Il y a certains sujets que je ne me suis pas décidée encore à aborder ici. Ou alors très timidement, mine de rien, une allusion par-ci, un lien par-là. Parce que j’ai créé ce blog pour le plaisir. Pas pour la polémique. Certains l’affectionnent et l’entretiennent. Très peu pour moi.
Ceci parce que sur ces sujets, j’ai des convictions qui ne sont pas celles couramment usitées et admises dans la majorité de la population – population occidentale, dite « civilisée », s’entend, même si notre degré de « civilisation » m’apparaît parfois de plus en plus barbare, à commencer par l’indéfectible et détestable complexe de supériorité dont témoignent un peu trop fréquemment mes contemporains à l’égard des traditions et croyances différentes des leurs.
Quand on professe certaines convictions culturellement inhabituelles, on se heurte un peu trop souvent - et cela commence à m’agacer quelque peu (quelque peu beaucoup) - à des réactions suffisantes/méprisantes de la part de donneurs de leçons sûrs de leur fait et de leur bon droit. Surtout quand on touche à l’invisible.
Alors voilà, pour exprimer les choses concrètement : je crois fondamentalement que la Vie n’a ni début ni fin. Que naissance et mort ne sont que les deux extrémités d’un passage fort bref sous une incarnation humaine. Que la Vie existe avant et se poursuit après, éternellement, sans doute. Que nous ne sommes pas notre corps, et que donc l’esprit (que certains appellent âme, mais peu importe) survit à la chair, sous une forme différente. De plus, je suis persuadée qu’après la mort, des manifestations de l’esprit sont possibles, et perceptibles sous certaines conditions.
Ouf ! (et encore j’ai résumé)
Et j’aimerais infiniment que certains, qui sont persuadés de détenir LA Vérité [1] sur ce sujet, cessent de me regarder avec commisération et/ou mépris et de se faire un devoir de me faire savoir à quel point j’ai TORT de penser ce que je pense, et accessoirement considérer (en ne s’en cachant que peu ou pas du tout) que je suis une pauvre folle et/ou une pauvre conne.
Ceux qui ont eu l’occasion de me croiser « in real life » me feront, je l’espère, la grâce de m’accorder que je n’ai pas l’air particulièrement illuminée. Et je ne le suis pas. Par ailleurs, je ne me revendique d’aucune religion, je pratique avec rigueur une activité professionnelle pour le moins rationnelle. Et surtout, je ne fais habituellement aucun prosélytisme sur cette question dont je sais qu’elle est épineuse pour beaucoup. Qu’elle peut provoquer gêne ou malaise, ce que je respecte.
Et je ne fais pas tourner les tables, non plus.
Cette certitude ne m’est pas tombée dessus un beau matin, je n'ai pas eu de révélation au cours d’un rêve agité, et je ne m'intéresse pas à la question uniquement depuis la mort de proches. Non, j’ai forgé cette conviction lentement au cours des années, sans exaltation particulière, juste une joie incroyable certains jours, et le sentiment de toucher du doigt quelque chose d’immense. Elle est le fruit d’une expérience, de recherche, de lectures, de rencontres, d’analyse de témoignages innombrables. Et je ne crois pas tout ce que je lis ou croise en ce domaine : il y a du farfelu et de l'illuminé grave dans le secteur, j'en suis très consciente.
Si je remonte dans le passé, cela fait plus de 20 ans que je me suis interrogée sur ce sujet pour la première fois, quand j’ai découvert le livre de Raymond Moody « La vie après la vie » qui traite plus particulièrement des NDE (Near Death Experience). Et un petit paquet d’années aussi que j’y « travaille » concrètement, compilant les témoignages, assistant à des manifestations et réunions sur le sujet, certaines organisées par une association dont je suis membre et qui s’intitule « Infinitude ». J’ai d’abord découvert des écrits, puis leurs auteurs, et des gens, beaucoup de gens, tellement de gens, certains comme moi témoins ou curieux de phénomènes particuliers, certains à la perception différente ou supérieure (qui ne s’intitulent pas tous médiums) et également des théologiens, des chercheurs, des médecins, des scientifiques... Je me suis rendue compte qu’il y avait de par le monde un grand nombre de personnes fort sensées à qui cela ne paraissait ni fou, ni con, ni impossible, et qui travaillaient sur le sujet avec cœur. Et rigueur. Pas plus tard que dimanche, j’ai passé ma journée à une conférence où des intervenants venus de plusieurs pays d’Europe ont donné les derniers résultats de leurs recherches en matière d’images ou de sons captés de « l’autre côté du voile » (j’aime bien cette image). Certains sont spécialistes en biométrie, électro-acoustique, physique… c’est parfois ardu, j’avoue.
Comment se fait-il que beaucoup de ceux qui considèrent comme aberrante ma conviction « d’après-vie » ne se soient le plus souvent JAMAIS penchés sur le sujet une seule seconde, n’aient jamais lu la moindre ligne et ne se soient jamais préoccupés de savoir s’il y avait des témoignages ou recherches intéressantes à connaître à ce propos ? Comment se fait-il qu’ils se contentent le plus souvent de m’asséner leur certitude contraire à la mienne et qui tient du simple « ressenti », alors qu’ils trouveraient normal de s’abstenir de prendre position sur d’autres sujets sans s’être documentés un minimum ? Est-il plus normal de balayer d’un revers de main ce sujet plutôt qu’un autre, ou bien est-ce juste la peur de la mort qui les fait réagir ainsi ?
Je préfère les gens qui me disent « Je ne sais pas s’il y a quelque chose après et je préfère ne pas me poser de question sur ce sujet parce que ça me fait froid dans le dos », plutôt que ceux qui prennent un ton condescendant pour me dire, imbus de leur propre ignorance : « Ma pauvre fille, tu es vraiment d’une crédulité lamentable » ou rigolards « Tu as trop lu Stephen King »… Chacun a le droit de penser ce qu'il veut, moi autant que d'autres, auquel je ne dénie pas leur scepticisme - c'est leur droit le plus strict - je les trouve juste bien péremptoires sans grande raison et bien peu curieux par ailleurs.
Si j’étais née ailleurs, dans certains pays d’Afrique ou d’Asie, mes convictions sur l’après-vie non seulement ne choqueraient personne mais paraitraient bien naturelles. Il y a des traditions ancestrales et des textes millénaires qui traitent de la survie de l’âme et de son « accompagnement » comme faisant intimement partie de la Vie dans son entier. Dans un avant-propos au Bardo Thödol (connu ici sous le nom de Livre des Morts Tibétains), le Dalaï Lama parle très naturellement de se préparer à ce qui se passe après la mort. Et le livre lui-même est un « traité » d’accompagnement des mourants mais aussi des défunts sur leur chemin dans le « monde intermédiaire ». Mais je suis bien persuadée que certains doivent considérer – sans l’avoir jamais ouvert – que le livre en question n’est qu’une douce plaisanterie tout juste bonne à distraire de bons sauvages crédules et que le Dalaï-Lama lui-même n’est qu’un gourou illuminé un peu trop souriant, d’ailleurs, pour être pris au sérieux.[2]
Dans nos pays dits « civilisés », cela fait un moment que la mort est occultée, ignorée, cachée. On ne la célèbre plus guère qu'en catimini et le plus vite possible. Le deuil est devenu de plus en plus tabou, alors la suite ! Et pourtant, il n’y a pas si longtemps, chez nous non plus, l’affirmation de la vie post-mortem ne paraissait pas si incongrue. On a fait le choix d’oublier, je me demande parfois pourquoi…
(à suivre, sans doute...)
Notes
[1] « Approche ceux qui cherchent la vérité; éloigne-toi de ceux qui prétendent l'avoir trouvée » – Lao Tseu. En dehors du fait que c’est drôlement chic de citer Lao Tseu, il disait des choses intéressantes, cet homme, non ?
[2] Ceci dit, pour ceux qui souhaiteraient approfondir la question, je déconseille de commencer par le "Livre des Morts Tibétains", ce n'est pas d'une approche des plus faciles. Je pense faire peut-être d'autres billets sur le sujet et je vais réfléchir à une petite biographie de base, si ça intéresse quelqu'un. Elizabeth Kübler-Ross, François Brune... il y a des auteurs-phares en ce domaine.