Au jour le jour

Ce matin à la radio, j'ai entendu un truc qui m'a laissée perplexe : un mec expliquait le principe du site internet qu'il avait conçu et qui s'intitule 2067(hypermoi).

Je cite sa page d'accueil :

"2067 est un projet artistique de type net.art (art en réseau) développé par David Guez qui propose d'envoyer un message dans le futur via le réseau internet sous la forme d'un email retardé dans le temps. Le principe étant basique, 2067 joue sur l'attente, la mémoire, la correspondance et sur la relation de notre conscience au temps et aux autres."

Suivait l'interview d'un gars (ou était-ce l'auteur du concept lui-même ? J'étais dans ma salle de bains et un truc bruyant genre brossage de dents m'en a peut-être fait louper un bout), ce gars, disais-je, expliquait qu'il avait programmé sur le site l'envoi d'un e-mail déclarant sa flamme à la femme de sa vie pour... 2010.

J'ai dû stopper net mon brossage de dents, j'avoue.
Je ne suis pas quelqu'un d'un naturel absolument optimiste, c'est un fait.
Peut-être même me trouverez-vous cynique, mais ma première pensée a été :

"Et qui te dit que tu l'aimeras encore dans tout ce temps, pauv' pomme ?!"

Et ensuite, allant de ma salle de bains à la cuisine, de la cuisine à ma penderie, mon café à la main et le peignoir en bataille, des hypothèses toutes plus destructrices les unes que les autres se bousculaient dans ma tête :

  • d'abord c'est peut-être ELLE qui ne t'aimera plus, et ça l'importunera carrément de recevoir ce foutu mail...
  • et puis en 2010, elle aura peut-être changé deux fois de fournisseur d'accès et d'adresse e-mail (si elle a le même que moi, y'a de grandes chances : Noos c'est trop nase, trois mois que je n'ai plus de mail qui fonctionne, alors si j'ai un amoureux transi qui m'a programmé un mail pour 2010, il est mal barré !)
  • en 2010, elle sera peut-être morte, tiens...
  • ou maquée avec un autre, qui trouvera le mail à sa place et tu vas foutre la merde dans sa vie, salaud !

En fait, ce truc me dépasse complètement. Vous le savez, vous, de quoi demain sera fait ? Vous êtes sûr vous, d'aimer toujours, toujours, toujours ? Que l'autre sera toujours là et aimant et heureux avec vous ? Vous êtes sûr de ne jamais changer, de rester toujours immuable dans vos opinions, vos sentiments, votre vie ?

Ben moi non.

J'en ai vu des amitiés qu'on croyait à la vie à la mort et qui se sont délitées, parfois brutalement, pour une déception irrévocable, parfois doucement, juste parce que les chemins s'éloignent peu à peu, qu'on ne se ressemble plus autant, qu'on regarde un jour un étranger là où on voyait un frère.

J'en ai vu des amours brûlants se tranformer en glace, des tendresses infinies en guerres sauvages, et des unions qui ne connaissaient pas de failles foudroyées au détour d'une maladie ou d'un virage.

Je fais partie ce ceux qui ont énormément de mal à se projeter dans le futur. Sans doute parce que je l'ai fait autrefois et que mon présent n'a pas grande similitude avec l'avenir auquel j'avais pensé. Alors je suis méfiante, faut croire.

Tiens, par exemple, je suis du genre réticente à "réserver" à l'avance. Quand on me l'impose trop tôt, il y a toujours une petite voix au fond de moi qui dit "Peut-être que je ne serai plus là à ce moment-là, après tout...". Quand j'entends parler de gens qui s'inscrivent sur des listes d'attente pour des concerts, des écoles, ou que sais-je encore, des années à l'avance, je me dis qu'ils ne sont pas superstitieux au moins, mais que ça n'est pas pour moi. Moi j'ignore totalement où et dans quel état je serai dans un mois, un an, 10 ans !... Et je préfère ne pas en préjuger. Ni faire de pari. Je ne suis pas très joueuse, sans doute.

Quand à écrire une lettre à l'avance à quelqu'un, à un inconnu peut-être, pourquoi pas... S'il ne me connait pas et n'a de raison de s'attendre à rien, cela peut même s'avérer drôle, ou poétique, ou excitant. Je trouve même plutôt rigolote l'idée de ces messages qu'on envoie dans l'espace, au cas où ils se trouveraient sur la route d'un éventuel habitant volant non identifié, même si je doute qu'ils déchiffrent couramment le terrien sur la planète Zorglub et que la vision des dessins envoyés il y a quelques années représentant des êtres humains leur évoqueront peut-être leurs fers à repasser locaux et pas du tout des gusses avec qui devenir copains (à moins qu'on ne leur donne faim avec nos messages à la con et on aurait gagné le cocotier, tiens !)

Mais écrire à quelqu'un qu'on aime par anticipation. Non, non, trop risqué.
Quoique.

Je l'ai fait une fois. A la naissance de l'aînée de mes neveux. J'avais 20 ans et j'avais été bouleversée d'amour par la naissance de cette petite fille qui portait le prénom que je rêvais secrètement de donner à la mienne. Je lui ai écrit une lettre, à ce tout petit bébé que je n'avais même pas encore vu, en me disant que je la lui donnerais plus tard, pour ses 20 ans, peut-être.

J'ai retrouvé la lettre il y a quelques années. Ma nièce a 22 ans aujourd'hui. Je ne la lui ai pas donnée et ne le ferai pas. Cette lettre est de quelqu'un dont je me souviens, oui, mais moi je suis autre aujourd'hui. Tiens, ce moi ancien misait sur l'avenir, c'est pour dire.

Elle la trouvera peut-être un jour, la lira quand je ne serai plus là.
Ça sera beaucoup mieux comme ça.

Commentaires

1. Le mercredi 15 novembre 2006, 22:44 par Yves Duel

Bin moi, heu, oui !

2. Le jeudi 16 novembre 2006, 01:33 par nuages

Très beau texte, très juste. Sans compter que l'auteur dudit mail peut tout aussi bien se raviser et vouloir l'effacer, le supprimer... Est-ce possible de rattraper un mail en route vers le futur ? Plus généralement, l'immédiateté du courrier électronique peut parfois conduire à des quiproquos, des malentendus... Un message trop vite envoyé, irréfléchi, ça fait parfois des dégâts. Pour ce qui est du futur, je peux à la rigueur me projeter dans six mois, un an. Plus tard, c'est trop vague, c'est trop angoissant aussi.

3. Le jeudi 16 novembre 2006, 02:30 par Bailili

Comme toi, j'ai du mal à programmer. Il faut vraiment que je me secoue pour réserver un hôtel ou un vol (d'avion, hein !). Penser aux vacances six mois à l'avance, ça me gonfle ! J'aime bien faire les choses à l'instinct et si ça ne marche pas, et bien, j'imagine autre chose et ça m'amuse. Ce qui est marrant, c'est que c'est moi qui fait les plannings au boulot avec une vision à J + 1 mois ! Du très long terme...

Aimer la même personne dans quatre, six ou vingt ans, je crois pouvoir dire, par expérience, que ça ne va pas être possible... Non monsieur, n'y comptez pas... (bien que je me soigne pour essayer d'y arriver, mais bon...) Bisous.

4. Le jeudi 16 novembre 2006, 08:01 par Ton cher Poup'

L'amour au présent, j'veux bien, c'est un peu fait pour ça l'amour. L'amour au passé, je veux bien concevoir, même si bon, c'est pas top moumoute. Mais l'amour au futur, je comprend pas. Ca me parait antinomique. Pas que l'amour ne peux pas durer, mais ne dit-on pas: "je t'aime" et non pas : "je t'aimerai"? faut que j'arrête de me lever à 5h, mes commentaires ils veulent plus rien dire :D

5. Le jeudi 16 novembre 2006, 09:38 par Swâmi Petaramesh

Encore un superbe billet comme je les aime, Traou ;-)

L'avantage d'un tel « acte artistique » comme une lettre d'amour programmée pour dans plusieurs années, c'est que ça laisse de la marge à la dame : Elle n'est pas obligée de supporter pareil crétin tout de suite :-D

Faut toujours voir le bon côté des choses...

Quant à 2067... Aurait-on de grandes chances de recevoir aujourd'hui un message envoyé avec une technologie informatique des années 1960 ? Quelle est la durée de vie prévisible des technologies que nous utilisons actuellement ? Quelle est la durée de vie prévisible d'un serveur, d'un service, d'un domaine Internet, d'une base de données ? Mettre en place aujourd'hui un « projet artistique » basé sur les technologies de l'information et censé produire ses effets dans 40 ans, c'est faire preuve d'un optimisme débridé !
Parions qu'une fois le quart d'heure de notoriété Warholienne passé, personne ne se souviendra plus que ce projet a existé dans seulement 3 mois...
...et quant aux chances que des adresses e-mail valides aujourd'hui le soient encore dans 40 piges... A part les olibirus fortement minoritaires qui, comme moi, ont acheté le domaine Internet portant leur nom de famille, et qui ont une adresse du genre jean@dupont.org... Ceux-là ont peut-être quelques chances de la garder et de léguer le domaine à leurs gosses et encore, la dénomination des "domaines" Internet et ses règles seront-elles encore identiques dans 40 balais ? J'en doute fort.

Plus frêle et illusoire
Que des nombres écrits sur l'eau...

6. Le jeudi 16 novembre 2006, 09:41 par Anne

Ah ma foi ! Je vais finir par croire que je suis bien la candide, la naïve du village.

C'est sûr on ne peut pas savoir à quel rythme notre coeur battra dans dix ans, ni même dans dix minutes, parfois.

En même temps, si je fais un retour vers le futur du passé, les gens que j'ai aimés fort, pour de vrai, je les aime toujours aujourd'hui. Pas forcément de la même façon, pas forcément dans les mêmes circonstances, mais oui, je les aime toujours.

Moi elle me semble jolie cette idée. Bien sûr quelques précautions épistolaires peuvent s'imposer, mais même si la vie les a séparés, sans doute sera-t-elle touchée par ce témoignage de ce qu'ils ont vécu, de cette foi en leur amour...

Oui je sais, je suis une incorrigible romanesque. Et pire, ça me donne envie d'écrire des choses que je ne dis pas, des secrets que personne ne connaît, et puis tant pis s'ils ne sont jamais lus ou plus du tout d'actualité.

C'est ça au fond. Moi non plus je ne suis plus celle d'il y a dix ans. Mais elle fait partie de l'ensemble d'aujourd'hui. Et ce qu'elle pensait ne m'est pas étranger. Malgré la vie. Tu vois ce que je veux dire ?

7. Le jeudi 16 novembre 2006, 09:44 par Anne

PS : D'ailleurs c'est rigolo de lire ce billet ce matin, dans la voiture en venant au bureau j'étais en train de composer l'email que je vais envoyer dans quelques heures à celui que j'aimais il y a 10 ans et qui est toujours quelqu'un d'important bien que de façon complètement différente aujourd'hui. Une sorte de fondation, en fait, en y pensant. Et ce que je vais lui dire, bien que pas du tout dans le registre amoureux, n'est pas dépourvu d'amour, comme quoi...

8. Le jeudi 16 novembre 2006, 10:14 par luciole

Un peu comme Anne, je trouve l'idée jolie, un peu comme toi je ne me projette pas dans le futur ... Pour autant ce qui me pousse à écrire c'est une sorte de quête, éternisé l'instant ... J'ai tout gardé de mes écrits passés, je ne suis plus celle là, certaines choses me font rire, d'autres me laissent indifférente d'autres encore ne sont pas toujours très bien assumées mais pour autant je ne regrette ni ne renie rien de tout ce que j'ai écrit ... Le temps fait son affaire sans nous demander notre avis, pour autant il n'est pas toujours notre ennemi... sourire et bises !!!

9. Le jeudi 16 novembre 2006, 11:26 par Erin

Plus jeune, j'étais comme toi. Je projettais, confiante en l'avenir, inébranlable, même si j'avais conscience que la vie pouvait s'arrêter comme ça d'un coup. Je me disais "il n'y a que la mort qui empechera de..."

Puis arrivant à mes 30 ans, j'ai réalisé combien peu de mes rêves avaient été réalisés... J'ai mis 6 ans à les accepter ces 30 ans. Dès 27, j'ai basculé, refusant ce peu de temps qu'il me restait pour clore la liste des choses à faire... Et c'est la naissance de ma fille qui m'a fait prendre conscience que la vie n'était pas ce que j'en faisais. Non ce n'est pas un perpétuel planning... Non, il faut savoir vivre au présent...

Alors si aujourd'hui, j'ai un grand projet professionnel sur plusieurs années, c'est avant tout parce qu'il ne dépend principalement que de moi. Ce sont mes capacités à étudier qui le réalisera ou pas... Pour le coté fi, je me dis que je trouverai bien... par contre, s'il est vrai que j'ai une profession en vue, je ne me ferme aucune porte... J'ai choisi la voie, à moi au moment venue de choisir en fonction de ce que je serais à cet instant là.

Par contre, pour le reste je suis beaucoup moins entousiaste... Les sentiments changent, comme nous changeons et parce que nous changeons... Comment rester immuable ? Nous ne sommes pas des statues, nous avons notre réflexion, nos émotions, et la vie... Cette vie qui nous donne de belle leçon, qui nous surprend si souvent, c'est parfois tellement difficile... Même quand arrive ce que vous espériez depuis plus de 2 ans...

Merci Traou... Grâce à ce billet, j'ai écris quelque chose spontanément qui m'a fait comprendre que la difficulté ne venait que de ce que j'avais imaginé et qui se passait différemment... Merci ma belle... Bises émues

10. Le jeudi 16 novembre 2006, 12:01 par goon

Le soir de la naissance d'un de mes petits-cousins, je me suis moi aussi mis dans la tête que ça lui ferait plaisir à 7 ans de lire une lettre écrite en ce jour bien particulier (d'autant plus particulier qu'on en garde absolument aucun souvenir).

au détour d'un déménagement je suis retombé dessus, et j'ai eu peur de la perdre, donc je l'ai donné à sa mère. Erreur fatale, je l'ai relue avant de m'en délester. Il lira donc un jour d'anniversaire une lettre courte, mal écrite et d'une platitude accablante au point que j'espère qu'il oubliera de m'en parler! :p

11. Le jeudi 16 novembre 2006, 12:50 par Madeleine

Au jour le jour c'est le plus tentant mais j'aime aussi l'avenir qui me permet d'avancer !
J'ai beaucoup plus de mal avec le passé ...

12. Le jeudi 16 novembre 2006, 22:09 par Onze

Aimer dans la durée, c'est aimer maintenant et recommencer. Pendant longtemps j'ai regretté la seconde écoulée et crains la seconde a venir. On peut parier sur l'avenir puisqu'il n'existera jamais. Je t'aimerai demain n'est pas très engageant somme toute. car demain sera toujours demain. et demain n'est pas. ché prijsh de tête hein? ;)

13. Le vendredi 17 novembre 2006, 03:59 par Rochelais

C'est marrant, j'ai entendu moi aussi cette info et je me suis fais les mêmes reflexions ... mais tu l'écris beaucoup mieux :) et comme c'est mon 1er commentaire ici j'en profite pour te dire tout le bien que je pense de ton blog :)

14. Le vendredi 17 novembre 2006, 07:00 par Anitta

Superbement bien dit. Mais d'un autre côté, tenir un blog et l'emplir de choses douces et intimes, n'est-ce pas justement écrire à celle que l'on sera soi-même plus tard, dans quelques années...? Au risque, là aussi, de la déconvenue...

15. Le vendredi 17 novembre 2006, 10:24 par Traou

Mon cher Yves, tu es bienheureux ! (et si tu as certains dons pour connaître l'avenir, heu... puis-je te demander une petite consultation ? Moi j'avance en plein brouillard...) ;-)

Et oui, Nuages, mais quand on est amoureux, on émet rarement l'hypothèse d'un désamour futur, qu'il soit lent ou brutal...

Baïlili, j'ai fait un truc rare et qui me met toujours mal à l'aise : pour mon prochain voyage en Inde j'ai acheté plusieurs mois à l'avance un billet non échangeable, non remboursable... Je ne suis pas tranquille, n'empêche :-)

Mon cher Poup' (appellation contrôlée, où il est le r dans un petit rond, nom de nom), j'ai tout bien compris à ton commentaire top moumoute, merci ! ;-)

Ça c'est un commentaire à la Swâmi : râleur en intro, geek en développement, poète en conclusion, il n'y a que toi pour faire ça si bien ;-)

Anne, ton commentaire me fait du bien, il rappelle un peu de romantisme à l'incorrigible pessimiste que je suis. Tu as raison, il y a des sentiments qui durent, bien sûr... Bises

Luciole, bien sûr la mémoire est importante et quand je lis tes écrits, ce sont des morceaux de toi qui échappent au temps, et l'idée que tu les transmettras est belle... Ce qui me chiffonne, c'est l'affirmation aujourd'hui de ce qu'on sera demain, parce que PERSONNE, absolument personne ne peut parler de soi ou des autres au futur sans risque de se tromper. Je suis une farouche adepte du conditionnel ! :-)

Erin, un jour j'ai écrit (ici peut-être, je ne sais plus) qu'il y avait quelque part en moi une certitude d'avenir. Aujourd'hui j'ajouterai "mais lequel ?", car rien n'est moins certain que le lendemain. Et puis il y a dans la projection vers le futur une part de rêve qui peut s'avérer dangereuse, ou à tout le moins décevante. Je m'arrange beaucoup mieux avec le présent depuis que j'ai cessé "d'attendre"...

Goon, quelle que soit la forme de la lettre, je crois qu'il en sera simplement ému...

Tiens ça me fait penser à un truc compliqué, Madeleine (j'ai le cerveau embrumé ce matin, ça doit être le beaujolais d'hier, ou le résultat des primaires socialistes, ou... bref) : et si on avait du mal avec le passé parce qu'il nous rappelle que notre présent n'a rien à voir avec le futur qu'on imaginait alors ?.... Hein, c'est fort, ça, non ? Bon, je vais me recoucher, moi (j'suis en èrtété aujourd'hui).

Pas prise de tête du tout, Onze (et pourtant, vu l'état dans lequel je suis ce matin...). C'est très joli "aimer maintenant et recommencer"...

Bonjour Rochelais, bienvenue ici et merci ! C'est très gentil. A bientôt !

Tu m'as découverte, Anitta, en fait ce blog est une énorme lettre que j'envoie aux générations futures ! ;-) C'est important pour soi-même je trouve, de laisser des traces de ce que l'on a été, pour se souvenir, et en général être surpris. (quand on relit ses vieux journaux intimes, c'est parfois un choc)

16. Le vendredi 17 novembre 2006, 12:36 par Coumarine

euh...je trouve que c'est déjà si difficile parfois d'aimer dans l'instant présent, le simple instant présent... Programmer pour le futur, comme tu le dis si bien, je vais pas tout répéter, ben...ça me semble du temps perdu

17. Le samedi 18 novembre 2006, 00:16 par Fauvette

Moi aussi j'avais entendu cet info, et cela m'a paru farfelu.

J'ai du mal à faire des projets à long terme. Mais je regrette souvent d'avoir été aussi imprévoyante, dans tous les domaines. Et en même temps je sais que maîtriser sa vie c'est impossible.

Beau billet Traou.

18. Le samedi 18 novembre 2006, 03:24 par Shaggoo

L'avenir appartient à ceux qui écrivent tôt...

19. Le samedi 18 novembre 2006, 11:16 par Vroumette

Comme souvent, je me retrouve beaucoup dans le commentaire d'Anne. Je pense que l'on peut à la fois être conscient que l'amour que l'on partage avec un autre peut prendre fin de façon brutale (pour diverses raisons), tout en imaginant l'avenir avec et uniquement lui.

Un juste mélange de "au jour le jour" pour profiter pleinement de ce que la vie nous offre chauque jour et d'avenir en projetant diverses réjouissances. C'est bête, mais je me dis que ça doit être terrible de vivre une histoire d'amour en ayant l'intime conviction que celle-ci aura une fin (je crois que je suis atteinte du syndrôme conte de fée).

Bon d'accord, quand on vit une vie de couple épanouie c'est facile à écrire. Mais, ça ne m'empêche pas de croire non plus, que si mon histoire avec mon chéri devait un jour se terminer (ce que je ne souhaite pas absolumment pas), ça ne m'empêcherait pas d'aimer à nouveau et de repartir tête baissée, le coeur prêt à s'emballer dans une nouvelle histoire (en fait, je n'imagine pas vivre ma vie relationelle autrement qu'intensément, quitte à aller droit dans le mur, plusieurs fois si nécessaire).

20. Le samedi 18 novembre 2006, 15:59 par Pénélope

Idem : je me retrouve dans ton billet, difficile pour moi de prévoir à l'avance, j'aime improviser les choses et étant bélier je fonctionne beaucoup à "l'impulsion" du moment, j'ai des amis qui prévoient des dîners ou des sorties des mois à l'avance, pour moi c'est impossible je n'accepte pas l'idée d'être bloquée par une "date" ! J'adore l'improvisation. Peut-être aussi est-ce réactionnel à des années de travail avec des horaires très durs à respecter et une assiduité à toute épreuve ! J'ai largement "remplis mon contrat" et maintenant je veux une liberté totale de la gestion de mon temps. Quant à prévoir pour 2010 ou autre, impossible pour moi Je me demande même où je serai, je n'ai aucune certitude sur mon avenir, l'expèrience m'a ouvert les yeux sur temps de choses : rien ne dure, rien n'est sûr, personne ne peut avoir des certitudes quant à son "lendemain" la vie est ainsi faite. Bon gré malgré il faut l'accepter.....

21. Le mardi 21 novembre 2006, 15:02 par Pablo

J'ai beaucoup aimé la réponse de Swâmi (à propos : j'ai encore des disquettes de 5 pouces 1/4 à la maison : comme souvenir, car je ne peux plus les lire nulle part). En tout cas, l'idée de 2067 hypermoi m'a semblé plutôt hyperconne. Sinon, je trouve bien que les gens fassent des plans pour l'avenir, il faut qu'il existe des personnes avec les idées bien claires, et tenaces pour les faire aboutir : ce n'est pas mon cas, mais contrairement à la plupart des commentaires ici, cela ne me fait pas plaisir, ça ne me rend pas très content, quoi : au contraire.

Quant à réserver (des places pour un spectacle, par exemple) trop à l'avance, je n'aime pas trop non plus (il y a trois ans, on l'a fait six mois (!!) à l'avance pour Les Luthiers : quand j'en ai parlé à ma mère pour lui demander si elle garderait notre fille, elle m'a dit que six mois c'était trop, qui sait ce qu'il peut arriver entre temps ? , a-t-elle dit - elle avait raison : mon père est décédé entre temps. Finalement, on a pu aller voir le spectacle sur scène, et j'avoue que ça m'a fait du bien : pourtant, je n'y serais probablement pas allé si on me l'avait proposé à la dernière minute). Pour les voyages, on est obligé pour des raisons diverses de réserver au dernier moment : cet été on a réussi à prévoir un mois à l'avance un superbe voyage à Madagascar tous les trois : et ben non, mon beau père est décedé quelques jours avant notre départ, on a été obligé de tout annuler. Ça doit être une sorte de malédiction, dont à mon avis la plupart de gens prévoyants ne souffre pas.

Pour nous dédommager nous-mêmes (pour l'absence de vacances d'été) en quelque sorte, et comme on a vu que le Cirque du Soleil s'installait à dix minutes à pied de chez nous, on a décidé d'y aller tous les trois : on a été obligés quand même de réserver pour le 10 décembre prochain : il reste encore trois semaines, je croise les doigts pour que rien ne nous empêche d'y aller.

22. Le mardi 21 novembre 2006, 15:20 par Swâmi Petaramesh

@Pablo : J'ai encore des disquettes de 5 pouces 1/4 à la maison : comme souvenir, car je ne peux plus les lire nulle part

J'ai supprimé le lecteur 5"1/4 de ma machine il y a un an 1/2, et je l'ai très bien revendu d'occase sur eBay ;-))

Quant à moi, je dois même avoir 3 ou 4 disquettes 8 pouces qui traînent quelque part... Et rien pour les lire comme de bien entendu...

Et également un disque dur de 30 Mo sous cartouche cylindrique (disque amovible, sans le lecteur...), qui fait à peu près le diamètre d'une roue de voiture, pneu compris, à vue de nez... Chaipu où il est celui-là, tiens, ça fait un bout de temps que je ne l'ai pas vu... A la cave, peut-être...

23. Le mercredi 22 novembre 2006, 10:53 par gilda

J'aime beaucoup, Vroumette, ton syndrome "conte de fées". D'accord avec toi sur le fond si ce n'est qu'en pratique à force d'aller droit dans le mur on ne parvient plus à se relever tellement on est brisé(e).

Je suis au bout du compte plutôt comme Traou, et qui l'exprime si bien, l'impermanence des choses et celle des sentiments.

Je n'ai pas entendu l'info à la radio (1) mais j'aurais pensé exactement pareil "Pauvre pomme, pour qui tu te prends !" (croire que tu seras encore vivant, qu'elle t'aimera toujours, que tu l'aimeras encore, que son adresse n'aura pas changé et que ce jour-là l'internet ne sera pas en panne, quelle collection de présomptions !)

(1) que je n'écoute pratiquement plus le matin depuis que Martin Winckler avait perdu d'un seul coup ses chroniques sur France Inter il y a trois ans déjà.

24. Le mercredi 22 novembre 2006, 16:40 par Pablo

Swâmi : À propos de ton disque dur de la taille d'une roue de voiture, pneu compris : à la fin des années '50, à une époque où les ordinateurs occupaient de grandes chambres, l'armée américaine (bien entendu ! puisque c'était la guerre froide) avait eu l'idée de construire un petit ordinateur portable qui rentrait dans un (gros) camion, et dont les roues étaient évidemment... les disques durs ! (Attention: ceci est une histoire que je viens d'inventer !! ;-) )