"Munich"

Je suis sortie du film « Munich » de Spielberg assez... éprouvée. Ce récit de la prise d'otages d'athlètes israéliens par des Palestiniens aux Jeux Olympiques de Munich en 1972 et surtout de la poursuite et l'élimination des terroristes du groupe Septembre Noir par les agents du Mossad m'a plongée pendant deux heures quarante au coeur d'une violence affichée ou souterraine, permanente...

J'ai lu à droite et à gauche les articles polémiques qu'a suscité la sortie du film, notamment aux Etats-Unis, où l'on reproche peu ou prou à Spielberg, le seul cinéaste totalement autonome de Hollywood, le plus puissant sûrement, juif attaché à ses origines, d’avoir donné dans ce film la parole aussi aux Palestiniens et d'avoir brossé peut-être un portrait peu flatteur du gouvernement israëlien de l'époque, même si Golda Meir est présentée comme d'abord réticente aux représailles, avant de s'y résoudre.

La polémique n'est pas mon propos (je n'y excelle pas du tout et la pratique fort peu pour cette raison...). Je n'ai aucun parti à prendre, mais ce qui ressort pour moi de ce film "inspiré de faits réels" et que Spielberg revendique comme un plaidoyer pour la paix plus que comme un "documentaire" historiquement inattaquable (il l'est sans doute), et ce pour quoi il mérite pour moi d'être mille fois remercié, c'est d'avoir souligné ici l’inanité absolue de la loi du talion. L’inutilité de la violence. La bêtise insondable de la vengeance qui en suscite une autre, puis une autre encore. La spirale sans justification du meurtre qui appelle le meurtre, sans fin, jamais. Quelle que soit la cause défendue, elle ne mérite jamais cela.

La violence souligne juste le caractère tellement identique des adversaires. C'est une ironie qui me frappe toujours, quel que soit le débat, quels que soient les combattants : Mon Dieu, qu'ils se ressemblent ! Et je rêve parfois qu'ils en prennent conscience...

Commentaires

1. Le mardi 28 février 2006, 15:11 par chondre

Je n’ai pas trouvé que ce film était pro ou anti Israël/Palestinien. J’ai tout simplement été bouleversé par la violence physique, notamment celle de la tuerie des athlètes, efficacement distillée en flash-back, mais également par lente descente aux enfers du héro principal, pour finalement s’apercevoir qu’il n’est qu’un vulgaire pion.
La scène dans le salon de Golda Meir est également terrible. Discuter calmement de telles représailles entre une tasse de thé et deux petits gâteaux…
Mais comme le précise Spielberg, ce film est inspiré de faits réels et n’est en aucun cas un documentaire. Dans tous les cas, il faut de sacrées coui**es pour réaliser un tel film.

2. Le mardi 28 février 2006, 15:19 par Pancho

Ce que vous en dites (Traou et Chondre) me donne bien envie de le voir.
Il y a eu assez récemment à la tv une reconstitution de la prise d'otages
qui mettait en évidence l'impréparation totale de la police allemande (doublée d'une certaine suffisance,.. qui leur avait fait décliner l'offre d'aide de la police israélienne..).

3. Le mardi 28 février 2006, 18:28 par Traou

Chondre > C'est précisément ce que j'ai trouvé courageux de la part de Spielberg, c'est que ce n'est pas un film manichéen. Il renvoie dos à dos tous les adeptes de la violence, de quelque bord qu'ils soient. Le plan final sur le World Trade Center est à cet égard plus poignant que nulle part ailleurs...

Pancho > Pour la réalité de la prise d'otages des JO de Münich un documentaire est sorti en même temps que le film de Spielberg, qui retrace plus exactement les faits et qui s'appelle "Un jour en septembre". Mais "Münich" est à voir. Absolument.

4. Le mardi 28 février 2006, 23:09 par Rose

Oui, Spielberg est très fort. Toujours. Ca questionne, ça démontre la folie humaine, tant d'un côté que de l'autre. Je ne connaissais rien à l'affaire, mais sans prendre le film pour argent content -oui, c'est un film pas un docu-, ça m'a éclairé sur certains points. J'aime quand les films m'interpellent...