Retour à Goa (Carnet indien 5)

Adieu Hampi. Avec Males, nous reprenons la route de Goa. Douze heures de route en perspective. De jour cette fois-ci. Il va faire chaud mais je suis heureuse de voir de mes yeux cette traversée du Karnataka puis de Goa que j’ai faite dans le noir à l’aller.

Sur cette route que nous faisons au milieu des camions décorés (pas facile à photographier au vol, désolée…)

camion

camion

camion

Nous croisons des troupeaux de chèvres ou de buffles, emmenés par des enfants la plupart du temps

chèvres

buffles

Des étendues de piments qui sèchent au soleil

piments

piments

Des fabriques de briques

briques

briques

Et même parfois un éléphant maquillé

éléphant

La route est chaude et bruyante. Le klaxon ici n'a pas la même fonction que chez nous. A l'arrière de tous les camions il est inscrit "Sound horn, please" (klaxonnez, s'il vous plait). Cela amuse beaucoup Males quand je lui explique que chez nous, un coup de klaxon signifie à peu de choses près : "Ôte-toi de là, connard !" ou "Tu conduis vraiment comme un manche, abruti !". Ici, c'est juste pour signaler qu'on est là, qu'on va passer, qu'on va doubler, qu'on arrive, quoi... Ce qui fait que tout le monde a toujours une bonne raison de klaxonner. On s'y fait, dès qu'on a appris à ne plus sursauter puisqu'on a compris que ce "langage" n'avait rien d'agressif. D'ailleurs, personne ne s'en offusque, au contraire d'un embouteillage parisien où klaxonner le mec de devant peut facilement vous amener à en venir aux mains...

Il n'y a pas non plus vraiment de règles concernant les sens de conduite où la façon de doubler. Tripler, cela arrive : trois de front sur une quatre-voies, empiétant largement sur la bande d'arrêt d'urgence, auquel cas il faut souhaiter que celle-ci n'ait pas été empruntée à contre-sens par un automobiliste ou un camion qui, las de chercher de l'essence sur son côté de la route, à décidé de traverser et de faire un petit tronçon à l'envers pour s'approvisionner plus vite....

Le sport national semble également être : à combien pouvons-nous tenir sur un scooter ou une moto ? Sans casque, of course... Et les femmes pratiquent avec élégance et en sari, l'amazone sur porte-bagages. J'en ai vu avec deux ou trois enfants serrés entre elle et le conducteur. Une fois même, l'une d'entre elles donnait le biberon à un bébé sur une motocyclette pétaradante et fumante. Je suis sûre qu'il s'est endormi sans mal après ça !

moto

moto

moto

Quelquefois, au coeur d'un village un peu plus gros que les autres, une "porte" décorée. Males a du mal à m'expliquer de quoi il s'agit. Une sorte de statue ou de tronçon de temple, c'est tout. Quand je descend de la voiture pour prendre une photo, je suis assaillie par des mômes rieurs et sales qui me réclament invariablement du "chocolate" (nom d'un chien, il fait 32° au moins, beaucoup plus dans la voiture, cela ne me viendrait pas à l'idée de trimballer du "chocolate"...). Tant pis, ils me sourient quand même, pas rancuniers.

porte

enfants

Nous arrivons vers la mer, la fin du Karnataka, le début de Goa

Goa

J'ai demandé à Males de me trouver un coin tranquille. Hors de question que je retourne vers Baga ou Calangute, ces lieux trop peuplés de touristes. Males sait ce qu'il me faut. Nous remontons tout l'état de Goa, du sud au nord, pour arriver à Mandrem. Oui, c'est bien là que je finirai mon séjour à Goa : une plage tranquille et presque vierge de touristes. Un village de paillotes où je m'endormirai en entendant le bruit des vagues. Un grand lit, une moustiquaire, un carré de ciment en pente avec des vraies toilettes (quel luxe !), un lavabo surmonté d'un petit miroir de traviole, et un tuyau d'arrosage amélioré pour prendre ma douche : c'est mieux que le Ritz, mes amis !

Mandrem

paillotes

ma paillote

Avec Males, nous nous faisons des adieux provisoires : il reviendra me chercher dans trois jours pour me conduire à l'aéroport pour mon retour à Bombay avant Paris. En partant, il m'offre un petit Ganesh, parce qu'il sait que j'aime tant celui qui clignote sur son tableau de bord. Il précise avoir cherché spécialement un Ganesh avec les oreilles grandes ouvertes, plus rare. Et me fait moult recommandations : lui offrir de l'encens, des fleurs, et ne pas omettre de lui faire régulièrement un point rouge au milieu du front... Je suis un peu perplexe : à part avec du rouge à lèvres, je ne vois pas bien avec quoi je pourrais lui faire un point rouge qui tienne... et je ne suis pas sûre que ce soit très "respectueux". Cela fait rire Males, mais il me laisse avec mon dilemne. Je suis très touchée de son cadeau. Il ne me quittera plus du voyage, toujours sur ma table de nuit et dans mon sac auprès de moi. Et ici, à Paris, il veille sur moi, avec toute l'amitié avec laquelle il m'a été offert, perché sur ma petite cascade en ardoise au-dessus de mon lit, sur laquelle je n'ai pas manqué de lui mettre des fleurs....

Ganesh Males

Commentaires

1. Le dimanche 5 février 2006, 23:54 par serge

Les lèvres peintes en rouge pour un baiser sur le front, et posée devant, une petite cuvette en papier d'argent avec un carré de chocolat.. Voilà qui ajouterait à l'émotion...
Manifestement ton blog est beaucoup lu...
Les coups de klaxon s'accentuent ;)

2. Le lundi 6 février 2006, 09:18 par Anitta

Tut tut ! (je klaxonne pour venir commenter, aucune agressivité)
Toujours ces photos évocatrices... Je comprends mieux pourquoi tu disais que le tri te prenait du temps ! Et le point rouge sur le front du Ganesh, aujourd'hui tu le fais comment ?

3. Le lundi 6 février 2006, 09:25 par clem750

Je m'y retrouve. Même les klaxons que j'entend encore. Merci pour les photos, Traou, qui me transforment de lcette interminable grisaille parisienne

4. Le lundi 6 février 2006, 09:30 par alice

Quel plaisir de te lire et de profiter de tes photos ce lundi matin! Pour le point rouge, un peu de vernis à ongles peut-être?

5. Le lundi 6 février 2006, 10:24 par Ursun

Du tabasco peut-être, pour avoir un Ganesh bien épicé ?
Les photos et les mots. Le mélange des sens au service de l'imaginaire, au service du souvenir.
Bientôt dans les bacs, le "Guide Traou de l'Inde" ! Les Guides Traou vous emmènent n'importe où !

6. Le lundi 6 février 2006, 12:42 par Traou

Serge > Il n'a peut-être pas l'air sur la photo, mais il tout petit mon Ganesh, alors un baiser sur le front lui barbouillerait toute la figure ! Et même les oreilles ! ;-)

Anitta > J'ai pris plus de 500 photos !... Heureusement, depuis que François Granger m'a conseillé Picasa pour les traiter, je n'ai plus à les mettre au format une par une, je gagne un temps fou !

Clem > Je crois que le fond sonore de klaxons est notamment mon premier souvenir de Bombay. Pas une minute de silence, jamais...

Alice > Ah non, pas de vernis à ongles. Je crois qu'on est censé lui appliquer un point rouge tous les matins, avec le pouce. Mais je ne pratique pas le culte à Ganesh, je me contente de le trouver fort sympathique et il représente un très joli souvenir, alors je crois qu'il ne m'en voudra pas...

Ursun > Les guides Traou, tiens, tiens, je vais y songer.... Ca veut dire qu'il faut que j'y retourne !

7. Le lundi 6 février 2006, 15:51 par alice

Bon, mettons que je n'ai rien dit alors...Il a l'air tellement débonnaire avec son petit bidon que je ne voudrais pas le contrarier!

8. Le lundi 6 février 2006, 20:22 par Fauvette

Merci pour ce récit ensoleillé et sympathique. Sûr que cela illumine notre grisaille d'ici, et que c'est un moment bienvenu.
Je voudrais du soleil !!!

9. Le lundi 6 février 2006, 22:10 par obni

Que de couleurs ! Que de senteurs ! Et quel récit !

10. Le mardi 7 février 2006, 12:21 par Yves Duel

moi non plus (rien à voir), mais super ! merci !

11. Le mardi 7 février 2006, 14:08 par Rose

Quelle bonne surprise en ce mardi pluvieux de découvrir ce blog! Il me parle et me touche... sans doute parce qu'il n'y a rien de meilleur qu'un Traou Mad!
A bientôt!

12. Le mardi 7 février 2006, 14:28 par Traou

Alice > C'est exactement le mot qui lui convient "débonnaire". Quant à son bidon, je ne sais pas bien ce qu'il a en travers, on dirait qu'il porte un sac en bandoulière ou quoi ?....

Fauvette > Mais il fait bien trop chaud là-bas... Oups, c'est peut-être pas ça qu'il fallait dire pour ton envie de soleil. ;-)

Obni > Tu es trop fort : tu arrives à percevoir les senteurs ! (ou alors c'est moi qui suis forte ! :-))

Yves > You're welcome ! Peut-être qu'on s'y croisera.

Rose > Bienvenue ici ! Nous sommes bien d'accord pour les Traou Mad. Je suis allée faire un tour chez toi : j'y retournerai plus longuement. C'est drôlement joli, j'adore le thème. A bientôt

13. Le mardi 7 février 2006, 18:37 par Erin

Moment d'évasion... Je lis et je rêve...

14. Le mardi 7 février 2006, 22:37 par chondre

Tu confirmes alors. Mes amis indiens me vantent la beauté des plages de Goa, même si parfois on peut y trouver des petites surprises rigolotes. Moi qui avais envie d'aller en Inde, tes billets me donnent envie de vite acheter un billet (d'avion...quel humour!).

15. Le mercredi 8 février 2006, 10:13 par Cécile

chez dame Traou je me rechauffe à coup de mots, de parfums et de couleurs.

16. Le mercredi 8 février 2006, 10:56 par Traou

Erin > Je suis ravie si je peux contribuer à te faire t'évader et rêver

Chondre > C'est quoi les "petites surprises rigolotes" ? Oui, il y en a de très belles si on évite celles trop fréquentées. Si tu y vas, je te ferai un topo plus détaillé mais déjà Palolem est très belle, au sud, et il paraît qu'au nord de mandrem où j'étais il y en a de très belles et calmes...

Cécile > Toi aussi, tu sens des parfums ! (ça me fait rire quand tu m'appelles dame Traou, je me vois toujours coiffée d'un hénin en haut d'un chateau à douves, avec un troubadour en train de me chanter des trucs en vieux françois...)

17. Le mercredi 8 février 2006, 21:44 par Cécile

;) mais tu n'es pas ainsi?

18. Le mercredi 8 février 2006, 22:29 par Cécile

;) mais tu n'es pas ainsi?

19. Le jeudi 9 février 2006, 09:51 par Traou

Elle en bégaie ! Oui, je suis presque comme ça, mais bon, le hénin, j'essaie d'arrêter parce que dans le métro c'est pas bien pratique, j'en ai bousillé deux à la fermeture des portes, au prix que ça coûte ! Mon immeuble ressemble presque à un château et il donne sur une impasse qui fait un peu douves si on a de l'imagination. Quant au troubadour, je l'ai remplacé par les petits rapeurs qui campent en bande et à l'année au bout de l'impasse en question.... Faut que je leur dise de m'appeler Dame Traou, ça va leur plaire...