Plaisirs féminins
Par Traou le dimanche 23 septembre 2007, 14:07 - Douceurs et plaisirs - Lien permanent
J’ai décidé de m’occuper de moi ce week-end. De NE PAS aller au bureau en ce dimanche, comme je le fais depuis trois semaines d’affilée. De NE PAS lister les mille choses encore à faire en cette rentrée-marathon. De NE PAS me faire du mouron à cause d’un conflit professionnel en cours qui occupe pas mal mes pensées et torture mes insomnies. De prendre soin de moi et de ne me préoccuper que de boucler mon sac pour mon départ à San Sebastian demain matin.
Dimanche attentionné, doux et silencieux. Moelleux, sucré et parfumé. Et un peu studieux aussi pour le plaisir de retrouver mon blog délaissé, qui me manque.
Lever paresseux. Café chocolat. Un masque sur mes cheveux, crémeux, frais et odorant. Je ne sais pas encore quand je l’applique qu’il aura tout le temps de faire du bien à ma crinière puisqu’une coupure d’eau intempestive m’empêche de le rincer…
C’est donc avec un chignon mouillé artistiquement entortillé sur le dessus du crâne que je vais jusqu’à mon minuscule salon de beauté de la rue de Belleville. Heureusement que le temps est clément, j’aurais pu m’enrhumer.
J’y retrouve mes deux petites manucures chinoises, souriantes, minuscules et bavardes. Un bain bleu chaud et bouillonnant pour mes pieds. Massages et onguents mystérieux. Dans la vitrine, des mains de plastique trop blanches proposent des ongles interminables ornés de paillettes et de fleurs d’un mauvais goût parfait. Je vois bien que le vernis rouge-noir fort classique que je choisis leur paraît d’une banalité affligeante, malgré leur large sourire.
Quand l’une m’a peint parfaitement les ongles des pieds, elle s’installe sans façon à nos côtés, baguettes en mains, pour manger sa soupe de raviolis. C’est sûr, ça ne doit pas se passer comme ça chez Carita… L’autre prend le relais pour mes mains. Elle fait preuve comme sa collègue d’une dextérité, d’une précision et d’une délicatesse qui forcent l’admiration. Elles parlent toutes deux dans un sabir moitié chinois-moitié français que je comprends à grand-peine. Nous rions beaucoup, pour compenser.
C’est un gynécée sympathique, ici. Une tunisienne aux ongles ornés de dessins de la veille vient offrir un sac de pêches et s’installe un moment, juste pour parler gaiement, avec de grands gestes enveloppants. Une antillaise voluptueuse, aux longues griffes agressives, vient mêler ses rires et son accent à tous ceux déjà présents. Dans la cabine du fond, une jolie jeune fille blonde s’est installée à l’abri des regards des passants. La rue est à trois mètres de nous. Ils sont nombreux à s’arrêter devant la porte ouverte, les enfants fascinés par les mains coupées de la vitrine, intimidés par ce qu’ils pressentent de secrets bien gardés, dans ces quelques mètres carrés emplis de femmes venues chercher ici un peu de beauté.
J’en ressors après deux heures d’apaisement, les mains encore un peu en éventail, pour ne pas risquer d’abimer la perfection de mes ongles carmins. Comme chaque fois, je me fais l’effet d’être une « dame », sensation bizarre, presque usurpée, comme quand petite fille j’essayais les chaussures à talons de ma mère, marchant ou flottant maladroitement dedans, me regardant dans le miroir avec une promesse de « plus tard »…
J’arrive chez moi pour la suite du programme « Dimanche à moi ». Bonne nouvelle pour mon bain du soir : l’eau est revenue.
Commentaires
Je te souhaite un excellent automne qui a commencé pour toi si bien. Bon festival dès demain. Bises.
Ton billet est apaisant. Je t'en remercie en ce dimanche où je n'ai pas réussi à respirer vraiment profondément. Bon voyage à toi. Et que tes ongles rouges durent...
Ouahou au bureau même le dimanche, je comprends que tu étais sérieusement occupée. Mais c'est génial d'avoir un boulot qui passionne.
Mais là c'est un joli et apaisant contraste.
Très content en tout cas de retrouver tes mots ici (et merci pour ta réponse de l'autre jour que j'ai bien reçue).
Bon séjour à San Sébastien et à bientôt
Veinarde, toujours en voyage
Que de fantasmes dans un aussi joli billet ... !
C'est apaisant, rien qu'en lisant!
Joli programme de dimanche, qui me laisse un peu envieuse, je dois dire. Quoi, ça fait 13 mois que je n'ai pas mis les pieds chez le coiffeur, et ça se voit ?!
J'espère que tout ça t'aura fait le bien escompté, ma belle Traou.
Alors moi pas du tout envieuse, j'aurais trop l'impression de gaspiller un temps précieux (peut-être que ça ira mieux si je parviens un jour à me libérer tout en gagnant ma vie), déjà que rien que d'aller chez le coiffeur ça me gave grave au lieu que de m'apaiser, mais je retrouve dans ton billet l'ambiance du film "Caramel" que j'avais plutôt bien aimé, les personnes qui passent et qui parlent, et à cette beauté-là je suis très sensible.
Contente que tu aies su trouver le temps de bloguer. Bon San Sebastian et à très bientôt.
François : "Que de fantasmes dans un aussi joli billet ... !" On ne peut pas te laisser une seconde, hein ! rire ...
Traou : Ah ouais, c'est trop bon les journées rien que pour soi !!! soupire et sourires ...
Un vrai dimanche de filles ! Je t'embrasse Traou aux ongles peints !
Quoi ? Toujours ce rouge-noir dont tu nous avais parlé non pas cet été mais l'été d'avant ? Non, vraiment, un peu de fantaisie quand même !!
Contente de te lire à nouveau.
Quelques instants à moi avant un déjeuner basque qui sera sans doute aussi pantagruélique que le dîner d'hier soir...
Merci Pablo, tu sais quoi ? Mon espagnol s'améliore... Vrai de vrai !
Il faut se ménager des dimanches comme ceux-ci parfois, Ada, mais je sais que c'est plus facile pour moi que pour les mamans de me réserver des moments égoïstes...
Valclair, à très bientôt, ça devrait s'éclaircir après les prochains festivals (Dinard et Rome), soit... fin octobre.
François, revois "Vénus Beauté Institut", ça se passe - presque - comme ça en vrai (chez mes petites chinoises, c'est moins rose bonbon et feutré, c'est certain...)
Et bien Miss Epices, c'est incroyable mais j'en suis ravie !
Mais viens voir mon tout petit salon en vrai, tu verras c'est encore mieux.
Il n'y a pas des coiffeurs qui s'occupent des Cro-Mignonnes et de leur maman, Anne ? Vous vous feriez une après-midi de filles...
A bientôt, Gilda (mais tu devrais essayer, je te jure, pas forcément manucure, mais des massages ou un truc comme ça, c'est génial)
Vois avec Anne pour organiser un après-midi filles et mamans, Luciole. Ou alors je garde la Merveille pendant que tu vas te faire papouiller et dorloter dans un salon similaire !
Dans le genre dimanche de filles, Fauvette, le hammam, c'est pas mal non plus, mais ça fait un bail que je n'y suis pas allée...
En fait, Telle, je fais en gros 4 manucures par an (pour mes "gros" festivals ou je suis en représentation professionnelle, en général). Et c'est soit rouge-noir, soit une "french", c'est vrai, je suis moyennement audacieuse...
Mais ce sont les deux seuls trucs qui vont avec TOUT ! (et puis j'imagine la tête de Boss si je débarquais avec des griffes à paillettes...)
Une chronique gourmande, je veux ! (et en espagnol, si possible !
)
Lors d'une prochaine coupure d'eau, tu es la bienvenue dans ma salle de bains. Nous sommes voisins maintenant, non?
@Chondre : pffffffffff, tu veux mater des filles à poil maintenant ?
Il faut que je te dise Dame Traou : toi seule , ton quartier, me donneraient envie de vivre à Paris.... (Dinard pas tres loin...mais tu seras trop occupee si je "monte")
Et après un après-midi comme ça, j'espère que tu as terminé par un FDF
comme c'est joliment raconté, on s'y croirait!
en Inde je vais souvent dans des beauty parlour, me faire teindre les cheveux au henné ou épiler les sourcils avec des fils tendus (je ne connaissais pas, c'est super, rapide, efficace, sans douleur et sans les vilains petits points rouges après).
j'en retrouve tout à fait l'ambiance dans ton texte. et à chaque fois (quand "quelqu'une" parle anglais) je discute avec les femmes, elles me posent des questions, moi aussi. elles sont détendues, elles plaisantent, parlent des hommes.
j'aime beaucoup ces moments féminins.
c'est quelque chose qui m'a longtemps manqué dans ma vie, la complicité, la douceur des ambiances féminines.
Pablo, j'ai trop mangé de chipirones a la plancha, de croquetas à tous parfums, de pimientos farcis de tas de bonnes choses, et puis aussi du jamon, des champignons (zut, comment on dit champignon, déjà ?) et encore des dizaines de trucs non identifiés trop bons !!!
Chondre, j'arrive ! Avec ma brosse à dents et ma crème à cheveux (ou alors tu m'en prêteras ?)
Ben oui Vroumette, c'est depuis qu'il montre ses fesses sur son blog, il s'attend à ce qu'on en fasse autant...
Cécile, tu peux déjà venir en visite... (et pour Dinard, oui, ça risque d'être short)
J'avais commencé par un film (pas absolument de filles, mais drôle) au petit déjeuner, Madeleine, j'adore !
J'ai lu ça chez toi, Céleste, l'épilation des sourcils au fil... J'avoue que je suis très curieuse de cela. Quand je retournerai en Inde (quand, je ne sais pas, ça me démange drôlement, plus encore chaque fois que je passe chez toi), j'essaierai sûrement ça. Pour ce genre d'ambiance, le hammam est parfait (un beau film sur le sujet : "Halfaouine, l'enfant des terrasses")
Champignon : Cetas (de mémoire)
Ñam ñam, Traou ! ("ñam-ñam" ne veut pas dire "gnangnan"
mais c'est une onomatopée pour : "ça a l'air délicieux", "combien de souvenirs de saveurs", "que ça doit être bon tout ça" et "tout ce que tu racontes me met l'eau à la bouche" !! ). Sinon, champignon(s) se dit seta(s), sauf s'il s'agit de champignon(s) de Paris auquel cas on dit... champiñón(es) !!!
Je n'avais pas vu ton commentaire, <b>François</b> : tu as une bonne mémoire !!