mercredi 22 août 2007

Billet pointillé

Parce que - grâce à Gilda, merci Gilda - j'écoute Anna Gavalda ce soir sur Inter. Alors, l'ordinateur sur les genoux, je tapote un peu le clavier en tendant l'oreille vers ses mots. Pourquoi je fais toujours plusieurs choses en même temps, moi ?

Elle parle des personnes âgées, là, et tout à l'heure elle dit qu'elle parlera du courrier de ses lecteurs. Et je fais partie des lecteurs qui lui ont écrit, à qui elle a répondu, j'en ai déjà parlé ici. J'aime bien cette fille, j'aime aussi son silence et sa discrétion, alors qu'elle aurait quelques raisons de la ramener, quand même.

Bon, une chanson, je vais pouvoir me consacrer à mon écran deux minutes. Allez je vais vite, style télégraphique :

Rentrée de vacances samedi. Bouffée de bonheur en entrant dans Paris. Toujours heureuse de retrouver Paname. Et pourtant, quatre semaines-parenthèse dans ma Bretagne aimée. Heureuse. Bains jardin. Vélo plage. Embruns bateau. Tartes aux quetsches ("tartes aux couettes" dit ma nièce). Mon père avec une canne. Petite tristesse. La famille qui dévore, et c'est bon, et c'est dévorant. Trop et bien.

bateau

Interrogations de mots. Ecrire. Ecrire. Mais quoi ? Blog ? Pas blog ? Pause.

Anna parle. Elle écrit de 6 heures du mat' à 1h30 le lendemain matin. Waouh.... Je n'ai pas réussi à me discipliner pour me consacrer 3 heures par jour à l'écriture pendant mes vacances comme je me l'étais promis. Elle parle de cigarettes et de verres de Sancerre au gré des mots, des virgules, des alinéas... Merde, faut p't'être que je me remette à fumer ?! Que j'attaque le Sancerre aussi (je peux au Menetou-Salon ? Je préfère... A la limite, un bon muscadet me va très bien aussi). Bon j'ai quand même une sorte de manuscrit qui m'observe de là-bas, posé sur mon bureau, je n'ose plus y toucher. Et maintenant, je fais quoi ?

Blog ? Pas blog ? Si, bien sûr, même si plus lointaine. Plus en pointillés sûrement. Parce que le temps qui manque. Mais c'est mon ami si précieux. Tant de rencontres uniques et belles. De mots reçus qui encouragent et émeuvent. Pas envie de laisser ça.

St Michel

Un détour par le Finistère. Ces terres si belles. Je finirai ma vie là-bas, peut-être. Une maison amicale au creux des arbres et des champs. Des chevaux. Des hortensias si bleus que le ciel fait ce qu'il peut. Les silhouettes brûlantes des calvaires jetées vers le ciel. Et la lande la nuit sous les étoiles filantes à écouter conter le loup d'autrefois. Je n'oublierai pas ces instants-là. Merci.

hortensias

calvaire

Anna a déjà fini de parler. Elle retourne vers ses personnages. Moi je retrouve mon blog délaissé depuis un mois. Un peu brouillon. J'ai des bribes de vacances qui reviennent, déjà si lointaines. Le feu d'artifice du 22 juillet (oui, chez moi on tire le feu d'artifice de la plage, en fonction de la marée, alors quelquefois le 14 juillet tombe le 22. Et tout le monde trouve ça parfaitement normal, vrai de vrai)

feu d'artifice

La rentrée maintenant. Des envies. Des projets. Des rêves qui turlupinent. Des regards que j'espère recroiser. Ecriture désordonnée ce soir. Très confuse. Pardon. Je vagabonde. Je suis de retour chez moi, pas encore posée. Pas tout à fait sûre de ce que j'ai envie de dire ou de garder pour moi. Un peu en manque de mer et d'arbre. Pas tout à fait réacclimatée à l'asphalte et aux rames souterraines sifflantes. J'ai encore devant les yeux les couleurs folles des jolis champs en jachère. Je suis bien. Juste un peu fébrile, au rythme bousculé de mon esprit qui s'agite. Comme si j'étais amoureuse. Mais de qui ? De quoi ? Il faut que j'élucide cela !

jachère

dimanche 27 mai 2007

Cââânnes, le retour de la vengeance

Quatre petits jours à Cannes, cela suffit à mon "bonheur".

D'abord j'aime pas les fêtes, j'aime pas le chobiz, j'aime pas mettre des chaussures qui font mal aux pieds pour voir un film.
Alors cette année, je n'ai "monté les marches" qu'une seule fois, pour voir le film anniversaire des 60 ans du Festival : "Chacun son Cinéma", 33 courts-métrages de 3 minutes sur le thème de la salle de cinéma, réalisés par des "pointures". Le film était diffusé le même soir sur Canal Plus et sortira en DVD en juin, je crois. Intéressantes variations, dont je retiendrai surtout celles d'Atom Egoyan, de Wenders, des frères Coen, d'Inarritu, de Walter Salles, de Nanni Moretti et de Lars von Trier...

Cannes

C'est sans doute l'effet 60è anniversaire, mais j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup plus de monde que d'habitude. Les escabeaux des fans du tapis rouge étaient cadenassés aux barrières en bien plus grand nombre que les années passées. Il faut dire que la montée des marches a vu quelques beaux spécimens cette année : George et Brad pas plus tard qu'hier, Sharon l'autre jour [1] et tous les réalisateurs des 33 films précités, du beau monde...

Cannes

Cannes

Cannes

Cannes

Il faut relativiser néanmoins cette "montée des marches" : pour le festivalier lambda, dont je fais partie, même si nous faisons - obligés - un effort de toilette (et de chaussures, aïe, aïe, aïe...), nous les montons en troupeau, ces foutues marches. Et si nous avons le droit de nous y arrêter pour prendre quelques photos à exhiber fièrement à notre grand-mère ou à notre blog, les seules qui ont le droit de musarder et de prendre les poses devant les photographes, ce sont les stars, celles qui font vendre du papier.

Ah si, beaucoup d'autres photographes vous arrêtent et vous incitent à prendre des poses de stars devant leur objectif, ceci AVANT les marches (SUR les marches il faut une accréditation spéciale). Ces photographes-là vous donnent ensuite leur carte et vous pouvez acheter chez eux le cliché le lendemain... Souvenir frelaté, à peu près autant que la plupart des mondanités cannoises que j'exècre...

Ce que je retiendrai de ce festival 2007, c'est sa très belle affiche, le soleil bienvenu, et... la publicité scandaleuse qu'autorise la municipalité de Cannes à l'église de scientologie sur le petit train qui promène les touristes le long de la Croisette !!! ("La Dianétique" n'est autre que l'ouvrage "de référence" de Ron Hubbard, son fondateur)...

Cannes

Cannes

Cannes

Notes

[1] tic horripilant de ce métier : il est de bon ton d'appeler par leur seul prénom tous les gens un peu ou beaucoup connus, surtout quand on ne les a jamais croisé de sa vie. Cela me hérisse...

samedi 10 février 2007

Berlin - Année 2

Il neige.
J’ai si peu vu de cette ville l’an passé.
Cinq jours ici, je vais essayer de garder un peu de temps pour moi.
Je me fiche de voir des films, je préfère arpenter les rues qui blanchissent.
Explorer les cours, me perdre dans des intérieurs vertigineux, cônes d’acier et de verre, aquarium bleu haut de 5 étages (croyez-moi sur parole, j’ai oublié le câble pour télécharger mes photos).
Elle est émouvante, cette ville austère. Derrière ses murs épais et ses avenues droites, se cachent les fêlures d’un passé lourd. Et le silence des immeubles-cubes parle d’une ville détruite que l’on a rebâtie si vite après la débâcle.

Je m’invente des rendez-vous et je disparais. J’ai rendez-vous avec le Musée Pergamon et ses reconstitutions colossales. Une porte bleue de Babylone sous laquelle je me sens minuscule. Et tiens, des vestiges de Fatehpur Sikri, forteresse indienne non loin d’Agra, où je me trouvais le mois dernier. Le monde est tout petit. Tout petit et colossal. Je suis parfois émerveillée d’en faire partie.

Une autre échappée. Rendez-vous avec le Musée Juif, auquel il conviendrait de consacrer une pleine journée pour en découvrir tous les méandres. Pour le «vivre», absolument. Chaque détour de ce lieu parle et raconte. Demande de l’attention, une participation active. Il y a là des tiroirs à ouvrir, des sons à faire jaillir de murs lisses et noirs, des textes sacrés qui apparaissent quand on souffle sur une vitre. L’histoire d’une communauté installée en Allemagne depuis le 10è siècle, le récit de son évolution, de ses mœurs, de ses apports à la culture, la science, les arts… Et la destruction insoutenable. Il y a ici des vides, des représentations symboliques ou réelles de toute la culture juive perdue à jamais. Le bâtiment lui-même «parle», percé de fenêtres en forme de croix ou d’entailles, comme des blessures. Des représentations de vie, tableaux souriants de familles paisibles, jouets d’enfants, instruments de travails, accessoires religieux ou quotidiens. Et tout à coup, au détour d’une vitrine, je suis cinglée par un simple rouleau de tissu. Un méchant tissu jaune imprimé d’étoiles innombrables qui disent toutes «Jude», et dont certaines ont été découpées un jour, et cousues sur la poitrine de quelque être humain de plus de 6 ans. Ces étoiles-là ont donné une réalité à quelque chose que je n’avais vu jusqu’à présent qu’au cinéma. Ce rouleau qui en comportait des centaines m’est apparu vertigineux de cruauté absurde. C’est ce tissu qui restera imprimé dans ma mémoire, mon cœur, avec un goût si amer… Est-ce qu’on peut avoir honte d'appartenir à la même "humanité" que celle-là ?

Je garderai aussi de cet endroit, où je reviendrai un jour plus longuement que je n’ai pu le faire, la belle idée qui ouvre l’exposition permanente : un arbre, grandeur nature. Autour de son tronc court un petit escalier. Et sur des pommes rouges en papier, on vous demande d’écrire un souhait et d’aller l’accrocher à quelque branche. Je ne vous dirai pas quel vœu j’ai inscrit sur ma petite pomme qui en a rejoint des centaines d’autres, je suis seulement heureuse qu’il parle d’amour.

Le lendemain. Il ne neige plus, il fait de plus en plus froid. J’aime bien.

Pas pu m’extraire du boulot aujourd’hui, foisonnement de gens, de visages connus ou inconnus, de langues diverses (il faut que je bosse mon espagnol ! En revanche, j’ai de vieux souvenirs d’allemand qui réapparaissent et j’arrive peu ou prou à me faire comprendre).

Ce soir, je me mets en vacances : je fais une apparition symbolique à une soirée où il y a de toute façon beaucoup trop de monde pour qu’on s’étonne de mon absence. Fuis la foule au milieu de laquelle je me sens toujours si mal, l’atmosphère bruyante et enfumée (on fume encore beaucoup en Allemagne, cela paraît presque incongru aujourd’hui : il y a même des jeunes filles qui circulent avec des paniers garnis de différentes cigarettes qu’elles offrent aux invités ! Impensable dans plein d’autres pays. J’ai même capté avec émotion quelques effluves sucrés d’Amsterdamer).

Non, ce soir, c’est ma soirée à moi, avant un dimanche studieux, j’ai bien le droit. Dans ma chambre d’hôtel impersonnelle mais confortable, lovée dans un peignoir blanc, j’ai commandé un en-cas et du vin blanc. On m’a proposé un verre ou une bouteille, alors j’ai pris la bouteille. Au mieux, je la caserai en la pliant un peu dans le mini-réfrigérateur tout à l’heure. Au pire, je suis partie pour me griser au Chardonnay, si vous croyez que ça me fait peur. On me l’a apportée avec deux verres. La jolie gretchen du room-service a du croire que j’avais un homme caché dans la salle de bains. Musique sur mon ordinateur, les Gymnopédies pendant ces mots. Je suis bien.

Je vais à droite à gauche prendre les nouvelles sur des blogs-amis. J’y apprends des choses gaies et d’autres tristes, et je regrette de rendre si peu de visites, d’envoyer si peu de signes, pas assez disponible. Comment faire savoir qu’on est loin, mais un peu là quand même ?

samedi 13 janvier 2007

Retour

Inde

... Et j'ai l'impression qu'il s'est écoulé le temps d'un souffle entre le billet précédent et celui-ci !

Retrouvé Paname hier, un peu dans le coltard. Ce qui est casse-pieds dans les voyages, c'est le temps infini qu'on passe dans les transports et dans l'attente de ceux-ci. Enfin, c'est peut-être nécessaire, comme une concentration avant d'entrer dans le voyage proprement dit et une décompression avant de retrouver son univers propre...

Ma "décompression" de retour m'aura pris pas moins de 30 heures cette fois, dont 12 de vol, entre la longue route à parcourir entre mon dernier lieu de résidence indien et l'aéroport de Chennai (Madras), l'attente à l'aéroport, l'avion entre Chennai et Delhi, le transfert de l'aéroport national à l'aéroport international, l'attente interminable et inconfortable à l'aéroport de Delhi (même pas un troquet, pfff !), le vol Delhi-Milan (je voyageais avec Alit*lia, c'est là que j'ai trouvé le billet le moins cher; aujourd'hui je sais pourquoi : les hotesses sont revêches et le service inexistant. C'est la première fois que je vois un aterrissage avec plein de casiers à bagages ouverts et que le personnel de bord s'en fout...). Ensuite attente à Milan (il y a plein de boutiques luxueuses à visiter pour patienter) puis un vol bref Milan-Paris (où l'on m'a servi du Perrier avec des galettes de la Mère Poulard, on se sent tout de suite à la maison), et enfin, Belleville ! Mes boutiques chinoises ! Mes dealers de ma rue à moi ! Mon boulanger qui me sourit ! Mes poissons qui sont toujours en vie (encore raté) ! Jim que j'avais oublié là (je suis indigne, je sais) ! Mon lit dans les bras duquel je me suis jetée à 9 heures du soir !... Chez moi, quoi...

Bon, j'ai quelques lessives à faire, un frigidaire à remplir et deux trois bricoles à mettre en ordre avant de vous raconter mon voyage. Dont un nouvel ordinateur portable à configurer pour que je puisse bloguer dessus. Rien que de penser qu'il faut que j'appelle ces nases de chez Noos pour ça, ça me fout le bourdon.

Disons que ce voyage a peut-être été moins "actif" que celui de l'an passé. Notamment parce que j'avais choisi de me "poser" toute la deuxième semaine dans un endroit calme. Après le trimestre trépidant que je venais de passer, j'avais envie de repos. Je vous parlerai de ce lieu particulier, qui m'a intriguée, interrogée, que je ne suis pas sûre d'avoir bien compris, qui s'appelle Auroville. Je m'y suis effectivement reposée, et j'y ai rencontré des gens intéressants, humains, certains magnifiques.

Le souvenir le plus inoubliable de ce voyage, c'est sans contexte Varanasi (autrefois Bénarès), où je fais le voeu de retourner et de rester plus longuement. On m'avait mise en garde contre cette ville, dont je peux concevoir qu'elle apparaisse dure à certains. Il y a là-bas plus qu'ailleurs un tissage inextricable et quotidien de la vie et de la mort, que j'ai trouvé pour ma part incroyablement paisible.

Varanasi

Au rayon monuments et visites touristiques, la réputation d'Agra n'est pas usurpée : il y a là-bas des splendeurs incomparables. Le Taj Mahal m'a fait le même effet que... New York. Oui, je sais ça peut paraître bizarre. Ce que je veux dire, c'est que vous pouvez en voir des milliers de photos, en entendre parler, savoir que c'est incroyable, le jour où vous vous retrouvez devant en vrai, c'est un million de fois plus intense que tout ce qu'on a pu vous dire, tout ce que vous avez pu lire ou voir en photos. Le Taj Mahal m'a coupé le souffle, comme New York la première fois que j'ai vu Manhattan se découper sur le ciel. Et pourtant, à Agra, ce sont d'autres monuments, moins célèbres peut-être qui m'ont réellement émue. A suivre...

Taj Mahal

Bon, le temps que je mette un peu d'ordre ici, que j'aille prendre connaissance de ce qui s'est passé chez mes amis de blogs et d'ailleurs, et je m'attelle au carnet de voyage.

J'allais oublier : BONNE, BELLE, HEUREUSE ANNÉE A TOUS !

Et tiens, pour que la chance soit avec vous tout au long de 2007, je vous offre quelques éléphants porte-bonheur : un Ganesh multicolore, un de marbre, un de terre, et un vrai (c'est l'éléphante du temple de Pondichéry, elle s'appelle Lakshmi).

Ganesh

éléphant

éléphant

Lakshmi

A bientôt !

mercredi 27 décembre 2006

Départ

"On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait."

Nicolas Bouvier - "L'usage du monde"

Je m'envole dans quelques heures. Ne sait ce que ce voyage fera ou défera de moi. L'accueille avec espoir, joie, un peu d'appréhension, excitation.

Je ferme les commentaires pendant que je ne suis pas là.

Que cela n'empêche pas ceux qui n'y sont pas encore de m'envoyer leur bobines de minots pour l'album "Couettes et Houpettes" qui compte aujourd'hui 81 participants. J'aimerais bien l'amener à 100... (mon adresse mail : traou(at)traou(point)net).

Il est peut-être encore un peu tôt pour y faire figurer Louise qui a montré le bout de son joli nez le jour de Noël, mais l'ascendance de cette demoiselle lui donne certainement de sérieuses prédispositions de blogueuse... Elle connaîtra son template.php avant de marcher, je le prédis. Bravo à Luciole et François et bienvenue, petite fille !

A bientôt !

dimanche 10 décembre 2006

Rêve indien

Ça y est, ça commence à prendre forme, à occuper mes pensées, à devenir un peu réel...
J'ai mon billet d'avion depuis un moment, mon visa aussi.
Le calendrier prend tournure. Le programme se fait plus clair.
Des noms plus si imaginaires s'enchainent dans ma tête, dans mes rêves :
Delhi
Agra, le Taj Mahal
Varanasi (autrefois Bénarès)
Chennai (Madras autrefois)
Pondichéry
Auroville...
Je ne suis pas encore tout à fait partie, m'envole dans 17 jours.
Pense couleurs et odeurs retrouvées, un an après.
Pense à oublier le quotidien, le boulot à boucler.
Les soucis anodins ou plus lourds, le désert revenu...
Plus d'importance tout ça.
J'aviserai l'année prochaine.
Des images se bousculent.
La préparation du voyage n'est-elle pas aussi belle que le voyage lui-même ?

couleurs indiennes

dimanche 22 octobre 2006

Rome, ou presque

C'était mon deuxième voyage professionnel à Rome, le deuxième tout court, d'ailleurs.

Je n'ai pas vu grand-chose de la Ville Eternelle, j'avoue, pas plus cette fois-là que la première. C'était il y a pas loin de deux ans, en février. Un saut de puce de 24 heures pour la signature d'un contrat. Arrivée à 17 heures à Fiumicino, cou dévissé dans le taxi pour apercevoir le Colisée, la Trajane et quelques autres merveilles. Signature et pince-fesses, au Palais Farnese, quand même. Dîner boulot. Un dernier verre au sublime bar du Plaza (détour à faire si vous passez dans la capitale italienne). Dodo. J'avais mis mon réveil à sonner très tôt pour pouvoir me promener une heure ou deux dans Rome avant de reprendre l'avion. Las... à mon réveil, les rues étaient bombardées de grêlons gros comme des oeufs, et des choses non identifiées voltigeaient à l'horizontale sous la fureur du vent. Je renonçai à ma balade romaine matinale.
Ce même jour, à Paris, la météo n'était pas plus clémente. Arrivés à l'aéroport, on nous annonça que Roissy était bloqué par la neige : 6 heures d'attente avant qu'un avion puisse décoller en direction de la France... Je connais par coeur l'aéroport de Fiumicino. Il s'y trouve une épicerie tout ce qu'il y a de sympathique où l'on peut faire le plein de pasta, pesto, parmesan, coppa, etc... Je ne m'en suis privée ni cette fois-là, ni cette semaine.

Cette fois-ci, c'était encore l'été. Arrivée lundi dernier dans la soirée, trop tard pour le dîner "officiel" organisé par le festival (la toute nouvelle "Roma Film Fest" dont je n'ai finalement rien vu), ce qui m'arrangeait plutôt. Je me suis offert un plat de pâtes à la terrasse d'une mignonne trattoria, avant d'aller saluer la fontaine de Trevi. Même à cette heure tardive, une foule dense était venue comme moi rendre hommage à Fellini. Je vois mal comment on pourrait s'y baigner aujourd'hui : trop de public y guette désormais une hypothétique Anita Ekberg... J'ai omis d'y jeter une pièce par dessus mon épaule gauche, mais je me suis promis de revenir.

Trevi

Trevi

Trevi

Retour à l'hôtel, dont je ne suis plus sortie... que le lendemain soir pour le dîner ! La journée s'est déroulée toute entière dans les salles de réunions et le restaurant de l'hôtel... en sous-sol. J'allais de temps en temps échanger quelques mots dans un italo-français improbable - mais nous nous comprenions fort bien - avec l'adorable portier, histoire de voir le temps qu'il faisait dehors. C'est là que nous avons appris la collision du métro du matin et que nous percevions les échos de la circulation extrêmement perturbée dans toute la ville (déjà qu'un jour normal c'est le bazar...).

La soirée fut douce sur une terrasse donnant sur l'église Trinita dei Monti (dont je n'ai photographié que la moitié, l'obélisque qui se tient devant elle était encagé dans un immonde échafaudage). Le divin breuvage italien dont nous avons quelque peu abusé finit de nous achever en beauté. Nous avons quelque peu titubé avant de tous nous effondrer (après une dernière petite grappa au bar de l'hôtel...).

Trinita dei Monti

Le lendemain, le "Corriere della Serra" sur le plateau du petit déjeuner et les infos chantantes bien que dramatiques de la RAI me rappellent que si, si, je suis en Italie. J'aime bien. Après le café parfumé comme nulle part ailleurs, la traversée de Rome ensoleillée me permet tout juste de me rendre compte que chaque recoin de cette ville recèle des splendeurs.

Corriere

Photographie furtive du forum dans la lumière du matin. Puis une conférence de quelques heures dans une salle monumentale du Capitole, un casque m'écorchant les oreilles en m'y déversant la traduction des quatre ou cinq langues parlées par les orateurs. A la fin de la conférence, on nous a emmené quelques minutes seulement et au pas de course dans quelques salles du musée du Capitole. J'ai photographié en courant une louve floue, preuve que j'étais bien dans la ville de Romulus et Rémus, je le jure.

Forum

louve

Encore quelques pâtes (nom d'un chien, comment les fait-on cuire "al dente" comme ça ?!). Un taxi. Aéroport de Fiumicino le temps de faire le plein de souvenirs locaux.

pasta

Ah si, au moment de récupérer nos valises à l'hôtel, je me suis échappée jusqu'au toit pour voir la Ville d'en-haut.

Rome

Je vais songer à mettre un jour en bonne et due forme dans ma sidebar ma "wish-list" personnelle, avec mises à jour régulières. On n'y trouvera pas de bouquins ou de CD, pffff, c'est petit joueur, mais des cadeaux plus exceptionnels, au premier rang desquels figure d'ores et déjà un grand week-end à Rome, avec un zamoureux assorti de préférence... A vot' bon coeur, M'sieurs Dames !

mercredi 27 septembre 2006

San Sebastian

Il y a à San Sebastian, ravissante ville du Pays Basque espagnol, un des plus anciens festivals internationaux de cinéma (54è édition cette année), fort couru pour diverses raisons : sa programmation pointue, notamment ses sections parallèles consacrées aux cinématographies plus confidentielles ou émergentes (Cinéma en Mouvement, Cinéma en Construction...), son marché du film où se retrouvent vendeurs et acheteurs internationaux, la beauté de la ville et de la région... et la cuisine basque !

J'en reviens pour la deuxième année consécutive avec le même plaisir, en plus j'ai pu tester mon espagnol débutant : je vous jure, je me débrouille...

La météo est là-bas TRES capricieuse : les habitués rapportent le souvenir de festivals entiers sous pluies battantes et crépitantes. Nous, on s'est fait un peu (beaucoup) saucer lundi (les gens du cru ont l'habitude, on dirait, j'ai même vu des joggeurs courant imperturbablement en pleine tornade à retourner les parapluies). Mais hier était estival. Je n'avais ni le temps ni le maillot nécessaires pour me baigner, mais j'avoue que je me serais bien glissée au creux d'une vague (à condition de la disputer aux surfeurs...).

Le boulot est donc toujours et encore présent, mais il y a des cadres pires pour ça, j'en suis consciente. Bloguer me manque cependant. J'ai lu un peu ce soir chez quelques-uns, avec tant de plaisir. Mais je vais m'écrouler de bonne heure : réveil aux aurores demain matin. Je vous offre quelques cartes postales basques, c'est tout ce que je peux faire pour l'instant, en attendant de retrouver un peu de temps pour écrire ici et ailleurs.

L'affiche du Festival 2006 sur le côté du Kursaal (le nom du palais des festivals).

Affiche festival

Un joli lampadaire du pont Zurriola sur fond de Kursaal, et le même la nuit.

Kursaal

Pont de nuit

La baie, et autour...

Baie

palmier

Des surfeurs sous la pluie.

surfeurs

Un sublime kiosque à musique "Art nouveau"

kiosque

Un comptoir parmi d'autres et ses pinchos (équivalent basque des tapas) par milliers. Un bonheur... Et sur le bar de "Gambara" (que je recommande chaudement), le roi-champignon, spécialité du lieu.

pinchos

champignons

Bonne nuit et à bientôt...

lampadaires

mardi 12 septembre 2006

La Merveille

Traversée de la baie un jour de grande marée.
Une balade de 7 kilomètres, jusqu'au Mont Saint Michel, en passant par le rocher de Tombelaine.

Le Mont

Le Mont et Tombelaine

On croise d'autres "pélerins", en caravane dans l'immensité de sable, qu'on pourrait croire d'un désert.

caravane

pas

On ramasse de curieux galets qui s'avèrent de sable compact et noir. On l'appelle "tangue". Dans la région on l'utilise pour faire des emplâtres sur les pattes des chevaux; on peut aussi en mettre dans son bain : c'est excellent pour les articulations (peut-être un peu moins pour le parfum...).

tangue

L'arrière du Mont grandit au fur et à mesure que l'on approche, pieds nus dans la vase glissante, traversant des cours d'eau veinés de courants.

Le Mont

vase

Le guide nous fait l'indispensable démonstration des sables mouvants, et de la façon adéquate de s'en sortir. L'horreur romanesque de l'homme englouti, sa main seule émergeant avant la toute fin, appartient à la légende, on ne peut guère s'y enfoncer que jusqu'à la taille ou la poitrine. Autrefois cependant, quand des milliers de pélerins s'engageaient sur les sables pour aller de Tombelaine au Mont, mieux valait être dans les premiers, car les pétinements répétés rendaient le sol mou et aspirant pour les suivants. Sans doute dans la panique, certains y sont restés...

sables mouvants

On arrive sous la porte principale, au bout de l'affreuse digue qui va disparaitre à l'issue des travaux titanesques de désensablement du Mont qui le feront redevenir île à chaque marée (au mépris de l'ordre naturel des choses qui aurait voulu que les sédiments déposés deux fois par jour par la mer rendent le Mont à la terre...). Là-haut, au bout de la flèche, l'archange doré veille.

Le Mont

flèche

On se rassemble, dans un silence religieux, sur les remparts pour guetter l'arrivée du mascaret, deux heures avant l'heure de la marée, préambule à la mer qui ne s'avance pas ici frontalement. Elle vient en contours et détours, enlace Tombelaine en premier, dessine des circonlocutions de vagues qui affrontent les courants des fleuves qu'elles rencontrent. Tout n'est que bruissements et ondulations, lutte dansante de deux eaux vives, vagues dissociées qui empruntent des chemins opposés pour se rejoindre et se fondre les unes aux autres un peu plus loin. Le rythme s'accélère à chaque minute, l'ombre du Mont s'allongeant jusqu'aux prés salés jaunes et verts.

mascaret

mascaret

mascaret

Le recueillement des spectateurs est troublé par les hauts parleurs qui préviennent en plusieurs langues de l'urgence de sortir sa voiture des parkings qui vont être bientôt engloutis. Malgré cela, un distrait a oublié sa monture qui promet d'être un peu rouillée demain...

vélo

Au jour tombant, les pieds dans l'eau, la Merveille s'éclaire.

remparts

Mont éclairé

Et moi, j'ai chipé dans la bibliothèque familiale "La Fée des Grèves", le roman de Paul Féval, enchantement de mon enfance, qui me permet en plein métro, de replonger dans ce décor-là, encore un peu.

samedi 24 juin 2006

Madrid

Mosaïque bleue

C'était mon deuxième séjour à Madrid. Je n'ai pas eu pour cette ville le "coup de foudre" que j'ai pu avoir il y a une quinzaine d'années pour Barcelone, ou plus récemment pour Lisbonne. C'est une très belle ville dont je pense qu'il faut s'y attarder pour en faire la connaissance, l'explorer, la vivre.

Parc del Retiro

Fenêtres sculptées

J'ai eu la chance pendant ces quatre jours d'être avec des madrilènes qui m'ont permis de découvrir un peu plus la ville, et d'une façon que l'on ne peut connaître sans doute en pur touriste.

A Madrid

A Madrid

Il s'agissait d'un marché professionnel, dont la ville et la communauté de Madrid profitaient pour faire la promotion de la région auprès des participants. Nous avons donc été accueillis et traités comme des coqs en pâte : logés, nourris, promenés, nourris, gâtés, nourris...etc... Ah si, j'ai bien eu une ou deux réunions de travail au milieu (vers 17h00 quand on sort de table, et qu'on sent bien que tout le monde n'a qu'une envie : en finir au plus vite pour aller siester un peu avant l'apéro et le dîner). J'ai eu des conversations éminemment professionnelles un verre à la main, ce qui facilite tout de suite le contact. J'ai échangé des cartes de visite un peu graisseuses (le jamon, ça tâche) Et le reste du temps je me suis pas mal promenée le nez en l'air.

A Madrid

A Madrid

A Madrid

J'ai apprécié la douceur des terrasses bruissantes de la nuit, les fous-rires avec des inconnus de la veille parce que l'humour traverse étrangement les frontières, des tablées mélangées d'anglais, d'italiens, d'allemands, d'espagnols et de français, accents et baragouinage mêlés. J'ai partagé l'effervescence du match Espagne/Tunisie dans un bar animé.

Match

Match

Match

Je me suis dévissé le cou pour admirer les peintures de Goya au plafond d'une petite chapelle dont le nom ne me revient plus, là maintenant...

Goya1

Goya2

J'ai aimé la lumière du soir et le ciel qui vire au rose derrière les grilles du Palais Royal, la Calle de Huertas où des mots de grands auteurs espagnols jalonnent le pavé et miroitent sous les pieds, les triangles de tissus fantomatiques la nuit qui servent à ombrer les rues pendant la journée,

Dôme de couleur

grille du Palais Royal

Calle de Huertas

ombres

Je suis même sortie un peu de la ville pour aller voir l'Escorial, massif, imposant et austère dans un paysage magnifique.

Escorial

Escorial

Et sur le chemin, nous avons croisé quelques cigognes, nichées ici et là sur des palais roses ou le clocher d'une vieille église.

Cigogne

Cigognes

Revenir à Madrid, sûrement. Parlant espagnol, ce serait mieux. Enfin j'arrive parfaitement à m'exprimer quand il s'agit de déguster du "pan con tomate" (spécialité plus spécifiquement catalane, par ailleurs, mon premier souvenir d'Espagne).

Pan

Il y aura en tout cas une fois très prochaine, j'espère... Une prochaine fois...

Mosaïque rouge

Metro Sol

samedi 17 juin 2006

Escapade madrilène

Un grand week-end

J'aime beaucoup cette collection "Un grand week-end à...", chez Hachette. Ces guides sont bien faits, joliment illustrés, bourrés de bonnes adresses et très pratiques avec leur carte à la fin. Parfait pour une escapade de quelques jours. J'ai utilisé celui de Lisbonne (Ah... Lisbonne...), celui de Prague (Ah... aussi), et je mets à l'instant dans ma valise celui de Madrid où je m'envole tout à l'heure.

Bon, c'est pour le boulot (oui, je suis bien consciente de n'être pas au fond d'une mine à pousser des wagonnets, comme dirait l'autre); je vais être prise en charge dès mon arrivée et quasiment non-stop jusqu'à mon retour mercredi pour un programme précis. Je ne pense donc pas que j'aurais à me servir de mon petit guide, mais on ne sait jamais...

Je ne pense pas non plus pouvoir m'échapper pour découvrir le joli musée Sorolla recommandé par Samantdi. Mais je vais voir de jolies choses je crois, il y a des visites prévues de la ville et de la région.

Ici, le temps a l'air d'être au beau pour le pique-nique au Parc Floral, demain. J'espère bien être du prochain !

jeudi 8 juin 2006

Lumière(s)

La lumière m'est essentielle.

De jour, d'abord. Depuis que j'habite Paris, j'ai toujours eu des appartements lumineux. Je ne les conçois pas autrement. En hauteur, vers le ciel, le soleil. Chez moi, le matin, je suis réveillée par des flots de lumière. Je déteste les volets. J'ai des rideaux de couleur, chatoyants, pour sculpter les rayons, les chamarrer. Et le soir, les couchers de soleil de Belleville inondent mon salon, le colorent de rose ou d'orange.

reflet rideau

Le soir, la nuit, j'ai besoin d'illuminer l'espace, sans agressivité, à petites touches mouvantes. J'aime les bougies, les éclairages indirects, discrets, vivants, qui existent comme objets autant que comme sources de lumière. Si vous voulez me rendre neurasthénique, enfermez-moi dans une pièce éclairée par un seul plafonnier blafard. Je pleure, je m'étiole, je meurs...

Chez moi, la nuit, les lumières fleurissent partout, nombreuses et discrètes, dessinant un lieu différent, chaud et vivant, des couleurs changeantes, des ombres nuancées. Bien moins consommatrices d'énergie qu'un simple halogène (odieux à mes yeux). J'éclaire mon home avec des guirlandes (quelle jolie invention), des ampoules de réfrigérateur, des flammes qui dansent...

Il y a des éclats de jaune,

lampe verre jaune

de rouge aussi (mon seul plafonnier, il n'éclaire pas vraiment, il est juste là pour être beau),

suspension rouge détail

suspension rouge

Des billes multicolores qui font sourire un clown de fonte, qui a l'air plus méchant qu'il ne l'est vraiment,

clown

Une petite grenouille blottie dans des sphères roses et tendres,

grenouille

Des papillons qui voltigent sur une boule lumineuse,

papillons

Des éclats tamisés d'un foulard bariolé,

foulard

Même les fleurs ont des coeurs de lumière,

fleur

Et les guirlandes sont parfois prisonnières de vases luminescents,

guirlande prisonnière

Des colliers s'enroulent en désordre à la taille fine de lampes bien roulées,

collier

D'autres parsèment les murs d'ombres araignées,

guirlande mur

Dans un coin, une ampoule entortillée de fleurs de métal change de couleur paresseusement, au gré de son humeur,

ampoule

ampoule

ampoule

ampoule

Des personnages en ombres chinoises me racontent des histoires,

abat-jour personnages

Un abat-jour peinturluré maladroitement de bleu vitrail sert d'écrin à une multitude de boucles d'oreilles,

boucles d'oreille

Le moindre papillon (c'est un petit peu mon emblème), diffuse un éclat doux et coloré,

papillon

Des sphères rouge et blanche se parlent doucement à même le parquet,

rouge et blanc

Le monde lui-même est source de lumière, et se regarde dans un miroir,

planisphère

Une flèche de lumière révèle un bateau, des éclats de verre,

flèche de lumière

Un igloo brûle dans un coin, feu déguisé en glace...

igloo

Avant de me coucher, l'extinction des feux est un rituel délicat...
La cérémonie des lumières.
Bonne nuit...

dimanche 28 mai 2006

Mon Cââânnes à moi

Petit compte-rendu cannois par mon petit bout de lorgnette à moi. Je ne prétends pas vous raconter le festival, il en existe des centaines de versions ! Ce serait intéressant d’ailleurs de faire raconter Cannes par plusieurs de ses « acteurs » : journaliste, comédienne débutante ou confirmée, femme de chambre d’un des hôtels prestigieux de la Croisette, restaurateur à l’heure du coup de feu, coursier, chauffeur, scénariste cherchant un producteur, producteur cherchant des sous, pique-assiette spécialiste de l’entrée frauduleuse dans les fêtes et dîners, groupie à la recherche de sa star préférée, vieux cannois blasé et excédé par l’envahissement de sa ville… Il y a ici mille univers qui se croisent et se côtoient, s’ignorent ou se mélangent.

le Palais

Moi je fais partie des « envahisseurs », plus de 100 000 personnes je crois, qui débarquent avec armes et bagages pour quelques jours et pour une ou des missions spécifiques à l’occasion du festival : producteurs, distributeurs, exploitants, professionnels de toutes catégories, financiers, vendeurs et acheteurs, organismes professionnels, délégations de tous pays, studios et laboratoires, prestataires techniques, attachés de presse, tous ceux qui ont à voir de près ou de loin à la vie d’un film, de sa conception à sa diffusion.

On nous colle à tous un badge autour du cou avec nos noms et nos photos dessus. Ne pas se formaliser quand un mec a l’air de lorgner mon décolleté : c’est juste qu’il sait bien qu’il m’a déjà vue quelque part mais qu’il est incapable de se rappeler mon nom et tente de le déchiffrer à cette hauteur-là. Dans ces cas-là, j’attrape le badge en question et je le lui mets sous le nez. Et quelquefois, le mec sait très bien comment je m’appelle et lorgne VRAIMENT mon décolleté ! Si !

badge

Avec le badge on nous remet un sac - plutôt joli cette année, je pourrai même le recycler à la plage ou à la gym plus tard, quoique, ça fait un peu frime, non ? Il est bourré de papelards divers, d’informations, de publicité, et surtout d’un annuaire mastoc de tous les participants au « Marché du Film », qui scie l’épaule et dont on se débarrasse au plus vite. Il remplacera celui de l’année dernière sur les étagères du bureau.

sac

A l’arrivée, on hisse ses valoches hyper lourdes jusqu’à l’hôtel ou l’appartement (ma boite nous loue des studios, ça coûte moins cher que l’hôtel et c’est aussi sympa, mais beaucoup de sociétés demandent à leurs salariés de partager leur chambre, dans un même appartement, je suis une privilégiée…). J’avoue avoir emporté beaucoup plus d’affaires que nécessaire, mais il faut prévoir au bas mot deux tenues différentes par jour, dont une habillée pour les projections du soir ou les dîners. Prévoir aussi tenues légères et petite laine, pluie et beau temps, chaussures confortables pour crapahuter et d’autres de soirée, toutes éventualités confondues, ça en fait du tissu et des paires de pompes ! Et puis j’aime avoir le choix…

plage

Première impression cannoise : la température. A Paris, c’est novembre, ici il fait très beau. Je mets une robe d’été, ça fait tout drôle. Mes jambes sont couleur lavabo, c’est ravissant. Retrouvailles avec Boss qui m’embrasse sur les deux joues (il n’y a qu’à Cannes qu’il fait ça) et avec les autres membres de l’équipe arrivés dès le début du festival et déjà bien décalqués par quelques courtes nuits. Découverte du stand, planning des jours à venir, repérages des lieux divers où ont lieu nos opérations qui commencent pour moi le lendemain, serrage de plein de pinces, rendez-vous improvisés, cartes de visite qui commencent à s’échanger, le cirque a commencé !

Bon, il y a un petit peu les mêmes têtes qu’à Paris et dans tous les festivals, d’ailleurs. On tourne un peu en circuit fermé, mais il y en a que j’aime bien et que je suis toujours contente de retrouver. Il y a des italiens, des anglais, des américains, des russes, des espagnols, des indiens, toute la planète est représentée ici, on baragouine dans toutes les langues, avec tous les accents

Cannes, quand on y bosse, cela veut dire souvent que l’on court d’un bout de la Croisette à l’autre (je préfère cela à être enfermée toute la journée sur un stand au sous-sol du Palais), qu’on rencontre plein plein plein de gens, que les conversations comportent beaucoup de chiffres (budget d’un film, financement espéré, nombre d’entrées…), qu’on y subit le stress des uns, l’énervement des autres, la gentillesse de beaucoup, heureusement. On y a souvent un verre à la main et un petit-four dans l'autre, on coquetèle, on petit-déjeune, on lunche, on dîne TOUT LE TEMPS ! C’est un peu la foire aux vanités aussi, il faut l’avouer (Ah, tous ces gens qui parlent de Sofia Coppola par son simple prénom, alors qu’ils ne l’ont sûrement jamais croisée… c’est un péché courant dans ce milieu où je fais parfois figure d’ovni car je mets un point d’honneur à ne JAMAIS le pratiquer…).

attente devant le Palais

escabeaux

Attente devant le Palais, à l'endroit où les voitures du festival déposent les stars pour leur montée des marches, quelques heures avant les projections. Les escabeaux restent là pour la quinzaine, cadenassés aux barrières...

Il y a un trafic incroyable de billets pour les projections, que j’ai trouvé cette année plus difficile que l’année dernière : impossible d’obtenir une place pour « Babel » de Alejandro Inarritu (réalisateur de « 21 Grammes » et « Amours Chiennes »), LE film que j’avais vraiment envie de voir dans cette sélection. Mais bon j’ai réussi à voir au moins un film par jour, parfois deux, même si dans l’ensemble j’ai été plutôt déçue et me suis passablement ennuyée, que ce soit à « X-Men III » (j’avais bien aimé les deux premiers, je trouve ce troisième opus assez poussif malgré des effets spéciaux spectaculaires), le « Caïman » de Nanni Moretti, sympathique et talentueux, bien sûr, mais dont je trouve la charge anti-Berlusconi assez peu subtile, venant de lui (même mes collègues italiens pourtant heureux de la victoire de la gauche, et beaucoup plus concernés que moi par le sujet, étaient assez peu convaincus par le film…), « La raison du plus faible » de Lucas Belvaux, dont j’avais adoré la récente trilogie qui campe avec noirceur le destin d’un groupe de personnages attachants que la misère poussera dans une impasse… peu ou pas du tout d’espoir, j’en suis ressortie abattue… Et bien sûr, LE « Marie-Antoinette » de Sofia (Coppola, donc) dont j’attendais beaucoup. Magnificent et foisonnant, une Kirsten Dunst parfaite, des costumes sublimes (plus de 120 robes différentes pour la reine, signées Milena Canonero, la créatrice de costumes de « Barry Lindon »), un Versailles magnifié, filmé comme jamais, une bande-son superbe et superbement mariée aux images (elle a de qui tenir…). Je me suis laissée charmer par la première partie du film, l’initiation de cette adolescente, sortie de la cour « familiale » d’Autriche, aux fastes et à l’étiquette de Versailles, où la famille royale était exposée sans cesse aux yeux de tous. Et puis j’avoue que la deuxième partie m’a lassée, ennuyée à l’instar des personnages dont on nous conte l’oisiveté. J’ai regretté que l’Histoire ne se marrie pas plus avec l’histoire, et cette vision d’une Marie-Antoinette dévoreuse de macarons Ladurée (???... elle était notoirement anorexique), et batifolant façon David Hamilton dans des champs fleuris en robe de coton blanc, m’a parue pour le moins… légère. Nous sommes nombreux à être sortis de cette projection incroyablement déçus…

billets

J’ai eu l’occasion d’assister à une projection d’une série de courts-métrages inégaux, signés François Ozon, Jane Campion, Gaspar Noé… Je ne sais quand et sous quelle forme il sera possible de les voir, je suis l’affaire et vous le dirai en temps utile.

J’ai vu aussi – invitée par un producteur indien croisé l’année dernière et à qui j’avais rendu visite à Bombay en janvier – un très très joli film indien qui m’a rappelé avec émotion mon propre voyage puisque c’est une espèce de road-movie racontant le périple d’une française et d’un conducteur de rickshaw. Je crains malheureusement qu’il ne sorte jamais ici : pas de tête d’affiche, ce n’est pas un film « Bollywood »… aucune chance… Dommage.

Non, le plus beau film que j’ai vu à Cannes, c’est à la Quinzaine des Réalisateurs, le merveilleux, magnifique, féérique, poétique, inventif, coloré, joyeux, émouvant film d’animation de Michel Ocelot (le créateur de « Kirikou ») : « Azur et Asmar ». Tant de beauté m’a mis les larmes aux yeux à plusieurs reprises. Je ne sais quand sort ce film magique, mais je vous invite à y aller, cela fait partie de ces instants de poésie pure qu’on n’oublie pas. J’ai participé avec enthousiasme à l’ovation debout pour son réalisateur à la fin de la projection (il était accompagné de Patrick Timsit, qui prête sa voix à l’un des personnages).

Patrick Timsit et Michel Ocelot

Sinon, ne comptez pas sur moi pour vous raconter les fêtes cannoises : je n’y vais pas. J’y suis invitée parfois, mais j’avoue m’y sentir à peu près aussi à l’aise qu’à mon premier Paris-Carnet et je prends la fuite en général au bout de quelques minutes, alors j’ai cessé d’y aller et je fais profiter de mes invitations d’autres qui apprécient plus que moi ces fiestas… Je suis un peu bête, j’avoue, je n’ai même pas pointé mon nez à la fête Marie-Antoinette, mais rien que l’idée d’apercevoir papa Coppola me serrait le cœur, je ne sais pas si j’aurais supporté, en vrai… Et puis désolée, mais j’ai besoin de sommeil ! Mon activité cannoise était concentrée sur les matinées, et quand je me lève à 7 heures, je ne peux me coucher à 5 ou 6, je vieillis, vous dis-je…

tapis rouge

Le fameux tapis rouge. On le change deux fois par jour, je crois...

Bon, sinon, j’ai « monté les marches », bien sûr. Deux fois seulement cette année, parce que j’ai vu mes autres films à des horaires où seule une tenue « correcte » est exigée. C’est toujours impressionnant, ces rangées de photographes, ces femmes plus déshabillées qu’habillées, ces mecs qu’on ne croise qu’en jean à Paris et qui arborent le nœud pap’ obligatoire. On est ébloui par les flashes et l’éclairage violent, car la montée des marches est filmée et retransmise sur un écran géant à l’extérieur pour que le public amassé là depuis des heures puisse voir quelque chose. C’est aussi retransmis à l’intérieur de la salle pour que les premiers installés ne s’ennuient pas trop avant la projection, et puissent assister à la montée des marches de l’équipe du film qui arrive traditionnellement en dernier, et dont on applaudit l’entrée dans la salle en direct, avant qu’on lance enfin la projection (l’année dernière, j’ai vu une fois la projection être retardée et les lumières se rallumer parce qu’une star fantasque était arrivée APRES l’équipe déjà installée dans la salle. C’était Liza Minelli qui a fait sa montée des marches seule, hilare, sans se presser, accueillie par une ovation et des rires parce que c’était franchement drôle et sympathique. Mais il y en a sûrement très peu qui peuvent se permettre ça…).

photographes

montée des marches

Quand il y a trop de « stars » dans un même film, la montée des marches de l’équipe peut durer un certain temps : pour « X-Men », on a poireauté une bonne heure dans la salle, le temps que ces demoiselles toutes plus jolies les unes que les autres se fassent photographier sous toutes les coutures. Il y a compèt’… Voici en exclu, mes photos de la montée des marches de Halle Berry, la sublime Rebecca Romijn, Anna Paquin & consoeurs… Il fallait bien que je m’occupe (bien que les appareils photo soient strictement interdits dans la salle, nous sommes nombreux à pratiquer ce petit sport…).

Rebecca Romijn & Halle Berry

équipe X Men

Ensuite, on projette la petite « intro » du festival, qu’il est de bon ton d’applaudir, et enfin, le film…

intro

logo

Mais bon, cette année, la vraie star du festival, ce n'était pas Sofia, ni Kirsten, ni Sharon ou Penelope, pas même Bruce Willis et pourtant... Non, la seule vraie star de Cannes, celle que tout le monde attendait

devant le Palais

réfugiée sur son yacht,

yachts

sortie enfin de sa limousine blanche...

limousine

C'était Jim, bien sûr !!!

Jim sur les marches

feu d'artifice

photos - tous droits réservés


Edit de 20h33 : Bon, j'ai été démasquée... Nuages a réussi à lire ce que j'avais tenté de camoufler sur mon badge. Tout le monde va me reconnaître, maintenant.... Tant pis... Merci Nuages, vraiment !

badge2

vendredi 26 mai 2006

Cââânnes, le retour

Et oui, il fallait bien que ça finisse un jour. Six journées de festival suffisent à mon bonheur.

J'élaborerai un billet plus étoffé pendant le week-end mais là je voulais juste vous faire un petit bonjour après une semaine sans connexion aucune, et surtout, surtout, souhaiter la bienvenue à Cro-Mignonne qui a pointé le bout de son petit nez à peine avais-je le dos tourné dimanche dernier ! Une coquinerie de pest@couettes, à n'en pas douter ! Bravo et baisers à elle, Anne et l'Amoureux.

Là, tout de suite, ce week-end, je vais :

  • me remettre de la méga-engueulade avec le chauffeur de taxi qui m'a ramenée chez moi de l'aéroport. Bienvenue à Paris !
  • vider mes valises pleines à craquer de vêtements dont je n'ai pas utilisé la moitié (je ne sais pas voyager léger)
  • remettre un pull parce qu'il faisait un temps magnifique là-bas, mais ici j'ai un peu froid
  • trier mes photos, choisir les meilleures à vous montrer
  • me coucher tôt parce que j'ai du sommeil à rattraper
  • mettre dans l'album "Couettes" cinq petits nouveaux inscrits pendant mon absence
  • acheter des fruits, des légumes, des yaourts 0% pour entamer une période d'ascèse post-petits fours
  • aller au cinéma voir "Volver" que j'ai loupé là-bas
  • me faire (ou faire faire) un massage de mes pauvres pieds martyrisés
  • lire, lire, lire, tous les billets en retard de mes blogs préférés !


Je suis contente d'être rentrée...

Cannes

mercredi 17 mai 2006

Cââânnes, me voilà !

Bon, pour répondre à mes blogs-copines qui aiment à me charrier sur ce sujet, et aux interrogations de mes lecteurs-commentateurs bien-aimés (oui, même ceux qui ne m’ont pas encore donné leur photo pour l’album « Couettes », jdc jdr…), non je ne suis pas à Cââânnes !

Pas encore : je pars dimanche. Oui, oui, Alice, j’en suis à l’étape repassage de mes robes du soir… Enfin, robes du soir… tu parles ! Une chtite robe noire accessoirisée différemment chaque jour, un sautoir par-ci, un foulard par-là, des pompes à talons, et roule ma poule ! Boss n’a pas prévu de m’allouer un budget, et – étrangement, avec toute la publicité que j’ai faite à son TGV – Christian Lacroix n’a pas encore proposé de me prêter quelques atours pour monter les marches… (Christian, laisse-moi te dire que je te trouve un peu rat sur ce coup-là… Mais bon, bref. Tout se paie, un jour, tu le sais…).

N’oublions pas que la tenue de soirée (smoking pour les messieurs) est obligatoire pour les deux projections du soir, c’est à dire en gros pour passer quelques minutes à crapahuter en talons aiguilles sur un escalier et ensuite être enfermée pendant deux heures ou plus dans une salle dont on éteint les lumières… Il y a un truc qui m’échappe. En général, à peine assise à ma place, j’enlève mes pompes. Je crois que tous les films que j’ai vus à Cââânnes, c’était pieds nus…

Je tiens à préciser que je NE suis PAS une habituée de Cââânnes, loin s’en faut. En presque 20 ans de carrière cinématographique et audiovisuelle, c’est la troisième fois que j’y vais. La première, c’était en 89, l’année où Soderbergh avait eu la Palme d’Or pour « Sexe, mensonge et vidéo » (ma première montée des marches habillée en Scarlett, j’avais emprunté une robe, j’étais assez zémue, je me souviens). A l’époque, je travaillais pour un gros distributeur qui avait eu –chose rare – cinq films en sélection cette année-là. On avait bossé comme des brutes pour être prêts à temps et l’on nous avait « offert » le week-end là-bas en remerciement du labeur accompli.

Par la suite, je n’avais jamais eu de raison particulière d’y être. Et cela coûte tellement les yeux de la tête de se loger là-bas que les employeurs vous y emmènent vraiment quand ils ont besoin de vous sur place (ou alors ils vous logent à plusieurs par chambre, super !).

Depuis l’année dernière, il se trouve que j’ai vraiment quelque chose à y faire. Ma boite a un stand au Marché du Film. Nous organisons différentes opérations sur place. C’est un moment-clé de notre activité. L’équipe se rend sur place en ordre dispersé, selon les besoins. Les manifestations que j’organise avec des producteurs de plusieurs pays ne commencent que lundi, c’est pourquoi je m’envole dimanche.

Pour le moment, je suis au bureau tôt le matin, tard le soir, grignote une salade de pâtes en vitesse devant mon ordi le midi, n’ai pas une minute pour bloguer, lire et commenter, tout occupée que je suis à boucler l’organisation de mes opérations cââânnoises. Pardon de mon silence depuis quelques temps, c’est la faute à Cââânnes ! Retour le 26, j’aurai du retard à rattraper, et des trucs à vous raconter, peut-être !

J’avoue quand même ne pas raffoler absolument de cette atmosphère survoltée et m’as-tu-vu. Les fêtes, les foules, le genre « show-biz » c’est pas trop mon truc de façon générale, alors disons que ce n’est pas l’endroit où je me sens le plus à l’aise au monde, mais bon, je ne vais pas cracher dans la soupe : il y a des conditions de travail pires que celle-là. Et des avantages certains. J’espère y voir de beaux films : j’ai très envie de voir « Babel » de Innaritu. Pour le reste du programme, je ne suis pas très au parfum, pour l’instant, il faut que je me penche sur la question. J’ai loupé le « Da Vinci Code », mais je m’en fous éperdument, je me suis déjà farci ce bouquin imbécile, alors la barbe ! Je loupe aussi « Volver » de Almodovar, mais il sort en même temps à Paris, alors j’irai le voir tranquillou (et en pyjama si ça me fait plaisir), et « Selon Charlie » de Nicole Garcia, que j’ai envie de voir. J’attendrai… Je ne serai plus à Cââânnes pour la projection de « Quand j’étais chanteur », de Xavier Giannoli, tant pis. Pour le reste, on improvisera en fonction des disponibilités, parce que je ne vais pas chômer !

Je vais aussi beaucoup manger, merde ! Là-bas, il y a toujours un coup à boire et des petits fours à manger quelque part, du petit déjeuner au cœur de la nuit. Et comme je ne suis pas du tout héroïque en ce domaine, je m’inscris à W*ight W*tchers au retour !

Je vais discutailler en anglais avec des gens de tous les pays du monde, un festival d’accents, ça j’adore.

J’essaierai de vous faire quelques photos rigolotes (Cââânnes est le seul endroit au monde où l’on peut croiser des tablées de femmes en robe fourreau et de mecs en pingouin dans la moindre pizzeria, le smoking fourmille partout…), et… je vais vous laisser parce qu’il faut que j’aille repasser le nœud pap’ de Jim, que j’emmène avec moi, évidemment. C'est son premier Cââânnes, il est toute guette !

jeudi 16 février 2006

Retour de Berlin

Autant vous le dire tout de suite : je n’ai pas vu grand-chose de Berlin. C’est toujours un peu comme ça quand on va dans les festivals : on passe de son hôtel aux espaces destinés au marché, aux réunions diverses, aux manifestations professionnelles. Quelquefois on organise même ses réunions dans l’hôtel, comme ça on n’a même pas besoin de sortir, surtout s’il fait froid. On se balade avec un très moche sac (offert par la manifestation, en général une sacoche en plastoc renforcé avec plein de logos de sponsors dessus) bourré de catalogues gros comme des dicos (on tue – inutilement – un nombre d’arbres insensé pour donner de la lecture aux festivaliers, ça me fend le cœur chaque fois, et ça me démet l’épaule aussi, accessoirement). On a des badges autour du cou avec son nom, le nom de sa société et sa photo (prétexte à se torticoliser en ayant l’air de rien quand on croise un gars qui a l’air de fort bien vous connaître, qu’on a déjà croisé au festival précédent et à tous ceux de l’année dernière, mais dont on ne se souvient fichtre pas du nom, ni de ce qu’il peut bien faire pour gagner sa vie et dans quelle boîte, j’en ai mal au cou rien que d’y penser).

Berlinale

Sinon, j’ai vu zéro film. La photo-là, j’ai poussé jusqu’au « Palais » du Festival pour la prendre exprès pour faire ma crâneuse sur mon blog, mais mes petons n’ont pas foulé une seule seconde ce tapis rouge, vous pouvez me croire. Pas de regret, les seuls films visibles pendant notre séjour là-bas n’ont guère enchanté mes congénères qui ont pu en être spectateurs…

En revanche, je suis allée à l’opéra. Deux fois en trois jours, moi qui n’y mets jamais les pieds à Paris !

La première fois avec mon copain Jesus qui fait peu ou prou le même boulot que moi à Madrid (oui j’ai un copain Jesus, moi, ça vous en bouche un coin, hein ! Y’a pas d’accent sur le e mais y’en a un sur le u, mais pas dans le même sens qu’en français, alors j’en mets pas. Quoi, j’suis pas claire ?). Jesus, donc, est fou furieux d’opéra : tout son fric et son temps libre y sont consacrés. Il passe ses week-ends et vacances de Rome à Londres, en passant par New York, Berlin et Paris, en fonction des opéras qui y sont présentés et est capable de s’en enquiller 8 en six jours, comme il l’a fait récemment…). Il m’avait donc proposé de l’accompagner à la première de « Arabella » de Richard Strauss, au Deutsche Oper. J’étais excitée comme une puce : mon premier opéra !

Il faut vous dire que j’ai été élevée par un père qui partage avec le capitaine Haddock un réflexe de « Tout le monde aux abris ! » dès qu’il entend la moindre note émanant d’une Castafiore ou assimilée, alors l’opéra, je n’ai pas grandi avec, c’est le moins qu’on puisse dire. Ensuite, je n’ai jamais eu personne autour de moi qui s’y intéressait vraiment et aurait pu m’initier, alors me voilà, à mon âge (canonique, comme je crois l’avoir déjà dit), en plein baptême d’art lyrique.

C’était superbe ! Musique magnifique. Chanteurs sublimes (sauf un qui s’est fait huer à la fin. Je ne m’y connais pas assez pour juger de ses qualités vocales, mais j’ai trouvé ça super dur pour lui… Tiens, je viens de me rendre compte que c’était le seul français de la distribution, zut). Bon, sinon, mise en scène à chier, pardonnez-moi d’être vulgaire, mais bon : un décor de parking avec des voitures qui vont et viennent pour tout effet, j’ai vu mieux (je ne suis pas la seule, le metteur en scène s’est fait huer aussi). Quant à l’intrigue, bon, ça devait plaire en ce temps-là (1933, première création), mais c’est genre collection Harlequin compliqué. Je vous résume l’affaire : Papa Waldner est ruiné. Il cherche donc à marier sa fille avec un bon parti pour couvrir ses dettes de jeu. Pour augmenter les chances de mariage d’Arabella, l’aînée, plutôt gironde, on déguise sa sœur cadette en garçon (?! idée saugrenue). Arabella a quatre prétendants, dont un, Matteo, que kiffe grave sa petite sœur qui ne peut lui dire (à Matteo) parce qu’en plus, vu qu’il la prend pour un garçon, il l’a choisi comme meilleur copain et confident pour lui faire part de ses tourments amoureux concernant Arabella, c’est cornélien. Voilà un cinquième larron qui arrive, Mandryka, dont le tonton a déjà épongé les dettes de jeu du papa, je ne sais pas bien pourquoi, lequel lui promet donc sa fille. Ça tombe bien, ils tombent amoureux au premier coup d’œil. L’affaire semble réglée, sauf que la petite sœur qui n’en peut plus, trouve moyen de s’envoyer en l’air avec Matteo en se faisant passer pour sa sœur (c’est dans le noir, elle met une perruque, tout ça, enfin, il doit pas être bien malin non plus…). Lequel Matteo va se vanter de la chose auprès d’Arabella qui ne comprend rien, et Mandryka qui passe par là entend tout, arghhhh !.... Bon la sœur finit par enlever sa perruque, on comprend la supercherie, Mandryka pardonne et il y aura deux mariages pour le prix d’un. C’est-y pas beau !

La chanteuse qui jouait le rôle d’Arabella, en plus d’une voix divine, était vraiment fort jolie (vous avez remarqué, les cantatrices, elles ne sont plus obèses, de nos jours, je ne sais pas pourquoi… Avant, on pensait qu’il fallait faire 1,50 mètre de tour de taille pour avoir une voix, mais non), et en plus elle porte un manteau de fourrure pendant trois heures d’affilée, ce qui, vu la chaleur qu’il faisait dans ce théâtre, ne devait pas être bien confortable…

Arabella

En sortant, nous regardons la programmation des jours à venir avec Jesus, et nous découvrons que le surlendemain se joue « Ring um den ring », un ballet de Béjart autour de la Tétralogie de Wagner « Der Ring des Nibelungen ». Pour la modique somme de 17 euros ! Le spectacle durant 4 heures 40, ça ne fait pas bien cher du tarif horaire !

Nous y sommes donc allé, le soir de la Saint Valentin (yep !), accompagnés par Cristina, qui fait peu ou prou le même boulot que nous à Rome (j’adore mon job, une vraie Babel, on a des réunions en cinq langues différentes quelquefois, à se demander comment on avance…). Je dois avouer que nous étions tous très fatigués, et que mes deux acolytes ont déclaré forfait au premier entracte, au bout de deux heures. Personnellement, je suis restée une heure de plus avant de rentrer me coucher. C’était très beau, mais je ne connais pas bien l’histoire du Ring, et je ne comprenais pas tout, le narrateur allemand ne m’aidant pas énormément.

Ring um den Ring Mais quels danseurs ! Quelle beauté ! Béjart est amoureux du corps et en exploite toutes les possibilités techniques et artistiques, c’est magnifique, vraiment. Quoique, autant je trouve souvent les danseurs superbes (et il y avait là un ou deux spécimens particulièrement agréables à regarder, j’avoue, d’autant que fort peu vêtus, des fesses admirables, ma foi), autant les danseuses classiques ont souvent des corps qui font peine à voir… A part une ou deux sublimes, les autres ont de pauvres corps torturés, maigres, aux jambes tellement musclées qu’elles en prennent des formes étranges, aux bustes sans poitrine, aux côtes et hanches saillantes… Moi qui rêvait d’être danseuse quand j’étais petite (je suis de la génération qui rêvait devant «L’âge heureux» de Odette Joyeux à la télévision, mais je vous parle d’un temps que les moins de vingt trente-cinq ans ne peuvent pas connaître), et qui ai sué sang et eau agrippée à une barre pendant pas mal d’années, en trouvant que les pointes, ça faisait TROP mal (mais j’adorais), et bien je ne regrette pas de ne pas être maigre comme ça, finalement !

Tiens, en parlant de ça, on ne mange pas très bien à Berlin (le festival de San Sebastian, est beaucoup plus prisé, gastronomiquement parlant : en plein pays basque espagnol, on passe le plus clair de son temps à déguster des farandoles de tapas délicieuses…). Je vous assure que quand on se retrouve avec des gnocchis vert fluo dans son assiette, on n’a pas envie de rire… Je faisais un détour aussi au buffet du petit déjeuner pour éviter le rayon des harengs et autres poissons fumés. Le matin ça me soulève un peu le cœur…. La wiener schnitzel c’est pas mauvais mais ça n’est rien d’autre qu’une vulgaire escalope panée, géante, soit. Sinon, les berlinois mangent des glaces tout le temps, par moins quelque chose au-dessous de zéro, ça surprend, mais c’est vrai qu’elles sont bonnes. La bière aussi.

Heureusement, pour me réconforter, en rentrant j’ai retrouvé mon délicieux cadeau spécial Saint Félix, un assortiment sucré-salé pour me rappeler ma Bretagne. Hmmm… Merci Alice !!!

cadeau de Saint Félix !

(oui, ce sont des hortensias bleus séchés derrière... je suis forte en mise en scène, moi ! Et la marque des "Petits calins de Pont Aven", c'est bien évidemment Traou Mad !)

PS : Une petite dernière sur la Saint Valentin. Allez donc lire le récit de sa soirée romantique chez "Orange Drenka - nulle en mulot". Ça vaut son pesant de cacahuètes, ou d'huitres, d'ailleurs....

page 2 de 2 -