le cinéma. Merci encore — et je note le titre pour le futur.
(p.s. mon blog a changé d'adresse)

8. Le dimanche 9 mars 2008, 22:56 par Fauvette

Je l'ai raté à sa sortie, alors bonne nouvelle il est toujours programmé ? Tu me donnes une idée, merci Traou ! (Moi aussi j'apprécie Madame Scob, quelle belle personne !)