Blog en RTT
Par Traou le dimanche 12 mars 2006, 23:17 - Bretagne - Lien permanent
Voilà, j'avais préparé un billet jeudi, avant de partir en week-end prolongé, et puis j'ai oublié de le mettre en ligne. Alors un bref compte-rendu à la place, à peine descendue du train.
J'étais "chez moi", là :
photo IGN
Oui, c'est sûr, c'est difficile de repérer la maison... Vous avez remarqué, la mer est basse !
Impressions rapides, en vrac.
Au programme : Noël en famille (ben oui, nous étions plusieurs à ne pas être là...). J'avais trimballé avec moi une malle de cadeaux indiens. Nous avons dressé une grande table avec des violettes du jardin au milieu. J'ai choisi le vin avec mon père, fait la cuisine avec ma mère (elle avait déjà préparé terrines et foie gras, comme si on était le 25 décembre, parce qu'elle sait qu'on adore ça... j'ai fait des crumbles avec des framboises du jardin). On a parlé tous en même temps, rit, regardé des photos de loin (un de mes neveux rentre de Chine, ils n'avaient pas vu l'Inde). On a mis de côté les tensions qui existent parfois. Au fond, on s'entend plutôt bien alors qu'on est si différents. Je perds un peu de vue mes neveux, ils sont grands, ils font leurs chemins, si divers, passionnants, mais je ne les vois plus très souvent et je ne suis plus la "tata adorée" de quand ils étaient petits. Ils viennent avec leurs chéri(e)s, maintenant. Nous avons des opinions divergentes, des goûts parfois très opposés. C'est la vie qui avance...
Grandes balades le long de mes plages à moi. Je regrette de ne plus pouvoir emprunter le chien de ma soeur, trop âgé, pour m'accompagner, j'aimais à arpenter la côte avec lui, et le ramener tout mouillé, sablé, haletant, content.
J'ai essayé de prendre soin de mes parents, comme ils prennent soin de moi. Nous nous voyons si peu. Ils viennent me chercher et me raccompagnent tous les deux à la gare, immuablement, pour être avec moi le plus longtemps possible. Mon père vieillit en souriant et ronchonnant, alternativement. Ma mère a une énergie folle et ne me lâche pas d'une semelle ou presque, il lui arrive même de me parler à travers la porte de la salle de bains... Elle répand des graines pour les oiseaux devant la porte-fenêtre du salon, et nous prenons notre café en contemplant les mésanges, les rouge-gorges, les verdiers, les pinsons, l'ascenteur mouchet, et le merle dit "à lunettes blanches" (notre merle à nous) qui viennent se nourrir à deux pas de nous. Elle m'a demandé de trier des choses qui m'appartenaient. J'ai retrouvé des cahiers d'école, des dessins d'enfant, mes livres d'adolescente. Bouffées de souvenirs et de poussière...
Une soirée avec ma soeur. Dans un bar ami. Elle m'apprend la mort de T. le mois dernier, qui a tant compté pour elle et qu'elle n'avait pas revu depuis 10 ans. Souvenirs. Je l'ai un peu connu moi aussi. Si beau, si drôle, si fou. Je garderai de lui l'image - il y a plus de vingt ans - d'un "gamin" pas comme les autres qui aimait à proclamer qu'il était un oiseau. Envolé. Ce n'est presque pas triste, la vie l'avait brûlé.
Nous parlons jusque fort tard, quand on éteint presque toutes les lumières, qu'on ferme la porte à de nouveaux visiteurs et que les chaises se retournent sur les tables, faisant comme une forêt de bois nus dans la pénombre. Les habitués seuls accoudés au bar, on rit et on donne des nouvelles de gens perdus de vue depuis longtemps, naissances et morts, blessures et fêlures. Untel, si chaleureux et gai qui est passé tout à l'heure a voulu mourir pas plus tard que le mois dernier, il paraît, tout se sait ici. Je l'ai connu quand il avait 15 ans. Il a aujourd'hui des rides au coin des yeux, des enfants dispersés chez deux mamans, et une sorte de désespoir dans le sourire... mais il a l'air amoureux à nouveau. On parle d'un bateau revenu trente ans plus tard aux mains de son tout premier propriétaire, ému, qui va nettoyer les moules et les algues incrustés sur la coque, laquelle porte encore les prénoms accolés de ses parents (puisque bien sûr, on ne change jamais le nom d'un bateau, jamais). On écoute des musiques de partout et même on valse-rocke en riant, là devant le bar, juste parce qu'on est bien, que la vie n'est pas facile toujours, mais qu'il y a ces moments-là où l'on a quand même envie de danser.
Les camélias sont en fleur un peu partout et cette fleur est une image de bonheur, quoi qu'il advienne.
Dans le TGV Paris-Saint Malo, j'ai écouté à l'aller l'album de Lio (merci Labosonic, merci Obni). Et aussi celui de Juliette (merci Samantdi).
Et au retour les tangos tristes, les rumbas mélancoliques et le piano envoutant de Carlos d'Alessio (la musique du film de Marguerite Duras "India Song", qui est par ailleurs un des films de ma vie)
Sinon, Jim a fait sa première balade à l'extérieur. Je lui en programme d'autres... Voir billet ci-dessous.
Commentaires
C'est Saint Malo vu d'avion ?
C'est marrant, je n'y suis allée qu'une seule fois, une matinée, il y a 18 ans, nous nous sommes promenés sur les ramparts, puis nous avons déjeuné dans une crêperie dans une ruelle de la vieille ville .. avant d'aller nous promener sur les remparts de Dinard ....
Et quand j'ai ouvert ton blog, cette vue d'avion. J'ai tout de suite pensé à Saint Malo .. pourtant, promis, juré, je n'ai jamais vu cette ville du ciel ! Et je ne pourrais pas te dire pourquoi c'est cette ville qui m'est venue à l'esprit.
LaCuillerEnBois > Non, ce n'est pas Saint Malo mais quelques détours de côte à une quinzaine de kilomètres plus à l'ouest. Sur une vue aérienne de Saint Malo, on voit très distinctement les remparts et le port. Et à Dinard, il n'y a pas de remparts, en revanche... juste des promenades superbes qui longent la côte avec vue sur Saint Malo.
je sais ou c"est mais c'est de la triche
Bouffée de vie, bouffée d'oxygène, bouffée de nostalgie.
Un brin de mélancolie m'étreind. Tu narres si bien que je me suis pris un instant à rêver que c'était à moi que ça arrivait... Plus qu'improbable !
J'aurais volontiers été me promener dans ton coin... Moi qui adore la Bretagne... J'espère que tu en reviens reposée, pleine d'entrain, et sereine.
Bon c'est pas tout ça mais... Bonne semaine
Emue...tes mots sont si, tes phrases sont ...enfin, je veux dire...Bon, à propos, sais-tu ce que l'on doit obligatoirement faire si, malgré tout, on veut changer le nom d'un bateau, quoique je suis d'accord avec toi pour dire que ça ne se fait pas? Je t'embrasse et vais rejoindre Jim maintenant.
Joli week-end dis donc... j'espère que tu as fait provision de tout un tas de choses...
J'avais envie de voir la mer, ce week-end, je la goûte un peu à travers tes mots !
Cécile > Oui, toi tu connais, même si tu es beaucoup plus dans les terres...
Erin > Je t'envoie une bouffée d'air marin rien que pour toi, c'est bon pour les convalescentes !
Alice > Je ne connais pas bien la "procédure" - fort rare - pour changer le nom d'un bateau. Je crois qu'il y a une histoire de ronds dans l'eau avec des sillages qui doivent se croiser, non ?... Mais comme m'a dit un marin pur jus ce week-end "Un bateau dont on a changé le nom, de toute façon, il coule !"
Anne > Tiens je me rends compte que je ne vous ai même pas mis de photo de mer. Elle était déchainée l'autre jour, sous le soleil cependant.
Très joli week-end ma belle ! Et si joliment raconté. Une bonne goulée d'air frais !
Alors comme cela tu n'aimes pas les huîtres ? Dommage en Bretagne il y en a de fameuses.
Tu as déjà répondu à ma question sur la carte (j'étais à Saint-Malo cet été, et effectivement, je ne reconnaissais rien !, mais d'un autre coté, j'y suis pas allé en vaisseau spatial, non plus...)
Juste une seconde question qui n'a rien à voir et qui d'une poésie assez limitée : c'est comment le TGV direct jusqu'à Saint-Malo ? Et il y a du monde entre Rennes et Saint-Malo ?
Mes amitiés à Jim (doit faire pas mal de sport, Jim, pour être aussi bien galbé ! ;op)
Fauvette > Il faudra que je te rapporte une bourriche de Cancale, achetée "au cul du bateau", la prochaine fois, alors. Je me demande si je ne me ferai pas éjecter du TGV, cependant...
Gei > J'ai testé le TGV Paris-Saint Malo pour la première fois ce week-end. C'est très agréable de ne pas avoir à changer à Rennes, et c'est un peu moins omnibus que le TER... Les horaires sont bizarroïdes, cependant et pas très pratiques (retour le dimanche soir à 16h40 uniquement, un peu tôt)
et entre Rennes et Saint Malo, on peut s'allonger sur deux sièges, y'a pas foule. Voilà, c'était Traou au rapport !
Très beau billet, je suis émue.
Et puis, tu nous fais rêver avec la Bretagne ! Bon, peut-être pas aussi loin que l'Inde mais...
Merci
Pour en finir avec les TGV et pour rassurer Fauvette, il y a une manip pour mettre une bourriche d'huitre au frais dans le TGV, le temps du voyage... j'ai un collègue breton qui fait ça tout les ans à l'occasion du repas de Noël... voilà, je crois que c'est la fin de notre rubrique pratique "le TGV, Saint-Malo et les huitres..." !
Pour des soirées comme celle que tu racontes, j'aurai aimé avoir une soeur !
Ah bonne idée Traou, je ne suis pas chauvine, j'aime les huîtres de partout !
J'aime bien la façon dont tu parles de ta famille. Cela sent l'amour et le respect.
J'ai trouvé ce billet très touchant Traou, je l'ai lu avec aux lèvres un petit sourire tendre et ému. Merci.
Un billet qui fait du bien... oui, les douceurs et bons moments chopés ça et là, sont des bonheurs, quoi qu'il advienne. Bonne journée.
Lou > La Bretagne est un rêve autant que l'Inde... un peu plus proche, pas les mêmes couleurs....
Avec elle les soirées ressemblent parfois à ça, pas toujours... Mais j'ai quelques copains avec qui j'ai de jolis souvenirs de comptoirs tardifs aussi....
Gei > Tu me donneras le truc, parce que personnellement, je ne m'y risquerais pas... Désolée Fauvette !
Madeleine > Je te présenterai ma soeur si tu veux
Fauvette > Tiens je n'y avais pas pensé en ces termes... respect... c'est vrai c'est important en famille, surtout quand on est nombreux, différents, pas toujours d'accord...
Hélène > Merci de ton sourire. La vie est faite de ça : d'émotions et de trucs de filles, non ?!
Pralinette > Je t'offre ce camélia... un petit bonheur juste comme ça, pour toi...
la Bretagne mon coin préféré de France et en plus des camélias ah .......
Au hasard de mes errances bloguesques, de chez Martin en passant par Laouenig, je défile nonchalamment tes rubriques, et là je trouve :
Ma Ria, Ma Rance, Ma Passagere, mon Jersey Lili
Mon coeur a explosé, et je n'en reviens pas, ma Bretagne doit me manquer, ma Cote Emeraude aussi, sans doute éperdument.
Je vis aux Antilles et je sens là que mon coeur en pince pour revenir bientot.
Merci Traou de m'avoir transportée outre Antlantique.
Doudou Janis 40 ans aussi
Je reviens, car après m'être arreté le coeur, je viens de lire ton texte.
Très joli, très tendre, et un peu de la couleur de ce que je vis quand je rentre "chez nous".
Les gens qu'on aime et qui vous aiment, les retrouver est un grand bonheur, ceux là, c'est sur, ils vous aiment sans calcul et vous pardonnent tout. La dernière fois que je suis rentrée, c'était pour des funérailles et j'ai ressenti encore plus ces choses là et combien la Cote d'Emeraude était en moi.
"Ni français ni breton, Malouin suis"
et pour la vie
Et qui qu'en grogne..
Merci encore je reviendrai souvent le "nostalgier" sur tes plages.
Bonaventure > En ce moment les camélias... un peu plus tard les hortensias.... hmmmm (soupir de contentement)
Doudou Janis > Bienvenue ici ! Je te dédicacerai les prochaines photos de "chez nous". Mais il ne faut pas que ça te rende triste : tu reviendras...
J'y reviens 2 fois par an, mais pour le moment, je n'ai pas envie de revenir pour de bon. Mais c'est là que je veux terminer mes vieux jours. Y a encore de la marge enfin je l'espère...
Bisous sucwés, ici les embruns ont gout de canne à sucre.