Histoire du corps (Tome 2)

Je fais partie d’une famille de minces. Chez moi, on n'aimait pas les gros. On ne l'était pas. On s'en félicitait. On critiquait ceux qui l'étaient. On déplorait leur manque de goût, de volonté, d'égards pour les autres. On s'en moquait, aussi. On disait "Et bien, elle est chouette, celle-là !" ou "C'est épouvantable d'être comme ça, quand même !". Et surtout "Mais qu'est-ce qu'il a bien pu lui trouver ?!!!" quand une coupable d'être grosse, ou laide, ou les deux (qu’on n’appelait plus alors que « la pauvre fille… » avec un air de commisération), avait trouvé le moyen, malgré ce lourd handicap, d'être fiancée, ou mariée...

Le bourrelet était coupable, la rondeur limitée à de strictes mensurations en deçà desquelles elle s'appelait appâts et au-delà disgrâce. Bien sûr, être trop maigre n'était "pas chouette" non plus mais plus excusable peut-être, plus poli, moins débordant, moins voyant. Le corps était normé, quantifié, mesuré. Marque de savoir-vivre, il ne devait être ni "trop", ni "pas assez". On admettait, à la rigueur, la maladie contre laquelle on ne peut rien et qui rend obèse ; on tolérait - difficilement - la laideur congénitale d'un corps ou d'un visage, mais en riant sous cape, et en considérant néanmoins que le malade était condamné : que peut-on bien devenir quand on est gros ou laid ? Et surtout grosse ou laide......

J’étais enfant, puis adolescente et j’entendais tout cela, douloureusement. J'ai longtemps cru que l'être profond d'un gros n'était pas autre chose que sa grosseur, puisqu'on en faisait tant de cas. Que la seule réalité d'une laide était sa laideur. Et je me sentais l'une et l'autre et j'étais terrifiée puisque je ne serais plus que ça. Et qu’il n’y avait dès lors aucune chance de séduire ni d’être aimée. CQFD.

Je ne crois pas que mes parents aient jamais eu conscience de la cruauté de leurs propos, de ce que cela pouvait représenter pour l’adolescente boulotte que j’étais. Ils ne sont pas des monstres, non, juste maladroits. Ils continuent aujourd’hui à tenir des propos similaires sans vraiment mesurer je pense ce que cela signifie pour quelqu’un qui n’est pas bien dans son corps (une de mes nièces – qui adore ses grands-parents qui sont par ailleurs tout à fait charmants et aimants – les a qualifiés drôlement un jour de « grossophobes »…). Cela fait longtemps que j’ai renoncé à les espérer autres que ce qu’ils sont et de leur faire entendre « raison ». C’est inutile. Et j’entretiens d’excellents rapports avec eux grâce à cette acceptation. Je ne sais pourquoi ce sujet résonne autant pour eux. J’ai appris – très récemment - que mon père était gros quand il était enfant ! Est-ce que son racisme anti-gros est le fruit de moqueries anciennes ? Une revanche ? Je ne sais. Quant à ma mère, elle était mince et très belle. Je ne crois pas qu’elle ait jamais imaginé ce que pouvait vivre celle de ses filles qui portait le poids de ces rondeurs coupables et moquées…

J'ai grandi entre deux soeurs filiformes, celle qui me précédait et celle qui me suivait. De celles qui, à l'adolescence sont un peu maigrichonnes, toutes en bras et en jambes, perdant leur silhouette dégingandée dans des pulls et des pantalons qui ne les collent jamais, aux manches et aux jambes toujours trop courtes. De celles qui plus tard deviennent des femmes longues et fines.

Je les regardais avec tant d'envie ces deux soeurs qui, à quelques années d'écart, ont représenté le même inaccessible rêve. Je ne me souviens plus du nombre de prières que j'ai faites et qui demandaient à tous les saints de la création et à d'autres que j'inventais de me donner ces bras et ces jambes allumettes, cette manière inégalable de porter le moindre vêtement comme des sacs sans forme dans lesquels on aurait pu mettre quelqu'un d'autre en plus...

Moi, des formes, j'en avais trop et mes vêtements n'arrivaient jamais à les cacher tout à fait. Je tirais sur mes pulls pour habiller un peu plus mes fesses, mes cuisses, mon ventre. Nous étions dans les années 70 et la mode impitoyable dessinait les jambes, les hanches, les seins qui apparaissaient et on n'avait pas besoin de ceux-là en plus !

Je me sentais laide et je crois bien que je l'étais, affublée de lunettes affreuses, d'un appareil dentaire disgracieux, d'une coupe de cheveux qui me faisait appeler monsieur dans les magasins (mon père n'aimant que les cheveux très courts imposait à ses quatre filles une coupe quasi-militaire.....) Parfois je me souvenais de l'histoire du vilain petit canard, et j'étais prise d'un vague espoir. Et puis je croisais mon reflet pathétique dans un miroir…

Je croyais que j'étais foutue.

Bien des années après, ma plus grande victoire, mon plus extrême plaisir, c'était de croiser des gens de cette époque-là qui ne me reconnaissaient pas, et ne voulaient pas y croire quand je déclinais mon identité.
Et puis j'ai découvert que j'avais quand même le droit d'être aimée...

(...à suivre "Histoire du corps - tome 3")

Commentaires

1. Le vendredi 16 juin 2006, 14:47 par Lou:)

Très beau, très vrai, très émouvant comme texte. Merci Traou, c'est tout ce que je sais dire en attendant la suite... ?

Bisou :)

2. Le vendredi 16 juin 2006, 15:12 par Swâmi Petaramesh

Finalement, on est nombreux à s'être dit, un jour ou l'autre là, c'est foutu. Ca va pas le faire... après s'être regardés dans une glace... Pour une raison ou pour une autre. Et à avoir hésité entre la pendaison à la grosse poutre ou la pierre et le fleuve du coin.

On doit être l'immense majorité, si l'on ajoute à ceux qui auraient des raisons objectives (vis-à-vis des canons subjectifs d'une époque) de se déplaire, tous ceux qui n'ont que des raisons purement subjectives et dont personne n'arrive à comprendre pour quelle raison ils ne s'aiment pas - ni même, parfois, à s'en douter - comme moi qui suis extrêmement beau, par exemple ;-)))

Quand je relis la phrase ci-dessus, je la trouve terriblement alambiquée et obscure, tant pis, comprenne qui pourra ;-)

L'essentiuel et ce qui console, c'est que finalement, ça finit plus ou moins par le faire dans l'immense majorité des cas, et puis sinon... on fait avec ;-)

C'est quand on a suffisamment pris l'habitude de faire avec que ça cesse d'être un problème en quelque sorte. Tout est une histoire d'acceptation. Tant qu'on se refuse, c'est un enfer ; une fois qu'on abdique et qu'on s'accepte enfin tel qu'on est, ça devient tout de suite très vivable.

Enfin en théorie ;-)
Sinon, ça dépend des jours :-]

3. Le vendredi 16 juin 2006, 15:18 par Matoo

Et avec tout cela, tu es belle aujourd'hui ! :-) Ca c'est le bon côté des choses. ;)

4. Le vendredi 16 juin 2006, 15:41 par Anne

Ma belle Traou, tu vois cette grossophobie, le pire, si je puis dire, c'est qu'on la trouve dans des familles de gros aussi...

Bien sûr qu'on a le droit d'être aimé malgré ce qu'on perçoit de nous-même... et que c'est mieux quand on se laisse faire. Qu'on ne répond pas "ne te fous pas de moi" à quelqu'un qui nous dit "je t'aime".

Parce qu'on arrive pas à y croire.

Je t'embrasse très très fort.

5. Le vendredi 16 juin 2006, 15:41 par Traou

@Lou : La suite est optimiste ! ;-) Bizossi

@Swâmi : Finalement, on passe sa vie à "faire avec", dans tous les domaines, non ?

@Matoo : C'est décidé : je t'épouse !
(Chondre, sans commentaire...) ;-)

6. Le vendredi 16 juin 2006, 15:42 par chondre

Et voila, j'en étais certain, Matoo déclare une nouvelle fois sa flamme à Traou...

Moi je suis du même avis. Tu es très jolie, charmante et gentille. Tu as une belle et douce voix, sans parler de tes jolis yeux. Toujours l'histoire du petit canard et du cygne...

Mon papa était aussi grossophobe. Il m'appelait "gros cul" (sympa l'image du père). J'en ai vachement souffert. Pendant mes "années collège" j'étais le gros de la classe. On m'appelait gros quik. Purée, j'en ai vraiment chié pendant des années et je suis en permanence complexé par mon poids depuis...c'est comme ça.

Tout plein de bisous

7. Le vendredi 16 juin 2006, 15:46 par Traou

@Anne : ... se laisser aimer, et y croire, quand on en arrive à ça, c'est gagné, je crois... Quand on ne prend plus celui qui vous trouve belle pour un fou furieux (et bigleux). Un sourire tendre pour toi

8. Le vendredi 16 juin 2006, 15:48 par Swâmi Petaramesh

@Chondre : Attends, t'es le même Chondre que j'ai vu et qui était tout maigre comme un haricot, ou je dis une connerie ? :-}

9. Le vendredi 16 juin 2006, 15:57 par Traou

@Chondre : Allez si, tu as le droit de faire des commentaires, pasque t'es trop gentil (et que tu as la garde de Jim, alors j'fais gaffe !). Toi aussi, tu t'es fait un trip "vilain petit canard" ? (je recherche la photo de toi sur ton blog mais je n'y arrive pas... et Boss fait rien qu'à me déranger pendant que je t'écris, c'est un monde !). Parce que oui, Swâmi, c'est bien le même... On grandit, Dieu merci ! Bizzzzz

10. Le vendredi 16 juin 2006, 15:59 par chondre

Euh...je connais mal dotclear et j'ai mis un lien sur ma première phrase... Et si justement, j'ai un commentaire à faire! Non mais.

11. Le vendredi 16 juin 2006, 16:12 par Traou

Je ne sais pas bien où il renvoie, ton lien...
Tu peux le mettre en :
- sélectionnant le mot ou le bout de phrase sur lequel tu veux l'insérer
- cliquant sur le dernier bouton à droite ci-dessus (la petite main)
- collant l'url dans la fenêtre qui s'ouvre


Sinon, tu le colles direct dans les commentaires et on se débrouille ! (Jim va bien ? Il ne fait pas trop le zouave ?)

12. Le vendredi 16 juin 2006, 16:20 par chondre

Vroumette nous a passé Docteur X. Lui et Jim sont en week-end dans le sud. Ils reviennent dimanche soir.

13. Le vendredi 16 juin 2006, 16:47 par telle

Traou,

les propos que tenait ton père ressemblent étrangement à ceux de mon beau-père. Depuis que ma belle-soeur a fait un régime draconien et est devenue maigre, il la prend en exemple dès que je dis que je ne veux pas d'autre gâteau, non, vraiment, merci. Avec lui, j'ai toujours l'impression d'être jaugée et pourtant je ne suis pas en surpoids. Il me semble que le tempérament "militaire" dont tu parles y est pour quelque chose. Tous pareils, tous dans le même moule. Le gros est pour lui quelqu'un qui n'a pas de volonté, qui se laisse aller.

Souviens-toi de l'émission de TV réalité sur M6 : "j'ai décidé de maigrir, et vous ?", elle partait de ce présupposé : on maigrit si on est volontaire.

As-tu réussi sur le site de canalplus ? Je crois qu'il faudra attendre demain pour voir l'émission.

Bises

14. Le vendredi 16 juin 2006, 17:30 par Cécile

parait que la grosse c'etait affectueux, que j'ai pas d'humour... parait. ( Merci Madame)

15. Le vendredi 16 juin 2006, 19:57 par Fauvette

Je trouve que tu as beaucoup de classe et de gentillesse ; bravo. Beau parcours. Pas de ressentiment, et des relations sympas avec tes parents...

Et c'est vrai que tu es une belle jeune femme, vraiment sexy. Et c'est tant mieux !

16. Le vendredi 16 juin 2006, 20:00 par Fauvette

Ah oui je voulais dire que pour beaucoup de gens, être gros est assimilé à la pauvreté. Il faut beau, mince, bronzé... c'est signe d'une réussite sociale certaine. Enfin c'est mon impression, je me trompe peut-être.

17. Le vendredi 16 juin 2006, 21:16 par gazelle

Quand j'étais gamine, ma mère racontait en rigolant, sans s'en lasser, qu'à ma naissance elle s'était écriée : "oh ! c'est une fille (elle voulait un garçon...), comme elle te ressemble (à mon père...), comme elle est moche !" Aucun psy ne m'a crue !

Ca m'a poursuivie très longtemps... mais je ne me suis finalement pas laissée rattraper !! ;-)))

C'est souvent l'amour et le désir d'un être aimé qui nous guérissent de ce genre de blessure narcissique.

Nous ferons connaissance le 1er juillet... Un de ces quatre, je t'enverrai ma photo pour ton trimbinoscope !

18. Le vendredi 16 juin 2006, 21:28 par Swâmi Petaramesh

@Gazelle : ...comme elle te ressemble (à mon père...), comme elle est moche !

Ouch !

> Un de ces quatre, je t'enverrai ma photo pour ton trombinoscope !

Ah oui, mais non ! Pour "Couettes & Houppettes", Dame Traou, elle prend pas les moches...

19. Le vendredi 16 juin 2006, 21:29 par Swâmi Petaramesh

...Un seul "p" à "houpette"... J'ai du confondre avec "muppet"...

20. Le vendredi 16 juin 2006, 21:43 par Crick

Et bien, ton texte est si vrai et si réel!! Je crois qu'on a tous dans les familles, des grosophobes ou une espèce comme çà. T'as de la chance et du caractère d'avoir gagné cette bataille !! La mienne, je la continue toujours et spécialement pour moi. Aimer ses petites rondeurs, pfff que de boulot !! Très beau texte comme à ton habitude. Biz

21. Le vendredi 16 juin 2006, 22:37 par Phosphatine

Mes rondeurs me suivent depuis que je suis toute petite...Mais, dans mon malheur, j'ai du avoir beaucoup de chance...Ma mère m'a toujours valorisé et trouvé jolie, voire "belle" (mais est-elle vraiment objective...?). De mon père, très pudique, je ne garde que des regards très doux à mon égard. Ca ne m'a jamais empêché de me sentir mal dans ma peau, mais je sais qu'ils m'ont aidé tous les deux à réussir à séduire malgré tout...avec autre chose...

Traou, ta note est magnifique...Et, comme Lou, j'attends la suite avec impatience...

Merci

22. Le vendredi 16 juin 2006, 22:54 par Swâmi Petaramesh

<affreux>
Traou, arrête de toute urgence cette série de billets avant que ton joli blog ne soit transformé en aspirateur à grosses !
Horreur ! Malheur !

(Aïe ! Non ! Ouille ! Bon, je sors... Hé ! Aïeuh !)
</affreux>

23. Le samedi 17 juin 2006, 00:11 par Traou

@Chondre : Tu sais ce que j'en pense... Moi qui pensais avoir placé Jim dans une famille sérieuse...

@Telle : Pas eu le temps de vérifier pour l'émission : je rentre à peine...

@Cécile : Parait qu'on va boire un coup prochainement ensemble pour oublier qu'on n'a pas d'humour ?... Je t'embrasse

@Fauvette : Signe de réussite sociale et pour cause ! Quel est le livre qui est sorti récemment où deux journalistes ont mené l'enquête sur les produits alimentaires de la grande distribution : les produits peu chers sont les plus caloriques et qui comportent des ingrédients de moindre qualité...

@Gazelle : Ravie de faire ta connaissance le 1er. Et n'hésite pas à m'envoyer ta photo (ne tiens aucun compte des propos de l'affreux Swâmi, c'est un récent non-fumeur, il est perpétuellement de mauvais poil ! ;-))

@Crick : Je n'ai pas encore tout à fait gagné, je suis en bonne voie. Et ce que je lis ici me fait me sentir entourée de semblables (enfin, il y en a qui mettent des méga-gâteaux au chocolat en ligne chez elles, hum, hum...)

@Phosphatine : C'est terrible, on est tellement persuadée du contraire que quand on nous affirme belle, on a du mal à y croire... Doux regard pour toi...

@Affreux Swâmi : Finalement, tu n'es pas si "extrêmement beau" que ça... Et chtoc ! Tu ne l'as pas volée, celle-là ! :-)

24. Le samedi 17 juin 2006, 00:48 par Vroumette

@Chondre : reste à les truithonner les deux terreurs. Peut-être qu'ainsi gavés, les deux tourtereaux ne penseront plus à faire des bêtises.

@Traou : éh éh, mais dans ma famille, ils continuent les bougres, et notamment ma mère, si fine, si svelte, si élégante, etc.... => même pas mal, mes kilos m'ont appris à avoir un certain sens de la répartie (enfin je crois), et à prendre les choses avec beaucoup d'humour (alors que sinon, j'aurai été d'une susceptibilité exarcerbée).

@Swâmi en mode affreux : alors l'arrêt de la cigarette, ça se passe bien ? (je sais ô combien cette remarque est basse et vile, mais gniark, gniark, gniark, ce n'est que basse vengeance).

25. Le samedi 17 juin 2006, 01:43 par Vic

L'amour t'a rendue belle et heureuse, belle parce qu'heureuse? Magnifique .

26. Le samedi 17 juin 2006, 11:36 par Traou

@Vic : Ça c'est l'épisode d'après ;-)

27. Le samedi 17 juin 2006, 12:10 par Naranne

Très beau texte, Traou, comme toujours. Pour avoir eu quelques complexes à l'adolescence, je sais combien il est difficile d'accepter son corps. Cependant le corps ne fait pas tout, loin de là. J'ai un corps avec lequel je suis en accord, qu'à la limite je préfèrerais à celui que j'avais à vingt ans. Mais cela n'a pas été suffisant. Ma fille qui est poutant belle et gentille (et ce n'est pas parce que c'est ma fille) connait les mêmes problèmes. Problèmes récurents dans la famille? , psychogénéalogie ?, ... mais cela est un autre débat !

28. Le samedi 17 juin 2006, 16:35 par Hélène

Je suis stupéfaite de lire qu'on peut avoir une philosophie du corps pareille, et encore plus que tu aies réussi à ne pas en vouloir à mort à tes parents pour ça, Traou. C'est dingue des trucs pareils, je crois que je vais pas m'en remettre.

29. Le samedi 17 juin 2006, 20:19 par Akynou/racontars

Ha ! les fameuses années souxante-dix…

Sur le même sujet, ''la Plate Prière'' d'Anne Sylvestre que j'ai promis de te chanter :-)

30. Le samedi 17 juin 2006, 20:53 par Crick

@Traou, alors là, je vois pas du tout de qui tu veux parler :p

31. Le dimanche 18 juin 2006, 18:20 par notafish

Et puisque Anne Sylvestre a tout compris... il y a aussi Ronde Madeleine.

32. Le lundi 19 juin 2006, 10:00 par tanette

Comme tu racontes bien tout ce que j'ai pu ressentir et que je ressens encore. Moi, je n'ai pa eu des parents "grossophobes" mais j'ai toujours été complexée par mes rondeurs. J'ai longtemps refusé de me mettre en maillot et l'été, quitte à transpirer je sortais rarement bras nus. Pourtant, si à la soixantaine j'ai quelques "bouées" (je pèse 65 kg pour 1,63m) ce n'est pas si catastrophique, mais c'est tellement ancré en moi que j'en suis encore à envier les ventres plats et les jolis bustes. Longtemps je me suis demandée comment mon mari (grand et mince) pouvait m'aimer telle que j'étais, ce qui me faisait prendre son manque de démonstration pour de l'indifférence à mon égard. Je suis complètement rassurée de ce côté-là, mais je garde toujours le regard critique envers mon corps avec lequel j'ai du mal à faire la paix. Tes billets et les commentaires me font du bien, je croyais être seule à éprouver ces difficultés, je vois qu'il n'en est rien.

33. Le jeudi 22 juin 2006, 23:52 par Pivoine Blanche

Ton texte me touche beaucoup, Traou... D'abord, j'ai beaucoup réfléchi à cela, je me demande (on ne s'en souvient plus je pense), si on n'est pas traumatisé à fond, quand on passe de l'enfance (avec un corps d'enfant, imberbe), à l'adolescence (avec une taille presque d'adulte, des formes, et le reste)... On le sait bien qu'on va grandir, on voit les autres qui paraissent belles, mais soi, on est loin du compte et on voit tous ses défauts (grosses jambes, peau d'orange, etc. etc.) - Je me suis trouvée une affreuse adolescente, parce que j'avais aussi des lunettes, genre hublot, des cheveux longs, peut-être, mais désespérément gras, au bout d'un jour ou deux, et de l'acné. Les verres de contact ont un peu arrangé les choses, et finalement, je n'étais pas si moche que ça. Mais j'avais (aussi) une mère filiforme, (un tantinet anorexique), du coup, j'étais plutôt gourmande (et boulimique quand ça n'allait pas), jusqu'au jour où je me suis trouvée belle dans le regard d'un homme, un homme m'a choisie, trouvée belle, et youp là! Finis les complexes ! (pour un petit temps). Du coup, je me suis maquillée, habillée, coiffée, et j'ai même pris un petit genre snob, qui ne correspondait pas du tout à mon caractère. Mais il fallait bien que le papillon sortît de la chrysalide...

Aujourd'hui, j'ai 48 ans, de beaux restes, mais décidément trop de kilos et pas vraiment le courage de les perdre, et je voudrais bien être encore aussi belle qu'à 20 ans...

Ah ! Que la vie est dure...

(pour les honnêtes gens).

34. Le lundi 26 juin 2006, 10:51 par Swâmi Petaramesh

Bigre, cet article est en lien sur rezo.net : La Célébrité est en marche, Traou ;-)

35. Le lundi 26 juin 2006, 12:49 par Traou

Pardon de n'avoir pas répondu à chacun(e), mais j'ai été absente quelques jours. Je vois que ce sujet nous touche toutes et tous. Il a donné lieu à de jolis commentaires et de jolis billets ailleurs, comme chez Hélène, chez Erin, ou chez Akynou.

Merci de me l'avoir signalé, Swâmi, je ne l'avais pas encore remarqué. Le tome 1 figurait déjà sur rezo.net, d'ailleurs... et j'attaque incessamment le tome 3, tada !!! (je pense devoir cette subite "notoriété" au fait que le premier billet avait été cité et chez Chiboum et chez Tarquine, les stats de mon petit blog ont subitement explosé ces deux journées-là, je vous dis pas...)

36. Le lundi 26 juin 2006, 13:35 par Anne

C'est la faute de Tarquine, c'est elle la grande exploseuse de trafic !!

37. Le lundi 26 juin 2006, 16:41 par gazelle

@ Swâmi : la bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe !

@ Traou : je t'envoie ça dès que possible ! A samedi...