Inde 2è - Sur la route de Jaipur
Par Traou le vendredi 26 janvier 2007, 12:32 - Inde - Lien permanent
29 décembre - Pas fâchée de quitter Delhi et le très très bruyant Main Bazar. Toute la nuit se sont enchainés aboiements et bagarres de chiens, percussions et chants, cris et rires d'enfants, et j'ai fini par aller demander à trois heures du mat' à mon voisin de palier s'il envisageait de cesser de poncer le mur de sa salle de bains mitoyenne de la mienne (?). Je me réveille avec la gorge qui pique méchamment, hum, hum, c'est qu'il ne fait pas chaud à Delhi...
J'embarque avec Farooq, qui sera mon adorable chauffeur pour les 2 jours à venir, dans une petite Tata blanche (Tata, c'est la plus grande famille indienne, des constructeurs de camions et voitures, dont l'empire est immense, le Citroën indien, à l'échelle d'un milliard d'habitants...). Au lieu de filer en train de Delhi à Agra comme j'en avais l'intention, je prends le chemin des écoliers et fait un crochet par le Rajasthan. Je n'en aurai certes qu'un bref aperçu, juste de quoi me donner envie de revenir plus longuement.
Je gardais de l'année dernière un bon souvenir de la longue route en voiture entre Goa et Hampi, la traversée de villages minuscules, la possibilité de flâner ou s'arrêter selon son gré, c'est pour cela que j'ai voulu renouveler l'expérience, malgré la circulation indienne qui peut-être parfois stressante... et dangereuse. A peine sommes nous sortis de la ville que nous devons contourner un corps écrasé sur la chaussée, avec une matière qui a l'air on ne peut plus cervicale répandue au delà de la couverture qui le recouvre. Mon chaï matinal remonte quelque peu. Farooq constate placidement que "This is life". Pour l'instant ça m'a plutôt l'air du contraire... Farooq conduit fort bien, heureusement, et je me tranquillise.
Pendant des heures, c'est une succession de vies, d'hommes, de femmes, d'enfants, de vieillards, de camions décorés, de vaches, de chèvres, de chameaux, de buffles. Des marchés, des paysans au travail, des petits métiers (le laitier ci-dessous), des véhicules de toutes sortes lourdement chargés de bois, de foin, de paquets gigantesques ficelés à la va-comme-je-te-pousse et qui tiennent par ce qui tient du miracle sur un vélo ou une charrette qui disparaissent en-dessous. Les femmes portent de vastes récipients sur la tête ou des fagots parfois gigantesques.
Nous nous arrêtons de temps en temps pour boire un thé. On me dévisage toujours avec curiosité (en plus je me mouche avec un mouchoir, ce qui paraît fort exotique). Les enfants me demandent mon nom, le répètent à l'infini, rient, réclament une roupie. A l'approche de Jaïpur, nous suivons parfois de lourds véhicules maquillés que nous doublons respectueusement (et il est parfaitement normal qu'on aperçoive des papillons sur cet éléphant, pour ceux qui s'en étonneraient : c'est le reflet du foulard que j'avais improvisé rideau sur la vitre de la voiture pour me protéger du soleil ).
Farooq m'emmène à Amber Palace, un peu avant Jaïpur, une merveille de palais-forteresse de la fin du XVIè siècle, complété au XVIIIè, entouré d'une muraille qui court sur 9 kilomètres dans les collines environnantes, qu'une armée de petites mains s'emploient à restaurer, centimètre par centimètre. La tâche paraît titanesque. Les vestiges du passé sont somptueux.
Après Amber Palace, nous grimpons encore dans les collines jusqu'à la forteresse de Jaigarth, un gigantesque ensemble d'édifices, de jardins, de cours, ceint d'une muraille un peu trop rouge aux endroits où elle vient d'être restaurée, qui surplombe le site d'Amber et toute la vallée.
Le soir, Jaïpur dans l'obscurité m'apparaît une ville riche : beaucoup de magasins de marques occidentales. Malgré cela, mon rhume empirant d'heure en heure, et mon stock d'exotiques mouchoirs étant au plus bas, j'erre avec Farooq de boutique de rue en boutique de rue à la recherche de précieux "tissues". Visiblement, on ne comprend pas du tout quelle est cette curieuse chose que je recherche. A deux reprises, on me colle dans les mains un paquet... de serviettes hygiéniques. J'ai beau savoir que le ridicule ne tue pas, je me vois mal me moucher dans une V*nia ou assimilé, aussi fine soit-elle... Tant pis, j'opte pour un rouleau de PQ, et Farooq m'offre gentiment un petit pot de Vicks V*porub pour que ma nuit soit meilleure... J'ai deux statuettes au dessus de mon lit pour veiller sur mon sommeil agité : Krishna et... Abraham Lincoln (?!) Allez comprendre...
Commentaires
J'aime bien voyager chez toi Traou. Et puis j'ai oublié de t'écrire que ton post sur Malo m'avait beaucoup émue. Affectueusement.
J'en discutais déjà avec une rajasthanie aujourd'hui, mais avec ce que tu nous montres, je pense que c'est décidé : pour mon prochain voyage touristique en Inde, je visite le Rajasthan.
C'est tellement beau…
M'enfin ! Le Vicks V*porub, c'est la panacée pour les rhumes !
Le Rajasthan, j'en rêve !
Je suis arrivé ici par hasard
Magnifiques photos !!! Il faudra qu'on aille dans cette région avec Poni !! Je me disais aussi des papillons sur un éléphant, c'est tout toi çà !!! Poni a rêvassé devant les photos !!! Le vicks, en Inde, c'est The traitement, ils ne jurent que par çà !!!
Tu racontes bien une fois encore, et les photos, comme c'est joli... Je te suis au bout du monde Traou, je voyage dans ma tête grâce à toi ! Merci.
Un merveilleux moment à te lire et à regarder les photos qui me permettent un beau dépaysement.
En un seul mot: magnifique. Il faudrait que je pousse mon doudou à partir avec moi en Inde. PS: Vivement le blog sonore en odorama. Re-PS: On se le fait ce restaurant indien?
Comme toujours, très dépaysant de voir ces images et de déambuler avec toi (Lincoln, très fort !)