Breakfast on Pluto

Oyez ! Oyez ! (ceci n’est pas un compte-rendu de Paris-Carnet, on verra plus tard, il y a urgence, là, sans blague, et puis je n’ai pas encore lavé le verre que j’ai piqué – sans le vouloir mais bien fait – au Bombardier ! Et en plus je crois bien que j'ai attrapé froid. Atchoum ! Tiens, qu'est-ce que je vous disais)

Non, le plus important c'est que j’apprends ce matin – je suis l’actualité cinématographique, moi, c’est fou…. – qu’est sorti hier le film de Neil Jordan intitulé « Breakfast on Pluto ». Film que j’ai eu la chance extrême de voir en octobre dernier à l’excellent Festival du Film Britannique de Dinard (où j’étais envoyée pour représenter ma boite, je ne leur ai pas coûté très cher en hôtel puisque mes parents habitent à cinq bornes de là, mais cela m’a permis de passer un week-end prolongé sur ma Côte d’Emeraude chérie sans payer le train, en voyant des films à l’œil, et accessoirement en mangeant des petits fours un verre de champ’ à la main, ben à quoi vous croyez que ça s’occupe, un festivalier dans un festival ?....)

« Breakfast on Pluto », donc, d’où j’étais sortie enthousiaste et bouleversée, ayant ri et pleuré 2 heures durant, émue au rythme des battements du petit cœur de Patrick « Kitten » Braden, le héros travesti du film, joué par l’incroyable Cillian Murphy qui, s’il ne fait pas trop d’erreurs dans le choix de ses rôles et la poursuite de sa carrière, deviendra – écoutez-moi bien – l’un des acteurs majeurs de sa génération ! Il y a bien longtemps qu’un comédien ne m’avait bluffée à ce point-là, d’ailleurs je vais retourner voir le film en grande partie pour lui ! (je suis allée spécialement voir le « Red Eye » de Wes Craven dernièrement pour l’y voir « en mec ». Il est très bien aussi).

Cillian Murphy

De Neil Jordan, j’avoue ne connaître que son « Entretien avec un vampire », et surtout « The Crying Game », qui traitait déjà de thèmes chers à ce cinéaste irlandais et que l’on retrouve dans « Pluto » : l’activisme de l’IRA, et l’identité sexuelle double. J’ai eu la chance d’assister, après la projection du film, à une master-class de Neil Jordan auprès de jeunes scénaristes, et j’avoue que le bonhomme m’a touchée et fait rire, et donné envie de voir d’autres de ses films, notamment « The Butcher Boy », « Mona Lisa » et « The Company of Wolves ». Il faut que je trouve les DVD…

« Breakfast on Pluto » est une sorte de conte qui pourrait commencer par « il était une fois ». D’ailleurs on y voit même parler les rouge-gorges… Il était une fois, donc, Patrick Braden, qui se surnommera plus tard lui-même « Kitten » (Minou), fruits des amours d’un prêtre et de sa trop jolie bonne, en Irlande dans les années soixante. Différent dès le départ, il construira son personnage ambigu et gracile, mais doté quand même de suffisamment de force pour s’affirmer au regard du monde, son monde catholique et viril, en tant que travesti, rêvant du grand amour, et de retrouver sa mère, partie à Londres refaire sa vie en abandonnant derrière elle ce bébé inavouable. Extravagant et fantasque, laissant derrière lui une enfance et une adolescence difficiles en Irlande, il tente l’aventure à Londres pour retrouver sa mère, partageant tour à tour la vie et la caravane d’un rockeur extravagant, « assistante » d’un prestidigitateur amoureux, ou « ingénue » de peep-show. Sur ce chemin-là, il sera pris aussi pour un terroriste de l’IRA, auteur d’un attentat sanglant….

Neil Jordan construit son récit en chapitres, comme dans les livres de notre enfance, avec un titre en lettres chantournées. Il y met des fées et magiciens auxquels Kitten devra renoncer à se fier et de sombres méchants qui le malmènent en lui faisant croire parfois qu'ils vont l'aimer (mention spéciale à Brian Ferry dans un très court rôle looké cinéma muet). Il parsème son film de réalités violentes et de rêves trop colorés pour devenir vrais, le tout sur une musique seventies omniprésente. Son héros pailleté avance, cils battants et coeur plein d'espoir vers un quotidien douloureux qu'il apprendra à traverser sans jamais renoncer à être lui-même, travesti affirmé, assoiffé d'amour, évitant l'amertume quoi qu'il advienne...

A chaque moment du film, Kitten est touchant et drôle (scène hilarante où il supplie qu’on le laisse en prison), espiègle et prêt à tout pour aimer et être aimé, des hommes de passage, de ses amis fidèles, de sa mère qu’il laissera à sa nouvelle vie, de son père retrouvé au beau milieu du chaos, et enfin d’un enfant, l’espoir….

Cillian Murphy

La bande annonce est là.

Commentaires

1. Le jeudi 2 mars 2006, 19:43 par Rose

Le titre me dit vaguement quelque chose, mais l'histoire... bah, rien du tout, en fait! Où est-ce que j'en ai entendu parler...? Bon, peu importe, si je peux, j'irai le voir! Merci Traou! (Et, oui, je suis d'accord, ce Cilian a quelque chose de particulier... Mais qu'est-ce donc???!)

2. Le jeudi 2 mars 2006, 19:48 par Ursun

Bah alors, de santé fragile ? Allez, quelques soirées à passer sous la couette au lieu de courir le guilledou et les pintes gratuites, et il n'y paraîtra plus !

Pour le film, il y a tellement d'enthousiasme dans ce que tu dis que ma foi, même le néophyte que je suis irait bien le voir !

3. Le vendredi 3 mars 2006, 08:42 par Anitta

Connais pas. Même pas entendu parler ! J'ai beau lire avec soin le cahier cinéma de Libé chaque mercredi, ça ne me dit rien. Pourtant, avec Pluto dans le titre, je n'ose penser au titre de l'article qu'un Gérard Lefort ou un Didier Peron en eût tiré...

4. Le vendredi 3 mars 2006, 08:46 par Anitta

Autant pour moi... Parfois, on a le truc sous les yeux, et... "Pluto bien fichu", écrit Sean James Rose, ici : www.liberation.fr/page.ph... Ça m'apprendra à parler trop vite !

5. Le vendredi 3 mars 2006, 13:09 par Nawal

Hi Miss,
Presque rien à voir, mais juste pour te dire qu'à chaque Paris Carnet c'est pareil pas assez de temps pour parler vraiment à "tout" le monde.
Là encore, nous nous sommes croisées certes un peu plus longuement mais pas assez ;-) Pfff ! A bientôt. Bizzz de Nawal.

Ps : Dis ça te dit de voir une Chorale de Gospel en concert ce dimanche à 15.00 à l'Eglise Saint-Germain.
Indices : Il y aura des Bloggeurs dans le public (Entrée et participation libre )et même une Bloggeuse Culinaire ;-) au sein de cette Chorale.

6. Le vendredi 3 mars 2006, 14:13 par Vroumette

En lisant le début de ton post, je me suis dit "ouah mais quel dur boulot tu as là !", et après je suis tombée sous le charme de l'acteur et du film décrit.

7. Le vendredi 3 mars 2006, 15:08 par Traou

Rose > Tu me diras ce que tu en auras pensé. Ce Cillian est un incroyable acteur !

Ursun > C'est parce qu'on était entre les deux chauffages. Et se promener dans la rue une pinte à la main, c'est pas bon pour la santé...

Anitta > Ah, merci pour l'article !

Nawal > En plus je ne t'ai même pas dit au revoir.... Je suis partante pour dimanche. Tu as mon mail pour les détails ? traou(at)traou(point)net. Je vais essayer de chercher le tien chez toi...

Vroumette > Tu as exceptionnellement le droit de faire une pause dans tes révisions pour aller le voir. (et à part ça, je fais effectivement un dur métier, parce que je suis PAYÉE pendant ce temps-là, tu le crois ?) :-)

8. Le vendredi 3 mars 2006, 16:32 par Fauvette

Ah merci de ce bon conseil, je pense que ce film va me plaire.
D'ailleurs c'est un temps à se réfugier au ciné non ?

9. Le samedi 4 mars 2006, 09:55 par Madeleine

Alors à propos de ciné dites-moi ce que vous pensez de "l'ivresse du pouvoir" que j'ai vu hier soir. Parce que moi ... (air dubitatif) ... enfin ... je ne suis pas convaincue !

10. Le samedi 4 mars 2006, 11:30 par Rose

Hélas Traou! C'est pas gagné! Ce film ne semble pas diffusé dans de nombreux cinémas, et évidemment pas dans ceux pour lesquels j'ai une f*cking card d'abonnement! Rhâaaa!

11. Le dimanche 5 mars 2006, 10:23 par Anitta

Non non, ne me remercie pas pour l'article ! Je suis sûre que dans ton boulot, cet article-là (et plein d'autres !) on a dû te les découper proprement au ciseau, et te les apporter sur un plateau d'argent... Avec un bon thé !