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Je me suis réveillée ce matin avec une étrange sensation de malaise. Une boule sur l’estomac. Une sorte de cafard sans forme et sans raison apparente, j’avais beau chercher…. Un mauvais rêve dont je ne me souviendrais plus ? Le mélange de deux vins hier soir ?…..

Je me suis occupée pour essayer de faire passer cette sensation pas très agréable et injustifiée : changer les draps, faire la vaisselle de mon dîner indien de la veille avec JF, un peu de rangement, mettre des coings à cuire pour faire de la confiture, écrire un peu pour mon blog… Que puis-je bien lui confier à mon blog, ce matin ? Que j’ai un fond de cafard sans savoir pourquoi ? Non, tiens, ce petit texte que j’ai pondu récemment sur l’arrivée de l’automne qui me réjouit toujours, c’est mieux. Et puis ça correspond un peu à l’humeur du jour, très automnale, qui m’intrigue et m’agace de ne pouvoir lui donner un nom.

Et puis au fur et à mesure que la journée avance, ce malaise se précise. Et bientôt je l’identifie, je peux lui donner un nom : le malaise s’appelle Lou, c’est une petite fille d’à peine une semaine pour qui j’ai acheté un cadeau hier et dont je dois faire la connaissance tout à l’heure. Et je n’ai pas très envie d’y aller…..

Ce n’est pas elle qui est en cause, la pauvre choupette, c’est moi, je le sais. Je sais que le spectacle de cette famille toute neuve, à l’unisson de laquelle je vais me réjouir comme il se doit, va aussi me renvoyer à ma propre solitude et au fait que je n’en suis pas encore – loin de là – à « l’acceptation » de celle-ci. J’en suis encore à la « renonciation », peut-être même à la « résignation » de ne pas avoir ma propre famille, mais j’ai encore pas mal de chemin à faire avant « l’acceptation », qui est le contraire de ces deux notions, en ce sens qu’elle est positive, elle est un « oui » actif à la vie telle qu’elle se présente, et le moteur pour en faire quelque chose. Renonciation et résignation ne sont que des palliatifs. J’en suis aux palliatifs….

Alors j’y suis allée. J’ai pris le thé, j’ai félicité, complimenté, me suis extasiée devant l’adorable nouvelle-née. J’ai entendu le récit des contractions, de l’accouchement, ai assisté à la tétée. Et dans le métro du retour, j’ai pleuré.

J’ai hâte d’être à demain. Au bureau, du boulot par-dessus la tête, exactement ce qu’il me faut pour la semaine à venir, pour oublier la méchante chanson de Souchon qui me trotte toujours dans la tête quand je suis dans cet état-là : « Tu la voyais pas comme ça ta vie, la, la, la… ».

Merde, c’est difficile ce soir.

Commentaires

1. Le dimanche 6 novembre 2005, 21:49 par Anitta

C'est bête, ce que je vais dire, ma bonne dame... Mais des fois, la vie c'est pas aussi bon à faire et à goûter que la confiture... Même la confiture aux coings ! Vu sur un autre blog : "Finalement, ce qui constitue l'ossature de l'existence, ce n'est ni la famille, ni la carrière, ni ce que d'autres diront ou penseront de vous, mais quelques instants de cette nature, soulevés par une lévitation plus sereine encore que celle de l'amour, et que la vie nous distribue avec une parcimonie à la mesure de notre faible coeur" (Nicolas Bouvier).

2. Le dimanche 6 novembre 2005, 22:55 par Vroumette

Je me sens un peu nulle pour tenter de te remonter le moral sur ce coup-ci. Si ce n'est que la vie peut être jolie de plein de façons, que le schéma classique s'avère parfois un vrai désastre quand on cherche à tout pris à y ressembler. J'ai plusieurs amies qui ont fait le choix d'avoir un enfant, soit toute seule, soit pas nécessairement avec le bon compagnon, et je constate que c'est difficile, vraiment dur, et finalement elles se demandent si elles ont fait le bon choix.
Ce que j'admire, c'est que tu as su aller voir ton amie, sans lui en vouloir et partager sa joie, même si cela était difficile (grand coeur la Traou et ton amitié doit valoir de l'or).

3. Le lundi 7 novembre 2005, 09:14 par Ursun

Il y a des fois où on peut dire ce qu'on veut, ça ne change rien. On peut voir cette journée comme un pas supplémentaire vers l'acceptation, donc la progression, l'envisager comme une victoire de toi sur ton humeur, tout ça, mais ça ne la rendra pas plus agréable pour autant.
Si, il y a quelque chose de VRAIMENT positif. Elle est terminée. Le soleil s'est levé ce matin. Il fait frais. IL y a de nouvelles choses à écrire, à voir, à lire, à chanter, à danser. C'est déjà pas si mal.

4. Le lundi 7 novembre 2005, 09:22 par alice

Tout cela tient à si peu de choses...Bise.

5. Le lundi 7 novembre 2005, 13:35 par Traou

Cette grande bringue de Traou (173 cms - %*§ kilos) a bel et bien été mise KO debout par mini-Lou (50 cms - 3,5 kilos).
J'ai l'air malin....
Merci pour vos mots doux, apaisants et pleins de bon sens qui vont m'aider à me remettre sur pieds et soigner mes bosses et mes bleus au coeur.
La journée d'aujourd'hui a encore un goût un peu amer, mais est déjà mieux qu'hier et moins bien que demain, sûr et certain !

6. Le lundi 7 novembre 2005, 14:28 par Ursun

T'as peut-être été mise KO debout, mais je suis sûr que c'était la chance des débutants, parce que tu menais largement aux points. Parce que tu as de la technique, et du coeur.

7. Le lundi 7 novembre 2005, 18:02 par Ari

Chère Traou,

Peut-être ne faut-il pas vous imposer de rencontrer des choupinettes aux doigts fripés si le coeur ne vous en dit pas. Ou alors y aller, et dire aux parents la vérité, que ce n'est pas toujours facile de s'extasier devant un bonheur qu'on aurait voulu pour soi, et à soi. Je suis persuadé qu'ils comprendraient fort bien.

Dire les choses, c'est souvent un moyen de les accepter.

Le plein de bises.

8. Le lundi 7 novembre 2005, 20:10 par Traou

Merci Ari, oui je sais bien, mais dans ce cas précis, soit je leur faisais de la peine en ne m'associant pas à leur joie, soit je m'en faisais à moi.... Choix cornélien...

9. Le lundi 7 novembre 2005, 22:51 par obni

Je n'ai pas été insensible à ce billet très émouvant. Non.

Mais je n'ai rien pu écrire pour remonter le moral… je voulais rédiger une loufoquerie… pour faire rire… mais je n'ai pas osé… de peur de paraître maladroit.

Avec le recul, je pense que j'aurai du le faire. Il faut toujours relativiser.

10. Le mardi 8 novembre 2005, 08:22 par Traou

Cher Obni,
Toute loufoquerie (sous forme ou non d'oulipoterie) est la bienvenue en toutes circonstances. Je fais confiance à ton talent pour ne jamais paraître maladroit.
Merci pour cette pensée en tous cas.

11. Le mardi 8 novembre 2005, 08:23 par Traou

L'humour n'est-il pas le meilleur moyen pour dégoussailler le chagrin ?...