dimanche 12 février 2006

Lettre à un inconnu

Je ne te connais pas encore. Ou peut-être que si, d’ailleurs. Sûrement un jour tu vas débarquer dans ma vie. Un nouvel homme, un nouvel amour. Enfin j’espère. Sinon ça voudrait dire que Cupidon ne m’aurait pas à la bonne… Oh, Cupidon, tu m’en as déjà assez fait, alors maintenant t’es gentil, tu me lâches ! Ou plutôt non, tu t’occupes de moi une bonne fois pour toutes, tu te préoccupes juste de LE mettre sur ma route et de l’y laisser, et après je me débrouille, merci. Et s’il a pas son permis, je préfère.

Donc, inconnu à venir (ne traîne pas trop, soit dit en passant, parce que sinon quelqu’un d’autre pourrait bien se présenter et ça serait quand même bête de se louper…), j’ai un truc très important à te dire : je HAIS la Saint Valentin ! Voilà, c’est dit. Il fallait que tu le saches. Et j’aime autant te prévenir tout de suite, si tu m’offres quoi que ce soit en forme de cœur ou assimilé le 14 février, je te colle un pain. Direct.

Je me suis promenée dans les rues aujourd’hui, j’en avais presque la nausée : des cœurs partout, dans toutes les vitrines, pour inciter à acheter ci ou ça ! Dans N’IMPORTE QUELLE vitrine, ça frise le ridicule. Non, ça ne frise pas, C’EST ridicule ! Les fleuristes, je veux bien. Les bijoutiers, passe encore. Les cavistes, why not : un bon Saint Amour n’a jamais fait de mal à personne, amoureux ou non. Mais j’aimerais que mon pharmacien m’explique pourquoi il colle des cœurs dans sa vitrine, au milieu des promos pour les laits amincissants, les béquilles et les ceintures chauffantes du Docteur Gibaud ?!!! C’est glamour, ça ? Et le cordonnier (si, je vous jure que si) ? Et le charcutier (« tiens ma chérie, amour de ma vie, j’t’ai rapporté un cervelas, pasque les fleurs c’est périssable… » ) ???

J’en ai marre. La Saint Valentin devrait être interdite. C’est une atteinte au bon goût, à la gratuité des sentiments et une agression caractérisée envers les célibataires qui en souffrent, les divorcés qui morflent, les tout juste largués qui en bavent, les veufs et veuves en plein chagrin, les sans-amour désespérés, ceux qui ont des souvenirs émus ou douloureux de l’année dernière ou de celle d’avant et généralement tout ceux qui aiment leur amoureux quel que soit le jour de l’année ! Merde à la fin !!!

L’année dernière, Fox m’avait offert un bouquet de roses en forme de cœur. Et parce que je ne voulais pas être en reste, j’avais confectionné un petit dîner dont une tarte fine pommes-cannelle… en forme de cœur également. Je crois qu’on se sentait un peu obligés de marquer le coup. Peur de la réaction de l’autre si on oubliait ?… Trois mois plus tard, on se séparait… Vous voyez le topo…

Alors voilà, inconnu de mon cœur (futur), tu auras 364 jours dans l’année pour me déclarer ta flamme, m’assurer de ton affection plus qu’hier moins que demain et de ta joie infinie d’être à mes côtés, 365 les années bissextiles parce que tu es un petit veinard, rends-toi compte… Tu auras mon anniv’, ma fête (la Sainte Traou, c’est en novembre), l’anniversaire de notre rencontre, Noël et la Saint Glinglin, mais ce jour-là, je t’en prie, épargne-moi !!! D’ailleurs, le 14 février, on ne se verra pas : tu iras voir un match de foot avec des copains ou trainer dans les bars ou faire ce que tu veux, même aller aux putes, tiens, non, je déconne... Moi je passerai une soirée avec des copines célibataires (faut qu’j’en trouve, denrée rare), ou à faire la tournée des grands-ducs avec mon pote P., ou dans un bain avec un masque vert concombre, ou à manger des M&M’s devant la télé, mais je nous interdis le moindre dîner-chandelles et cadeaux à la con juste parce que le marketing commercial en aura décidé ainsi ! Ou alors, tiens, si, on passera la soirée ensemble mais on fera des trucs décalés : on ira voir un match de catch (j’adore, ça me fait rire), ou de boxe si tu préfères, ou une conférence super-pointue sur un sujet hyper-sérieux et intello, ou bien on se fera une soirée où on ne mangera que des trucs à l’ail et des fromages très forts, bien tue-l’amour. Ou en peignoirs avachis en matant un film anti-romantique genre "Les Bronzés 5, nous y'en a vouloir encore des sous" ou un documentaire sur l'élevage des palourdes, peu importe ! Mais épargne-moi la soirée neu-neu « je t’assure de mon amour parce que le calendrier en a décidé ainsi », ou je te tue ! Et on finira en couv’ de « Détective » sous un titre racoleur : « La meurtrière de la Saint Valentin : des roses et un poignard », ou quelque chose d’approchant…

Attention, ne te méprends pas : j’adore qu’on me dise « je t’aime » quand c’est sincère, j’adore le dire quand je le pense et crois moi, je ne l’ai pas dit souvent dans ma vie. J’adore les fleurs, qu’on m’en offre et en offrir à l’homme que j’aime (absolument). J’aime les cadeaux en tous genres, les bijoux (si tu as envie de m’offrir un diam’s ne te retiens pas, 1,5/2 carats, ça commence à être sympa), les petites attentions, les dîners en amoureux, les témoignages de tendresse et tout ce qui veut dire « tu es importante à mes yeux ». Et je le rends bien ! Mais ça, non !!! Cette fête programmée, imposée, fabriquée, maniérée, merchandisée, sans moi ! Et sans toi, donc. Ou alors avec une autre. Sans blague !

Bon au moins cette année, je suis tranquille. « Ma » Saint Valentin je la passe à Berlin pour le boulot. Dans le meilleur des cas, je vais passer ma soirée avec des gens de nationalités diverses qui seront tous là en célibataires, on parlera boutique en bouffant de la charcuterie et en buvant de la bière et voilà. S’il n’y a pas de dîner professionnel prévu, je n’exclus pas de passer la soirée dans ma chambre d’hôtel avec un plateau et la télé (Derrick en vo, pour la Saint Val’, pas mal, non ?). Au moins, je n’aurais pas un vieux fond de déprime – inévitable – parce que tout sera mis en œuvre partout (vitrines, radio, pubs, télé…) pour bien me faire sentir que moi je n’ai personne avec qui fêter cette calamité, et mine de rien, ça mine quand même quoi qu’on fasse et quoi qu’on pense. Et ce jour-là plus que d’autres, quand on voit des amoureux s’embrasser sur les bancs publics, on ne leur trouve pas du tout une petite gueule bien sympathique, on a juste envie de les déchiqueter cruellement, j’vous jure ! Que celui qui n’a jamais vécu une Saint Valentin en célibataire, en pleine rupture, en deuil, malheureux ou… me jette le premier cœur de pierre !

J’m’en fous, je rentre le 15. Tranquille jusqu’à l’année prochaine (le temps d'étudier une bannière de lutte contre la date fatidique en haut de ce blog). Et si d’ici là, tu as envie de pointer le bout de ton nez, chéri, c’est quand tu veux ! (je t’assure que la plupart du temps, je suis douce et tendre, ne t’inquiète pas, là je suis juste un chouïa en colère).

Bon voilà, à part ça, je file. Je suis la fuyarde du 14 février. Je suis agacée parce que j’ai ouvert un lien spécial « club des couettes et houpettes » sur la sidebar et le logo ne veut pas s’afficher, je ne sais pas pourquoi. Je me penche là-dessus au retour, si quelqu’un a une suggestion, elle est la bienvenue. En tous cas, c’est là que vous pouvez faire les trackbacks sur vos photos de vous minots, et j’essaierai de m’essorer les neurones pour faire un petit album…

dimanche 5 février 2006

Garfieldd : la révocation transformée en suspension

Message de Garfieldd sur le site de soutien :

J'ai été informé aujourd'hui de la décision du Ministre me concernant.
Le Ministre est revenu sur la révocation, ainsi qu'il l'avait annoncé dans son communiqué de presse du 20 janvier dernier.
Je suis sanctionné, certes, mais mon maintien dans l'Education Nationale est assuré. Je ne peux ni ne souhaite m'exprimer plus avant.
Quelle que soit la forme que vos soutiens aient pris, quel qu'en ait été l'impact et l'influence sur la décision finale, je veux vous remercier.
Tous et toutes.
Sincèrement.
Chaleureusement.
Parce que sans ce soutien, sans ces marques de sympathie, d'amitié, de confiance, j'aurai eu du mal à tenir. Je vais continuer à m'en nourrir.
Rien n'est vain quand il s'agit d'aider un mec qui était en train de sombrer, et vous avez été formidables. Merci.

Le rectorat de Montpellier a annoncé vendredi 3 février que la révocation était transformée en une suspension d'un an dont 6 mois avec sursis. Garfieldd est donc réintégré et reprendra des fonctions de direction à partir du 4 août prochain.

Visiblement, Garfiedd ne souhaite pas faire appel de cette décision, qui, si elle est quand même un soulagement par rapport à la décision initiale, laisse un goût amer d'injustice, quoi qu'il en soit.

Parmi les réactions des blogueurs sur le site, je vous renvoie aux billets de Dangereuse Trilingue ou Swâmi Petaramesh (!), qui ont exprimé mieux que je ne saurais le faire les sentiments que m'inspire cet "épilogue" (?).

dimanche 29 janvier 2006

Soutien à Garfieldd, proviseur injustement révoqué

Ceci est ma participation à la "chaine pornographique" de soutien à Garfieldd, proviseur révoqué à cause de son blog. Pour plus d'information, je vous renvoie sur le billet explicatif chez Kozlika, ou sur le site de soutien à Garfieldd

A la lecture du billet ci-dessous, la croyante que je suis s'interroge : a-t-on reproché à Garfieldd sa "pornographie" parce qu'il dénonçait des obscénités ?


Par Garfieldd, jeudi 16 juin 2005 à 23:10 - C'est comme ça

Dieu est amour (Jacques Haurogné - 1988)

Dieu est amour
Mais il fait pas beaucoup d'bisous
Des kiss, des smacks, des patins, des poutous
Donnons-nous la main, donnons-nous
Prions-nous nous-mêmes, prions, prions

Dieu est amour
Mais il fait pas beaucoup d'bisous
Mais il fait pas beaucoup d'bisous, non non

Vu sur Têtu et chez Rocambole (parce qu'on a les mêmes lectures..., mais ça me permet aussi de faire un lien vers son blog :salut: ) : États-Unis (Société) Une association ultraconservatrice veut étiqueter les homos.

«Nous mettons des avertissements sur les paquets de cigarettes parce que nous savons que fumer retire deux ans de l'espérance de vie moyenne, et pourtant nous «célébrons» un mode de vie dont nous savons qu'il répand toutes sortes d'infections sexuellement transmissibles et retire au moins 20 ans de l'espérance de vie moyenne.»
On pourrait mettre cette réflexion sur le compte du sens de l'humour de Bill Banuchi, directeur exécutif de la branche new-yorkaise de l'association ultraconservatrice Christian Coalition, mais il y a fort à parier qu'il était sérieux. Pour suggérer d'étiqueter les gays et les lesbiennes (vous êtes plutôt triangles roses ou étoiles jaunes?), il s'appuie sur un rapport commandé par le très homophobe Family Research Institute et publié dans l'édition 2005 des Psychological Reports, une revue scientifique dont les articles sont régulièrement remis en cause par la plupart des psys américains.

Et la connerie on l'étiquette comment ?
Il est évident que ce genre de propos ne devrait pas porter à de longs développements ou à des commentaires nourris. Cependant au delà de l'homophobie éclatante qui suinte à flots gluants de cette déclaration, je ne peux jamais m'empêcher de remarquer que ce sont ceux-là même qui se réclament de la parole de Dieu qui se montrent les plus intolérants et les plus imperméables à la notion de justice et de pardon.
Je me souviens des cours de catéchisme dans mes jeunes années. On m'apprenait que Dieu avait crée l'homme à son image. Bien sûr l'homme en question a pêché ensuite. Il a dévié, il a choisi les chemins détournés, il a testé le côté obscur de la force. Mais Dieu a pardonné. Je résume et je simplifie mais bon l'essentiel est là. Jésus à pardonné à cette pauvresse de pécheresse de Marie Madeleine, il a pardonné à ses bourreaux. Il a laissé un message d'amour et de tolérance. Et que celui qui n'a jamais pêché lui jette la première pierre.
Dans le cas présent, c'est des parpaings qui devraient voler aux USA.
Donc Dieu-Jésus a laissé un message d'amour. En tout cas pour ceux qui acceptent ou qui veulent croire aux Ecrits Saints. Or dans ces quelques lignes indignes citées plus haut, on nie le message de Dieu. (on nie aussi le statut d'humain aux pédés puisqu'on les compare à de vulgaires paquets de cigarettes ou, non pas à des malades mais à des maladies ou des virus). Je sais bien qu'on peut faire référence à l'épisode de Sodome et Gomorrhe pour justifier le fait que les pédés, ceux qui vont gagner l'appellation de sodomites, doivent être condamnés et, pourquoi pas, exterminés.
Ce qui me chiffonne c'est que tout ça c'est le parti pris. Y'a quand même un moment où, paraît-il, Dieu envoie son fils sur terre pour racheter les péchés de hommes. Dès lors ce n'est plus le Dieu des tempêtes et des colères, le Dieu qui détruit ce qu'il a créé. C'est le Dieu qui transmet un message d'amour au travers des enseignements de son fils.
Ce qui est grave une fois de plus, c'est le fait de choisir dans un discours, dans un enseignement, dans l'histoire ou dans l'Histoire, uniquement les faits et déclarations qui peuvent servir une cause.
Seuls les dictateurs réinventent et ré-écrivent l'Histoire et interprêtent les faits. Sans doute parce qu'ils sont faibles. Alors il parait donc que Dieu est juste et bon, que Dieu est amour.
Je trouve hélas qu'Il a de bien piètres porte-paroles et des ambassadeurs criminels. Mais ça, depuis l'Inquisition, on le sait déjà.

La requête Google-à-la-con-du-jour : les dangers des chips

jeudi 8 décembre 2005

Presque Paris-Carnet....

Bon, je vais avouer…. Je suis allée à Paris-Carnet. Enfin, plus précisément, je me suis rendue à la Passerelle (c’est à deux stations de métro de chez moi), j’y suis restée 53 secondes environ, et je suis repartie d’où je venais….. Je n’en suis pas fière (surtout depuis que j’ai lu le billet de Yves Duel, et ses commentaires), et un peu inquiète car ma « sauvagerie » ne s’arrange pas avec l’âge, je le crains.

En fait, je suis plutôt sociable, et pas vraiment timide…. tant qu’il n’y a pas plus de 8/10 personnes. Au-delà, je disparais sous terre. Et alors quand j’arrive dans un lieu où il n’y a aucune tête que je connais, je prends mes jambes à mon cou. C’est nul. Je suis grande, quand même !

Déjà, le premier Paris-Carnet, je m’étais dégonflée, et oui. Avec plein de bonnes raisons « Qu’est-ce que tu vas aller faire à une réunion de blogueurs, t’es blogueuse depuis 15 jours, ma pauv’ fille ?! » Et hier soir, je me suis motivée a donf’. Et il y avait vraiment des gens que j’avais envie de rencontrer en vrai : Vroumette et Kozlika, et Yves Duel et François Granger et Shaggoo et Labosonic, et…. Des gens que j’aime lire depuis longtemps et avec qui j’aime communiquer virtuellement depuis déjà presque deux mois.

Le truc, c’est que je m’attendais à entrer dans un bar « classique », avec un zinc comme j’aime (quand je suis dans un bar, j’aime être accoudée au comptoir, pas assise à une table), avec des gens debout, du passage, pour pouvoir me noyer dans la foule. Mais quand je suis entrée, tout le monde était assis autour des tables, tout le monde parlait et avait l’air de se connaître, j’ai trouvé l’endroit fort éclairé et le bar pas assez fréquenté pour m’y installer et attendre le chaland, si j’ose m’exprimer ainsi….

J’ai bien scruté les visages autour des tables, parce que j’avais déjà vu Vroumette et Kozlika en photo, mais je ne les ai pas vues, ou pas reconnues. Je suis même allée à l’étage, promis. Quant aux autres, difficile de se dire « Tiens celui-là, il a une tête de Shaggoo, pour sûr ! » (parce que je sais bien que ce n’est pas lui en photo sur sa page d’accueil...). Et je ne suis pas du genre à me dresser, poings sur les hanches, pour proclamer d’une voix de stentor « Bon, moi c’est Traou ! Il est où Yves Duel ?! Qu’il se nomme ! » (ou bien alors très très très saoûle, et encore…).

Donc voilà, en un quart de seconde, j’ai répertorié les solutions qui s’offraient à moi : m’installer toute seule au bar où il n’y avait personne ou presque, histoire de jouer les affranchies. Prendre une chaise pour m’imposer à une table, glups… Ou sortir. Voilà : choix numéro 3. Traou n’a pas gagné, ne reviendra peut-être pas en deuxième semaine…..

Or donc, si quelqu’un a aperçu une grande bringue avec une écharpe rayée multicolore autour du cou, à l’air vaguement égaré (ou alors affairé, quelquefois dans ces cas-là, je prends un air très « j’attends quelqu’un » pour qu’on ne remarque pas que je ne sais pas quoi faire de moi….) pendant environ une minute, c’était moi. Toutes mes excuses, j’l’ai pas fait exprès, je le jure.

Bon, pour le mois prochain, le problème est résolu, je serai du côté de Goa la première semaine de janvier. Excusée d’emblée, ouf. Rendez-vous en février, peut-être, de toute façon j’éviterai de m’inscrire, pour ne pas avoir l’air trop bête si…. Mais je continuerai à vous lire et à vous écrire, ça je sais faire, et ça ne me fait pas peur !

vendredi 2 décembre 2005

Intégrismes

Je me demande si je ne suis pas un peu ayatollah, parfois ?....

Par exemple, je ne SUPPORTE pas qu’on parle au cinéma. Pour moi, ça devrait être passible de peines lourdes et douloureuses. Bon, d’accord, c’est ma religion. Quand j’étais étudiante en ciné à Censier, celui qui se risquait à proférer un mot, un seul, pendant une projection (surtout celles où tout le monde était dans un état de transe quasi-mystique, c’est parfois un peu « secte », les cinéphiles fous…) faisait l’objet au mieux d’un rabrouement immédiat et collectif, au pire d’une mise à la porte sans sommation. Il paraît même qu’il y a eu des lynchages secrets dans le cas d’atteintes de type blasphématoire à des films sacrés (Bergman, Melville, Welles…), mais je n’y ai jamais participé, je le jure.

Aujourd’hui je vais beaucoup moins au cinéma, et j’y suis certainement moins mystique qu’autrefois, mais je continue à asséner des « chut ! » féroces et comminatoires à mes voisins trop bavards (mais enfin, on s’en fout de leur opinion immédiate ! Ils ne peuvent pas la fermer juste pendant 90 minutes et faire part de leurs réflexions APRÈS ? Ça me rend dingue….). Dans les cas de récidive, il a même dû m’arriver de solliciter - aimablement mais fermement – un fermage de gueule immédiat. En général, ça pourrit un peu l’ambiance, je n’y ai donc recours que dans les cas graves (adolescentes gloussantes en groupe et en goguette… je sais, c'est un pléonasme), et j’essaie d’estimer auparavant le potentiel de violence éventuelle de l’adversaire, on ne sait jamais….

Je songe à fonder une association de lutte contre les mangeurs de pop-corn qui scroutch-scroutchent et fourraillent sans fin dans leur gigantesque et ridicule pot en carton que j’ai toujours envie d’attraper pour le jeter loin, loin, loin, en plus est-ce qu’ils ont vraiment envie de ressembler à des américains obèses ?

Je suis pour l’interdiction formelle des bonbons à papiers qui crissent et des canettes qui glougloutent. Quand aux brouilleurs de portable qui commencent à être en vigueur dans certaines salles, je les considère comme une victoire personnelle, carrément ! J'en ai vu qui RÉPONDAIENT et PARLAIENT à leur interlocuteur quand leur portable sonnait en plein film !

Je tolère tout juste le mec enrhumé, le pauvre ; il m’est arrivé un jour d’offrir un mouchoir à un renifleur particulièrement tenace : le film durait quatre heures, c’était ça où je l’étranglais avec son écharpe, comme quoi je peux quand même faire preuve de mansuétude… Mais bon, les gens qui toussent seraient quand même beaucoup mieux dans leur lit, non ?.....

Je suis heureuse que mon Baleinié chéri et plein de bon sens ait également souligné le tracas que constitue ce qu’ils ont baptisé le :

Xataplu,e : Pote qui veut votre opinion sur le film dès que la salle se rallume

Moi, j'ai résolu le problème : les trois quarts du temps je vais seule au cinéma (même quand j'ai un fiancé, si, si...), d'abord parce que j'aime bien m'étaler sur deux sièges (au milieu de l'écran, au troisième ou quatrième rang max...), et deuxièmement parce qu'après un film, je n'ai jamais envie de parler, sauf si c'était un navet et que je suis furieuse, ou si c'était très drôle et qu'on a envie de se re-raconter les meilleurs passages. De plus, il se trouve que je suis une pleureuse professionnelle au cinéma, alors dans ces cas-là, je préfère qu'on ne me voit pas. Et ma réputation ?! (c'est surtout parce que je me transforme en fontaine pour un oui pour un non au cinéma ou même devant la télé; il m'est déjà arrivé de pleurer à chaudes larmes devant un épisode de "La petite maison dans la prairie", c'est pour dire... et je n'en suis pas fière)

Ma séance préférée, c'est celle du dimanche matin quand j'arrive à me lever de bonne heure : je fonce à la séance de neuf heures et je demande un café que j'emporte dans la salle (comme je bois très proprement et très silencieusement sans slurper du tout, j'ai le droit, moi). Et je dois avouer que ce petit café du matin en regardant les bandes-annonces ou le début du film est un petit plaisir hautement appréciable QUE JE REFUSE DE VOIR GACHÉ PAR DES MALOTRUS QUI FERAIENT MIEUX DE REGARDER UN DVD CHEZ EUX SANS EMMERDER PERSONNE !

Mais pourquoi je m'énerve comme ça, moi ?....

Bon, je vais me calmer. La prochaine chronique sur mes petits intégrismes personnels concernera sans doute ceux que j'appelle les "pleurnicheurs météo".... Qu'est-ce que qu'ils m'énervent, ceux-là !.....

jeudi 1 décembre 2005

Mrkrpxzkrmtfrz !

Haddock

C'est tout ce que j'ai à dire ! Ce midi, en grignotant au bureau, j'avais écrit un billet que je voulais mettre en ligne tranquillou ce soir. Je me le suis envoyé par mail... et il n'est pas arrivé. Et il m'est impossible de me connecter à distance sur notre serveur pour le récupérer. Alors que le technicien est parti tout à l'heure après une journée d'intervention en me disant que "tout était arrangé maintenant". Mrkrpxzkrmtfrz !

Déjà qu'hier soir je n'avais pu nourrir mon blog vorace pour cause de dîner avec Fox. Nous ne nous étions pas revus depuis notre rupture, il y a 6 mois. Nous avions des affaires réciproques à échanger; on a décidé de ne pas la jouer seulement "Je te fais la livraison, je reprends mon carton, salut, je m'en vais." Je me demandais si c'était vraiment une bonne idée de passer une soirée ensemble "en copains" si peu de temps après... Et bien finalement oui. Je me demande si ça ne m'a pas finalement rendu ma liberté, ôté mes derniers regrets. En route vers de nouvelles aventures !

Voilà, puisque le billet prévu n'est pas au rendez-vous (et que j'avais décidé que ce serait celui-là et pas un autre, na !), j'ai juste envie de mettre ici un petit texte que j'aime et qui "m'interroge" toujours....

"La veille du départ, Byrne et moi avons bavardé tard dans la nuit. Il m'a montré ses instruments topographiques, et je me rappelle que j'étais dans un de ces états d'excitation où tout semble soudain s'accorder d'une façon nouvelle. Byrne m'a expliqué qu'on ne peut pas déterminer sa position exacte sur terre sans référence à quelque point du ciel. Ça avait quelque chose à voir avec la triangulation, la technique de mensuration, j'ai oublié le détail. Mais j'ai été frappé par ce noeud, je n'ai jamais cessé de l'être. On ne peut pas savoir où l'on est sur cette terre, sinon par rapport à la Lune où à une étoile. L'astronomie vient d'abord; les cartes du territoire en découlent. Juste le contraire de ce qu'on attendrait. Si on y pense assez longtemps, on en a l'esprit chamboulé. Ici n'existe qu'en fonction de là; si nous ne regardons pas en haut, nous ne saurons jamais ce qui se trouve en bas. Méditez ça, mon garçon. Nous ne nous découvrons qu'en nous tournant vers ce que nous ne sommes pas. On ne peut poser les pieds sur le sol tant qu'on n'a pas touché le ciel."

Paul Auster "Moon Palace"

jeudi 24 novembre 2005

Cueillette, tu parles...

L'autre soir, je faisais mes courses dans mon supermarché habituel de la rue du Faubourg Saint Antoine, flambant neuf. C'est vrai qu'avant il était tout cracra, sombre et bordélique, et vient donc d'être entièrement rénové. Mais à quel prix !

La politique maison de l'enseigne "M...x" est de NE PAS fermer pendant les travaux. Résultat des courses : nous avons pendant des mois poussé nos chariots au milieu des gravats, de la poussière, des bruits de masses et de perçeuses. Et les rayons changeaient de place sans arrêt au gré de l'avancement des travaux. C'était assez folklo. On y croisait des petites vieilles apeurées et complètement perdues qu'il fallait piloter jusqu'à leur yaourt habituel, provisoirement installé à côté des cirages et des bonbons, allez savoir pourquoi, lequel yaourt elles trouveraient trois jours plus tard, après maintes pérégrinations, coincé entre les escalopes de poulet et l'Ajax WC. Il y avait des bâches et des échelles, sous lesquelles parfois on ne pouvait faire autrement que de passer, des espaces où le sol tremblait, des néons de traviole qui oscillaient dangereusement au-dessus de nos têtes, et des réfrigérateurs provisoires et tout en pagaille pour le moins supects au niveau de la préservation de la chaine du froid.... Les caissières étaient toutes grises de poussière, toussaient et portaient des casques de chantier (non, je rigole, mais elles auraient pu, ça n'aurait surpris personne).

Finalement, tout cela a été assez drôle et sympathique, les conversations se liaient (phénomène inimaginable en temps normal) :

- Oh, vous l'avez trouvée où votre brosse à dents ?!! Ca fait une demi-heure que je les cherche !
- Alors, vous voyez l'espace bâché là-bas : vous le contournez, derrière vous allez trouver les surgelés, alors vous tournez à droite et ensuite.... Non, je vais y aller avec vous, ça sera plus simple.

Je suis sûre que des amitiés, et peut-être des histoires d'amour sont nées là au cours de ces quelques mois.... C'est romantique un supermarché en travaux....

Après donc près d'un an d'un décor tendance Sarajevo, nous avons depuis la rentrée un M...x de compétition, propre, design, lumineux, lisse, presque clinique.... On s'y parle moins, tout est fléché, légendé, numéroté.

Or donc, l'autre soir, je cherchais une pomme pour mon curry (voir billet un peu en-dessous), quand tout à coup, j'avise une pancarte au-dessus des fruits et légumes qui disait : "Votre cueillette sera pesée à la caisse" (avant il fallait le faire soi-même en appuyant sur les petits dessins, comme au loto des fruits et légumes quand on était petits).

Allez savoir pourquoi, ce terme de "cueillette" m'a fichu un méchant bourdon.... J'ai regardé ma Granny Smith bien calibrée pour entrer dans les alvéoles préformées du cageot. J'ai avisé les champignons sous plastique, les noix en sachets, les tomates de novembre mûries artificiellement (je déteste les tomates d'hiver, je n'en achète qu'en cas d'urgence...), les poires vertes et sans aspérités.... et mon esprit s'est mis à vagabonder.

Me sont remontés à la mémoire mille souvenirs de cueillettes, des vraies, celles du jardin de mon enfance : les fraises et les framboises, les pommes qu'on ramassait (plus qu'on ne les cueillait d'ailleurs) dans de grands paniers, les poires goûteuses, et la rhubarbe, et les noisettes dans leur robe verte à feston. J'ai repensé à l'échelle contre le grand cerisier, aux groseilles amères à la bouche, au cassis d'un noir d'encre, à tous ces desserts mangés souvent à peine détachés de la branche, en douce, meilleurs que tout....

J'ai dû poser un peu sèchement ma Granny bien polie dans son méchant sachet sur le tapis roulant de la caisse, un rien morose.

Cueillette ? Je vous en ficherais !

lundi 31 octobre 2005

C'est quand même bizarre....

Je voudrais que quelqu'un m'explique pourquoi, les jours où je ne travaille pas - comme aujourd'hui - je me réveille spontanément et comme une fleur à 7h12, alors que ça ne m'arrive JAMAIS les jours de semaine où j'ai un mal de chien à émerger à 7h15 quand ma radio s'allume et que je grignote péniblement un quart d'heure de grâce jusqu'aux infos de la demie..... Et une enquête approfondie auprès de 18 membres au moins de mon entourage a révélé que je n'étais pas la seule à subir ce fâcheux syndrome.

Je me demande si nous n'avons pas tous un petit lutin farceur à l'intérieur de la calebasse, qui trouve fort divertissant de titiller la zone du réveil de notre cerveau les jours de congé, et au contraire de l'anesthésier pendant la semaine.

C'est le même lutin d'ailleurs, j'en suis sûre, qui annihile toutes les zones "humour", "intelligence" et "répartie subtile" de mon cerveau quand je rencontre un mec qui me plaît VRAIMENT et me fait sortir cinq phrases stupides ou lourdingues d'affilée devant lui en quelques minutes. Il me semble même l'entendre se bidonner là-haut.....

Réfléchissez bien, je suis sûre que vous en avez un, de lutin. C'est lui qui occulte en pouffant une circonvolution "mémoire" de votre cerveau quand arrive en face de vous une personne souriante car visiblement tout à fait ravie de vous voir, alors que vous êtes parfaitement incapable de vous rappeler qui ça peut bien être et où vous l'avez déjà rencontrée.... Et parfois même il inverse deux circuits mémoire quand la souriante personne en question vous salue chaleureusement d'un "Ah bonjour Traou, quelle bonne surprise !". Vous avez tout soudainement une illumination et lui répondez d'un air convaincu (et soulagé) : "Dupont ! ça fait longtemps que nous nous sommes vus !". Manque de bol, ce n'est pas Dupont, c'est Martin qu'elle s'appelle....

Vous voyez bien que vous en avez un, vous aussi.

Tiens, je vais peut-être retourner me coucher, moi....

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