Sous ma couette
Par Traou le dimanche 24 février 2008, 17:04 - Emotion(s) - Lien permanent
Ce matin, quand je me suis réveillée, Charouk était couché à côté de mon oreiller, sa petite tête triangle posée à côté de la mienne. Il guettait mon souffle, ses yeux verts attendant que j’ouvre les miens. Il m’a gratifiée d’un petit miaulement amical, l’air de dire « Ah, enfin, tu te réveilles, paresseuse ! » (je m’étais quand même levée au radar vers les 7 heures, pour lui donner le petit déjeuner qu’il réclamait, avant de me recoucher illico et de me rendormir aussitôt). Un peu plus tard, alors que je m’étais remise sous la couette, café à portée de main, ordinateur sur les genoux, il est venu se glisser à côté de moi (oui, oui SOUS la couette, lui aussi, il adore), surveillant quand même ma réaction et prêt à battre en retraite au moindre signe de refus de ma part, ce qui est habituellement le cas. Mais j’ai l’intention de changer les draps ce soir, alors j’ai fait celle qui ne voyait pas la discrétion de sioux qu’il déployait pour arriver à ses fins… Et j’ai passé un moment avec ma bouillotte ronronnante qui soulevait de sa respiration endormie les fleurs du drap à mes côtés… Plaisir du dimanche avec un compagnon pattes de velours… Je ne connaissais pas. J’apprécie.
Cela m’a fait penser néanmoins que cela fait un sacré bail que je n’ai pas savouré les joies d’un petit déjeuner dominical amoureux (je veux dire avec un compagnon à deux pattes et sans oreilles en pointes avec un tatouage à l’intérieur, du type hominidé, vous voyez ce que je veux dire).
Et aussi vachement longtemps que je n’ai pas dormi avec quelqu’un. (Soupir)
Je veux dire, vraiment dormir. Pas juste partager un lit. Ça c’est à la portée de n’importe quelle paire d’humains. Tout amant de passage peut se prêter à l’exercice fort simple de demander « tu dors à droite ou a gauche ? » et de sombrer en ronflant et sans plus s’occuper de l’autre.
Non, je veux dire vraiment dormir AVEC l’aimé, en faire une partie intégrante de l’histoire d’amour, partager des rituels d’endormissement et de rêve, sentir un lit trop vaste quand l’autre manque à l’appel. Ne pas se contenter de sa moitié de matelas et de couette. Faire de sa place celle de l’autre aussi. Sommeils entremêlés, chaleur d’un souffle dans un cou, battements de cœurs paisibles, forme d’un dos que l’on épouse de son ventre, étreintes de jambes dont on se sait plus très bien de qui elles sont, moiteur de peaux amoureuses, odeurs mêlées et intimes connues de nous deux seulement. Ce petit grain de beauté sur sa nuque, caché sous ses cheveux caressés, je suis la seule à en connaître la forme et le goût de sel.
Et puis des mouvements comme des vagues, le lit se fait bateau quand la nuit devient houle douce. Tu pars à tribord et je te suis. Je roule au creux de mon rêve et tu me rattrapes de tes bras filets. Nous sommes en sécurité l’un dans l’autre, arrimés, solides, inconscients ensemble, tellement ensemble…
Oui. Soupir…
Commentaires
Ce n'est pas facile tu sais, Traou, de commenter un texte aussi beau, mais aussi nostalgique à la fois... Beau dans cette merveilleuse description de la complicité de deux amants qui s'aiment jusque dans leu sommeil...comme c'est bien écrit, décrit, tu nous fais rêver. Mais ce texte est nostalgique parce que il évoque un rêve, non une réalité, actuelle en tout cas Je t'embrasse fort
je te souhaite très rapidement un vrai amour aussi beau que tu l'écris, c'est vrai tout ce que tu dis et tellement émouvant de s'abandonner ainsi avec quelqu'un en qui on a confiance...
J'aime beaucoup la distinction du "dormir avec", même si elle me fait douloureusement mesurer l'une des choses qui dans ma vie ne va pas fort bien (ni non plus catastrophiquement mal, faudrait pas exagérer). Je patauge toujours parmi les longues séquelles des confiances si brutalement perdues.
Ton texte, une fois de plus est formidable même si j'ai trouvé le démarrage un peu mou (pour chat
). Ça me fait souvent cet effet-là en te lisant : je suis heureuse des mots justes, mais te connaître et songer à ce qui les amène m'empêche de savourer sans remords leur beauté.
Mmmmmm.......
Et bien moi, pour avoir un compagnon aimé et aimant, je voudrais dire que je préfère, la plupart du temps, dormir seule, sans ses jambes qui me mettent des coups de pieds, sans ses ronflements quand il est enrhumé, sans mes insomnies qui ne supportent rien, pas le plus petit bruit... J'ai dormi AVEC lui, mais maintenant, c'est plus difficile, ça ne marche que pendant les vacances et c'est très bien comme ça. On est heureux, même si on ne vit pas ensemble !
J'ai vraiment beaucoup, beaucoup de chance ! J'aimerais vraiment ne pas être la seule !
Je t'embrasse.
Tu comptes vraiment que Charouk fasse la différence entre draps propres et "bons à changer le soir même" ?
Merci Coum' de ta fidélité. Ceci est un souvenir. J'ai déjà beaucoup de chance de l'avoir vécu. Mais si ça devait se représenter... j'aimerais assez (mais c'est rare !)
Merci Saperli, et que le petit dieu des blogs t'entende !
Gilda, c'est très gentil de "savourer" et n'aie aucun remords : ce n'est pas triste, au fond, juste un peu nostalgique (mais plein d'espoir !)
Ah oui, Baïlili, le tableau est quelque peu différent... Mais il m'arrive d'apprécier aussi de dormir en diagonale sans déranger personne !
Madeleine, je donne à Charouk une éducation fort stricte et complète !
Non, il comprend fort bien la différence entre : "lit bordé à mort avec pas un millimètre pour tenter de me glisser dedans", et "couette ouverte à tous vents du dimanche matin dont on ne fait pas mine de me chasser quand j'essaie de m'y lover en douce"...
pareil que coumarine. En tout cas, je t'embrasse, parce que je m'aperçois de plus en plus comme c'est bon d'avoir des amis à côté de soi
(euh, je sais pas si c'est logique, mais c'est sincère lol)
J'ai hérité de la chatte de maman (qui nous a quittés) je connais enfin le bonheur d'avoir une petite boule de poil adorable près de moi, une minette qui s'endort la tête sur ma jambe avec sa souris jouet entre ses pattes comme un enfant avec son doudou ! J'avais et j'ai toujours une autre chatte mais qui n'a rien à voir avec celle-ci, pas joueuse et très indépendante. Comment ne pas s'attacher à ces félins....c'est trop mignon. Quant à être seule sous sa couette ça a du bon ! On dort mieux.
Oui tu me donnes le goût d'essayer... mais c'est vrai je suis un ours, zut.
Soupire aussi.
Et re-soupir.
Un compagnon dans mon lit, je suis pour, mais juste pour la soirée et le petit déj' sur l'oreiller. C'est probablement un manque d'habitude mais je dors toujours très mal avec quelqu'un à mes côtés ... Quant au chat, je ne suis pas certaine qu'il fasse bien la différence entre draps propres et drap sales à partir du moment où il a compris que dans les deux cas, c'est confortable et douillet ! Sans compter qu'on devient très rapidement laxiste sur l'éducation de ces félins : ils finissent toujours par arriver à leurs fins, que la lessive doit faite ou non
Et une Traou dans mes favoris blog ! Et j'en ai peu (de blog favori...). J'aime ces découvertes imprévues au détour d'un autre Blog. Le week-end commence bien. Une parisienne (nantaise de naissance : alors bretonne ou pas bretonne ?...)
Je suis "tombé" sur ton blog un peu par hasard, un bout de JT où on parlais d'auroville et me voilà sur Google et ton commentaire dans la foulée. Dieu (s'il existe), que tu écris bien ! Et je m'inquiète donc quand tu dis que ce blog....ne tient qu'à un fil. Moi qui ne suis pas spécialement blog et qui découvre, je m'en trouverais d'emblée privé !! S'il te plait tient bon...
Oh, comme c'est beau vous savez. J'ai lu pour la deuxieme fois votre description, meme je l'ai copiee pour lire parfois. Malgre que je n'aime pas les chats, je partage vos sentiments. Un compagnont dans mon lit, les soupirs, un bateau, etc. C'est beau, c'est merveilleux.